Toronto,

L’enfant du milieu. C’est une place souvent décriée mais Kael l’a toujours particulièrement adoré. Entre deux filles, il fût choyé. Le petit merdeux qui fait trop de bêtises mais à qui on pardonne. Enfant insouciant et bruyant. Les adultes l’ont toujours adoré ou détesté. Il n’a jamais su faire naître chez les autres les nuances. Téméraire, il ne compte pas les allers et retours de l’hôpital, heureusement Maman est infirmière. Papa c’est autre chose, les premières années il était un allié, la référence et puis tout a changé. L’alcool, les drogues, tout ça est venu le grignoter. Fin de mois difficiles et trafiques développés. C’est presque avec soulagement qu’on accueille son départ pour la prison. Car malgré l’amour qu’il lui porte, Kael veut avant tout protéger sa mère et ses sœurs. C’est lui l’homme désormais. Son père sera tué quelques mois plus tard dans une bataille carcérale. C’est une épreuve dont ils n’ont jamais vraiment parlé, ils ont dû faire avec. Sa grand-mère paternelle de laquelle il est très proche repart pour son pays d’origine et la ville de Boston. C’est le réel stigmate qu’il récoltera de cette mort. Car désormais orphelins de père, sa mère veuve, décide de partir pour l’Afrique, sème la distance avec ses blessures, décide de se laisser le temps de repartir sur de nouvelles bases.

Afrique,

Une mission humanitaire de sa mère au cours de laquelle elle lie de nouvelles amitiés. Kael n’a pas trop de souvenirs de cet épisode. Omniprésence du soleil et chaleur, joie dans les cœurs. Il y apprendra qu’à partir de rien, on peut construire le bonheur. Il verra cette halte comme une douce trêve. Une bulle de laquelle il n’aurait jamais voulu repartir. Et pourtant à son terme, sa mère décide de repartir pour Londres où elle renouera avec ses origines, une nouvelle page pour un nouvel épisode.

Londres,

Âgé d’une dizaine d’années, il a tout à apprendre du vieux continent. Découvre un monde plus rigide mais paradoxalement également bien plus marginal. Les Anglais savent montrer leur flegme mais aussi qu’ils sont parfois hauts en couleur. Finalement, Kael s’adapte, s’empresser, sème de nouvelles racines sur une nouvelle terre. Quelques mois plus tard, le décès de l’amie chère de sa mère l’a conduit à faire des allers-retours fréquents pour Berlin. Il ne s’y attend plus lorsqu’elle parle de cet homme, celui avec lequel ils ont construire un amour à partir de cette douleur commune. Kael rejette d’abord, se met en colère, flirte avec les dangers. Mais avec la patience de ce nouveau beau-père, il saura l’adopter. Mais c’est sans parler de son fils. Sergej. Un similaire, des chaos qui résonnent, une haine diablement puissante mais une attirance qui s’embrase davantage, un flirt avec l’interdit, un rejet assumé. Jusqu’à passer cette limite quelques années plus tard, un baiser frôlé, un monde qui bascule. Il accueille avec soulagement le départ du faux frère pour l’Amérique. La Californie. Les études, il a su la chose toujours impossible pour lui. Il n’admettra jamais les rancoeurs qui sont nées au tréfonds de son cœur suite à cette fuite précipitée. Kael se concentre sur des peaux anonymes, laissant essaimer volage son corps dans d’autres, ses lèvres à d’autres vices. Insaissable, et toujours plus attirant, sa proximité s’avère toujours éphémère. Mais Londres ne lui correspond plus. Après une école d’Art, il ressent le besoin de bâtir sa propre vie. Le monde n’est pas trop grand pour lui. Et sa grand-mère restée à Boston prend de l’âge. Il veut profiter d’elle.

Boston,

La distance lui parait acceptable avec la Californie. Mais il y pense à cette ombre qui rôde, l’occulte aussitôt. Laisse sa route se mêler à d’autres, construire de solides amitiés à partir de rencontres imprévues. Populaire et attachant, il ne tarde pas à créer un véritable réseau autour de lui. Boston, finalement, il s’y sent comme chez lui. Y rencontre de précieux amis, comme Caelum. C’est lui qui l’initie à l’art du tatouage et après quelques mois, lui permet de se lancer avec lui. Partenaire de travail, confident et principal allié, il est un de ses rocs pour cette nouvelle vie américaine.

Aujourd’hui,

Des ombres s’étirent, la prestance de l’ennemi s’abat, mais il s’obstine à faire comme si tout ceci ne peut pas l’atteindre. Toujours décidé à profiter de la vie, à laisser l’existence lui offrir des cadeaux. Il vit de son Art désormais, se fait même un nom. Tranquillement à son rythme. Il emmerde toutes les personnes qui pourraient penser du mal de lui et de ses excès, s’accroche à ceux qui sont comme lui. Bouffés du même feu, des mêmes envies. Le monde n’a jamais été trop grand pour lui. Soyez prêts.