heart filled with bitterness, error 404 @Scott Guerin — Le destin te joue un drôle de tour. Tu ne peux t’empêcher de songer au gâchis. Mais si t’avais "su", comment aurait été ta vie maintenant ? Avec des "si" il paraît qu'on pouvait réinventer le monde. Cœur rempli d'amertume, paupières lourdes. Non, tu ne vas pas bien, Julia. T'es terrifiée à présent de poursuivre la suite. De voir devant. De regarder vers un futur incertain. Un futur sans vie. Sans sourire, sans lumière. Sortant du club, tu glisses la capuche sur ta tête, fourres tes mains dans les poches de ta veste. Souffle dans le vent, les joues complètement rougies par l'alcool. T'es pompettes, tu délires, mais t'arrives encore à marcher. Cependant, une présence derrière toi te maintient assez sobre pour sonner l'alarme. Entre deux ruelles, tu sors ton tel, le lèves un peu face à toi, tournes la caméra en selfie histoire d'épier l'homme qui marche derrière toi. Difficile de voir son visage, lui aussi porte une capuche. Tu ne réfléchis plus trop. T'envoies ta localisation plus un message. — Help ! Scott est la première personne à qui tu penses. Tu t'arrêtes d'un coup, l'homme glisse entre les deux murs d'une petite ruelle. S'y cache. Ouai, il te suit bien. Plaquant ton sac contre la poitrine, une main s'y loge pour caresser ton petit couteau russe, sauf que tu n'avais pas prévu qu'il bondisse tel un lion pour te plaquer contre ce mur, il tient ta gorge dans sa paume. Caresse tes mèches brunes de ses doigts encore libres. Il ne sert pas fort son étreinte, voulant sûrement te foutre une frayeur. Puis il sourit. Ce sourire de mec dégénéré, qui a trop bu pour avoir les idées claires. Pour se rendre compte de ce qu'il fait. Sauf que toi aussi tu ne sais plus ce que tu fais, le regard brûlant d'un désir ardent qui nait entre tes doigts, tu vas commettre l'irréparable avec ce couteau si personne ne lui vient en aide, lui.

Sortie d’un pub avec quelques potes d’archéologie. Un verre ou plus pour fêter leur stage prochain. Celui qu’ils pourront réaliser pour valider leur acquis dans leur cours de civilisation amérindienne. Il a le sourire accroché sur ses lippes, alors qu’un rire secoue sa poitrine. Ça fait du bien de sortir sans réfléchir. De décompresser. De se rassurer aussi par rapport aux études. Vibre dans sa poche. Comme une notification qu’il aurait pu simplement ignorer, mais quelque chose lui dit de regarder. Maintenant. Sans doute l’intuition. Celle dont sa mère n’arrête pas de lui rabâcher les oreilles depuis gosse. Entre deux échanges, il extirpe le portable de sa poche. Découvre le message de la jeune femme. Automatiquement, il l’appel, mais tout n’est que vide. Tout ce qu’il lui reste, c’est écouter cette putain de conscience qui lui dit d’essayer de voir la localisation. Par miracle, ça fonctionne. A deux rues d’ici. Il prend congé. Une angoisse sourde monte dans sa poitrine. S’étale pour en prendre toute la place. Silhouette dans l’obscure. Agglutinée contre la carcasse glacée d’un bâtiment. Voix qui se mêlent. Opprimée contre agresseur. L’adrénaline monte. La réflexion s’absente. Le corps s’élance vers le bourreau. Le dégage de la brune d’un geste rapide. Violent. Plus loin, l’homme s’écrase. Tente de se relever, mais titube. Trop ivre pour être ami avec son équilibre. Aussi, il en profite Scott. Observe sa veuve noire avec le couteau entre les mains. Trop choqué pour bouger. Délicatement, l’ombre lui retire l’arme blanche. La repli pour la camoufler dans une veste de sa poche. Il caresse sa joue, sans toutefois, ignorer l’homme derrière lui. Enfin debout, il s’accroche à la poubelle. Entame une approche. Sans plus attendre, l’étudiant attrape la main de la jeune femme. L’amène loin de cette ruelle. A découvert. Derrière eux, le monstre n’est plus qu’un mirage. « Qu’est-ce que t’foutais là-bas ? » Il ne la contrôle pas. Cette colère qui l’assaille. Détruit l’adrénaline restante.

heart filled with bitterness, error 404 @Scott Guerin — T'étais sur le point de le faire, Julia. T'étais sur le point de planter ce couteau dans l'estomac du mec pour lui faire regretter d'avoir choisi la mauvaise proie ce soir. Dents qui pincent ta lèvre, lorsque le bout du couteau touche à peine le ventre de l'inconnu et puis... Gros blanc. Blocage même. Le garçon projeté dans les airs, le couteau qui s'arrache de ta main. Le visage de Scott. La colère qui se lit sur son visage. Il t'emmène plus loin alors que le type devient qui simple mirage. Tu papillonnes des cils en te demandant ce que t'étais venue chercher dans ce club. Soupir profond, légèrement agacé. Épuisée. Mais seulement, par moments, ça vient en vague et la sensation repart un peu plus tard. — Oublier. Tout oublier. J'étais dans ce club, je rentrais et cet homme m'a suivi... Et... La colère s'empare de ton être également. Tu maintiens ce regard froid et distant. Ô, combien il aurait pu être doux et pleins de sens. Cet homme te plaît, mais tu vas devoir revenir à la raison. Merci à tes parents d'avoir si bien œuvré pour te rappeler à l'ordre. Pour te faire descendre de ce nuage sur lequel tu t'étais bien installé. — Pourquoi... La voix à peine audible finit par monter le son. Plus forte est ta colère. — Pourquoi t'es encore là ! Pourquoi tu ne pars pas. Pourquoi tu m'viens en aide ! Fuis. Va-t'en. Je n'ai plus rien à offrir ! Tout n'est que putain d'illusions ! Ton corps si petit se rapproche, pâle comme la lune ce soir, tes paumes s'abattent sur son torse pour le repousser. Reviens à la charge pour le repousser une seconde fois, puis une troisième... Tu veux plus y croire. Retour au point de départ.

Les yeux dans le vague. Elle se perd dans ses explications. Parle d’oubli et de club, avant de brusquement changer de cap. Les azurs se parent de nuages. Réverbère qui l’éclair, il peut voir l’obscur faire apparition. Pourquoi. D’abord inaudible, sa voix prend en assurance. Implose dans le silence. Impose sa frustration. Les paumes entrent en collision avec son torse. Une fois. Deux fois. La troisième fois inutile, se fait sentir. Il ne recule pas Scott. Surplombe sa silhouette. Impulsif garçon. La colère s’empare entièrement de lui. Une colère froide et ridicule. Pas nécessaire, mais il ne la contrôle pas. Comme ses émotions. Elles ne sont que tempête en lui. Encercle ses poignets. « Pourquoi Julia ? Parce que tes parents divorcent ? hein Pauvre petite fille brisée à cause de papa maman. » Vibrato dans la gorge. Sa voix se teinte d’une ironie sans saveur. « Mais réveil toi ! T’aurais pu t’faire violer pour d’la merde ! » Parce que pour lui, il y avait pire. Mauvais psychologue, il ne comprend pas l’impact d’une telle épreuve chez certain. Pour lui, le divorce de ses parents avaient été un soulagement. Relâchant ses poignets, il donne suffisamment d’impulsion pour qu’elle recule. « Regarde-toi. T’es ridicule putain ! » La peur est mauvaise conseillère chez lui. Au lieu de rassurer, il descend.

heart filled with bitterness, error 404 @Scott Guerin — Julia, tu perds le contrôle, tout se mélange dans ton crâne. Tes sens en ébullitions et t'as beau le repousser aussi loin que tu peux, mais il ne bouge pas. Pas assez de force pour faire face à ce mur. Il saisit tes poignets, immobile est ton corps. Surplombé par son gabarit. Yeux dans yeux. — Ça fait un p'tin de mal Scott ! De me dire que j'ai vécu 24 ans dans un putain de mensonge. 24 années de perdu à avoir un peu d'espoir quand je les regarde. Tout ça, partie en fumée en seulement un jour... La voix qui se perd, qui se casse, qui se remplit de larmes, mais que tu refuses de faire sortir. — Ou le contraire aurait pu se passer. J'aurais pu le faire saigner et le faire réfléchir la prochaine fois avant de s'attaquer à une nana. Il te lâche, tu recules de quelques pas. Mets de la distance entre vous. Baisse la tête pour pincer tes lèvres et boire chacun de ses mots qui te font si mal à la poitrine. — Voilà, je suis d'un ridicule. Je suis une cause perdue. Alors laisse-moi. Pars. Tu fais volte-face, te retournes pour appuyer ta paume contre le mur. Le mal te retient sur place. La tête qui tourne. La vision devenue flou. Tu ne les sens plus tes jambes, encore moins tes mains devenues moites.

Elle hurle sa peine. Une peine qu’il ne comprend pas. Les mots apaisant ne veulent pas venir. Néant. De toute façon, elle ne lui en laisse pas le temps. Dans le froid mordant, la veuve noire continue de crier. « Mais arrête toi ! » Ricanement froid. « T’sais pas d’quoi tu parles. » La plupart des gens pensent qu’un coup de couteau c’est facile. Comme dans du beurre. Mais c’est faux. Y a rien de facile. C’est difficile. Il faut de la volonté. De la force. Avant même qu’elle le plante, il aurait eu le temps de retourner son arme et de s’en servir. La fille perdue relâchée, elle avale ses mots. Baissent la tête pour finir par se détourner de lui. De s’enfoncer dans la solitaire Boston. Et putain, il devrait la laisser faire, mais il y arrive pas. Sans réfléchir, il l’attrape par le poignet. La fait pivoté face à lui. « Fait pas ta putain d’gamine et rentre avec moi. » Promesse dans la gorge. Il ne lui laisse pas le choix en vérité.

heart filled with bitterness, error 404 @Scott Guerin — Il ne comprend pas. L'ombre n'a aucune idée du choc que tu as eu. C'est ton monde qui s'est écroulé d'un coup. Comme si toi aussi, tu n'étais qu'un mensonge. Tu souhaites qu'il regarde à travers tes yeux et qu'il voit à quel point t'es déçu, à quel point ce mal te ronge. Mais il ne voit rien. Il ne comprend rien. Aveugle, est sa réaction. Qu'il te donne une claque à la limite, tu aurais préféré ça, à son actuelle réaction. Celui de te descendre encore plus que tu ne l'es déjà. — Tu ne vois pas hein ? Tu ne vois pas à quel point ce mal me ronge... Non, tu ne craqueras pas. Tu n'as pas le droit Julia. — C'est ça que tu souhaites ? Me descendre plus que je ne le suis déjà ? Je n'ai pas besoin de ça... Secoues la tête, fermes les paupières alors qu'il saisit ton poignet pour te faire pivoter face à lui. Il ne te laisse aucun choix si ce n'est le suivre. — J'veux pas de tes mots qui blessent... Les paupières qui s'ouvrent enfin, les yeux humides, au bord de larmes meurtries par la trahison. Tout ce dont j'ai besoin, c'est un peu de chaleur. Ton corps enlace le sien. Tes doigts effleurent ses lèvres, les écartent légèrement pour accueillir tes pulpeuses. — j'veux ta chaleur bébé, des mots réconfortants, un peu d'espoir... Murmure entre ses lèvres. Les doigts qui agrippent son chemisier, l'servent très fort pour que l'ombre comprenne enfin que tu as besoin de lui. Réellement besoin de lui.

Mots qui volent. Danse dans l’obscure nuit. Chaque syllabe. Chaque consonne. Il les entend. Se retient de soupirer. Jusqu’à cette phrase. Les mots qui blessent. Les siens l’atteignent. Font redescendre sa colère. Doucement, il relâche son poignet. Lui rend sa liberté. Rencontre les perles qui engorgent ses prunelles. Remord. Est-ce ce qu’il éprouve à cet instant ? Cet étrange sentiment dont sa conscience se départie souvent. De lui, elle s’approche. Lie son corps au sien. Caresse ses lippes. Réclame une chose dont il n’est pas sûr. Il décrypte en elle, l’attachement qu’elle lui porte. Et ça l’effraie Scott, car il est incertain de pouvoir lui donner ce qu’elle quémande. Pourtant, une part de lui en éprouve le désir. Cette part qu’il refoule. Meurtrie par l’autre femme. Elle dont le fantôme résonne encore. Hantise incarnée. Elle l’habite. Et puis, il y a elle. Julia. Arrivée sans qu’il s’y attende. Veuve noire qui tisse sa toile autour de lui. Elle dont le désespoir se ressent. L’écorchée. Le poing qui s’enroule sur son haut, elle l’attire à elle. L’imprègne de son besoin. L’âme cisaillée en deux, il baisse les yeux. Ne veut pas affronter son regard. Front contre front. Leur souffle qui s’entremêle dans l’air. Levant une main, il emprisonne la sienne à hauteur de col. « Et si j’suis incapable de te donner tout c’que tu me demande ? » Lentement, il lève ses iris vers elle. Cils qui s’entrechoquent. « Tu voudras encore de cette chaleur ? »

heart filled with bitterness, error 404 @Scott Guerin — Il paraît que le cœur à ses raisons que la raison elle-même ignore. Tu ignores pourquoi tu as autant besoin de lui. Et dans l'échange de vos deux regards, vos âmes s'affrontent de nouveau. Heureuses de se rapprocher. Heureuses de pouvoir respirer entre les lèvres de l'autre. Mais l'ombre te ramène aussitôt sur terre, toi qui sentais tes jambes décoller du sol. Il te ramène à la réalité. Il te ramène à un fait que tu ne prends pas forcément conscience dans cette euphorie. L'âme en peine se décolle de son corps. Poignet qui se libère de sa paume. Titubante par le plein d'alcool dans les veines. Le rire à la folie. Encore l'alcool. Tu recules de quelques pas. Lève les bras de chaque côté de ton corps. — Alors disparais. Deviens comme le vent que je ne pourrais voir, ni toucher. Juste sentir. Cesse de me hanter et mon esprit finira par t'oublier. Les mots que tu souffles dans l'air glacé, le rire qui gonfle ta poitrine. La tête levée dans les étoiles. Malgré la douleur, tu rayonnes. Ça avait l'air si simple de le dire. On pourrait croire que tu pourrais facilement l'oublier, ce gars. Que tu n'aurais pas de mal à le sortir de ta tête, mais en réalité, tu l'as dans la peau et c'est ce qui te rend à la fois dingue et effrayée. — Je n'en sais rien. Je n'ai pas la réponse. Et encore moins après ce que tes parents, on fait. T'as cru pourtant, à leur histoire. À leur sincérité. T'étais prête à reconnaître que tu avais peut-être eu tort. Mais comme quoi, t'avais raison. T'as toujours raison Julia. Ce ne sera à jamais que du fake. — Toi aussi. Titube à nouveau vers lui, index qui tapote son torse. — Toi aussi, tu m'oublieras facilement. Pouf ! Pouf ! Pouf ! Julia n'existera plus. T'exploses de rire. Il n'y a rien de drôle, mais t'es pompette et donc l'ombre ne peut pas t'en vouloir. Soudain, grimace boudeuse. Fronce les sourcils. Tape du pied. Grogne. — M'oublie pas, j'te dis ! Je te tuerai. Hurle dans la pénombre. Tu divagues. On t'a perdu Julia. Error 404.

Elle ressort. L’instable Julia. Poussée par l’alcool. Avance. Recule. Avance. Les paroles qui se succèdent. Brouillon hors de son esprit. Et il ne peut retenir son rire. Devient écho dans les ténèbres. Secoue sa poitrine. Incontrôlable. Ridicule situation. Tellement qu’elle en est drôle. La colère dissipée. Le rire qui subitement se tut, alors qu’il revient vers elle. Soulève son visage par le menton. L’oblige à croiser ses opalines. A plonger dans ses ténèbres. « C’est trop tard. » La langue qui se délie. Il s’imagine que demain, tout sera oublié. « J’ai pas envie de t’oublier. » Il a mit du temps à l’accepter. A se dire que Lena n’avait pas totalement tort. Que Julia n’était juste pas une meuf qu’il aurait simplement voulu se faire. La vérité, c’est qu’elle l’a déjà marqué. Qu’en elle, il a trouvé une résonnance. Elle qui prend pleinement vie avec sa blessure qu’il juge enfantine. Le divorce de ses parents. Lui l’a vu comme un soulagement, mais au fond de lui, le petit garçon aurait peut-être bien aimé voir ses géniteurs profondément s’aimer. Sans impulsivité. Sans incompréhension.