tw: ivresse

tu aurais dû te méfier. entre la chaleur épuisante, le balancement continu du navire et ton estomac vide, tu aurais dû être plus prudente avant de descendre ces trois cocktails, aussi délicieux soient-ils. le contrecoup est arrivé brutalement et tu es désormais bien en difficulté pour retrouver le chemin de ta cabine. pourquoi les couloirs de ce paquebot doivent-ils tous se ressembler ? t'as perdu ta patience en cours de route et ne rêves que de retrouver ton lit au plus vite pour oublier cette soirée écourtée par ton esprit embrumé. enfin parvenue devant ton refuge, tu farfouilles dans ton sac à main pour retrouver ta carte-clé que tu passes ensuite devant le lecteur. mais la porte ne s'ouvre pas. exaspérée, tu réessayes. une fois, deux fois, trois fois. le voyant reste désespérément rouge. ce n'est pas le moment pour un dysfonctionnement électronique, t'as vraiment besoin de t'allonger là tout de suite. et l'idée de devoir aller jusqu'à l'accueil demander une nouvelle carte n'arrange en rien ton état. tu tentes ta chance une nouvelle fois et ne reçoit qu'un énième bip sinistre en guise de réponse. un juron est lâché et tu tapes de frustration sur la porte inamovible.

@emrys schwartz

with @Minji Bang
warning : /
02.07.2022 ramses's coronation cruise, egypt
j'suis ni fait pour être dans les airs ni pour les balades nautiques. y'a que la terre ferme qui m'rend pas malade. je risque de subir cette croisière plus que l'apprécier mais pas de retour en arrière possible. je me dis que je vais finir par m'adapter mais pour l'instant, c'est pas le cas. ça tangue beaucoup. j'sais pas si c'est le mal de mer ou le fait d'avoir trop piocher dans le stand à pâtisseries - à défaut d'en faire - qui me retourne. sûrement les deux. je décide de me réfugier dans ma cabine avant de ruiner les chaussures ou la belle robe de quelqu'un. j'tiens vraiment pas à ajouter du conflit à mon calvaire. dans un sommeil léger, je peux entendre plusieurs fois le petit bip du lecteur de la poignée de la porte. tout de suite je pense à une tentative d'intrusion. même sur un bateau on est pas en sécurité. peureux comme je suis, j'agrippe un coussin dans mes mains comme si c'est l'arme fatale. mes pas sont mal assurés mais j'suis prêt à attaquer. ME FAITES PAS DE MAL ! l'inconnue me tombe dans les bras, en déséquilibre. y'en a au moins qui s'amuse ici. elle est pas lourde mais son poids sur moi s'fait ressentir. j'comprends que c'est une erreur et pas une agression prémédité. ouf. ta cabine est juste à côté...

tw: ivresse

quel triste spectacle tu offres ce soir. heureusement tu n'as aucun public pour en témoigner mais ta chance risque de s'amenuiser si tu tardes trop à te réfugier dans ta loge. agacée par le manque de coopération de la porte, tu tapes une nouvelle fois dessus dans l'espoir absurde qu'elle s'ouvre toute seule. et là surprise, tu la sens pivoter sous ton poing. même dans ton état d'ébriété tu devines que ce n'est pas normal mais tu n'as guère le temps de t'en inquiéter car tu te sens partir en avant, complètement déséquilibrée par cette ouverture imprévue. un cri résonne mais là non plus tu n'as pas l'occasion d'en saisir la signification que tu te retrouves dans les bras d'un inconnu. que fait-il dans ta cabine ? convaincue d'être chez toi et incapable de relier tous les éléments entre eux pour expliquer la situation, tu réponds du tac au tac. « non, c'est ma cabine ici. » ayant repris ton équilibre, tu réalises alors votre position des plus gênantes. « et tu pourrais commencer par enlever ta main de mon sein déjà. » le regard baissé sur la main baladeuse en question, tu peines à deviner si elle est accidentelle ou intentionnelle.