J'étais obligé de faire un saut à mon garage pour voir si tout se passait bien. Je l'ai laissé entre les mains d'un collègue en qui j'ai parfaitement confiance, mais sait-on jamais. Devenir le patron de remplacement n'est pas toujours évident. Enfin, je le remercie déjà d'avoir accepté ce poste. Le vendre ? Jamais. Non, j'aime autant toujours avoir un oeil dessus. Avant de me rendre au garage, je me balade dans Charles River, prends le brin de soleil et regarde les oiseaux venir picorer dans l'eau. C'est calme, plus calme que Santa Monica. Je prends mon vol demain, retour à mon nouveau chez-moi. Et bizarrement, je n'ai pas envie de partir. J'ai envie de rester encore un peu plus à Boston, cette ville que j'ai voulu fuir spontanément. Erreur de ma vie. Mais ce qui est fait, est fait. Je ne remarque pas tout de suite la personne devant moi, je relève juste les yeux quand je vois quelque chose tomber de ses poches, ou de son sac. Je m'agenouille et ramasse un porte-monnaie. Honnête comme je suis, je me retourne et cours vers le propriétaire. « excusez-moi, vous avez perdu ceci. » je lui tends gentiment son bien et affiche un petit sourire sympathique. Je suis content, j'ai fait ma bonne action de la journée.

À de rares occasions, elle a un après-midi libre dans la semaine, à travers son boulot de fonctionnaire et réglé au quart de tour. Passer ses journées à amener des cafés et prendre des appels. C'est le moment à Beck, de quiétude, le seul qu'elle accepte vraiment d'être seule pendant quelques heures. La rivière semblait porter conseil aujourd'hui. Le vent fouettait son visage assez pour remonter ses mèches dorées à l'arrière et s'emmitoufler encore plus dans son foulard. L'automne prenait sa fin, bientôt l'hiver sera là et bientôt elle aura complété deux saisons à Boston. Deux mois de liberté et d'une nouvelle vie. Et en ressassant des tas des souvenirs, ses secrets et les nouvelles images, elle ne remarque point son portefeuille qui s'échappe de son sac après avoir retiré son téléphone pour prendre une photo de l'horizon. C'est plutôt un cri qui l'interpelle et elle se retourne, un sourcil haussé et ses yeux grands bleus un peu écarquillés. D'une bonté sans égal, un jeune homme lui tend l'objet précieux avec un sourire qui a le don d'éveiller le sien, tout aussi chaleureux. «Oh mon dieu !» elle reprend l'objet un peu rapidement avant de le remettre dans son sac. «C'est pas du tout mon genre de perdre mes trucs en plus. Merci, vraiment. Je n’arrive pas à croire la chance que je viens d'avoir.» Beck qui s'emporte de nouveau avec son ton de voix qui s'enchaine super rapidement, comme une locomotive. «Ça vous arrive souvent de faire de bonnes actions comme ça ?» il est pris au piège, elle a envie de discuter, elle est lancée et en plus elle lui est redevable.

@Quito Halgrove (coucou )

@Beck Gallois Je suis bien le premier à être distrait pour tout et rien. La tête dans la lune, totalement à l'ouest. Donc c'est presque un miracle que je remarque que la demoiselle a perdu son porte-monnaie. Car honnêtement, il y avait plus de chances que je passe à côté sans le voir. Je le lui rends en affichant un sourire face à tant de joie que je viens de lui apporter. « ce n'est rien, enfin je vous ai juste volé deux dollars. » je plaisante, bien sûr, qu'elle ne prenne pas les choses aux pieds de la lettre. Manquerait plus qu'elle crie au vol et que je me retrouve en taule toute la journée. Je mets mes mains dans les poches de ma veste et hausse les épaules. « non pas souvent, mais dès que je peux, je le fais. » certains me prennent même pour leur ange gardien. Je me demande bien pourquoi. Je regarde la jeune fille et elle dégage des ondes positives. Elle m'a l'air bien sympathique. On dirait qu'elle répand des sourires partout où elle passe. « la prochaine fois, mettez une corde ou un élastique qui relie votre portefeuille à votre sac, comme les petits vieux qui ont peur de le perdre. » je ne la traite pas de petite vieille, loin de là. C'est juste un petit conseil à la Quito Halgrove. Parfois, ça aide.

Un peu naïve par moment et par réflexe elle regarde dans le porte-monnaie avant de rire avec une certaine gêne, mais non l'argent est encore intact et bien à sa place. «Pourquoi autant de risque pour deux dollars ? Prends au moins la chance d'en voler vingt.» il y a encore des âmes charitables dans ce monde qui viennent en aide aux gens et il en est la preuve vivante. Bien plus que Beck sans doute. Fixée sur ses nouvelles et ses ambitions, elle oublie parfois ce qu'il y a autour. À un détail près, elle ne laisserait jamais tomber ses colocs tout de même. «C'est déjà mieux que rien.» et la plupart des gens sur terre. L'allusion de la corde et l'image d'être une vieille personne qui a peur de perdre son portefeuille l'a fait rire encore plus. «Arrête de me vouvoyer stp, là je me sens vraiment comme une mamie. Je penserai au truc de la corde.» elle détourne son regard sur la plage. «Il y a un foodtruck juste un peu plus loin sur la rue, si ça te dit je peux te payer un truc à manger pour te remercier et on mange sur la plage ?» Beck et les inconnus, Beck qui aime rencontrer de nouvelles personnes, elle ne voit le danger nulle part.
@Quito Halgrove

@Beck Gallois Heureusement qu'elle le prend bien. Je me voyais mal me faire engueuler par une petite vieille qui hurle au voleur ou que sais-je. De nos jours, il faut toujours être sur nos gardes, même si nous voulons faire quelque chose de bien. Mais la jeune blonde me fait rire, me dit plutôt que j'aurais dû prendre vingt dollars. Cette fois-ci, c'est elle qui rigole quand j'essaye de lui donner une astuce pour ne plus qu'il tombe de son sac. « j'aime pas tutoyer les inconnus. mais je vais faire un effort. » je suis comme ça, même une fille plus jeune que moi, je la vouvoie. On me dit souvent que je suis vieux jeu et hélas, c'est bien vrai. Dans ma tête, je suis un grand-père. Je tourne la tête vers le foodtruck et j'ai automatiquement mon ventre qui grogne. Moi et la bouffe, une énorme histoire d'amour. C'est bien la seule qui ne m'a jamais abandonnée. « je suis censé faire attention à ma ligne... mais... quand on me prend par les sentiments, je peux pas dire non. » je ne te remercie pas. Mais j'accepte. Je pars toujours du principe que la journée est plus belle quand tu fais de nouvelles rencontres. « au fait, moi c'est Quito. » comme la capitale de l'Equateur oui. Mes parents étaient fans, surtout que ma soeur elle, a un prénom normal.

Aucune engueulade n'aura lieu aujourd'hui, juste le bonheur d'être tombé sur quelqu'un de gentil et aimable, qui lui aura sauvé de bien des problèmes.  Il l'étonne quand il préfère la vouvoyer, une coutume que les gens ont oubliée, mais tout à coup elle se sent un peu plus vieille. Pas de doute, elle n'est plus une adolescente, même si elle l'espère encore par moment. «Ça doit être ça quand on dit qu'on atteint le quart de siècle.» dit-elle en rigolant, elle qui a encore du mal avec son âge qui l'a frappé bien fort qu'elle ne le croyait. «On peut courir jusqu'au foodtruck alors.» plaisante-t-elle, s'il tient tant à sa ligne. Beck a du mal à reprendre le sport depuis la natation, elle qui cherche tant à tourner la page, elle n'a pas forcément envie de reprendre l’entraînement au plus vite, ni même de sauter dans une piscine. «C'est joli Quito, je suis pas la seule à avoir un nom peu commun. Moi c'est Beck.» elle lui tend sa main par habitude pour qu'il la serre. S'il est adepte de vouvoiement, autant aller avec la politesse jusqu'au bout. Ils arrivent devant le foodtruck. «Choisis ce que tu veux.»
@Quito Halgrove