Jeudi 26 Juin - 10h

J’étais déjà sous la douche quand mon téléphone avait vibré. Apparemment, Eros ne supportait pas tellement sa convalescence dans sa tour d’argent et avait besoin de prendre l’air. Alors j’avais dis oui pour aller le chercher et l’emmener où il lui plaira. A moi aussi ça me ferait du bien de prendre l’air, de sortir de cet appartement qui me faisait me sentir à la fois trop loin et trop proche de Petit Prince. Surtout en ce moment. Je termine de me préparer, avale rapidement mon petit déjeuner et quitte les lieux avec les clés d’une voiture dans ma poche. Mon bébé avait encore besoin de quelques réparations, et si cet imbécile d’Eros avait en plus une côte cassé, il n'allait pas apprécier le trajet. Donc voiture. Je rentre l’adresse dans le gps et je suis les indications. Une fois sur place, je rentre dans l'immeuble et parcours les couloirs jusqu’à l’appartement, à sa demande, pour frapper directement à la porte, attendant qu’on vienne m’ouvrir.


@Eros K. Delrio

Besoin de sortir, de respirer, de prendre l’air loin de ses quatre murs. L’adrénaline me manquait, côtoyer l’asphalte, pouvoir tenir un volant entre mes mains. J’étais limité et ce n’est pas demain la veille que je pourrais reprendre la conduite. Alors c’est à Anders que j’ai pensé, rapidement il a accepté, impatient je l’attendais, tournant en rond dans le salon jusqu’à qu’on frappe à la porte. Je me précipite avant que les gorilles arrivent “Vite, vite on y va !” Je sors brusquement sur mes quatre roues, demandant d’un geste à Anders de m’aider à sortir plus vite. A la voiture, je me débrouille pour me hisser sur le siège avant, pendant que mon chauffeur du jours s’occupe gentiment de ce foutu fauteuil. Ceinture bouclée, je tourne la tête vers le jeune homme “Elle est où ta tenue d’infirmier ? Je suis vraiment déçu là !”

C'est dans un fauteuil qu'Eros m'ouvre la porte, ce qui me confirme qu'il n'a pas été très honnête sur les véritables causes de son accident. Pas le temps d'ouvrir la bouche, ne serait-ce que pour le saluer, que monsieur se précipite à l'extérieur à toute vitesse, comme s'il avait peur qu'on l'en empêche. Sans chercher à comprendre, je referme la porte et d'un pas vif, le rejoins, saisissant le fauteuil pour le pousser et nous faire gagner un peu de temps pour rejoindre la sortie de l'immeuble. Je l'accompagne jusqu'à la voiture, lui ouvre la porte, le laissant s'installer sous mon regard curieux. J'avais vraiment eu raison de choisir la voiture pour aujourd'hui, sinon on aurait eu des sacrés problèmes de logistique. Eros installé, je prends le fauteuil que je plie afin de le faire rentrer dans le coffre. Bon, peut-être pas choisir une sportive la prochaine fois. Fauteuil de malheur enfin rentré, je referme le coffre pour enfin retourner m'installer derrière le volant, près d'Eros. « J'ai pas réussi à la récupérer ! Mon ex voulait pas être complice de mon méfait. Mais j'ai quand même réussi à te faire sortir de ta tour d'argent, alors félicite moi quand même non ? » Je ris doucement, n'était-ce pas le résultat qui comptait après tout ? « Bon, je le fais t'emmener où, ton blanc destrier ? » Savoir de quoi il avait envie pour aujourd'hui, se sentir bien.

Je le presse sans doute un peu trop, mais les gorilles d’Aaron toujours dans les pattes j’avoue que j’en avais un peu marre de les supporter et plus pouvoir faire un pas sans eux. L’impression d’être un enfant qu’on couvait un peu trop ses derniers temps. Il rentre dans mon jeu et même si j’appréciais peu qu’on me pousse pour le coup j’approuve son aide. Je l’entends batailler avec le fauteuil dans le coffre et ça me fais sourire, même si ce n’est pas très cool de ma part. Je le regarde en riant ”Moi qui pensait pouvoir vérifier si les infirmières était nu sous leur blouse, déception absolue ! En vrai je te remercie d’être venue, j’en peu plus de rester enfermer dans cette appartement, y’a trop de tension” la douleur jouait sur mes nerfs et même si j’évitais de me plaindre je sentais bien que je partais au quart de tour, bon, sur que l’abstinence jouait beaucoup autant sur moi que sur Aaron. Je soupire, regarde Anders ”J’ai aucune destination en tête, peu importe je veux juste que tu roules en fait... je vais devenir taré ici faut que je m’éloigne quelques heures... c’est toi aux commandes, tu décides du programme je te suis. Profites-en !” sourire au lèvre, souvenir de la conversation où j’avais dû lui apprendre plus ou moins mon état, espérant qu’il ne m’inonde pas de question, en face à face j’aurais du mal à lui mentir.

Je ne peux que comprendre son état de nerfs. Pour avoir été en convalescence plus d'une fois, enfermé, à devoir resté tranquille pendant des jours, je savais très bien que cela pouvait rendre fou. Alors je ne cherche pas à le raisonner outre mesure, à lui dire qu'il a surement tort de ne pas rester tranquille plus que cela. Après tout, aucune folie n'était au programme. On allait tout simplement aller se promener au grand air. Qu'il reste tranquille chez lui ou tranquille à un autre coin de la ville ne changerait rien, si ce n'était l'aider à rendre les choses plus supportables psychologiquement. « T'inquiète, ça me fait plaisir. Mais pour le reste, c'est un mythe. Pour être sorti avec une infirmière, je peux te l'affirmer, il y a quelque chose sous leur blouse. Même si je dois avouer que c'est quand même plutôt plaisant à déchirer. » Sous entendu sans la moindre subtilité, je ris doucement avant de démarrer le contact de la voiture. « Ca marche, je vais t'emmener au grand air, ça va te faire du bien. » Je desserre le frein à main et prends la route, vers le nord. J'allais nous emmener profiter des plages un peu plus éloignée, loin de la foule habituelle de la ville. « Bon, je vais pas réinsister pour savoir comment tu t'es fait ça parce que je te l'ai promis. Mais sache quand même que pour une côte cassée, on reste pas en fauteuil. Je sais pas ce que t'as foutu, mais visiblement tu t'es pas loupé. » J'essaye de dédramatiser les choses, bien loin d'imaginer ce qu'il a vraiment traversé. Bien loin d'imaginer ce que cette discussion pouvait faire ressortir. « Je dis ça pour pas que tu passes pour un con la prochaine fois que t'essayeras de mentir. » Parce que là, clairement, c'était pas une réussite.

Je tourne la tête vers lui, d’un air offusqué “Sérieusement Anders ? T’es obligé de briser mes rêves de la sorte ? Ce n’est pas parce que t’a été déçu que tu dois m’envoyer ta rage en pleine tête !” air faussement boudeur je crois les bras devant mon torse “Et en plus on change de sujet, je refuse de faire la moindre allusion au cul, c’est une très mauvaise idée” Bien trop en manque, bien trop à l’affut, j’allais ressembler à une bête sauvage si on continuait sur le sujet. Je hoche la tête, fenêtre ouverte, c’est une grande inspiration que je prends quand la voiture démarre, même si j’aurais préféré tenir moi-même le volant j’avais déjà l’impression d’être apaisé de regarder l’appartement s’éloigner dans le rétroviseur extérieur. Anders se fais de nouveau entendre, me faisant tourner la tête vers lui, le sujet est moins plaisant et d’un coup je suis moins à l’aise, légèrement panique du cœur qui s’accélère, l’esprit qui s’agite. Il va me coincer, c’est certain. Je soupire, passe une main sur mon visage et je me tourne légèrement vers lui “Je peux te faire confiance ? On est d’accord que tout ce qu’on peut se dire, reste entre nous ?” Aaron me tuerait certainement s’il savait qu’en plus de Nate j’allais le raconter à Anders “C’est important Anders, promets-moi que ça reste entre nous ?!” le sourire à disparus et le regard est plus que sérieux.

Je roule des yeux, mi-amusé, mi-dépité par la réaction de Eros. « Excuse-moi Monsieur je crois encore au Père Noël ! La prochaine fois je dirais rien. » Je ris un peu, amusé par cette réaction de gamin, son air boudeur, ses bras croisés. On aurait vraiment dit que je venais de détruire le rêve d’une vie. Bon après, peut-être que ça l’était, peut-être qu’il avait toujours rêvé d’une infirmière dans sa vie. J’en sais rien. Mais ça n’allait pas être pour cette fois. Ni moi. Et certainement pas aujourd’hui puisqu’il ne veut même pas que le moindre sujet sexuel soit abordé. Ca, je pouvais le comprendre. Étant donné qu’il était obligé de se balader en fauteuil, je suppose que l’abstinence était comprise dans la convalescence, et je pouvais comprendre que ça le rende irritable. Même s'il ne fallait pas trop qu’il continue sur cette voie avec moi s’il ne voulait pas être abandonné au milieu de nul part. « Allez, relax, tu vas te changer les idées aujourd’hui, ça va te faire du bien. » Je lui donne une petite tape sur l’épaule, accompagnée par un sourire avant de reporter mon attention sur la route, sans pour autant m’arrêter de lui parler. Je le mets en garde sur ses mauvais talents de menteur. Je savais déjà qu’il ne m’avait pas tout dit, mais fallait vraiment prendre les gens pour des cons à vouloir leur faire croire qu’on pouvait se péter une côte et finir en fauteuil en tombant dans les escaliers. Je n’allais pas insister plus sur le sujet, mais son air grave lorsqu’il se tourne vers moi change la donne. « Bien sûr Eros ! Je sais que ça fait pas très longtemps, qu’on se connaît, mais jamais j’irais trahir tes confidences. » C’était au moins une qualité dont je pouvais me vanter, celle d’être loyal. « Je te jure Eros Delrio que tout ce que tu pourras me dire aujourd’hui, et d’autres jours, restera entre nous. » Je lève légèrement la main droite pour faire comme si je prêtais serment. Certes, j’exagérais un peu pour le faire chier, mais j’étais sincère.