Mon apparence à beau être parfaite, dénotant même avec les lieux, elle ne camouflera pas la fatigue et l'anxiété sur les traits de mon visage. Des mois que je n'avais pas mis les pieds ici. Des mois que je n'étais plus vraiment sortie en dehors des obligations liées à ma routine. Des mois que mon regard n'avait pas croisé le tien, que nos corps n'avaient pas partagé leur chaleur. Ce soir, j'entrais dans le Nephilim en espérant t'y trouver, peut-être rompre le silence, prendre la température avant de te lâcher une bombe à laquelle tu ne t'attendais pas.

Mes yeux scrutent les quelques personnes, il y a encore peu de monde à cette heure-ci. Je te reconnais sans mal et je prends une grande inspiration avant d'aller m'asseoir à tes côtés. Je fais signe au barman, lui demandant un whisky ; moyen pour moi de me laisser une poignée de secondes supplémentaire avant d'affronter ton regard. " Toujours les mêmes habitudes à ce que je vois. " Toi en loup solitaire dans le bar que tu chéries.

@Harlow Wilcox

Retour à la réalité qui était bien compliqué. Kassim était dans un coma depuis quelques jours maintenant, après avoir joué à la roulette russe. Jeu auquel j'ai participé aussi et je m'en remettais pas forcément bien. M'éloignant de tous ceux que je connaissais, je jouais au loup bien plus solitaire qu'à l'ordinaire. On m'avait contacté pour garder la team en ordre, ce que je comptais faire quand j'aurai digéré la nouvelle. Ce soir, pour pas changer, je faisais le tour des bars et boites de nuit pour les deals habituels, pour les nouveaux clients qui peuvent apporter suffisamment d'argent également.

J'étais sur mon téléphone, obnubilé par ce qui était sur mon écran, quand j'étais sorti de mes pensées par une voix féminine que je reconnaissais. Bien trop longtemps que je ne l'avais pas entendue, bien trop longtemps que je t'avais presque oubliée. « c'était pas dans mes plans de changer » que je disais avant de verrouiller mon téléphone et me tourner vers toi. « ça fait plaisir de voir que t'es toujours en vie »

Un fin sourire vient tirer mes lèvres et déjà mon anxiété diminue de moitié. Tu ne montrais jamais tes émotions, il était difficile de savoir ce qui se tramait dans ta tête, mais à cet instant, j'avais la sensation que tu étais content de me voir apparaitre à tes côtés. Peut-être que je me trompais, mais peu importe, j'aimais cette idée. " Je me suis dit que tu apprécierais avoir des nouvelles. " Même si au fond de moi, je sais que tu vas détester le secret que j'ai à te partager. J'accepte mon verre et je tourne à nouveau mon attention sur toi. " Tu attends quelqu'un ou tu as du temps pour moi ? " Je ne voudrais pas me retrouver au milieu de tes plans douteux.

Étrange de te voir après autant de temps. Mais c'était malgré tout agréable. Après tout, tu avais été une conquête des plus appréciables et je n'étais pas contre remettre le couvert. Seulement, je suis peut-être intrigué par cette disparition soudaine, et ce retour inattendu. Je pourrais te poser un tas de questions... mais je n'aimais pas qu'on me fasse subir ce même sort. Alors possible que je n'en fasse rien finalement. « c'est pas de refus non. qu'est-ce qui s'est passé pour que tu disparaisses des radars ? » Bon, peut-être que je voulais savoir ouais, même si je n'étais pas prêt pour toutes les réponses finalement. Question lancée sans connaître les vraies répercussions. « j'ai toujours du temps pour toi » Je me tournais vers le barman, levant la main pour commander mon habituel whisky. Pas besoin de parler, tout se fait dans un jeu de regards et un sourire sincère. « tu veux me raconter l'histoire de ta vie ou reprendre là où on s'est arrêté ? »

Mes épaules se dressent dans un mouvement qui se veut nonchalant. " On a fait quelques concerts avec le groupe. " Ce n'était même pas un mensonge. D'abord j'étais partie pour la musique, réaliser mon rêve. C'était aussi une bonne excuse pour te sortir de ma tête, j'avais été rattrapé d'une manière à laquelle je ne m'attendais pas. Le sourire qui apparait sur mes lèvres est sincère, je suis incapable de le retenir, ni même de le contenir. J'ai un soulagement qui m'envahit quand tu t'exprimes sur le temps que tu aurais à m'accorder. Tu aurais pu être froid et tout aurait été plus difficile. Je bois un gorgée de mon verre, grimace un peu au passage de l'alcool dans la gorge. J'ai perdu l'habitude. " On peut reprendre où on s'est arrêté. " Parce qu'avant de te donner les détails, j'ai besoin de prendre la température, j'peux pas ne pas la protéger. Ma main frêle vient glisser les quelques mèches qui tombent sur ton front en arrière, continuant délicatement sa course dans ta nuque. Mes élans de tendresse dénotent avec ta carcasse en acier. Venant finalement emprisonner ta mâchoire de mes doigts, je me penchais dans ta direction pour embrasser tes lèvres. Raviver les souvenirs.

« et c'était cool ? » J'étais pas très au fait de ce qui se faisait, de ce qui se disait dans ce genre de situation. Je me préoccupais bien rarement des autres et de ce qu'ils vivaient, puisque j'avais pas mal de choses à gérer de mon côté. C'était bien suffisant pour le coup. Sourire visible sur tes lèvres qui ne faisait qu’agrandir le mien. Il y avait toujours eu cette séduction entre nous, ce jeu d’attirance qui n’avait pas faibli, malgré ton absence assez longue. Mais peu importe. Pour le coup, tu semblais assez ouverte pour passer du temps avec moi. Enfin, tu semblais surtout ouverte pour reprendre où on s’était arrêté quelques mois auparavant. Main qui glisse sur ma peau, dans mes cheveux, avant que tu ne viennes attraper ma mâchoire. L’instant d’après, tes lèvres se collaient aux miennes et j’y répondais avec ardeur, corps qui se redressait pour se coller un peu plus à celui qui m’attirait d’avantage de secondes en seconde. « tu veux aller ailleurs ? » que je disais entre deux baisers, avant de laisser mes lèvres se perdre dans ton cou.

Un simple mmh mmh comme réponse. C'était cool, au début. Pour la suite des événements, je te les apprendrais, mais pas ce soir. Pour le moment, j'avais besoin de te sonder un peu. Te retrouver aussi. Passer par le charnel, c'était aussi un moyen de t'amadouer. Te rappeler la chaleur de nos corps, la façon dont ils ont de s'épouser à merveille, oublier la froideur de mon absence. J'essayais de marquer des points avant de tout détruire. Pas la peine de se faire des faux espoirs, je savais d'avance que t'allais pas aimer la blague. Ma main vient glisser sur ton visage, tes cheveux avant de tenir ta mâchoire. Mes lèvres contre les tiennes et bientôt, il n'y a plus rien de doux dans l'échange. En une poignée de seconde, tu prends les devants, pressant ton corps au mien. " Oui. " Sans hésitation. Partir des regards pour le bien de ma pudeur. Dans la rue, je te pousse vers les ombres d'une ruelle, mes doigts agrippant tes cheveux pendant que mes lèvres retrouvaient les tiennes. Je me montrais audacieuse, pressée par ma fièvre grandissante. Cela faisait si longtemps, que le fauve était de sortie.

Tu n’étais pas très bavarde pour des retrouvailles mais je m’en fichais pas mal. J’avais déjà des vues sur tes lèvres dès l’instant où je me suis rendu compte que c’était toi. Il n’en avait pas fallu beaucoup pour qu’on s’embrasse de nouveau, tous deux accoudés à ce bar. Retrouvailles des plus chaudes, rien de chaste dans ce qui se passait. C’est bien pour cette raison que l’envie de s’éclipser se faisait vite ressentir. Mon corps contre le tien était loin d’être insensible à ton charme. Heureusement que tu acceptes de bouger, qu’on puisse s’isoler. Assez rapidement, on se retrouve dans une ruelle, non loin du Nephilim, où nos lèvres se redécouvrent avec ardeur et envie. Mains qui glissent sous ton haut, sentant ainsi la chaleur de ton corps émaner. Forcément, mon esprit déviait assez facilement sur la suite des événements. Mais la seconde d’après, je me retrouvais propulsé à dix mètres de toi, et un invité non désiré voulait se faire une place. « oh, tu te prends pour qui ?! »

tw : violence physique

T'es mains s'immiscent et aussitôt c'est un feu incandescent qui me ravage de l'intérieur. Un soupir s'échappe entre deux baisers. Mes doigts se font plus fermes dans ta chevelure tandis que mes yeux sont fermés pour oublié l'endroit où l'on se trouve. J'imagine qu'il n'y a que nous deux. Qu'il n'y a que nos baisers et tes caresses, rien d'autre. J'étais loin d'imaginer que la seconde suivante, tu me serais arraché avec violence. Souffle coupé par la surprise, mes yeux s'écarquillent quand je réalise qu'une troisième personne s'est ajouté à nos retrouvailles. Ta colère prend le dessus en un instant, revenant à la charge vers l'inconnu désormais un couteau à la main. " Donnez tout ce que vous avez. L'argent, les bijoux... " Son regard glaçant se tourne dans ma direction, affrontant mon air dur quand il s'attarde à la bague scintillante à mon doigt. Héritage familiale qui se passe de mère en fille et qui aujourd'hui a un écho encore plus important qu'avant. " Ta bague. " Mes sourcils se froncent, mais je garde le silence. J'avais aucune intention de la lui céder et c'est certainement pour cette raison qu'il s'était jeté sur ma personne. Une grande douleur me parcourt la main, mais tu mets vite un terme à l'échange en t'interposant.

tw: violence physique

En un fragment de seconde, on est passé du paradis sur terre à l'enfer. Vraiment. Me faire pousser comme ça, comprendre assez rapidement que la situation pouvait dégénérer à tout moment, c'était assez déstabilisant. Je ne voulais pas qu'il t'arrive quoi que ce soit, mais en même temps, je ne contrôlais absolument rien. Le mec avait un couteau et cherchait à nous dépouiller de nos affaires. Ok, déjà c'était pas parce qu'il te trouvait bonne, je pense que j'aurais été capable de lui tordre la tête s'il s'approchait un peu trop de toi. Tu refuses de lui filer ta bague et je pouvais comprendre. J'avais pas tellement envie de lui filer quoi que ce soit à ce mec. Mais quand il commençait à se jeter sur toi, je ne réfléchissais pas longtemps. J'attrape son poignet, cherchant à le désarmer avant de lui donner un coup de poing pour le déstabiliser. Au moment où j'voulais prendre l'arme au sol, je me rendais compte qu'elle n'était plus là. Le regard qui se lève alors vers toi, je vois la colère présente dans tes yeux.