Autant un ton de voix, un geste exécuté me donne autant d'informations que possibles afin d'analyser une situation donnée, autant je me trouve dans l'incapacité pleine et entière de saisir le côté rougissant des joues délicieusement douces de mon interlocutrice. Un brin de mystère me plaît, apportant à la situation actuelle un intérêt tout particulier. Alors que je n'attendais rien de spécial de cette soirée battant son plein pour la plupart des fêtards présents, ce retournement d'évènements offre à ma personne une perspective qui m'incite à sourire. Je laisse Scylla nous guider vers cet endroit tranquille où personne ne devrait nous déranger, tandis que je continue à serrer les doigts d'Aadhya, me délectant de la douceur de sa peau. Un petit vent frais nous entoure, et la pénombre m'incite à placer mes lunettes de soleil contre ma chevelure blonde. N'aie crainte. Je comptais rester maître de moi-même ce soir, la soif n'est donc pas nécessairement présente chez moi non plus que je l'informe en conservant une sorte de proximité entre nous. Ni trop, ni trop peu, afin de ne pas la faire fuir ou culpabiliser. Ah, l'été... je pensais m'enterrer chez moi afin d'entraîner mes sens et m'apprêter comme il se doit pour l'année à venir, mais Gauthier est parvenu à me convaincre de me rendre au Summer Camp. Poursuivre mon côté baroudeur malgré les circonstances. Et de ton côté ? Aventurière ?

Si on m'avait dit durant ma préparation pour ce bal que je croiserais Aadhya, probablement n'y aurais-je pas cru. Après tout, la foule mêlant professeurs, élèves et autres invités exceptionnels aurait très bien pu suffire à ce que l'on ne se croise pas, même de loin. Cela voudrait dire conserver ce stupide secret alors que là, tout de suite, la vérité m'aparaissait nettement plus salvatrice. Je ne peux pas être en désaccord si toutefois je ne me perds pas au milieu de la Forêt Amazonienne ! Chaque possibilité lancée par mon interlocutrice m'offrait deux émotions bien distinctes : celle de l'accepter sans même sourciller, et celle de partir du principe que son fils passera toujours avant... tandis que je ne suis personne pour aller contre cette vérité. J'ai bien conscience qu'avec ton fils ta situation est complexe, sans aller jusqu'à dire que je la comprends mais Aadhya... À mes mots, je m'empare de sa main afin d'y déposer un baiser aussi léger qu'un souffle. Mes prunelles turquoises font leur maximum pour faire transparaître ce qui m'anime ce soir, et qui se retient en quelques mots à peine : tu n'es pas obligée d'être seule.