Je n’aime pas avoir quelqu’un au-dessus de ma tête - j’ai déjà Fox, ça me suffit déjà - alors, j’ai décidé d’être agent de sécurité, à mon compte. En résumé, je patrouille la nuit notamment les hangars ou lieu important tout comme je peux surveiller un magasin, fouiller les clients suspects. J’ai effectué une formation de 120 heures pour avoir autorité à toute épreuve et être armé avec déclaration évidemment. On me propose un contrat, je signe si ça me plait. Je signe tout le temps, je dois gagner ma croute. Cela va faire huit ans que je suis à mon compte.  

Je connais Fox depuis dix ans. C’est lui qui m’a proposé un contrat pour bosser dans une filière des Brotherhood, à NY quand j’étais à sec. L'argent facile, je n’avais pas le choix, un de mes adelphes avait besoin d’une opération que mes parents ne pouvaient payer, il fallait faire vite. Et savoir qu’une Vie pouvait être condamnée par manque d’argent m’était intolérable alors j’ai basculé dans ce sombre monde. On a su tisser un lien de confiance, certes on évolue dans l’inégalité mais au moins, le frigo est rempli. Et à présent, il mène les affaires de Boston avec l’équipe qu’il a monté et je m’assure que tout marche droit.  

Pour parfaire ma formation, je me suis inscrit à des sports de combat comme la boxe thaïlandaise et du Krav Maga. J’en fais depuis huit ans aussi. Je n’use de mon savoir que lorsqu’on prend confiance face à moi. Et je vais à la salle de sport dès que j’ai du temps libre, pour travailler mon cardio et taper des selfies muscles dans la glace –c'est faux- que je pratique depuis mes vingt ans.  

Je suis né à Boston mais mes parents sont hawaïens et font tout pour nous inculquer leur valeur. J’y suis allé une fois, durant six mois mais j’espère pouvoir envoyer mes parents là-bas pour leur retraite. Mes origines me sont chères, de par la culture et les principes qu’on y véhicule. Je me suis même tatoué le Kakau. Et il se pourrait que je sache quelques pas de la danse Hula mais je me garde bien de le dire. Bon niveau spiritualité Hoʻoponopono, j’en suis encore loin de l’appliquer pleinement mais j’y travaille !  

Nous sommes sept frangin.e.s ; je suis l’ainé mais un seul est au courant de ma double Vie. Nous sommes tou.te.s soudé.e.s. Chacun.e a ses secrets mais ma famille, c’est tout pour moi alors, dès qu’un.e a des soucis, je fais parler les poings sans hésiter. Tu es prévenu.e. Il m’arrive d’aller dormir chez mes parents de temps en temps – en cas de réparation à faire au Trailer Park ou dévorer un bon petit plat.  

Je suis marié. Histoire bête. J’avais économisé des années pour aller fêter mon anniversaire à Las Vegas avec des potes. Mais la main lourde sur la bouteille m’a amené devant un Elvis Presley douteux, une jeune femme avec une silhouette plus que convaincante, quelques grammes dans les veines et j’ai dit oui. Une Malacki dans la nature. Elle a fugué au matin. Je n’ai jamais reçu les papiers du divorce donc, je suppose que ça doit l’arranger. Je ne sais rien d’elle, juste, on a passé une torride nuit.  Et moi, tant qu’elle ne me cause pas de soucis, j’ai aucune raison de divorcer. L’avantage est que je n’ai pas de bague mais l’annuaire droit – en plus, on s’est trompé - tatoué, en guise de souvenir.  

Mais bien avant de me marier, je suis tombé amoureux une fois, durant mes années universitaires quand je dormais sur le campus. Demoiselle faisant ses études en médecine, très intelligente, je pouvais l’écouter durant des heures. J’ai ramé durant des mois avant qu’elle accepte d’être mienne. Je faisais tout pour la rendre heureuse, je me voyais même la présenter à ma famille, avoir des gosses, je me projetais très loin. Puis un jour, j’ai reçu une vidéo d’elle en train de médire sur moi, parlant fièrement à quel point, elle me menait par le bout du nez. Que j’étais qu’une masse de muscles bien débile. Ses propos m’ont brisé le cœur. Je lui ai renvoyé la vidéo avec un merci. Depuis, la gente féminine, je ne leur fais pas confiance, et la seule place qu’elles ont, c’est dans mon lit – sauf les filles du gang. Je ne suis pas contre les relations monogames mais même si la quarantaine approche, j’ai peur de me retrouver de nouveau dans cette situation.  

Je suis né et j’ai grandi dans un Trailer Park, ce qui m’a valu pas mal d’insultes durant mes études. Les préjugés de la pauvreté persistaient. Oui, il fallait se serrer la ceinture mais moi, je n’y ai jamais vu comme une idée de dernier secours, mais de la liberté. De l’entraide avec les voisin.e.s comme une grande famille. Des cultures qui se mélangent, des saveurs qui se répandent, j’y étais heureux. Mais quand je quittais mon foyer, pour me confronter aux autres et leur jugement, je me sentais comme le pestiféré. Parce que nous avions fait le choix de vivre dans deux caravanes alors nous étions différents. Et je ne pouvais pas laisser passer de tels comportements. Oui, dès la primaire, je me battais. La fierté, l’amour de mon quartier. Donc, je ne restais pas longtemps dans les établissements.  

C’est ma mère et une maitresse vivant dans le Trailer qui m’ont fait l’école, jusqu’à que je décide rentrer à l’université. Je n’avais aucune phobie scolaire, disons que je reproduisais facilement ce que je voyais chez moi, ce qui me semblait être normal, c’est-à-dire, un époux violent qui s’en prenait au premier qui ne passait pas loin de lui, lucidité noyée dans l’ivresse. En grandissant, j’ai fini par être le seul punchingball de mon père et ça m’allait. J’encaissais et je déversais ce que je recevais sur les autres. Il m’a fallu énormément de temps pour m’apaiser et comprendre que la violence ne résolvait pas tout. C’est aussi à cause de cette vision paternelle, que je refuse d’avoir des enfants, j’ai trop peur de répéter ce schéma sanglant et toxique.  

En vrac : j’ai deux chiens nommés Hono et Lulu, oui je ne suis pas allé chercher bien loin. Je déteste marcher dans l’herbe, c’est paradoxal en ayant deux animaux. Je sais jouer du Ukulélé et de la guitare. J’aimerais apprendre à jouer du piano ou du violon. Je pratique du surf, mon amour pour ce sport et l’eau m’offrent une véritable sérénité et un besoin de liberté sans faille. Je me suis acheté une Harley Davidson nommé Daisy. Je ne sais pas, ça m’est venu de suite. J’adore les gâteaux mais je ne sais pas pâtisser. Je commande pas mal, ou alors, je squatte les frigos des autres. J’ai choisi de vivre dans un appartement au plus près de l’océan. Les enfants me mettent mal à l’aise. Je suis allergique au pollen, comment dire, la saison printanière, on n’est pas franchement ami. La vue de pieds me donne la gerbe, tu sais comment me faire hurler de peur maintenant.