Ce soir, j'avais décidé de prendre un verre. J'avais besoin d'un petit moment pour moi, et même si actuellement je me sentais comme Steve Carrel dans Crazy, Stupid, Love, ça me faisait du bien. Je commande un Old Fashioned, parce qu'apparemment ils sont bons. C'était aussi le cocktail préféré de ma mère, et donc là, ce soir, je sais pas, j'ai cette impression de la retrouver. Rien qu'à travers cette boisson. Chaque gorgée c'est comme une madeleine de Proust, je sens l'odeur du Whisky, le zeste de l'orange, c'est un peu son odeur. Je suis là, assise au bar, un peu nostalgique.

Ce soir Wilby avait décidé de sortir. Il ne savait pas où il en était avec Siloé. L’envie d’avancer et en même temps la peur au ventre d’aller trop vite, il était perdu. Sentiment avec lequel il n’était pas habitué et cela le perturbait. Il s’arrêta dans un bar pour prendre un petit verre de soda, juste de quoi s’hydrater. Il se posa au bar, et alors qu’il attendait son verre, il tourna la tête et vit une jeune fille. Qui semblait perdue dans ses pensées. Ou triste. Il ne savait pas trop. Il posa sa main délicatement sur son épaule. « Ca va ? » Le barman lui apporta alors son verre non alcoolisé. Il paya avant de se retourner complètement vers la jeune fille. « On t’a posé un lapin ou quoi ? » Même si à son regard il pouvait voir que c’était plus profond.

C'était un sentiment doux amer. Une certaine nostalgie heureuse. Il y a un mot qui existe comme ça, je crois que c'est 'sodade'. C'est la douceur dans la tristesse, la reconnaissance, aussi. « Ca va ? » Je sursaute en sentant sa main sur mon épaule, surprise de quelqu'un qui soit là. J'hoche la tête ; Oui, ça va oui, et toi ? Etrange, cette question, non ? « On t’a posé un lapin ou quoi ? » regarde l'homme, rigole légèrement, Non, tu crois vraiment qu'on me poserais un lapin ? regarde qui tu as en face, jamais ce n'est possible. On me poserait pas un lapin, je suis venue de moi-même et j'en avais envie, de ce cocktail, je crois. Et toi, on t'a posé un lapin ? juste pour savoir, c'est peut-être le cas.

C’était légèrement à reculons qu’il s’assit à côté de la jeune fille et qu’il l’accosta. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas parlé à si belle inconnue de la sorte. L’impression de ne plus savoir comment faire. Peur de se prendre un gros vent. Qu’on le frappe encore dans son estime à soi. Peur de redescendre encore plus bas que sous terre. « Ca va maintenant. » Lui répondit-il tout en lui lançant un petit clin d’œil. Allait-elle comprendre que c’était sa compagnie qui le faisait aller bien ? « Non plus. Tu crois vraiment qu'on me poserais un lapin ? » Répondit-il en prononçant les mots exactes de la jeune femme. Un petit rire sortit de sa bouche. Puis il lui tendit sa main afin de se présenter. « Je suis Wilby. » Et cette fois, il donnait son vrai prénom. Fini les mensonges, les petits surnoms. Il avait changé notre homme.

Il me réponds et il me dit que « Ca va maintenant. » le tout avec un clin d'œil. Je retiens un rire et je lève les yeux au ciel, la subtilité, ce n'est pas vraiment son fort j'ai l'impression. « Non plus. Tu crois vraiment qu'on me poserais un lapin ? » Je le regarde et souris : Maintenant, oui. un peu en référence au fait que lui ça va maintenant, la phrase même que j'accompagne d'un clin d'oeil. Un peu taquine, oui. « Je suis Wilby. » J'attrape sa main et fait acquiesce : Enchantée, je suis Cressida. enchantée, je sais pas trop pour le moment mais disons qu'il va faire en sorte que cette soirée soit moins solitaire, peut-être. Qu'est-ce qui t'amène ici, ce soir ? que je demande.

Il tentait tant bien que mal de se montrer fier, confiant, mais en parlant de lapins posés il ne pu s'empecher de penser que ça pourrait totalement lui arriver. Avant comme maintenant. Il est vrai que même s'il était plus confiant auparavant, il était tout aussi détestable. Les femmes auraient très bien pu vouloir lui faire une blague, accepter un rendez-vous pour enfin de compte ne jamais venir. "Ok, touché." Puis il posa sa main sur son coeur, mimant avoit été touché droit dans le coeur. Puis, tout en retournant à sa boisson, il écouta son prénom. "Cressida? C'est de quel origine ça ?" Il n'avait jamais entendu, et ça attisait sa curiosité. "Franchement ? Aucune idée. L'envie de sortir, de prendre l'air - mais j'me demande bien ce que je fous ici, étant donné que je ne bois pas." Puis il haussa les épaules. Un peu perdu le Wilby.