Il ne prendra pas de risque inutile le Wayne, même si ça devait rendre le trajet affreusement long et pénible pour lui. Wendy, il la connait malheureusement bien pour savoir qu’elle est capable de ce genre de chose, qu’elle est capable de pourrir la vie des gens pour moins que ça. Il se demande d’ailleurs, ce que deviennent ces gens, une fois que l’affreuse sorcière qu’elle est à fini son oeuvre. Est ce qu’elle les abandonnait en pleine fôret, pour certaines de ses consoeurs ? Non, il n’éprouve aucune difficulté à imaginer qu’elle est pû être une sorcière dans une autre vie, ni même qu’elle ait pu lui lancer un mauvais sort. Finalement, c’était peut-être à cause d’elle si le sort s’acharnait autant sur lui. Boudeur, il vient poser sa tempe contre la vitre de la fenêtre, insultant gratuitement la brune au passage. Le plaisir de ce trajet n’aura été que de courte durée après tout.

Le regard dans le vide, il suit mécaniquement le défilement du paysage sans vraiment réfléchir à quoi que ce soit, simplement pour passer le temps, qui forcément, en compagnie de Wendy semble s’allonger. Pourtant, quand la jeune femme s’adresse à lui - et de façon courtoise - il se tourne un peu plus vers elle, sans pour autant essayer de déborder sur son espace vital, juste parce que ça fait mieux de s’adresser à elle en la regardant pluôt qu’en regardant à travers la fenêtre. Il lui explique alors que lui ne vient de nul part si ce n’est de chez lui, qu’il s’est simplement contenté de raccompagner une amie à l’aéroport, histoire de profiter jusqu’au bout de ces retrouvailles, déjà bien trop courtes à leurs goûts. Par politesse, il retourne la question à Wendy, bien qu’il ne soit pas certain qu’elle acceptera d’y répondre. Si ça se trouve, elle allait très bien lui répondre que c’était elle qui posait les questions, à défaut d’avoir pû le débarquer il y a déjà plusieurs minutes de cela. Mais elle semble être dans l’un de ses bons jours - autrement Lyssandre serait déjà mort - puisqu’elle répond, bien que son ton lui paraisse légèrement supérieur. ” Je sais où est Cannes… “ Parce qu’il a vécu en France pendant deux ans et n’a pas pû échapper à la mention de la Côte d’Azur à répétition, mais en plus parce qu’à défaut de pouvoir voyager, il avait tout de même de bonnes connaissances géographiques. ” Depuis quand t’es invitée au festival de Cannes, toi ? “ Involontairement, il insiste sur le toi, comme si quelque chose clochait, comme si la jeune femme n’y avait pas sa place. Et quelque part, ce n’était pas si faux. Après tout, quel lien pouvait-elle bien avoir avec le cinéma ?

Il n’a pas reçu la même éducation que Wendy - cela est certain - mais pour autant, cela ne veut pas dire qu’il manque de culture Lyssandre. Il sait où se trouve Cannes, il saurait très bien situer la ville sur une carte, ainsi que toutes les grandes villes françaises. Certes, il n’a pas visité ne serait-ce que la moitié d’entre elles, mais au moins, il avait cherché à en savoir plus, à se renseigner, se cultiver. Il espère d’ailleurs toujours pouvoir y retourner un jour, en France, revoir Paris, son opéra, définitivement le plus bel endroit de la capitale française à ses yeux. Mais pourquoi pas en profiter également pour visiter ces villes dont il a si souvent entendu parler. Cannes n’en faisait pas partie, mais puisqu’on parle de la côte d’Azur, St-Tropez, oui.

Si géographiquement, les informations sont claires, quelques questions restent néanmoins en suspens dans l’esprit du brun concernant la présence de la jeune femme au festival cinématographique. Du peu qu’il en sait, elle n’est pas actrice ou réalisatrice la brune, ni liée au cinéma par elle-même. Certes, ses parents font parti de ce milieu, ce à quoi Lyssandre hausse légèrement les épaules lorsque Wendy prend le temps de lui rappeler, mais il s’attendait à une autre raison, à plus d’ambition de sa part que d’une invitation par pseudo pistonnage, en tant que fille de. « Mouais, c’est bien ce que je dis quoi. T’y étais juste en tant que fille de. T’aurais pas été invitée, c’était pareil. » Elle n’avait été qu’une anonyme de plus dans la foule finalement, comme de nombreux autres, pas de quoi se vanter comme elle semblait vouloir le faire. « Rappel moi pour qu’on en parle, le jour où t’auras été invitée pour avoir fait réellement quelque chose pour le cinéma. » Il est un peu rude Lyssandre, mais pour quelqu’un qui se permettait de prendre autant les gens de haut, elle ne donnait pas l’impression d’avoir accompli quelque chose par elle-même Wendy. Certes, Lyssandre venait d’un milieu bien plus modeste, mais il avait cette fierté d’avoir accompli les choses par lui-même, et non parce que papa et maman lui avait tout offert. Une remarque qu’elle allait peut-être mal prendre, mais ce n’était pas vraiment ça qui dérangerait Lyssandre. Après tout, plus il repoussait la brune dans ses retranchements, plus il s’amusait.

Il est totalement détaché du sujet et donne son avis sans trembler. Il se fiche bien de savoir comment Wendy pourrait prendre les choses. Bien, mal, indifféremment. Cela ne changera quoiqu’il arrive rien à leur relation, et si elle pouvait justement prendre les choses mal, ça lui offrirait au moins un spectacle sympathique à voir pour l’occuper le temps de ce trajet interminable. Même s’il se questionne un peu, sur les parents de Wendy maintenant, se demandant s’il a déjà visionné une de leur oeuvre. Ca lui parle, comme nom, Witter, mais il est vrai qu’il n’a jamais fait le rapprochement. Après tout, c’était pas vraiment son kiff à lui de savoir d’où venait les parents de ses fréquentations - si on peut appeler ça ainsi - ou ce qu’ils font dans la vie. Plus depuis qu’il avait passé dix ans en tout cas.

L’irritation palpable dans la voix de la brune, il se redresse légèrement Lyssandre, comme pour lui montrer que ce n’est pas en adoptant une voix de mégère désagréable qu’elle allait le pousser à s’écraser. ” A ton avis Wendy ? “ Il ne répondra pas à sa question, parce qu’il la sait rhétorique, mais surtout parce que peu importe ce qu’il pourrait dire, il sait que la brune ne changerait pas de vue sur lui. Jamais, trop occupée à s’admirer elle-même. Dans un geste de jem’enfoutisme complet, il vient donc hausser les épaules pour clôturer toute potentielle réponse qui pourrait suivre. Mais elle tend à mordre une nouvelle fois, tandis que Lyssandre, lui, continue de s’en amuser. ” Et toi ça te ferait pas de mal d’y rentrer parfois. “ En terme de détente, elle arriverait peut-être à trouver quelque chose qui lui manque encore aujourd’hui. Et dans l’idée d’en faire toujours un peu plus pour la faire chier, il prend le risque, Lyssandre, de laisser ses doigts effleurer la cuisse de la brune. ” Je suis certain qu’on trouverait un moyen pour t’aider à te détendre. “ C’était pas les possibilités qui manquaient, seulement le sale caractère de la belle qui condamnait les portes, du béton armé dans la serrure. Du béton armée qu’elle pourrait lui mettre dans la tronche, juste pour l’avoir effleurée alors qu’elle l’a prévenu quelques minutes plus tôt.