je prends des pincettes et j’essaye de peser mes mots. de pas y aller trop fort et de paraître pour le mec qui donne des leçons. je suis loin d’être irréprochable quand on parle de consommation. on a chacun nos démons. sauf que ce soir, je veux pas qu’elle se braque. je veux juste lui faire passer le message et vu sa réaction, je crois qu’il est passé, pas besoin d’insister. j’te laisserais peut-être pas faire, mais tu serais pas là bas entre les mains d’un mec à deux doigts de profiter de toi. j’ai cette image en tête que j’essaye de chasser, tant bien que mal. je sais ce qu’elle sous-entend lorsqu’elle dit que je la repousse. elle a raison ceci-dit. je la repousse comme je peux, pourtant je la veux elle et rien qu’elle, au plus profond de moi. mais j’ai du mal à supporter l’idée qu’il y en ai un autre. une espèce de concurrence malsaine qui pourrait s’installer et c’est pas ce que je veux. j’aspire à ce qu’elle soit mienne, totalement. les sourcils qui se froncent parce que je sens le mensonge à plein nez. je pose ma bouteille de bière au sol et je passe mes doigts dans ses cheveux imbibés d’eau. arrête de me mentir mes yeux plongés dans les siens pour lui dire qu’elle peut tout me dire, tout, et que je serais toujours là.

@Sierra Brekker

mes yeux plongés dans les tiens, il me faut un moment avant de détourner le regard. ce regard que j'ai si souvent aimer contempler. ce soir l'ambiance est différente. je ne sais pas trop comment me comporter, ni ce que ce sauvetage peut signifier. j'ai pas envie de me poser des questions, pas plus que je m'en pose déjà. je regarde en vitesse mon téléphone, je vois que Bonnie m'a envoyé un message mais je le lirais plus tard. j'espère juste qu'elle n'ira pas raconter notre petite soirée mère-fille à Hamilton. j'ai bien assez de truc à gérer. « alors j'aurais aucun intérêt à venir ici » de toute manière j'ai pas prévu de recommencer. c'était une énorme connerie de faire ça. je risque ma plaque, je risque des tas de choses que je pourrais pas me permettre. « merci » que je te lâche quand même. parce que tu m'as sortie de cette merde avec Bonnie mais aussi avec le mec là. j'aurais probablement fini par accepter de me faire sauter par ce type dans la chambre miteuse de l'appartement de ma mère et j'en aurais gerbé le lendemain. mais t'es venu, alors que t'aurais pu ne pas le faire. tu poses ta bière au sol et tes doigts viennent s'emmêler dans mes cheveux. je ferme les yeux quelques instant pour capturer ce moment le geste tendre que tu m'offres. je finis par les ouvrir à nouveau, te regardant, pinçant mes lèvres pour mentir le plus possible. « non je mens pas, j'étais défoncée, j'ai dis n'importe quoi. » j'essaie de te protéger là.

@Ilan Vanderbilt

les yeux qui roulent dans leurs orbites. j’suis sérieux, j’espère que si t’en a de nouveau envie, tu viendras ici. un remerciement qui clôture la conversation, et ce n’est pas plus mal comme ça. la sonnerie de son portable m’a interpellé, je la regarde le surplomber mais ne pas réagir, alors à son égal, je ne réagis pas non plus. je me mets à faire une liste de toutes les personnes qui pourraient la contacter. bonnie? alec? oscar? peut être caleb, ce qui me rassurerait, on ne va pas se le cacher. j’attrape la bière que j’avais déposée pour me dégager une main libre pour enlever ses cheveux de son visage et la porte à mes lèvres pour terminer le fond de bouteille. ma seconde main vient frotter les jambes de sierra pour la réchauffer. j'acquiesce d’un signe de tête à ce qu’elle me dit. je ne la crois pas vraiment, mais je n’irait pas non plus creuser plus. si elle ne veut pas m’en parler, c’est qu’elle à ses raisons. changer de sujet paraît être la meilleure option à cet instant. t’es à quel stade de défonce encore là? la redescente peut-être assez compliquée et désagréable et je veux m’assurer qu’elle se sente au mieux.

@Sierra Brekker

« et moi je te dis que j'aurais aucun intérêt à venir ici. si j'ai envie de me mettre dans la merde, je vais pas allée à un endroit où tu pourras m'en empêcher » réfléchis Ilan, si j'ai envie de m'auto détruis, je vais certainement pas le faire avec toi, alors que t'es la seule personne qui pourrait me faire entendre raison. je te remercie, d'être venu me chercher, d'avoir tenu tête à Bonnie, de me sauver la mise à chaque fois que je vais mal en réalité. je termine ma bière que je pose au sol en me contorsionnent un peu pour rester dans tes bras. je replace le plaid autour de mes épaules tandis que je sens ta main frotter ma cuisse pour me réchauffer. peu importe les situations, tu restes doux et à l'écoute de mes besoins. à cet instant, je me dis que j'ai beaucoup de chance de t'avoir. tellement de chance que je refuse de te briser en te racontant la vérité. j'ai peur que mon secret te ronge, j'ai peur qu'il te mette en danger, parce que moi je m'en fous, mais s'il t'arrivait quelque chose à toi, je ne pourrais pas me le pardonner. « mh je me sens encore toute légère et euphorique. j'ai pas trop de filtre et j'ai super envie de toi » je rigole, quoi que ça c'est pas forcément l'effet de la drogue. « mais je sens que je suis en train de redescendre. » ce qui veut dire que je ne vais pas tarder à être extrêmement fatiguée, apathique et que je vais certainement pleurer.

@Ilan Vanderbilt

je souffle longuement à sa remarque. je rebondirais pas une nouvelle fois dessus parce que nous ne finirons jamais d'accord. je préférerais qu'elle se drogue devant mes yeux, que je puisse surveiller, que je ne sais où et avec je ne sais qui. j'essaye d'effacer les images désagréables qui tournent dans mon esprit, la revoyant chez bonnie, défoncée et s'faire tripoter. stop. ses paroles me font rigoler t'as envie de moi quand t'es défoncée? tu devrais peut être l'être plus souvent alors dis-je à moitié sérieux, le rire dans la voix. j'ai toujours la main sur sa cuisse que je caresse doucement. si t'es en descentes, ça va pas être une partie de plaisir j'dis ça comme si elle le savait pas. elle le sait bien mieux que quiconque, elle l'a déjà expérimenté sierra. tu veux faire quoi ? se coucher? prendre un bain? rester ici? ou peut être manger? j'voudrais lire dans ses pensées pour répondre aux mieux à ses besoins sans avoir à lui demander.

@Sierra Brekker

on va pas se mentir, dernièrement on a souvent du mal à se comprendre. on se fait du mal parce qu'on fait pas attention à la manière dont on parle à l'autre, peut-être même qu'inconsciemment on se fait volontairement du mal. pour s'éloigner, par peur de s'aimer trop fort. ou alors justement pour maintenir un lien. parce que c'est quand même mieux de se détester que de sortir de la vie de l'autre. « si tu savais combien de fois par jour j'ai envie de toi, tu dirais pas ça » que je lâche naturellement avant de mettre ma main devant ma bouche. pas de filtre on a dit. ouais. Sierra reprend vite tes esprits avant d'aller trop loin. « ouais je sais » mon regard qui se perd sur la vue de Boston depuis ton appartement. « je veux que tu me serres contre toi » que je dis en venant me blottir dans tes bras. plus tard dans la soirée, j'ai pleuré très fort, j'ai aussi dévalisé ton frigo avant de prendre une douche et de m'endormir contre toi. le seul endroit où je me sens complètement en sécurité, que ce soit physiquement ou sentimentalement parlant. pourtant tu pourrais me briser le coeur, mais faut croire que pourtant, tout mon être te fais une confiance aveugle.

END

@Ilan Vanderbilt