t'es pas né de la dernière pluie, elle devrait le savoir. déjà le fait que tu sois le plus âgé te donne un avantage, mais c'est surtout qu'à force tu connais toutes ses combines. alors quand elle t'a demandé en toute innocence si tu serais chez toi ce soir "juste pour savoir", tu t'es douté qu'elle avait une pensée derrière la tête. compte-t-elle venir une fois de plus vider ton frigo parce que c'est tellement plus pratique de se servir chez son frère plutôt que d'aller faire les courses, surtout quand on sait que le frère en question s'assure d'avoir toujours des produits frais et de qualité à disposition ? à moins qu'elle n'ait envie d'essayer le casque vr que tu viens d'acheter et dont tu lui as parlé avant hier (et à bien y repenser, tu avais cru déceler une étincelle d'intérêt dans ses pupilles avant que tu ne changes de sujet). peut-être même que ce sont les deux raisons mentionnées ci-dessus qui la poussent à ouvrir la porte de ton appartement en cet instant, persuadée que tu es chez reece pour une soirée entre potes comme tu lui avais répondu. l'information est pourtant fausse et tu te trouves simplement dans ta salle de bains lorsque la poignée se tourne. au bruit qu'elle fait tu n'as aucun doute sur l'identité de ton visiteur, mais tu choisis de rester dans la salle de bains plutôt que d'aller à sa rencontre. non seulement tu préfères terminer l'examen consciencieux de ton visage d'abord mais tu songes aussi à choisir le moment opportun pour te montrer et mieux surprendre la petite intruse.

@alyss harrison

c'est le même scénario, qu'elle répétait inlassablement, chaque fois que les armoires et le réfrigérateur se vidaient des précieuses victuailles. si majorité rimait avec maturité et responsabilités, ce n'est pas pour autant que ces deux concepts s'appliquaient à la principale concernée. auparavant, c'est maman qui s'occupait de tout. maman qui se soumettait aux plaintes de l'enfant (faussement) gâtée, maman qui faiblissait sous les larmes de crocodiles qui décoraient ses joues dorées. si bien qu'à vouloir quitter le nid trop tôt, l'oisillon n'avait pas su prendre son envol et que la chute avait été brutale, à perdre pied sur la pente abrupte de la vie adulte. et pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable, quand embêter le frérot et remplir ses réserves, sans avoir à débourser un seul sous, pouvait se faire d'une pierre deux coups? intruse qui se faufile à travers les pièces qu'elle ne connait que trop bien, puisqu'à défaut d'avoir son propre appartement, c'est dans les bras de son frère qu'elle venait se réfugier, - trop fière pour l'admettre à voix haute - lorsque les tracas et les doutes la rattrapaient. musique dans les oreilles, c'est sur du vieux Bon Jovi qu'elle chantait à tue-tête, insouciante de la menace qui planait, aussi métaphorique soit-elle, à quelques mètres d'elle. les portes du réfrigérateur ouvertes sur le trésor, un sourire de délectation traversait son visage, tandis qu'elle se saisissait d'une pomme pour y planter ses crocs, fière de son presque parfait jeu d'actrice.

@Callen Harrison

plus les intrusions se répètent et plus tu songes à piéger ton garde-manger pour la dissuader de davantage le dévaliser. y glisser quelques aliments empoisonnés et l'en avertir par un message affiché sur la porte du réfrigérateur (bien évidemment sans préciser quelles sont les denrées comestibles et quelles sont celles qui lui causeront un séjour prolongé sur la cuvette des toilettes) constitue ainsi une idée très séduisante, malheureusement trop contraignante. et puis ce genre de farce n'est guère ton style. à choisir tu lui retirerais tout simplement le double des clés que tu lui as confié, mais là encore une objection majeure t'empêche de le faire. t'as toujours été plus ou moins inquiet pour sa sécurité et son bien être, et savoir qu'elle dispose d'un refuge dans lequel elle peut se rendre à tout moment reste ta priorité et la raison première pour laquelle tu lui as donné cet accès illimité à ton appartement. alors tu te contentes une fois de plus de repousser les limites de ta patience déjà grande et de soigner ton entrée en scène. te détournant de ton reflet dans le miroir, tu viens discrètement observer la demoiselle se servir dans tes victuailles. reconnaissant sans difficulté la chanson que celle-ci est en train de fredonner, un sourire mauvais se dessine sur tes lèvres et tu t'avances à pas de loup dans sa direction. profitant du fait qu'elle ait le dos tourné et l'esprit visiblement concentré sur son estomac à remplir, tu te glisses juste derrière elle avant de lui emprisonner les poignets par surprise. « Mais quelle vilaine ! » Tu la sens tressaillir entre tes doigts, t'attends même à un hurlement de sa part mais tu poursuis avec le plus grand naturel possible. « Tu savais qu'à l'époque on coupait la main aux voleurs ? » Un châtiment légèrement disproportionné pour la faute commise mais hey on ne refait pas l'histoire.

avec un peu de chance, ce n'est que la pomme à moitié dévorée qui lui tombe des mains, atterrissant sur le sol, sûrement dans un bruit sourd qui échappe pourtant à son ouïe, martelée par la pre-chorus de Livin' on a prayer (( she says, we've got to hold on to what we've got )) dans les oreilles. JE TE DÉTESTE ! Qu'elle dit, beaucoup trop fort, avant de retirer son casque d'écoute. Le coeur qui bat la chamade, non seulement d'avoir été terrorisée par son idiot de frère, mais aussi parce qu'elle a été prise littéralement la main dans le sac. D'un coup de poing sur l'épaule, Alyss se penche pour récupérer le fruit au sol, le nettoie à la va-vite, et plante ses canines dans la chair juteuse, l'air-pas-impressionnée-du-tout, alors que la façade tente de dissimuler un sourire et d'étouffer un rire qui menacent de poindre. Ça te fera de quoi manger. Tes armoires sont vides, dit-elle en lui présentant ses mains, scellées par des menottes imaginaires. Je t'aime, frangin... Parce que sans lui, sans son modèle, sans son héros, elle est rien, la gamine. ... même si t'es moche, et que je suis la plus brillante de nous deux. Je t'aime. Et c'est bien pour cette raison, qu'elle s'entête à l'embêter, qu'elle lui piquait ses réserves, qu'elle le suppliait de la nourrir, uniquement pour passer du temps avec lui.

b r o t h e r,,

noun.

the person that can be the world's biggest pain in the neck and the biggest role model at the same time. but most of all, the first playmate and a best friend for life.

FIN DU RP

@Callen Harrison