Si j'avais été plus attentive en marchant dans la rue toute à l'heure, j'me serais pas retrouvée ici, à devoir squatter ta chambre. Après, c'était peut-être un coup du destin, le fait qu'on se retrouve là. Quand j'y repensais, ma relation avec Maël me tenait vraiment à coeur à l'époque et je m'étais battue jusqu'au bout.. pour rien. Soit, cesses de penser Loïs. J'riais à tes mots sur l'euromillion, j'savais pas ce que c'était d'être en galère d'argent, mon père était riche, et même si j'voulais pas en profiter, mon compte n'était jamais dans l'rouge, bien au contraire. j'en ai pour cinq minutes toute façon, j'veux juste être à l'aise.. me tortillant dans ma robe moulante, j'avais juste envie d'être calée dans tes vêtements amples. J'attrapais tout ça en te regardant, répondant brièvement à ta question, avant de me diriger dans la salle de bain. on va bien tous les deux alors.. [...] je revenais après quelques minutes tout doucement, refermant la porte de ta chambre. j'ai trop de style comme ça! léger rire s'emparant de la pièce, j'vins m'asseoir en tailleur sur ton lit, en face de toi. pour répondre à ta question.. je réapprend à être seule, à profiter, à être moi, genre, faire les choses comme j'en ai envie.. mais y a des moments où le partage me manquait, les habitudes quoi. tu t'es pas calmé sur la fumette toi hein?

Y a quelques mois de ça encore, j'étais avec Maël, dans une relation stable, posée, à m'poser aucune question, et voilà qu'aujourd'hui je sors quasiment tous les soirs, j'me chope des migraines, j'fricote avec Scott, et j'te retrouve également entre deux ruelles ce soir.. puis j'me douche chez toi, connaissant aucunement tes colocataires. J'revivais, c'était vraiment perturbant, et j'en parlais pas beaucoup mais là ces derniers jours, j'avais un besoin d'évacuer tout ça. Tu m'regardais comme si j'étais un bonbon ou un chocolat pour Noël -presque comme avant- et j'fuyais quelques peu ton regard. Pourtant, on faisait rien de mal. Attrapant ton joint en guise de réponse, je l'emmenais à mes lèvres pour tirer dessus, les yeux clos. Bien trop longtemps que j'avais pas fais ça. Tu m'avais pourtant fait chavirer à l'époque, j'avais eu une sale passe, entre alcool et drogue, j'avais été faible face à tout ça, face à toi. Mais ça f'sait du bien, fallait le reconnaître. Rouvrant les yeux doucement, j'te souriais, juste heureuse. tu fais ce que tu veux, en quoi ça me dérangerait? mais peut-être qu'en ralentissant la cadence tu pouvais t'trouver vraiment. En parlant de ça, mes yeux se posaient sur ta guitare, s'trouvant dans ta piaule. tu t'souviens que tu m'avais appris un truc? j'suis certaine que j'saurais le refaire, envoie! bougeant mes doigts comme pour faire venir la guitare sur mes cuisses.

Plus jeune que moi, même si c'était pas de beaucoup, tu m'ramenais à être légère, sans trop d'pensées compliquées. Et le joint trouvait également sa place dans ce moment. Moment que j'avais redouté tant de fois. Te blesser je ne voulais pas, m'attacher non plus, ou du moins souffrir et être dans les filets de quelqu'un. Tu te penchais pour attraper ta guitare et je ne tardais pas à la placer sur mes cuisses, toujours assise en tailleur. te moques pas ça fait longtemps.. une mélodie que trop souvent tu avais pu m'apprendre, sobre ou beaucoup moins. Mais les paroles avaient du sens et j'commençais à doucement faire bouger les cordes, tentant de me concentrer au maximum. When you were here.. before.. quelques petits dérapages, d'où certains sourires. Je laissais mes yeux se poser sur toi, comme si tu allais m'aider à me concentrer, continuant de chanter tout doucement, presque en parlant. [...] You're so fucking special et je m'arrêtais là, j'avais oublié quelques accords et je me mis à rire un peu j'suis pas encore prête à devenir musicienne!

Ce moment là, ça me projetait quelques années en arrière, moi en couple et toi qui perturbait mes pensées. Ça n'avait pas changé parce que à cet instant présent en me retrouvant avec toi, j'pensais à rien d'autre. C'était peut être mal? Pas forcément sain puisque tu avais eu tendance à m'attirer vers les mauvaises choses. Mais qu'importe. Derrière moi, tes bras prenaient place au dessus des miens, tes mains sur les miennes, et du mieux que je pouvais je voulais que ce moment reste le plus.. normal possible. Je laissais mes doigts pincer les cordes, sentant toujours ton souffle sur ma peau, mes cheveux étant encore humides de la douche, je souriais tu vas être trempé.. ça c'était la Loïs nerveuse qui parlait. Celle qui savait pas comment agir parce que jamais je m'étais posé la question de ce que je devais faire ou dire avec toi. J'avais fixé des limites, des barrières infranchissables et pourtant à l'heure actuelle, j'avais plus besoin de les laisser ancrer. j'suis fatiguée.. je.. on dort ensemble? fallait que je me repose ouaip. La nuit porte conseil et là t'étais bien trop près d'moi pour que mes neurones se connectent comme il fallait.

J'pense que j'avais pas fumé assez pour arrêter de réfléchir. Pendant que t'étais sous la douche je me calais sous la couette, sur le côté. Et là, j'étais tellement pas à ma place.. j'voyais Scott à côté -bien qu'en ce moment c'était plus ce que je voulais forcément-, après avoir quitté Maël je m'étais dite de profiter, pas m'attacher.. sauf qu'avec toi j'avais pas envie juste de m'amuser, j'le savais au fond de moi et c'était pour ça que j'avais jamais dérapé avec toi. Ton côté volage, t'étais plus jeune et.. perdu, j'avais été habitué à être stable, même si ça m'avait ennuyé sur la fin. Bref, tu m'fis sortir de mes pensées profondes quand tu rigolais sur mes pieds froids. ils sont pas froids! c'était une légende ça hein. Dans l'obscurité, je chuchotais après quelques secondes de silence et de tension.. merci de pas m'avoir laissé ce soir.. j'mettrais plus de talons hauts de si tôt j'tentais de l'humour histoire de détendre la situation. [...] je m'étais endormie sans même m'en rendre compte et tu dormais sur le dos, j'arrivais à discerner tes traits, et je vins me caler doucement contre toi, me rendormant, la tête sur ton torse.