change my mind
with @Scott Guerin
10 juillet 2023, jour 5
forêt amazonienne, equateur


Ce début du summer camp, j’ai une colère en moi que je n’arrive pas à passer. Entre Ana qui n’est pas là, Dimitri, Sergio qui passe sa meuf avant moi, ce n’est déjà pas la joie. En prime, j’réalise que je n’arrive pas à rester seule. Trop souvent accompagné mes nuits depuis l’incident, le cbd qui calme mes angoisses, et que j’tente de n’pas prendre ici. Résultat des courses, dès ma première soirée, j’ai fini totalement torchée avec des étudiants, et des locaux, testant ce qu’ils ont à fumer ici. Soirée total blackout. Téléphone casée. Hier c’est ma cheville qui décide de m’abandonner, laissant une légère entorse. L’active que j’suis est sensée être au repos. La bonne blague. Pas de strap’, j’me dit que les eaux thermales ça n’peut pas m’faire plus d’mal et tu viens avec moi. « Espérons que j’me pète pas autre chose avec toi » J’ris, mais j’espère quand même, car je l’aurai encore mauvaise qu’un autre truc me tombe sur le coin d’la gueule. Laissant les vêtements sur le côté, gardant juste un bikini rose fluo. Rentrant prudemment dans l’eau, si j’glisse, c’est la fin de ma cheville. L’eau est douce, tiède, agréable. Contraste parfait avec la chaleur ambiante, laissant qu’un frisson sur ma peau. « Alors, qu’est ce qui t’a foutu sur les nerfs ? Et pourquoi tu les as passé sur Ollie ? » Meuf que je n’connais pas, mais qui doit avoir son importance pour qu’tu t’emballes sur elle.

« Vas-y met moi ça sur l’dos. » Rictus amusé. Il s’approche du bassin. Observe les ondulations de l’eau. Lorsque son regard est attiré par le reflet de la jeune femme. Bonbon rose. Elle pénètre l’eau thermale. Détonne dans le paysage. Quant à lui, il est vêtu d’un short de bain noir. Aussi, il ne tarde pas à la rejoindre. Glisse dans l’épais liquide. Sa tiédeur calme les vagues de chaleurs. Abaissant sa tête, il l’immerge dans l’eau. Puis, se redresse pour prendre appuie contre le rebord. Ollie. Tellement étrange de l’entendre prononcé à voix haute. Flash. Lui revienne en mémoire, les images de la veille. Honteux de rien, il éprouve tout de même des remords. Pour ses agissements. Incontrôlable. Il ne sait pas très bien ce qu’il c’est passé. Ni même pourquoi, il s’est autant lâché sur elle. Peut-être, parce qu’elle lui fait ressentir certaines choses. Des choses qu’il n’est pas sûr de saisir. « Laisse tomber. J’saurais pas expliqué .. » Soupire quitte ses lippes. Les bras écartés, il penche la tête en arrière. Observe le ciel brûlant. « Juste qu’à la fin j’ai perdu les pédales. » C’était difficile d’avouer à voix haute ce qu’il avait fait. Du moins, développer l’action. Entrer dans les détails.

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10 juillet 2023, jour 5
forêt amazonienne, equateur


« J’dirai pas ça… si je m’étais pas tenue à toi, j’crois qu’ça serait cassé et pas juste une entorse. » parce que j’ai failli nous faire chuter tous les deux en m’tenant à toi quand ça a lâché. Les yeux qui s’posent sur toi quand tu rentres dans l’eau tiède juste après moi, détaillant ton corps sans retenu. Certains trouveront ça malsain d’regarder un mec comme ça en couple. Moi ça m’choque pas plus que ça. On m’a fait des yeux, c’est fait pour regarder. Tant qu’les limites n’sont pas franchies. J’tarde pas à commencer les questions, cherchant à comprendre où t’as merdé. Pour que t’en parles, c’est que ça n’mérite pas qu’on laisse tomber. «  Vas y raconte, t’fais pas prier. » Les bras qui s’posent sur le rebord, la cheville qui s’détend, soulageant la douleur. La rotation du pied encore compliquée. « T’as pas perdu les pédales pour rien… qu’est ce que t’as fait Guerin ? » Pas là pour juger, surtout pas mes potes les plus proches. Alors lâche toi, dit l’fond d’ta pensée avant que j’te fasse cracher le morceau d’une façon ou d’une autre.

« Tu m’en dois une du coup. » Rictus amusé accroché aux lippes, il la cherche un peu. Revois en tête la scène. Sans l’instinct l’aurait-il seulement rattrapé ? La question déjà dans l’oubli, le brun s’immerge dans l’eau tiède. Capte au passage, le regard de la sa coloc’. Il le soutient. Lui fait voir qu’il l’avait vu. Puis, les bras dans l’eau, s’approche, alors qu’elle prend position. « Tend ta cheville. » Il accompagne sa demande, d’un geste. Met ses mains en avant dans l’eau pour cueillir le pied endoloris. « J’sais même pas comment te dire ça. » Difficile de mettre des mots sur l’action. Ça relevait d’une forme de maltraitance. Lui le consentement qu’il avait ignoré. Préférant déverser sa rage sur une tiers personne. Soupir. « J’ai été trop loin. Je l’ai pas respecté en passant mes nerfs sur elle. » Baisse les émeraudes sur sa cheville. « Physiquement j’parle. » Relève les yeux sur elle. « Je l’ai pas frappé. » Jamais, il ne lèverait la main sur une femme, mais ce qu’il avait fait, n’était-ce pas égal ? En terme de violence.

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10 juillet 2023, jour 5
forêt amazonienne, equateur


« Abuse pas nan plus. » souriant en retour. Début de summer camp catastrophique de mon côté. Mais aussi du tient, sinon on n’serait pas là. Enfin pas dans ces conditions. L’eau détend la cheville, la douleur reste tout de même présente. Puis quand tu demandes, j’tend ma jambe, laissant ma peau entre tes doigts. Puis je t’écoute. Les mimiques s’enchaînent, passant de la grimace au haussement de sourcil, puis l’incompréhension. « J’comprends pas alors… t’as fait quoi Scott ? » Parce que j’connais mon coloc, et surtout mon pote, j’sais qu’il n’lèverai pas la main sur une nana, peu importe qui elle est. Mais aussi qu’il faut aller loin pour t’mettre dans c’genre d’état. L’regard qui t’interroge, tes mains massant toujours ma cheville, mais j’les sens s’crisper quand même autour d’elle. « Va doucement, ça tire là. » Les mains qui jouent avec l’eau, t’en envoyant un peu sur toi. J’suis handicapée d’une cheville, mais j’reste moi.

Martyrise la cheville plus qu’il ne la soulage, mais quand elle lui demande l’exactitude de son action, il est incapable de lui répondre. Il la ressent. Cette honte. Et ce n’est pas lui ça. De se sentir comme une merde. Pas à ce point. A croire qu’en ce moment, il enchaine cette sensation. Celle de ne pas faire ce qu’il faut. « Laisse tomber. » Le plus délicatement possible, il relâche sa jambe. Se renfonce contre le rebord du bassin. Comment est-ce qu’il peut lui décrire ça sans être obligé de tout lui dire ? Il n’a pas envie de le lire. Ce dégoût dans ses prunelles. Pas venant d’elle. A force de vivre avec, le lien qu’ils avaient de base, c’est renforcé. Plus fort.