ce soir je fais des infidélités au Lux. c'est au Sidh que tu m'as donné rendez-vous et que je me prépare, en essayant de sortir de mon continuelle "jean, t-shirt AC/DC". ce sont les vêtements de Milo que j'emprunte et c'est donc vêtue d'un pantalon en cuire noir et d'un débardeur blanc que je débarque dans la boite. j'ai l'impression d'être cul nu, le truc me colle à la peau d'une manière si peu confortable que je suis obligée de vérifier à deux fois que je n'ai pas oublié un truc. il commence à y avoir un peu de monde, pas assez pour que je sois incapable de ne pas entendre distinctement les voix des gens qui sont autour de moi. je m'entraine un peu pour notre petit jeu. d'ailleurs les instructions étaient clairs : je ne dois en aucun cas te cherche dans le foule et je dois éviter au maximum de regarder autour de moi. sans trop savoir ce que mon corps essaie de me dire, c'est un comme un délicieux frisson qui s'est emparé de moi quand tu m'as énoncé les règles. comme une excitation latente que je ne sais pas vraiment comment interpréter, ni même canaliser. dernièrement, je suis en plein apprentissage de la vie. je découvre de nouvelles sensations, celles que me procure la vue d'un corps dénudé, celle d'un jeu qui aurait presque une pointe de sensualité. perdue dans mes pensées, je bois machinalement les deux shot de vodka qui sont sous mes yeux avant qu'une des serveuses me tende un bout de tissu. « qu'est-ce que ... » un bandeau. t'as vraiment fait les choses jusqu'au bout. un sourire vient étirer mes lèvres tandis que je pose le dernier shot vide, attrape le doux tissus et le noue autour de ma tête, me plongeant dans le noir totale. à présent, je suis dépourvue d'un de mes sens, prête à compenser avec l'ouïe, l'odorat mais pourquoi pas le touché et le gout.

Y a la silhouette longiligne du gamin de Bristol qui monte sur le bar. J'viens de rentrer de chez moi, et j'retrouve un autre de mes domiciles. Ici, mes ombres réunies. Ici, on susurre entre les murs, on vibre contre les parois, on s’abîme les peaux dans les salons. Ici, on laisse ce qu'on paraît dehors, et on est ce qu'on terre. Le Sidh a une réputation ; qui n'est rien avec ce qui s'y passe réellement. Un exhausteur de sincérité. Le petit prince de la nuit, trônant sur le bar, coupe la musique et couvre le brouhaha léger de sa voix. Y a des instructions ; et t'es le sujet principal. Une fille qui va se voir bander les yeux, qu'il ne faudra aiguillier ni toucher, au risque de se voir foutre dehors par les molosses qui gardent les portes. La reine des lieux n'approuverait sûrement pas cette prise d'otage de son temple, temporaire, mais puisque j'ai rempli mon rôle de damoiseau d'honneur la veille, je suppose que j'ai le droit à cette incartade. J'aurais pu attendre ; mais, depuis que l'idée est lancée, j'dois reconnaître qu'elle a tendance à squatter mon esprit de façon plutôt prononcée. La serveuse briefée sur ton apparence, je redescends de mon trône et me mêle aux corps dansants. Assez loin pour que tu n'me vois pas d'entré, mais pas suffisamment pour manquer ton arrivée. Le tissu noir, en soie, tendu après t'avoir souhaité la bienvenue avec quelques shots. Ces liens ont l'avantage de ne pas marquer la peau, quand je les serre autour des poignets. J'en réserve un pour qu'il soit noué autour de ta tête et te prive d'un des sens les plus élémentaires. J'en esquisse un sourire, à l'abri de tes prunelles. Et, quand tu t'enfonces dans la foule, je m'approche. A peine. Les lèvres closes, tricheur qui rode, bien trop tenté pour rester un personnage secondaire, passif de son propre supplice. Juste de quoi savourer les premiers pas de la chasseuse.

les yeux bandés, à présent plongée dans le noir, je suis obligée de compenser avec mes autres sens. pas forcément perturbée, je m'amuse à penser que j'ai toujours eu l'impression d'avancer dans le noir dans ma vie, alors finalement rien n'est bien différent ce soir. deux petites tapes sur la table pour demander à la serveuse de me mettre un shot de tequila avant de commencer ma chasse. le sel que je lèche au creux de mon pouce, le liquide froid qui brûle ma langue avant que je ne dépose le morceau de citron contre mes lèvres. une chaleur qui m'envahi presque instantanément, me donne du courage pour aller au bout de cette soirée, quelqu'en soient les issus. je m'enfonce dans la foule, tourne la tête à gauche, à droite, à la recherche de ta voix et seulement la tienne. la musique en fond est assez forte pour ambiancer les corps, mais pas assez pour me détourner de mon but. traque presque bestiale que j'entreprends, comme des gosses, jouant à une partie de cache cache pour adulte. putain Horace si tu savais comme je me sens puissante malgré le tissu de soie qui décore mon visage. je suis la chasseuse et tu es la proie. dans un premier temps c'est un parfum que j'hume, je me retourne, fais un pas, avant que la fragrance ne disparaisse. sourire qui nait sur mes lèvres, je tends l'oreille. une voix masculine, un peu trop aiguë pour être la tienne. alors je continue de déambuler parmi les âmes. ma main qui se tend devant moi, frôle un corps, s'y attarde, une épaule, un torse. pas toi. « tu sais que tu es censé parler Horace » que je chuchote presque. parce que je sais que tu m'entends. cette fois ci aucun sens en alerte mais mon corps qui frisonne. je te sens, je sais que tu es là, tout près. t'es bien trop amusé par la situation, tout comme moi, pour ne pas être aux premières loges.

Mélange la chasseuse, la proie et les spectateurs ; acteurs, qui déambulent autour de toi. Obstacles de chair, entre toi et moi. Voit autrement, les yeux clos et les paupières enveloppées dans la soie. J'en torture l'inférieure, à me mélanger aux bedeaux consentants, orbes fixées sur tes gestes. Danse lascive, que j'observe sans vraiment en faire parti. Muet, plus voyeur qu'acteur ; pour une fois. Laisse-moi me complaire, m'introduire dans ta bulle, y souffler un peu de mon parfum, avant de reculer quand tu t'approches. Vue et voix inutiles, pouvoirs surestimés, je peux sentir sur ma peau ta tension. L'instinct prime et surpasse ces sens dépassés. Bouche amusée quand tu souffles ton message, les mots se glissent entre les basses et me parviennent facilement. Dans cette vaste farce, on développe notre langage propre. Quelques instants de triche, encore, avant que je m'incruste dans une conversation entre deux habitués. Des banalités, et un rire qui perle dans ma gorge. Pardonne-moi, je tente d'y cacher mon accent, pour tirer encore sur la corde du jeu. J'y parviens bien mal, le séjour sur mes terres n'étant pas si éloigné. Verbe délié, j'n'en quitte pour autant pas ta silhouette du regard. Juste de quoi reculer d'un pas, quand tes doigts manquent ma peau de peu. J'n'ai jamais dis que les règles étaient équitables. Il faudra y venir avec davantage de conviction. Pas esquissé sur le côté, j'en abandonne cette compagnie devenant désormais sans intérêt. Débarque sur ton côté, les lèvres pas loin de ton oreille. Sifflé. « Presque. » Manqué de peu, manqué de rien. Aiguiser l'empressement.

j'avance dans la foule, slalome entre les âmes, la poitrine gonflée de confiance. ou alors est-ce l'ambiance humide, l'atmosphère très sexuelle qui prend possession des corps, le mien y compris. au milieu des gens, j'ai l'impression de leur appartenir, seule parmi les autres, je me sens comme faisant partie d'un tout. ce que tu m'offres ce soir Horace, en plus d'un jeu extrêmement délicieux, c'est pour une fois, l'envie d'être vue et d'être empreint d'attention. à tes contours, aux mentions de tes bosses, tes creux et de tes secrets, je ressens l'envie de jouer avec toi, et de comme volontairement perdre une partie d'échec pour que tu prennes la reine.. soudain ma peau qui frissonne à une voix qui m'est familière et un accent qui me fait l'effet d'un glaçon dévalant la chute de mes reins, entraînant avec lui la chaleur qui m'habite. ton rire, comme une un joyaux précieux qui brille de mille feu, illumine une pièce remplit de ténèbres. mes doigts qui frôlent une silhouette qui n'est pas la tienne. déception qui mord mes lèvres alors que la chasseuse continue sa mission. ta voix qui éveille mon esprit de compétition quand les mots sont chuchoté à demi mot près de mon oreille et que ton souffle balaie quelques mèches de mes cheveux. une expiration un peu trop audible qui s'échappe d'entre mes lèves quand ta fragrance arrive jusqu'à moi. mélange de plusieurs sens qui me retourne. qui aurait pu croire qu'une partie de cache cache pourrait être aussi .. érotique ? mon corps qui fait volte face en direction de ta voix. « ça t'amuse ? » question posée innocemment, le sourire aux lèvres. « c'est moi qui suis censée te.. chasser. pas l'inverse Dawson » ton nom toujours prononcé avec mon accent Croate. tout deux loin de notre pays d'origine. faut croire qu'on a finalement pas mal de point commun.

Dans la danse, les personnages autour sont pantins, ne servant à rien d'autre que meubler notre délire. Mais j'éprouve une affection particulière à chacun de leur soupire, de leur lâcher-prise. Côte à côte les mondes éloignés, les êtres différents, reliés par la même secousse des basses. Ca fait rebondir le cœur, et dans cette scène divine, il y a toi qui évolue. Frôle et oublie qu'il y a de la chair derrière, sous tes doigts qui osent. C'est plus simple quand on n'croise aucun regard. Idiots trop habitués à se faire désarçonner par des prunelles stagnantes. Privée de la vue, l'étourdissement devient force, et on mélange les rôles, se refilant tour à tour les cartes de loup. Canidés qui aiguisent leurs tranchants, cachés sous une douce apparence laineuse. Le corps se mouve et occupe l'espace, traçant autour de toi un désir d'emprise. Un désir tout court. Est-ce que tu le lis dans mon souffle, est-ce que tu le sens dans mon parfum qui se mêle au salé des peaux ? J'suis pas doué pour l'indifférence, qu'importe combien j'voudrais te préserver. « Beaucoup. » La malice s'est glissée entre les syllabes, pour que tu puisses deviner le sourire qui habite ma bouche. Il est inutile puisque non vu, mais permanent. Accroché aux nerfs qui s'animent. On berce nos répliques d'accents d'ailleurs, de vies plus sinueuses. Qu'ils ne savent pas, tous ceux autour. On tisse, on bricole notre lien à nous, Ca n'doit pas ressembler à grand-chose, mais ça lie le ventre, les reins et les lèvres quand elles susurrent : « Qu'est-ce que tu attends ? » Mes pas ne sont plus que des esquisses, des excuses pour ne pas trop dénaturer le jeu. Les orbes, stagnantes, enrobantes, possessives. « Tu ne m'as pas encore attrapé. » Ca n'se joue qu'à une prise de tes ongles sur ma peau, qu'à une décision de m'implanter dans ta vie.

c'est dans une monde crée de toute pièce par notre imagination, que j'évolue à l'aveugle. bulle de fantasme qu'on s'est inventé, entre attente insoutenable et recherche languissante. je continue de me mêler aux corps, hume les parfums à la recherche du tien. ta voix que j'entends comme un écho, me donne l'impression qu'elle remplit la salle entière comme si tu étais partout et nul part à la fois. un sens en moins, petit à petit, les autre prennent plus de place. ils tentent de se décupler pour pallier au manque. et le manque je le ressens quand mes iris sous le bandeau, me supplient de te trouve pour s'imprégner à nouveau de ton sourire. comme une peur de trop vite oublier ton image, comme un besoin à nouveau, de marquer dans ma mémoire les détails de ton visage. sourire que je peux entendre dans les mots que tu articules, sans pour autant réussir à cacher cet accent british qui fait de l'effet. je prends conscience du lien qui nait entre nous, celui qu'on tisse petit à petit, qu'on renforce, qu'on nourrit. et je me mets à sourire toute seule, parce que t'as fini par me donner ce qu'il me fallait pour faire la différence. deux phrases, qui vont peut-être tout changer. « stop. arrêtez de bouger » que je lâche tout à coup à l'attention des gens autour de moi. la tête qui se met à onduler, trouvant le rythme de ta respiration, les mouvements qui se calent sur le tempo de celle-ci, comme sur une chanson qu'on composerait à deux. sachant à présent exactement où tu te trouves, c'est le moment où je décide de m'amuser une dernière fois. mon visage qui se rapproche d'une personne qui n'est pas toi, mes lèvres à quelques centimètres de sa gorge, frôle presque le derme, souffle ma frustration que ce ne soit pas toi. ma main qui caresse doucement la mâchoire, descend jusque sur le buste de la demoiselle, détaille la clavicule de mes doigts fins, repousse les cheveux avant d'humer son délicat parfum. regarde moi lui donner toutes ces attentions et imagine que ça aurait pu être toi. puis je souris une dernière fois en m'éloignant d'elle, avançant à pas feutrés, jusqu'à être face à toi. « maintenant si » que je chuchote, mon visage qui se rapproche du tien jusqu'à ce que mes lèvres ne soient qu'à à peine deux centimètres des tiennes. « trouvé ».

Nous, dans cette danse, on maîtrise. Le ballet est harmonieux pour cet ensemble aussi éclectique et bordélique que nous composons, les êtres de nuit. Canines aiguisées et orbes appuyées. Je te fournis comme une proie à leurs regards, tout en me réservant la primeur d'en obtenir l'attention. Je n'sais même plus comment cette idées est née, mais je nous remercie d'ici, depuis le présent, à ces inconscients du passé, pour cette audace soudaine. Comment d'une relation d'acheteur/vendeur, on tisse la toile autour. On l’agrémente, on l'améliore, on en affirme le goût et la dépendance. Tu imposes, dictes l'ordre à la compagnie de danseurs décadents. Ils s'arrêtent, cessent d'être une barrière entre nous. J'suppose qu'ils osent quelques œillades, que j'ignore, obsession des billes claires pour ta démarche. Obsession de la peau qui tiraille, à l'endroit même où tu flirtes avec celle de l'Autre. Ca me brûle la mienne, ignorée et frustrée. Epiderme éconduit. Derrière le masque, tu pourrais voir sur mes lèvres, un sourire doux amer s'imprégner. Les jeux, je préfère quand ils me concernent. Peu habitué à ne pas être invité à la fête. Nerfs qui captent le désir, et mon cou qui se tend, bientôt étouffé de mes doigts, éteignant le début d'incendie. Contradiction d'un amusement de ton manège, et acidité de la gorge, de voir autre peau bénéficier de ta douceur. J'en souffle des certitudes, et beaucoup d'in-certitudes. J'en mélange les respirations, et, phalanges vengeresses, s'infiltrent contre ton cou, glissent dans ta nuque, rapprochent les silhouettes jusqu'à ce que les pulsations s'entendent. Brûlure mal soignée. Le pulpeux de l'inférieur, établissant un contact nuage, si peu soutenu qu'il aurait pu ne pas exister, contre la bouche adverse. Puis, céder dans un sourire qui s'éloigne, les doigts atteignant le nœud de soie derrière ta crinière, ôté avec habilité. « Fin du jeu. » C'est pas beaucoup plus affirmé que tes dires, soufflé. Puis, plus clair, comme une douche qu'on s'inflige, à l'encontre de l'avis de tout le reste du corps : « J'te dois un verre. » Et quelques remouds insoupçonnés. Je n'sais pas, on dit merci pour ça ?