Le don de soi
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MGHospital - 10112020
@A. Snow Burns

Nous en sommes déjà à notre troisième feu rouge depuis que nous avons embarqué et c’est en pleine thérapie de couple que je l’écoute débiter son ramassis de conneries. « Mon égo est touché. » Parce qu’elle t'a caché avoir un gosse ? Je ne vois pas le rapport mais peut-être que Snow est un peu plus fleur bleue dans ses relations que ce que je m'étais imaginé. « J’suis pas sur la liste pour les nommés au poste de père. »  A Mila ?? J’ai cette étrange sensation subitement d’avoir loupé le virage, perdu je ne sais quand le fil de la conversation et de m’être vautré dans le premier buisson. Front marqué par l’empreinte de mes doutes, j’ai rapidement embrayé dès que mes yeux sont allés se perdre de l’autre coté sur les feux tricolores nous donnant droit de redémarrer. « Les femmes, elles vont me flinguer. » Si ce n’est pas moi qui le fait avant parce que se prendre la tête autant pour une femme me parait insensé, délirant, humiliant. Ressaisis-toi mon ami, bientôt tu t'en branleras les couilles de la vie et c'est pas peu dire puisque nous flirtons enfin avec l'entrée principale du Mémorial Hospital.

Contrairement à ce que j'aurais pensé il n'y a à l'intérieur pas beaucoup d'activité et cela peut-être parce que nous avons nos entrées pour une heure bien donnée, hors des temps d'affluences où les petits vieux - plus proches de leurs tombes que de leurs actes de naissance - se mettent à déambuler. Une fois la bmw stationnée au plus près, j'ai lâché un soupir, contemplatif de ce monument sacralisé à la déchéance des corps et à leur restauration. Pour nous, il s'agit surtout d'un renouvellement, se purger un bout coup et donner à certaines la chance de connaitre un heureux événement. Contact coupé et doigts toujours ancrés autour de la clef, j'aspire à peu plus de fermeté lorsqu'il est toisé de nouveau, Snow, et lui glisser « La question, à la base, c'était savoir si toi tu en voulais. » Parce que c'est un peu ce que tu t’apprêtes à faire mon frère dans quelques minutes, gicler pour laisser ta trace sur cette Terre même si l'identité de ta progéniture te restera un complet mystère.

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w/ @Dutch B. Cooper
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Dans les yeux de ce frère qui n’est pas vraiment le mien, je vois bien qu’il n’y comprend rien. Et je ne peux pas le blâmer, parce que moi aussi, je n’y capte foutrement que dalle à tout ça. Je ne sais même plus pourquoi je suis contrarié, et honnêtement, quand on se gare sur le parking de l’hôpital, je réalise, que je ne suis pas d’humeur à me branler. Qui a eu cette putain d’idée ? Le pire, c’est que je suis dans l’incapacité de me dégonfler, parce que le Cooper tout à côté serait capable de dire au monde entier que c’est moi, l’impuissant, et non Wesley.

Mais le voilà qu’il me toise, et moi j’en lève presque les mains en l’air. Je n’y peux rien si elles m’ont pourri le cerveau. J’ai été faible, je leur ai laissé trop de terrain, et voilà que je suis en train de m’interroger au sujet d’un tas de gamin. « La question, à la base, c'était savoir si toi tu en voulais. » et c’est plus fort que moi, je mime le fait de vomir rien qu’à l’idée. La langue tirée. Régurgitant de la salive, dégueulasse à souhait. Mature, pas vrai ?

Et ma main se pose sur la poignée de sa bagnole que j’ouvre en crachant « Tu m’as regardé ? » je m’énerve quelques secondes sur ma ceinture que je n’ai pas déclipsée. Puis je parviens finalement à m’extirper de sa BMW. « Tiens ça me fait penser … » juste pour déconner, je souligne le capot d’une caresse abusive. « C’est bien mon nom sur les papiers ? » Parce que mine de rien, de ma moto à sa voiture, il y a tout un faussé. Je me dis que puisqu’elle m’appartient, je pourrais bien avoir envie de l’utiliser. Tout pour ne plus penser à ces histoires qui me fument à moitié. Et pour ce qui est d’engendrer un héritier ? Paraît que pour les hommes, l’âge n’est pas limité.

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@A. Snow Burns

Pour clore le débat il se réinvente dans un jeu d’acteur et c’est tout à son honneur parce que si à la vérité il avait vraiment gerbé, il finissait à pieds. Autant je ne me suis permis une ou deux fois de pisser par-dessus le True love que bouffer ou boire dans cette voiture est un luxe qui ne sera jamais autorisé. Il se décide enfin à sortir, à prendre à bras le corps l’avenir. « Tu m’as regardé ? » Justement je ne fais que çà là et pas la peine de t’exciter sur la ceinture de sécurité, elle ne t’a rien fait…. Il sort de là mais change subitement de comportement, un regard que je ne connais que trop bien et qui déjà me fait regretter de l’avoir amené. « Tiens ça me fait penser … » Sa main renforce mes craintes lorsque ses doigts effleurent généreusement la carrosserie, marquent de leurs empreintes le vernis. « C’est bien mon nom sur les papiers ? » Mais qu’est-ce que j’ai encore branlé le jour où j’ai eu cette brillante idée... La porte côté conducteur claque dans un « Ta gueule »  bien ponctué. Inutile d’y penser. Les clefs sont agitées sous son nez, « Les miennes » une précision dont il aurait certainement pu se passer, mes pas prenant la tangente vers les portes automatiques qui donnent accès au bâtiment. M’a-t-il seulement prêté une fois Shelby ? En y réfléchissant, il me semble qu’il me l’a bien proposé, oui….  

Alors ma main s’arrête sur le guichet derrière lequel une quinquagénaire très occupée à remplir formulaires et dossiers ne se donne même pas la peine de relever la tête. Un affront qu’un raclement de gorge ne parviendra pas à effacer puisqu’elle continue à griffonner, murmurant d’incompréhensibles paroles. J’ai attendu patiemment comme tout un chacun l’aurait fait, comptant les secondes au rythme de ma main battant sur son pupitre, que Snow n’arrive à coté pour lui marmonner : « Tu sais t'y prendre toi avec les vieilles, tu veux pas...» essayer d'attirer son attention que l'on puisse rentrer dans le vif du sujet?

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Sur la carrosserie il y a encore l’empreinte de ma main, et je ne peux retenir un sourire mesquin. Evidemment que le crime a été commis dans l’espoir de voir s’achever le questionnaire au sujet de mon amie et de ma petite amie. Des enfants et de leurs envies. Je n’ai tellement pas besoin de tout ça dans ma vie. Et à son ; « Ta gueule » je crache un rire beaucoup plus détendu, encore plus gamin quand il fait osciller les clefs comme un crétin. « Les miennes » Jusqu’à preuve du contraire, mon frère. J’en hausse les sourcils plusieurs fois, graveleux alors qu’il n’y a pas de quoi. « C’est ce qu’on verra. » Je conclue avant qu’on se dirige vers le bureau des inscriptions.

Il prend les devants, et je traîne des pieds pour le rejoindre, checke mon téléphone alors que je ne suis pas du style à être pendu dessus, habituellement. Quand je remarque la galère de mon compère, je soupire parce que sincèrement je m’interroge sur ses façons de faire. Il a tout sauf l’art et la manière. Mis a part des putes, des femmes, il en a déjà emballé ? Non parce que je me permets d’en douter. Galérien, assumé. « Tu sais t'y prendre toi avec les vieilles, tu veux pas...» Mais qu’il est malin. Tu vois, le truc c’est que je n’ai pas seulement que la belle gueule moi. J’ai l’attitude. Je prends de l’altitude. Et je lui fais un clin d’œil qui lui signifie bien que « T’inquiètes, j’ai l’habitude. » Ouais, je ne m’offusque pas de la petite tacle envers Mila, parce que je sais pertinemment qu’il fermerait sa grande bouche s’il voyait la bombe que je me fais pendant que lui se touche.

« Bonjour ! » que je plante, tonitruant, allons-y et gaiement ! « On a rendez-vous. » pour honorer un pari un peu fou. Mais bon, maintenant qu’on est ici autant aller jusqu’au bout. « Burns et Burns. » Comme si on venait vraiment de la même famille, je lui ai filé de mon véritable frère, le patronyme. Ce qui est sûr c’est que pour lui, si ses têtards sont utilisés, personne ne viendra le faire chier dans dix huit années. Moi par-contre… Ca risque d'être compliqué. « On vient, » suspense maîtrisé, histoire de faire, comme toujours, mon effet, c’est le bagou ma plus grande qualité « donner de notre personne. »

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@A. Snow Burns

Et j’en viens connement à déporter le regard vers les premiers tableaux d’artistes en herbe affichés tel un illustre héritage, triste patrimoine. Tiens je me demande si les miens sont toujours d’actualité dans la salle de repos des infirmières de la pédiatrique, quoique depuis le temps les coups de crayons ont dû s’effacer. Alors dans ma tête le décompte se lance presque automatiquement… 20 ans. Le coup de vieux est brutal et percutant. A peine est-il arrivé à ma hauteur que Snow me provoque d’un clin d’œil dont le sous-entendu est saisi instantanément mais j’attends de voir ce qu’en dira la vieille au regard délavé.   

« Bonjour ! On a rendez-vous. » Alors ça y’est, il lui a bien tapé dans l’œil parce que la morue a cette fois-ci redressé la tête pour le fixer sans broncher, attendant qu’il embraye pour la suite des hostilités. Méfiance tout de même, elle pourrait sortir de sa léthargie sans prévenir, se vautrer d’un bond sur l’accueil et te choper, son dentier en guise d’emporte-pièce.  Pour ma part je suis resté légèrement en retrait et n’ai pas cessé de scruter le décor qu’il me semble connaitre par cœur. Le temps transforme les gens mais ne change rien à l’aspect des murs de ce bâtiment. Toujours les mêmes gribouillages intemporels étalés sous le regard des perturbés qui viennent ici se faire soigner, les mêmes plantes vertes qui n’ont jamais poussé, un peu trop siliconées, toujours les mêmes noms sur ces badges malgré les traits burinés des hommes et femmes qui les exposent. D’ailleurs… Je suis déjà en train de marmonner tout seul devant le guichet pendant que Snow passe la seconde avec son date du jour. McGrath… McGrath... Ce nom me dit quelque chose mais le visage par contre lui je ne l’ai jamais croisé, j’peux l’assurer. « Burns et Burns. » Voilà qu’il me torpille dans mes réflexions alors que j’allais coller une figure familière à ce patronyme d’après de lointains souvenirs. Comme si elle allait croire que tous les deux nous avons été moulés dans la même matrice, toi l’essai et moi le produit fini. « On vient donner de notre personne. » Et je le reprends dans la seconde qui suit, en précisant par des mots simples qu’elle pourra aisément comprendre. N’y allons pas par quatre chemins, ma paume heurtant le comptoir,   « Éjaculer », un terme qui a attisé le peu de lueur résidant dans ses iris voilées. Après avoir hésité, ses lèvres sans un bruit se sont mises à ruminer pour s’emparer de feuillets qu’elle dispose devant nous avant de formuler : «  A remplir avant de vous vider. »
Pas un remerciement de ma part ne sera émis lorsque mes doigts s’approprient de la feuille, m’emparant d’un stylo de l’autre pour entamer sérieusement la liste des renseignements. Nom : Coop… Première rature faute de l’imposture. Burns. Sexe ? Mâle… Mais la bille du stylo ne parvient pas jusqu'au papier parce que la réponse me parait trop évidente. Alors d’un coup d’œil de travers, j’essaye de voir la réponse de mon frère, c’est du moins ce que j’espère… On ne sait jamais, c’est peut-être la taille qu’ils demandent.

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« Ejaculer. » Woh. Cache ta joie, sérieux, là c’est trop d’émotion pour moi. Ce n’était d’ailleurs pas un peu à mon tour de déprimer ? De me plaindre sur le sujet de toutes ses femmes qui veulent me tuer ? Non parce que je n’aime pas beaucoup l’idée de me faire voler la vedette à la vérité. Donc on se tait, et on remplit le papier, comme la gentille dame vient de le demander. « A remplir avant de vous vider. » Oui, bon, elle n’a pas vraiment mis la forme, c’est vrai, mais faut dire qu’il ne lui a pas laissez réellement le choix.

Grand sourire de ma part, et voilà donc que je coche les informations relatives à mon identité, décline mon nom, prénom, adresse et le reste, remarque que le crétin à côté de moi semble en détresse. D’un coup de coude je l’interpelle, pour lui faire la blague la plus stupide au monde, mais bordel, c’est aussi la plus belle. « Cherche pas la case « E », elle n’est que sur le mien. » en ce qui concerne le sexe, et j’espère, franchement, qu’il me comprend, parce que si lui ne le fait pas, c’est clair qu’il ne l’est pas, mon frère.

Dans le doute, tout de même, je lui glisse mon explication, des fois que sa cavale lui aurait grillé la raison. « Enorme. » tu vois ? Et après un rire certainement un peu trop con, je coche le petit carré afin de revendiquer ma masculinité. Mais c’est en silence que je reprends à remplir mon petit dossier, et je le jure que je suis appliqué, parce qu’il ne faudrait pas qu’ils soient égarés, mes petits bébés. Sperme de compet, de le laisser pourrir, ce serait bien bête.

Une fois ca fait, toujours avec mon sourire carnassier, je rends à la demoiselle, qui n’en est plus une, quoi que… ça reste aussi à prouver, ma liasse de papiers. « Rassurez-moi, on y va séparés ? » Premier de la classe qui pose la question con de la journée. Non pas que ça me dérange beaucoup – clairement en fait j’ai envie de gerber – mais avec l’énergumène à côté de moi, je vous jure qu’elle ne montera pas.  

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@A. Snow Burns

L’art et la manière de remplir des papiers lorsque l’on a plus vraiment d’identité… Aux questions j’y réponds à la volée sans me soucier des répercutions que mes infos pourraient entrainer sauf celles qui touchent au domaine de ma virilité. « Cherche pas la case « E », elle n’est que sur le mien. » Et la case "tu chausses du deux" tu l’as celle-là ? Pour rappel c’est bien toi qui m’as foutu dedans aujourd’hui avec ton envie de nous voir frères de sang alors soit un peu plus compréhensif. « Énorme. » Ta connerie ? Pour sûr elle l’est, inutile de le préciser surtout lorsqu’il se met bêtement à ricaner. Je suis resté con à regarder les cases vides en me répétant ce que venait de proclamer l’autre abruti, me grattant la joue du majeur discrètement redressé juste pour lui… Énorme… Pour ma part je dirais bien que ça dépend, mais ça dépend ça dépasse alors une croix vient trouver aussi asile dans cette subdivision qui caractérise cette partie de mon anatomie. Mâle, jusqu’à preuve du contraire. Age… Trente ans, dans la fleur de l’âge. Snow finit le premier, rend sa copie dans les temps imposés alors que j’apporte les derniers coups de crayon à mon esquisse qui ferait pâlir une certaine nuit étoilée. « Rassurez-moi, on y va séparés ? » Voilà. La mienne est aussi posée sur le plat de l’accueil lorsqu’elle s’entiche de la première en y déposant ses doigts fripés, comme si elle trouvait un certain plaisir malsain à caresser ce que le beatnik venait de toucher. Elle réajuste ses doubles foyers, dandine de la tête sur les différentes infos qu’elle devra retranscrire sur son logiciel en tapant un index à la fois sur son clavier. Dur l’arthrite une fois la quarantaine passée…  

Sans même une once de considération, un trait de caractère chez elle, la méchanceté innée, elle a baragouiné quelques mots incompréhensibles avant de se mettre à glousser, préférant marteler les touches de son pavé plutôt que de nous regarder. Frapper dix lignes lui aura pris la bagatelle de cinq minutes à tout péter durant lesquelles il nous aura fallu patienter, moi glissant à Snow sans me méfier. « T’as bien regardé ? » La feuille qu’elle venait de te glisser parce que .. « Elle t’avait p’t’être glissé son 06 », peut-être est-ce pour cette raison qu’elle fait la gueule maintenant Don Juan.
C’est après quoi elle est passée à tout autre chose sans nous prévenir, nous laissant comme deux glands sans rien dire tandis que des bruits de pas se sont liés progressivement à notre attente. Une infirmière, élégante, la fleur au fusil avec ses notes à la main s’est arrêtée juste à côté pour lui adresser la parole, souriante et un brin enjouée: « Mes patients ? » Et sans plus d’explication, la vieille chouette nous a tous deux déclinés d’un mouvement de la tête. « Les deux comiques présents. »

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Aaah ce qu’il me plaît, lorsqu’il me sort son majeur en un mouvement à peine perceptible, si cher à mon cœur. Mais c’est comme ça, mon frère, elle est énorme, et je n’y peux rien. Elle est aussi grande que ma gueule, et ce n’est pas peu dire. Tellement qu’en toute réponse à ce fuck bien placé, je me contente de sourire. Tu sais, c’est un handicap aussi, même si c’en est un qui ne veut aux femmes que du bien. Qu’il ne soit pas rancunier, elles doivent être satisfaites quand il leur fait leur faite, j’en suis certain. A défaut d’en être le témoin. Non, merci, pour ça, je trace mon chemin.

Et voilà qu’elle récupère nos papiers, juste après ma dernière connerie balancée. La volonté d’avoir l’assurance qu’on ne va pas se palucher l’un de l’autre, à côté. « T’as bien regardé ? » il m’interroge alors qu’elle tape toujours, alors j’en fronce le visage, sans comprendre bien que de sa connerie j’en vois les contours. « Elle t’avait p’t’être glissé son 06 » J’en clappe avec ma langue avant de grimacer. Je veux bien jouer les dragueurs invétérés, mais je ne la trempe pas partout, ni dans tout. Alors numéro ou pas… Elle aurait certainement dû se contenter de toi.

« Mes patients ? » C’est en chœur qu’on la regarde, la nouvelle arrivée. Etrangement, de rigoler, je n’en ai plus l’envie, enfin plus vraiment. « Les deux comiques présents. » J’en ouvre la bouche en grand, ma poigne allant se flanquer sur mon cœur pour lui démontrer qu’elle vient de le briser. Que je suis on ne peut plus outré. A deux doigts de crever parce que de moi, elle s'est moquée. M'affale presque pour simuler l'arrêt cardiaque dans son entièreté. Et me redresse, tout sourire, alors que je chope Dutch par le t-shirt. Parce qu’elle nous fait un signe, la nouvelle, celui de la suivre. Et juste avant qu’on ne s’engouffre dans le couloir, je glisse à la secrétaire « Moi qui pensais qu’on avait matché ! » le tout d’un rire, accompagné.

Avec tout ça, j’en ai presque oublié le pourquoi je n’étais pas en forme en début de journée. Comme quoi, le proverbe, il est véritable, il en faut, effectivement peu, pour être heureux. « Stresse pas chaton, elle va se lever. » Des fois que ça pourrait lui dérider les traits. « Je te parie que tu vas finir en premier. » Niveau endurance, je suis meilleur, c'est prouvé. Ou à peu près. Seulement dans mon petit sketch, je suis pris de court quand elle se retourne pour me balancer. « On a des magazines, si ça peut vous aider. » Okay...
 

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Qu’on se le dise, si l’infirmière, ou la docteure ou qu’importe son métier me balançait « Alors Burns, t’as les foies ? » ça ne me surprendrait même pas. Parce que clairement on est dans un univers parallèle, je ne vois que ça. Et l’autre qui me balance son sourire tout fier, je jure que je pourrais me le faire. Cependant je me heurte à un autre souci, au fait que quoi que je m’apprête à prononcer, j’ai l’impression que c’est possiblement dans la gueule qu’on va me le retourner. Si je vais trop vite, je serais précoce, et si je n’y arrive pas, je serais performant de moitié. Jamais je n’aurais pensé que venir juter dans un bocal pourrait autant me faire délirer.

Elle étiquette ladite boite et se retourne pour nous demander ; « Lequel en premier ? » Bah c’est-à-dire que… J’ai beau faire le malin, je crois que si je parle, je vais bégayer putain. Mais ça tombe à pic car Dutch se décide à prendre les choses en mains. Façon de parler, pour l’instant, du moins. « Vas-y. Pour moi ce n'sera qu'une formalité » Et je grimace à ses mots parce qu’il est clair que maintenant plus que n’importe quand dans le cours de notre existence, nos paroles ont des foutus doubles sens. Des foutus nuances, et entre prendre la première place et la lui laisser, mon cœur balance.

Et comme je ne sais absolument plus quoi dire, pour m’en sortir, je débute un « Boaef.. » qui tend a souligner le fait que j’avais raison de penser que j’allais me mettre à bégayer une fois dans le vif du sujet. Dans la vie, il en faut, mais vraiment beaucoup, pour parvenir à me faire taire, allez, je suis un Burns, merde. J’imagine que ; « Quand faut y aller… » Il faut y aller. Plus le temps de niaiser. Et voilà qu’elle me tend le récipient, en ouvre la porte tout à côté. Je ne perds jamais mes moyens, cela dit, peut-être bien qu’elle vient de se rétracter. Elle est timide, vous-savez.
 

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