Derrière l’amoncellement de nuages empourprés de crépuscule, fièrement la lune se détache du ciel ecchymosé. Des filaments rosés luttent encore à l’ouest pour repousser l’obscurité naissante. L’observatrice silencieuse contemple ta patience à affronter la platitude de l’asphalte et les souffles froids de la nuit. Ils s’engouffrent sous la veste de ton costume, consumant frénétiquement ta longanimité. Attendre. Tes semelles répètent inlassablement les mêmes mouvements sur la bordure et les passants déambules bienheureux avec leurs bouquets de fleurs et leurs boîtes de chocolats. Le quatorze février et les boutiques revêtent le déguisement amoureux avec ferveur. Comment une simple date peut ainsi délivrer une telle revendication sur vos calendriers ? L’ivresse serait une belle échappatoire. Fuir ce cortège aimant de roses rouges et de chocolats au lait. S’évader de l’horrible fardeau de la litanie des embrassades. Néanmoins, un interdit pèse sur ce doux repos. Condamné à la sobriété et au spectacle nauséeux pour elle. Pour s’enivrer uniquement de Wendy. Un soupir, un regard, un mot de sa bouche et tes addictions se brisent en une multitude d’éclats qui continuellement lacèrent ton épiderme. La tentation se dissimule dans les moindres nitescences. Tu ignores, Théodore, si l’invitation est ton œuvre ou la sienne. Jouxte verbales dans un jeu aux règles modifiables à sa guise, aux dés pipés. Toujours sa victoire t’écrase en finalité. Sa berline s’arrête à ta hauteur. La putain de la Saint Valentin quitte enfin le trottoir pour obtenir, peut-être, cette faveur tant attendue. Serait-ce des miasmes d’espoirs que je perçois Théodore ? Pauvre créature, aux intentions si communes et perceptibles. Tu transpires l’obtention de récompenses comme un chiot geignant pour une caresse. Après une longue inspiration, tu quittes ton morceau de bitume pour rejoindre la chaleur de l’habitacle. La portière claque derrière toi et sa proximité t’anéanti soudainement. L’incarnation du vice drapée de luxure. « Bonsoir. »