tw : violence conjugale, violence physique, dépression, colère.

J’ai connu la terreur, la peur de finir entre quatre planches si on se rebelle un peu trop. Et encore, je suis vite sortie de cette situation dans laquelle je m’étais mise de mon propre gré. Je ne pourrais jamais assez remercier Raphaël de m’avoir sorti de là. Je n’ose pas imaginer ce qu’il se serait passé si je ne l’avais pas rencontré. Pour sûr, je ne serais pas ici, nos chemins ne se seraient jamais croisés. Je suis désolée d’entendre ça. Parce que si tu le penses capable de faire une telle chose, cela veut dire qu’il va loin, très loin et je n’ose même pas imaginer l’état de ta mère. La détresse continuelle dans laquelle elle est. Il y a des gens qui t’en voudraient d’être parti et de l’avoir laissé avec lui mais c’est pas mon cas. On ne peut pas sauver tout le monde et des fois, le plus important, c’est de se sauver et je crois que c’est ce que t’as fait, au final. Et j’espère que tu es fier de toi parce que ta mère est la preuve vivante que ce n’est pas facile de partir. Un léger sourire sur mon visage, je rebondis sur la mention de ce voyage à Londres dont on a déjà parlé dans le passé. On a rien posé d’officiel mais ça peut se faire dès que tu veux - ça a ses avantages d’être propriétaire d’un club, je peux partir quand je le veux. Demandes leur alors. Qu’on organise ça. Que je souffle rapidement avant d’ajouter J’ai confiance en mon équipe alors je leur laisserai gérer en mon absence pendant une semaine ou deux, ça va le faire. Moi aussi j’ai droit à mes vacances. Parce que d’ici deux mois, c’est le spring break et les rangs du Nirvana vont se vider. Ils vont aller vivre leur meilleure vie à Punta Cana pendant que j’enchainerai les heures avec le staff qui reste ici. J’ai jamais visité l’Angleterre et ça fera du bien à ta mère de te voir et de sortir de la maison. Parce que je l’imagine bien rester prostrée sur le canapé toute la journée ou à tout faire à la maison pendant que ton père s’imbibe d’alcool et s’apprête à lui faire vivre une nuit d’horreur de plus.

Home sweet home January 2023 w/ @Gigi Desrosiers

Partir c'est me sauver moi et à contre coeur, le sauver lui. Nous laisser vivre sous le même toit, la même ville ou le même pays, c'était jouer avec le feu. Faire trainer un zippo à coté d'une flaque d'essence et espérer qu'ils ne se collent jamais. Mais jamais je n'aurai pu vivre aussi proche de lui sans le tuer. Ici, je passe déjà beaucoup de mon temps à l'imaginer frapper sur celle qui m'a mise au monde et j'ai une rage qui apparait dans mon intérieur que je calme grâce à la distance, grâce à ce que j'ai construit ici que je ne veux pas voir s'effondrer. Là-bas, tout serait différent. Je fais un oui de la tête avant de reprendre la parole pour te rectifier directement Pas deux semaines, c'est trop! Bavard avant la réflexion sur la possibilité de se faire deux semaines autre part qu'à Londres. Le cerveau est bouleversé par cette nuit interminable. J'étire mes lèvres à ton affirmation, les idées qui viennent sur la pointe des pieds dans dans mon esprit Oué, j'vais lui organiser pleins de petits moment... comme un restaurant, le genre de truc qu'elle ne fait jamais. Nan, c'est elle la cuisinière, la serveuse, la bonne à tout faire. Ma si belle maman qui mériterait une vie de rêve mais qui vit l'enfer. Une journée shopping, l'emmener chez le coiffeur,... j'pourrai même l'emmener danser même si elle va m'dire qu'elle n'osera jamais. Trop pudique, tellement en manque de confiance en elle, elle va se penser ridicule alors qu'elle illuminera chaque endroit où elle fera un pas. Elle me manque. J'suis désolé de te dire ça à toi... Mais il fallait que je le dise à haute voix, que ça sorte. Je suis pressé de vivre ces moments avec, mais quand je rentrerai à l'hôtel j'aurai la profonde certitude qu'il lui fera payer d'avoir été heureuse le temps d'un instant.  

tw : violence conjugale, violence physique, dépression, colère.

Tu gagnes. Tu gagnes à la loterie du père de merde. Je veux pas rivaliser et je ne pourrais jamais le faire. Le mien est un salop mais il n’a jamais levé sa main sur ma mère ou moi. J’arrive pas à croire qu’on a tous les deux des modèles masculins qui font pâlir dans le dos. J’aime pas faire d’échelles de la détresse et de la tristesse mais ce que j’ai vécu, c’est ridicule à côté de toi et je m’en veux de m’en être plainte à un moment ou à un autre. Seulement voilà, si je ne sais pas, je ne peux pas éviter de dire des âneries, de penser le pire. En tout cas, je suis heureuse que tu m’en parles - ça prouve la confiance que t’as en moi mais aussi, de cette manière, je sais à quoi m’attendre à Londres. Je saurais qu’il y a des sujets à ne pas aborder, je ferai toujours attention à ta maman et on arrivera à lui faire oublier la cruauté de la vie pour quelques jours. Pas deux semaines. Que je souffle en te regardant. J’en conclus que c’est trop long. J’espère que dans ton plan, tu me laisses une place dans le taxi hein. Que je lance en souriant, heureuse de voir cette légère lumière qui nait dans tes yeux quand tu parles de ta mère. C’est beau. J’aurais pu faire tout ça avec la mienne, j’aurais dû le faire. Putain, c’est fou comme notre histoire se rassemble. On s’est barré sans regarder derrière nous à cause de nos pères. Ça me touche et me chagrine en même temps. Ma main attrape la tienne et je t’adresse un léger sourire. T’excuses pas Charles. Ma mère aussi m’a souvent manqué mais je pensais que je prenais la bonne décision en restant ici. J’aurais dû y retourner à la minute où j’ai eu ma carte verte. La voir, l’enlacer, l’embrasser, vivre et la faire vivre aussi. Mais je n’ai pas voulu le faire par égoïsme. J’aurais dû faire tout cela avec elle pendant qu’elle était en vie et je ne l’ai pas fait… Je soupire doucement. ​​Tu vivras pas avec ce regret, je m’en fais la garante. Ces mots sont posés, un peu plus fort que ceux que j’ai lancé quelques secondes auparavant. J’ai toujours envie de te massacrer pour la bagarre, crois pas que j’ai oublié, mais on va plutôt se concentrer sur le bonheur que tu vas offrir à ta maman. De toute façon, même si j’ai envie de te fracasser moi aussi, ça ne changera rien à la situation. Tu veux qu’on y aille quand ? La conversation est lancée, à voir combien de temps elle va durer. Une chose est sûre, je lâche ta main pour aller finir de préparer mon petit-déjeuner et commencer à le déguster.

Home sweet home January 2023 w/ @Gigi Desrosiers

"Les seules haines vraiment durables sont celles qui sont nées quand on était enfant." Une citation que je comprend maintenant que l'age adulte est là. Il n'y a que cette rage qui ne passe pas et ne passera jamais je crois. Il a effrité notre amour en morceau, transformé nos bons souvenirs en instant de flou. Chaque fois qu'il exprimait sa colère, sa frustration ou sa connerie, il alimentait cet incendie en moi. C'est triste à dire, il parait même que ça ne se dit pas mais j'attends qu'une chose, qu'il crève. Ben oué! Pas que, certainement dans mon lit quand il faudra venir calmer mon envie d'aller le tuer en pleine nuit. Comme si tu devinais la pensée qui vient de traverser, ta main attrape la mienne. Je sais que c'est surtout parce que je viens de m'excuser de parler de ma mère alors que la tienne t'a quitté. Je ne veux pas te faire de peine J'sais que c'pas pareil mais tu pourras faire des trucs avec la mienne. Parce qu'elle va t'adorer. Elle devinera rapidement que si je suis là, c'est parce que tu m'as poussé à y aller et rien que pour ça tu vas gagner son coeur. Avec mes yeux je te remercie de faire cette promesse, celle qui dit que je n'aurai pas de regret le jour où ma mère partira. Qu'il soit le plus lointain possible ce jour. Merde j'croyais que t'y pensais plus. Ironiquement bien sur, c'est compliqué d'oublier quelque chose quand on l'a devant soi, je parle de cette tronche ravagée. J'sais pas.... j'pense que pour mai ça peut être faisable. Je vais voir avec mes patrons. Ca te conviendrait? Je te regarde aller vers ta nourriture et je me demande si j'ai l'appétit, mais je crois que nan. J'ai envie d'un truc frais alors je me déplace à mon tour pour prendre un verre d'eau dans lequel je vais déposer quelques glaçons. J'en bois une gorgée avant de laisser filer que la fatigue est bien présente J'suis mort, j'vais faire un sacré roupillon. et j'éclate de rire tant ce mot est ridicule. Je me fais rire tout seul ou alors on m'a cogné bien trop fort sur le crâne et c'est la folie qui s'empare de moi.

Je t’en veux d’être dans cet état, il n’y a pas à dire. Je ne vais pas mentir pour te faire plaisir, ça ne marche pas comme ça. Seulement je comprends mieux. Les réactions, les habitudes, cette façon que t’as de ne pas parler de ta famille, de ne pas mentionner ce que tu as vécu quand t’étais enfant. Ni toi ni moi ne parlons de notre enfance et je comprends mieux cela pour toi. C’est peut-être un mécanisme de défense, une manière de se protéger des effets de ce que nos parents nous ont fait. Je n’ai rien vécu d’aussi traumatisant alors mon passé semble bien différent du tien mais les séquelles sont tout de même là. Je te souris et dis Ne pensons pas à ce que ça ne sera pas mais plutôt à quel point ça va être épique au point où elle aura envie de m’adopter. Que je souffle. Je ne vais pas transposer ce que j’aurais pu faire avec ma mère sur la tienne parce que le fait de lui tourner le dos a été mon choix et mon choix seulement. J’ai pris mes distances pour que l’on ne me renvoie pas au Brésil et quand j’aurais pu retourner vers elle, je n’en avais pas l’envie ni le courage. Je n’ai jamais eu honte de ce que j’ai fait dans ma vie, de l’industrie dans laquelle j’ai évolué mais je sais que ça l’aurait déçu. Ce qu’elle ne savait pas ne pouvait pas lui faire de mal, c’est tout. Je lâche un léger rire et souffle Vu ta gueule, c’est dur d’oublier. Parce que s’il n’a pas mal, tant mieux, mais il n’en reste pas moins sacrément amoché, qu’il le veuille ou non. Sans compter que je n’oublie jamais ce genre de choses et je lui répéterai sûrement dans dix ans ; “tu te souviens la fois où”. Ouai ça m’irait. Poses les dates avec eux et dis moi. Que je fasse de même. Je n’ai l’aval de personne à demander mais je dois m’assurer que le club ira bien, que les managers seront là pour s’occuper de ce dernier, pour ne pas le laisser couler. Vas dormir alors. Que je souffle en te regardant rire comme un con. J’arque un sourcil et finis par me diriger vers le canapé. Je te réveille dans quatre heures, croise pas que tu vas dormir toute la journée. Et ça permettra de voir s’il y a d’autres problèmes pas la même occasion. Mes yeux sur l’écran de la télévision, je regarde les images défiler sans les voir réellement, l’esprit pris par tout ce que je viens d’apprendre. Ça me perturbe un peu, ça fait travailler tout mon esprit. Comme quoi le smart kid que je pensais qu’il était est plus un damaged kid trying to cope qu’autre chose… Ça bouscule tout dans ma tête. Absolument tout.

rp terminé.