Mardi 30 Mars 2021

Petite beuverie étudiante à laquelle je fus poussé à aller. Toujours cette envie de sortir de ma zone de confort, et toujours confronté à des rassemblements de personnes qui boivent en excès, collés les uns contre les autres en criant comme des bêtes de foires. Par chance, là où la soirée se passe, l'espace est grand et il y aura de quoi pouvoir avoir du repos en s'exilant dans quelques pièces nuancées de tranquillité. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque mon ex et moi nous trouvâmes nez à nez, à peine quelques minutes après mon arrivée. Je cherchais l'amant actuel, je tombe sur la défunte copine. Un sourire gêné, une brève discussion et nous finissons par partir chacun de notre côté. Les quelques amis à mes côtés et moi nous dispersons, et sans trop de difficulté, je finis par tomber sur toi. Hallelujah. Un grand sourire s'affiche alors que je me dirige vers toi, tout en faisant attention à ne pas faire de grandes démonstrations. ❝ Je vois que monsieur est déjà servi ❞ déclare-je en constatant ton verre en main. Impayable.

w/ @Thadee Rothschild

Ton impulsivité causera ta perte Thadee. T'as proposé à Eben de venir à cette soirée pour que vous puissiez passer un peu de temps ensemble. Comme deux potes aux yeux de tous mais comme deux amants à travers vos yeux. Tu croyais vraiment que c'était une bonne idée, jusqu'à ce que tu tombes sur Eben et son ex, en train de discuter. Un peu trop proches à ton goût. Tu ne t'es pas manifesté, tu t'es contenté de partir. La vue était insupportable. Tu te diriges furieusement jusqu'au bar où tu prends une gobelet rouge. Tu prends la première bouteille venue et en verses un maximum dans ton verre. Tu bois deux grosses gorgées avant de le remplir de nouveau. Tu te tournes en entendant la voix d'Eben. Tu le foudroies du regard. Moi non plus je ne t'ai pas attendu pour commencer la soirée, réponds-tu, froidement, avec toute l'impulsivité dont tu sais faire preuve. Tu bois une gorgée sans le quitter des yeux. Sur ce. Bonne soirée. Tu le contournes et quittes tout ce monde. Tu cherches la sortie, t'aventurant dans un couloir au hasard.

w/ @Eben Wolford

❝ Toi non plus ? Je viens d'arriver ❞ demande-je, surpris, en arquant un cil. L'agressivité dans ta voix n'est même plus cachée et ton regard ne fait que confirmer le peu de doutes que je pourrais avoir sur ton énervement. Je n'ai pas le temps de répondre à ton adieu que tu pars déjà, sans même me frôler. Interdit quelques secondes, me paraissant presque une éternité, je décide sans ménagement de te suivre. Le couloir que tu empruntes n'est absolument pas le bon, ce qui me confirme que tu es énervé au point de simplement prendre la fuite, comme tu sais le faire. Quel putain d'impulsif. ❝ Hé ❞ lance-je en levant la voix en accélérant le pas pour être juste derrière toi, finissant par baisser à nouveau la voix. ❝ Qu'est-ce que tu as ? Merde, qu'est-ce que tu vas m'accuser d'avoir fait ? ❞ Car je sens les reproches tomber, et ils vont pleuvoir. Sors tout d'un coup, je pourrais accuser le coup mais ne me tourne jamais le dos et ne pars jamais ainsi. ❝ Thadee, enfin. ❞ Les yeux grands, la surprise total. Je n'arrive même pas à paraître ou sonner énervé car je ne le suis pas, je suis encore sur le cul.

w/ @Thadee Rothschild

Et en plus, il te mens. Alors là c'est le bouquet. Le mensonge ne te va pas Wolford, grognes-tu entre tes dents. Tu ne restes pas longtemps devant lui. Tu ne veux pas rester avec lui, t'as pas envie de parler, ce n'est pas le bon moment. T'es trop impulsif, il te faut un peu de temps pour descendre en pression. Tu ne connais pas cette maison donc tu prends le premier couloir qui se pointe devant toi. Tu lèves les yeux au ciel et soupire en entendant sa voix. Eben est derrière toi, il ne va pas te lâcher. Tu continues d'avancer. Tu ne ralentis pas mais malheureusement pour toi, il arrive à ta hauteur. Lâche moi, que tu réponds sans même le regarder. Mais il insiste. Tu te tournes vers lui et écartes légèrement les bras. Quoi ? T'es imposant et agressif. T'as beau être en rogne, tu ne lui feras jamais de mal. Tu sais quoi ? Retourne voir ton ex et fou-moi la paix pour ce soir, râles-tu. J'aurais pas dû venir. C'est bon.

w/ @Eben Wolford

❝ Quoi ? ❞ Là, je fronce les sourcils. Tu me fais une scène qui peut être entendu par tout le monde tant le couloir raisonne et pour ça ? Double peine, et clairement, j'ai la sensation que tu vas trop loin et ça ne me plaît absolument pas. ❝ Je viens parce que tu avais envie, j'ai rien à foutre ici, c'est pas mon délire. Et mon ex, je l'ai croisé par hasard. Tu pensais que j'allais la pousser en lui disant "décale la pouilleuse" ? ❞ On pourrait presque rire de ça, mais je n'ai aucune envie de rire. Comment peux-tu être aussi déraisonné là ? C'est simplement ridicule. ❝ C'est comme ça que tu veux me traiter ? ❞ Ma voix se baisse, et d'un coup, je sens la déception m'envahir. Certes, je sais que tu es impulsif et que ce n'est pas nouveau, mais ça ne fait jamais plaisir d'être traité de la sorte - d'autant plus que ce n'est aucunement justifié. ❝ Tu veux me prendre la tête pour une nana dont je ne suis pas amoureux ? Sérieusement ? Alors que le seul foutu élément ici qui ne me donne pas envie de partir, c'est toi ? C'est n'importe quoi... ❞ Je suis partagé entre la colère et un fond de tristesse. L'idiot du village, c'est bien moi. Je me tape une relation secrète mais des scènes dramatiques en public - plus ou moins. Quelle joie de profiter de ce double standard.

w/ @Thadee Rothschild

T'es complètement paranoïaque sur ce coup là Thadee. Dans ton délire. Tu es beaucoup trop impulsif. Tu te protèges de chaque situation qui pourrait tourner à ton désavantage. C'est plus fort que toi. Tu ne peux pas faire autrement. Tu ne sais pas faire autrement. Mais oui, tu l'as juste croisé et tu ne savais pas qu'elle serait là. Bah voyons, le hasard fait bien les choses, que tu réponds du tac au tac, sans prendre le temps de réfléchir. Tu es dans l'incapacité d'aligner deux idées. Et la nouvelle gorgée d'alcool fort que tu prends ne va rien arranger. Tu ne réponds pas quand il te demande si c'est comme ça que tu veux le traiter. Non, bien-sûr que non mais t'es dans ton mood, t'arriveras pas à faire demi-tour avec cette simple parole. Je ne gère pas ok ? Je fais ce que je peux. C'est presque un appel à l'aide que tu lui lances là. Tu ne veux pas aller trop loin et dire des choses que tu vas regretter à la seconde même où tu vas les lui dire. Alors va-t-en si plus rien ne te retient ici. Et cet excès de colère s'empare de toi. Ton poing se serre, ta mâchoire aussi. Il faut que tu expulses cette rage en toi. Et comme si quelqu'un avait prit possession de ton corps, tu décharges ton poing sur le mur d'à côté. Tu sens la douleur de la solidité du mur te tétaniser la main et le bras. S'il faut ça pour te calmer alors soit. T'as un mouvement de recul. Ton verre s'est renversé sur toi. Eben voit une facette de toi qu'il ne connait surement pas non plus.

w/ @Eben Wolford

❝ Mais oui, pourquoi aurais-je fait exprès de la croiser deux minutes avant de prendre ma route pour venir te voir ? Ça n'a pas de sens... ❞ Il n'y a effectivement aucun sens, mais la raison semble t'avoir quitté. Tu es pris dans ton impulsivité, et je ne sais pas comment te faire redescendre. Dois-je subir ta colère illégitime pour que cela cesse ? ❝ Thadee ❞ réponds-je simplement, un air triste et la voix morose. Je n'aime pas te voir comme cela, et je comprends bien que cette colère est surtout lié aux peurs qui t'enchainent. Peur que je parte, que je t'abandonne, peur de t'être ouvert un peu pour rien. Ton impulsivité n'est pas naturelle, tu l'as assimilé, et tu en as fait ton identité. Je ne sais quoi dire lorsque tu me demandes de partir, et avant même que je ne trouve quelque chose à répondre, le démon te possède. Un coup violent dans le mur retentit. Par chance, peut-être, le couloir désert ne semble pas avoir alerté les gens dans la pièce commune, à côté mais à vrai dire, je ne peux pas m'en rendre compte. Je suis choqué, désagréablement. L'idée même que tu aurais pu me toucher, que tu pourrais me faire subir ça me glace le sang, et je reste immobile, après m'être reculé sur le coup, pendant vingt bonnes secondes. Ton haut est en partie trempé à cause de ton verre et ma bouche est à moitié ouverte. Je peux déjà sentir mes yeux se remplir de larmes en te regardant apeuré. ❝ Je... ❞ La tête se baisse, j'ai envie de hurler. Des idées terribles me reviennent, la pression de cette terrible nuit, la sensation d'être violenté alors que là, tout est différent mais j'ai peur, comme cette fois-ci. Je n'arrive pas à prononcer un mot, et je sens mon visage déformée par une semi terreur, alors que je me retourne d'un seul coup et entame mon départ dans une précipitation robotique.

w/ @Thadee Rothschild

Tu n'arrives pas à te contrôler, tu tentes mais c'est peine perdue. Il est rare que tu en arrives à cet extrême là mais ce soir, tu vas être victime de ton impulsivité. Ton poing se serre, toute ton agressivité s'empare de ton corps. La haine. Pas contre Eben mais contre toi. C'est tout ton quotidien qui est bouleversé en ce moment. Le retour de cet homme dans ta vie te perturbe au plus haut point. Toutes les peurs qui se sont dissipés quand il t'a abandonné, reviennent en flèche. C'est violent. Des peurs qui t'envahissent et pour lesquelles tu n'as aucune réponse. Tu sens que tu vas exploser. Et si tu n'exploses pas, tu vas imploser. Ce n'est qu'une question de seconde. Tu lui fais comprendre qu'il peut s'en aller, tout de suite. Il peut fuir, comme il l'a fait il y a quatre ans. Ce sont de simples mécanismes de défense. Tu lui dis de partir mais ton coeur le supplie de rester. Mais forcément, ton agressivité parle à ta place et c'est presque inconsciemment que ton poing s'écrase sur le mur. Une décharge de douleur te paralyse le bras. C'était nécessaire. Tu hurles en silence. Tu recules d'un pas ou deux. Tes yeux se posent dans les siens. Tu y vois de la peur. Les traits de ton visage se détendent et se dérident. T'attends qu'il dise quelque chose parce que toi, tu en es incapable. Mais contre toute attente, il se retourne et s'éloigne. Tu déglutis difficilement. Tu regardes à droite et à gauche puis reposes tes yeux sur lui. Il t'abandonne de nouveau. Il part sans même se retourner. Ce que tu craignais par dessus tout est en train de se produire. Toutes les émotions que tu as ressentis il y a quatre ans remontent en toi. Tu ne peux pas le laisser partir cette fois. Tout est à cause de toi. Il s'éloigne toujours un peu plus, jusqu'à ce qu'il quitte le couloir. Alors c'est terminé ? C'est fini ? Ton impulsivité vient de tout réduire à néant. Anéantir tout ce que vous avez construits en une semaine. Tu ressens une violente solitude. Celle que tu viens de provoquer comme mécanisme de défense. Eben ! Une lueur de conscience. Tu pars à sa poursuite. Eben attends, dis-tu en essayant de le rattraper. Tu arrives derrière ses pas mais il semble ne même pas t'entendre. Il marche, comme un robot. Tu te mets devant lui et lui bloques le passage. Eben regardes moi s'il te plait ! Tu n'oses pas le toucher. Tu te dégoûtes. Lire la peur dans ses yeux est la pire chose qui puisse arriver. Je suis désolé, je suis désolé, pardonnes-moi. Je ne voulais pas te faire peur. Je ... Ton coeur s'emballe dans ta poitrine. Tu es démuni. Tu ne sais pas quoi faire pour te rattraper. Jamais je ne te ferais du mal. J'ai ... J'ai paniqué mais je ... Tout ça, nous, c'est beaucoup. J'arrive pas à gérer. J'ai jamais ressenti de la jalousie, j'ai pas envie que tu m'abandonnes encore une fois. S'il te plait. Ne me laisses pas.

w/ @Eben Wolford

Quelque chose se passe, là. Je n'ai pas bu mais il me semble que c'est pire. Cette sensation de retrouvailles avec des traumatismes passés. La soirée où les gens s'amusent et boivent, moi isolé avec un homme qui me désire et ce sentiment d'être démuni et faible face à l'autre. Qu'il peut me faire du mal, qu'il va me faire du mal. La raison s'envole alors même que ce raisonnement vient tout surplomber dans ma tête. Et je marche, bêtement, sans même totalement m'en rendre compte, les yeux gorgés de larmes, et la respiration coupée. J'en oublie de respirer, comme si quelque chose bloquait ma gorge, et mon regard est aussi vide que mon esprit. Une partie de moi est morte il y a longtemps et elle me fait un signe. Au loin, comme un écho étouffé, quelque chose que je n'arrive pas à discerner. Puis une ombre, une masse et en clignant des yeux, réalisant que je suis ici, je te vois, devant moi. Le bruit autour de nous devient limpide, et alors que tes mots s'enchainent, je ferme et rouvre les yeux, cherchant désespérément à revenir sur terre. Mon souffle revient progressivement à la normale alors que ma peau devenue rouge commence à reprendre sa couleur originelle. ❝ Thadee ❞ arrive-je à prononcer avant de déglutir. J'aurais pu t'engueuler juste avant, mais ce retour en arrière que cette situation m'a provoqué, je ne l'ai pas vu venir. Et je finis par me dire qu'il faudra que je t'en parle, quand tu seras prêt, quand je le serais aussi. Mes yeux tombent sur les tiens, alors que ceux-ci laissent couler une paire de larmes pour désengorger ce qui s'était accumulé soudainement. Non, je n'ai plus envie de pleurer, je respire enfin. Je suis libre. Une expiration fine sort de ma bouche, et c'est comme si je prenais tout mon temps pour te répondre. ❝ Thadee, je... Je ne vais pas t'abandonner. ❞ Tu ne m'as pas touché pour me retenir, et c'est un énorme point positif. Je ne sais pas comment j'aurai réagi mais mal, surement mal. Et cela me permet de me calmer et presque vouloir justement que tu m'enlaces. Baissant les yeux, légèrement la tête, je suis dans un quasi sanglot, sans larmes, sans bruit, juste le visage qui se déforme à cause du mal-être. ❝ Mais si tu me frappes, si tu me claques... J'aurai pas le choix. ❞ Promets-moi que jamais tu ne le feras et tiens cette promesse. ❝ Et je veux pas qu'on en arrive à ça, je peux pas... ❞ L'agacement que je ressens vient de cette frustration, mêlée à cette tristesse du choc émotionnel. Mes yeux se redressent sur ton faciès, si fragiles. ❝ Mon coeur bat avec le tien, je suis bien avec toi, je veux changer ça pour rien au monde. Rien. ❞ Je pousse une large respiration en évitant de te regardant encore, ne serait-ce qu'un instant. Et, tombant sur ton poing, je suis pris d'un élan d'empathie. Quelques de mes doigts l'effleurent alors que mon bras s'est légèrement tendu, et je le prends délicatement, t'attirant nonchalamment vers moi. Nous deux, au bout de ce couloir.

w/ @Thadee Rothschild

Tu reviens vers Eben presque désespérément. Tu as peur qu'il ne te repousse encore une fois et qu'il fuit. Tu n'es qu'un putain d'impulsif, un gamin trop gâté qui a toujours mis ses émotions et ses ressentis de côté. Ta mâchoire se serre fortement alors que tu vois son visage en larme. C'est la deuxième fois que tu le fais pleurer. Deux fois en deux semaines. T'es un monstre. Tu ne le mérites pas. Il serait nettement mieux sans toi. Tu le sais et t'as presque envie de te résigner à le laisser partir. Quand vous n'êtes que tous les deux, dans un endroit intime, ça se passe bien mais à partir du moment où vous êtes dehors, tout dérape. Tu tentes tant bien que mal de te faire pardonner. Tes mots sortent de ta bouche mais tu ne les contrôles pas. Tu sais qu'ils ne veulent rien dire. C'est flou et confus. Il semble reprendre sa respiration. Tu fermes les yeux et soupire silencieusement. Il ne compte pas t'abandonner. Pas même avec ton comportement de gamin capricieux. Merci, réponds-tu faiblement, presque dans un murmure. Tu te sens honteux d'avoir réagit de la sorte. Non, non, non, Eben, non, jamais je ne pourrais te faire du mal. Je ne peux pas, c'est impossible. N'ait pas peur de moi, je t'en supplie, c'est la pire chose qui puisse arriver. Il te regarde. Tu soutiens ses yeux mais tu te sens toujours honteux. Minable. Pathétique. Tous les synonymes possibles et inimaginables. Ton coeur s'emballe alors qu'il trouve le moyen de te dire des choses gentilles. Ce mec est taré de t'approcher d'aussi prêt. Il trouverait nettement mieux ailleurs. Tu le dis et le penses. Et contre toute attente, Eben s'approche de toi pour t'enlacer. Non. Vous êtes dans un endroit bourré de monde. Dans un couloir isolé certes mais blindé à côté. Tu hésites quelques longues secondes avant de finalement enrouler tes bras autour de lui. Je suis tellement désolé ... murmures-tu avant de déposer tes lèvres sur son crâne. Tu recules ton visage et l'oblige à faire de même en posant délicatement ta main dans sa nuque. Je ne vois qu'une manière de me faire pardonner ... J'en reviens pas que je vais faire ça. Et dans un élan de courage insoupçonné, tu captures délicatement ses lèvres.

w/ @Eben Wolford