la rage au ventre. le myocarde qui bat trop fort, sueur qui perle presque sur le haut de ton front. tu veux exploser, maintenant. tout casser. prêt à brûler la ville entière pour retrouver les connards qui l'ont touchée, elle. t'as pas été là encore, répétition du schéma de ta sœur. t'es impuissant. t'es jamais là quand il faut. tu te sens comme un pauvre con. et t'es là devant cette porte d'immeuble sans savoir à quoi t'attendre. l'été entier sans l'avoir vu, une rentrée à l'esquiver. mais t'accours dès qu'elle a besoin d'aide, alys. sans réfléchir une seconde, le pas s'est présenté devant sa porte. peut-être pas meilleure idée de venir la voir maintenant, quand tes artères bouillonnent sans cesse. porte qui s'ouvre devant toi, le corps qui s'invite à l'intérieur. tu connais les lieux, maintenant. salut. t'es pas le roi des mots, celui des actes. pas souvent les meilleurs. ce sont tes billes noires qui la fixent, lueur attentionnée dans ce regard compatissant. et les bras qui l'entourent sans demander consentement. étreinte naturelle, pour toi, besoin viscéral.

do you really think he’s changed ? people’s nature is people’s nature. i’m a bit of a bitch, always will be. he’s a monster, always will be.

le myocarde bat à cent à l'heure dans ta poitrine tandis que tu tournes furieusement en rond dans ton salon. t'essayes d'assimiler ce que tu viens d'apprendre, qu'une vidéo de cette nuit là tourne, que tout le monde peut voir ce que tu as vécu, ce dont toi tu ne te rappelles même pas tout à fait. et ça te donne la nausée. t'es même au bord de la crise de nerfs. combien de personnes ont déjà visualisé le pire moment de ta vie ? et la façon dont tu l'as appris n'aide pas, c'est lui qui est venu te le dire. Naim. il l'a vu, il sait la vérité que tu as dissimulé par honte, par incompréhension, par colère contre ceux qui t'ont fait ça, contre lui, contre la terre entière. Naim qui est en chemin, qui va venir ici alors que vous ne vous êtes pas vus depuis juin, depuis votre rupture. depuis que tu as tout perdu. tu reconnais les pas que t'entends dans le couloir, tu les reconnaîtrais encore entre mille. les tiens te conduisent jusqu'à la porte que t'ouvre sans trop savoir quoi attendre ni quoi faire. il s'invite à l'intérieur sans que tu dises quoi que ce soit, et avant que tu ne puisses réagir, tu te retrouves dans ses bras. le corps gracile se tend mécaniquement. tu ne supportes plus le contact physique depuis cette nuit là, rares sont ceux qui peuvent encore te toucher. pourtant le cerveau cri révolte parce que c'est Naim, parce que tu as confiance en lui, parce que tu l'as aimé. alors tu te détends un peu, et tes bras viennent même enlacer ce corps qui t'a tant de fois serré contre lui. salut. que tu parviens à peine à répondre tant la gorge est serrée, tant t'es à deux doigts de craquer.

GO EASY ON MY HEART

les entrailles qui ruminent quand ton corps touche le sien. torses rapprochés, ses cheveux sur ton visage quand la tête passe l’épaule. parfum qui anime tes narines, tes pensées. le corps entier reprend une respiration après de trop longues semaines d’étouffements. elle est ton air frais, celui qui t’a manqué. incapable de te l’avouer pourtant. le déni trop grand. mais les bras se desserrent, un mouvement en arrière pour retrouver son visage en face du sien, les mains qui restent un instant autour d’elle, les billes qui continuent de la fixer. les traits détaillés, sans en perdre un centimètre. ils ne lui ont pas retiré sa beauté. je suis là. t’es là, maintenant. t’étais pas là avant, et t’en crève. les entrailles qui brulent à cette simple idée. et j’suis qu’un pauvre con. murmures qui ne laissent pas place à débat.

do you really think he’s changed ? people’s nature is people’s nature. i’m a bit of a bitch, always will be. he’s a monster, always will be.