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C’est le genre de soirée comme ça se raconte pas. Il promène ses doigts le long de ses bouquins de médecine, assis sur son lit, une tasse de café dans la main droite. Un vieil air de Miles Davis embaume son loft immense d’un léger parfum de jazz, résonnant un peu à travers la grande pièce ouverte où s’articule salon et cuisine. La garçonnière donne sur des gratte-ciels illuminant la nuit de leurs lumières obscures, semblant s’éteindre sous leur grand nombre. La sorgue est déjà installée depuis un moment déjà, presque nébuleuse, l’horloge au dessus du frigo annonce fièrement les deux heures du matin. Lui ne dort pas, évidement, son cerveau en ébullition calcule et recalcule encore, ressasse et ne se tait jamais. Il s’effondrera sans doute au lever du jour, comme il a l’habitude de le faire, esclave de ses pensées. C’est un homme du soir, bien plus productif que le jour, un hyperactif pourtant, incapable de se reposer tout à fait. Son appartement est vide, trop grand pour une seule personne, fièrement payé par le Danemark tout entier, c’est presque trop beau d’avoir un nom pareil sur une boîte aux lettres. Il doit dire qu’il somnole un peu en vérité, devant les éternelles schéma alambiqués qui défilent sous ses yeux, tournant encore et encore les pages de son bouquin de médecine. Il est major de sa promo, il n’a plus rien à prouver. Son avenir de cardiologue est bien assuré à Søren, c’est clair, c’est net, c’est beau comme du papier mâché. Pourtant il n’en dort pas mieux, toujours un peu bancal, à moitié allongé et le nez tombant sur un livre entrouvert. Le bruit de la sonnette le fait pourtant sursauter. Il fronce un peu les sourcils, ayant pourtant bien réservé sa soirée. C’est qu’il aime la solitude, le prince. Après des années de courbettes dans un château bien chargé, il a pris le goût à sa vie en solitaire en plein Boston vidé, en tête à tête avec le roi du jazz. La sonnette insiste pourtant, il finit par soupirer et se redresser, rejoignant la porte. Loin d’être présentable la jolie fierté du pays, avec son sweat d’Harvard beaucoup trop large et son simple boxer, clope au bec et café à peine posé. Il entrouvre la porte, l’air toujours particulièrement méfiant. « Oh, Lou ? » Il fait, premier surpris d’apercevoir le visage de la blonde, inspirant. Il ne remarque pas de suite les yeux creusés de la lionne, soudainement affaiblie. Il inspire un peu. « J’suis un peu occupé ce soir, il est vachement tard. » Qu’il lâche en inspirant cependant, ouvrant un peu plus la porte. « ça va, ? T’as l’air bizarre. » A force de jouer avec le feu, les deux lions venaient de se brûler les ailes, mais ça, il était à mille années lumières de s’en douter. 

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Le temps s'arrête, il s'efface même. Son corps est complet est épris d'un tremblement, puis d'une secousse, elle échappe le bâtonnet sur le sol. Un puissant flashback revient dans sa tête. Elle imagine presque le sang coulé sur ses cuisses à nouveau, alors que cet être tient toujours en place. Une parcelle de lumière dont elle vient apprendre l’existence. Elle hurle la blonde, de furies, de rage. Tout semble lui échapper à nouveau. C'est ridicule, elle ne peut pas y croire une seule seconde. Elle est enceinte, Lou, c'est le troisième test qu'elle passe.  Puis la seule chose à laquelle, elle pense c'est le seul unique responsable, Soren. Elle attrape son sac et claque la porte en moins de deux. Elle conduit sa voiture en moins de deux, frôlant l’excès de vitesse, se garant devant cet appart, qu'elle connait trop bien, cet endroit donc elle compte répandre toute sa frustration du moment. Comme une tempête, elle rentre dans l'immeuble et n’attend même pas l’ascenseur, elle fonce dans les escaliers les montant le plus rapidement possible. Elle frappe contre la porte, de toute ses forces. Aucune réponse. Elle recommence, sans arrêt, elle y passera toute la nuit s'il le faut. Sur le point d'hurler de tous ses tripes, la porte s'ouvre enfin, dévoilant un Soren agacé et taquin sur le coup. Mais son regard ne change pas Lou, il est épuisé, désemparée. Puis la question se lance. Elle voit rouge. Comment qu'elle va ? Elle va lui dire. Elle lui lance le test de grossesse en pleine poitrine, la mâchoire serrée.  «Tu connais l'existence des condoms peut-être ?» Elle reste sur le pas de la porte, se foutant d'offrir un spectacle hors du commun aux voisins.«Garde ta foutu semence pour toi Danemark ! J'en veux pas !» La lionne est horrible ce soir, elle crache tout son venin. Elle trouve à peine le sommeil en ce moment et tout le monde sait que Lou sait faire bonne figure. Elle a les cheveux en bataille, un vieux jogging et un t-shirt beaucoup trop grand. Elle est un fantôme ce soir, un cyclone qui s'emballe. Elle resserre les poings en attendant qu'il réagisse, prête à frapper, les lèvres qui tremblent, mais pas une trace de larmes. Elle est trop fière Lou, pour pleurer, même si elle est détruite de voir le scénario recommencer. Elle croise son regard à nouveau et s’en est déjà trop, elle fonce sur lui, tapant de son poing fermé contre sa poitrine. «Tu pouvais pas en choisir une autre ? une de tes connasses que t’aime bien baiser peut-être ?» Elle retape une autre fois, incapable de s’arrêter, figée. Comme si elle pouvait changer le cours des choses. Ils avaient merdé cette fois et pas qu’un peu. Lou, tu l’as toujours su, t’as jamais été invincible. Même s’il est près d’elle, même s’ils aiment jouer les gosses errants.

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Il ne se souvient pas avoir déjà vu Lou en colère. Faut dire que Lou, c’est bien la dernière à s’intéresser à des pacotilles. Elle prend tout par dessus la jambe, rien ne la touche vraiment. C’est ce qui lui a plu aussi, cette féminité si vaporeuse, elle échappait toujours aux moindre carcan. Lou s’envole au moindre coup de vent. Il y avait bien quelques sujets, en effet, sur lesquels elle ne plaisantait pas. Mais c’était même difficile pour lui que de trouver la moindre éprise pour a faire chanter, lui qui se plaisait tant à chercher ses proies. Seulement le regard noir de la blonde le frappe au moment où il ouvre la porte. Ses yeux brillent d’une rage nouvelle, presque douloureuse, semblant cracher le poison qu’elle a elle même consommé. Et il la fixe, la main sur la poignée, sans comprendre une seule seconde ce dont elle est en train de parler. Il écarquille les yeux, déglutit faiblement, presque hébété comme un soldat désarmé devant tout le camp adverse. Elle montre les dents Lou, mais cette fois, elle ne cherche même pas, elle mord directement. La haine brûle au fond d’elle comme la lave prête à jaillir d’un volcan. « Je… » Arrive-t-il à peine à balbutier, la fixant en clignant successivement des paupières, un léger pli se formant sur son front devant une telle situation. « Q-Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes ?! » Il s’énerve un peu devant l’attaque, tente de mordre un peu aussi de sa grosse voix, haussant le ton. Mais il n’a aucune prise, ne sachant même pas où mordre, perdu. Et être perdu pour Søren, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’en avait pas l’habitude. La colère monte aussi, celle du control freak qui rêve de reprendre la main. Elle ne lui en laisse pas le loisir et rentre. Il la fixe, abasourdi. Bientôt les poings de la blonde s’abattent sur sa poitrine et il vient la saisir brutalement par la poignet, claquant un grand coup la porte d’entrée derrière elle. Au diable les voisins. « Mais qu’est-ce que tu racontes bordel de merde ?! » Qu’il hurle cette fois, l’empêchant de bouger en maintenant les poignets de son amante, observant sa quasi crise de nerfs alors que lui même ne tente que de comprendre. « Je comprends rien Lou, donc articule ou calme toi, c’est quoi ton putain de problème ? » Devant la terreur qu’il lisait dans les yeux de la blonde, bien masquée derrière toute la colère mais pourtant perceptible, en vérité, il n’était pas certain de vouloir savoir.  

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Il est surpris de la voir ainsi Soren. Tout semble lui échapper et il n’en comprend rien dans ce néant que la blonde crée. Elle crie sans pour autant expliquer, lui envoyant les insultes au visage. Il balbutie à peine, la bouche presque entrouverte et il ne sait plus comment faire. Lou, se sent frémir en voyant qu'il ne comprend pas, elle refuse de répéter à nouveau. Ils avaient dépassé les bornes, pas calculer certains trucs, juste pour vivre plus passionnément et oublier que le monde existe. À trop vouloir oublier les conséquences, on se fracasse sans retenu, c'est ce qu'il faisait un peu trop souvent Lou et Soren, ils courraient dans le vide pour s'accrocher l'un à l'autre en s'efforçant de croire qu'ils n'avaient pas besoin d'être ensemble. Maintenant, ils étaient reliés à quelque chose de plus grand, quelque chose qui semblait encore éphémère aux yeux de Lou. Il cherchait des explications dans ses prunelles, terrifiées et noires plus que tout ce qu'il avait pu imaginer. Il ne l'avait jamais vu ainsi sa lionne, qui se fout de tout, qui se laisse aller, malgré tout ce qui se passe. Elle était ramenée brutalement sur terre, sans apesanteur, un choc complet qui ne la laisse pas sans blessure. Elle retire ses poignets d'un seul coup de sa poigne, malgré la force qu'il exerce, trop incontrôlable. «Lâche-moi !» Elle s'abaisse récupérant le test de grossesse.«ÇA ! Soren, ça !» Elle agite le bâton sous ses yeux en lui collant sous les yeux. «Tu l'as vois la petite croix. J'ai pas besoin de te faire un dessin je crois. » Une entrée en matière dans le monde adulte. Il fallait arrêter de jouer à présent, voir que la vie comportait aussi son lot de responsabilités. Claquer n'importe quelle porte, hurler et s'insulter toute la nuit, n'aura pas raison de l'être qui grandit en Lou. «C'est moi qui devrait te poser cette question. C'est quoi ton putain de problèmes de me foutre un gosse ?» Elle attrape son sweat trop grand, ses phalanges blanchissent par la force, ses larmes semblent vouloir remonter, mais elle les chasse tout aussi rapidement en relâchant son vêtement et le test une nouvelle fois. Elle recule d'un pas, épuisée un peu de ce spectacle. Elle attend une réponse, une réaction, l'atterrissage forcé du danois.

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Il est beau le lion, tout bégayant, les griffes rabattue et la queue entre les jambes. Il est là, tout hébété devant la hargne de la blonde, cherchant comme il peut à comprendre, papillonnant des yeux en la laissant le frapper. Elle ne fait pas mal. Ses coups semblent presque désespérés, hargneux sans l’être. Elle a peur, il le sent. Ce sentiment nouveau il ne l’aime pas, il la sent se tordre, presque appeler à l’aide. Elle est perdue, angoissée, il ne l’a jamais vu comme cela. Comment le pourrait-il ? Il ne l’a jamais vu que dans des s séances courtes, brèves, passionnelles et justes. Ils s’apprivoisent sans l’être, ne se connaissent qu’un instant, puis disparaissent chacun de leur coté. Ils ouvrent une brèche puis la referment aussi vite qu’ils l’ont ouvert, sans regarder en arrière. Jusque là, ils ne l’avaient jamais fait. Mais tout ce qu’il ont pu faire jusqu’à lors n’a aucune importance. Plus aucune. Il attrape l’objet qu’elle lui agite devant les yeux, fronçant les sourcils. Ce truc, il ne croit pas en avoir déjà vu en vrai. Il en a entendu parler seulement, vu peut-être dans quelques pubs. C’est à une année lumière de sa vie, ce petit truc en plastique. Elle le devance cependant, dans son explication. Il n’en a pas besoin pour comprendre. La simple vision de la dite croix suffit à lui faire écarquiller les yeux. Alors il pâlit, le brun. C’est comme un bues dans la matrice, le programme ne répond plus. Il fixe le bout de plastique qu’il a entre les mains, portant sa main libre à son front, ouvrant grand la bouche. Il déglutit, puis se recule pour s’appuyer contre le plan de travail de sa cuisine, inspirant. « Mais tu… C-Comment… » C’est con pour un médecin, il n’y a rien de plus stupide, rien de plus ironique. Il halète, fronçant les sourcils en relevant les yeux vers elle. Il a chaud tout à coup, chaud et froid, ça alterne, son corps entier se met en grève. Elle, elle revient à la charge. Elle veut une explication, elle veut trouver un responsable. Il ne bouge d’abord pas, la laissant faire, se murant dans le silence. Il se masse le bas du visage, fixant toujours l’objet en question, peinant à réaliser. « Comment ça mon problème ? Toi qu’est-ce qui te prend à ne pas prendre la pilule ?! Tu baises avec un mec sans capote et après tu viens chialer ? T’as huit ans ou quoi ?! » Il grogne. « Pourquoi tu m’as pas dit que t’avais pas de contraception ? J’aurais mis des capotes ! » C’est à lui d’être en colère désormais, il se redresse avec hargne. « Merde, Lou, c’est quoi ça ? T’as pas eu de cours d’éducation sexuelle au lycée ? J’ai jamais mis de protection parce que je pensais que tu prenais tes précautions de ton coté, tu me laissais faire, je pensais que… » Ils sont aussi immatures l’un que l’autre, là est la vérité. Chacun s’attend à ce que l’autre assure ses arrières, comme un enfant comptant sur l’adulte. Il se laisse tomber sur une chaise, bouche-bée, réalisant à peine. Jamais le cardiologue n’avait senti son coeur battre aussi vite.

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Elle ne cherchait pas une explication la blonde, c'était arrivé et elle était déjà prise avec les problèmes. Elle voulait juste qu'il se rend, qu'il reconnaisse qu'il avait merdé et peut-être qu'après elle pourrait en faire autant. Avouer qu'elle aussi et lui arrivait de faire des erreurs. Il était dommage de voir qu'elle compromettait encore une fois la vie. Lou se sentait comme une faucheuse, horrible elle se sentait, elle aurait préféré être infertile, ne jamais connaitre cette sensation. Et des poings elle espérait lui faire comprendre toute la haine qu'elle ressentait envers elle, redirigé sur son prince. Oui, la médecine était plus facile quand elle restait dans les livres, quand il ne s'agissait que de relié deux corps pour une danse endiablée et après on oublie tout le reste. Elle prend ses sermons en pleine gueule, ne bronchant pas d'une miette, crispant son visage, les yeux toujours aussi baignés dans la colère. Elle se maudissait déjà intérieurement, si bien qu'elle pleurait de l'intérieur même que c'était pire qu'une hémorragie. Un cataclysme qui sévissait dans son âme. Elle le regarde faire sa chute sur sa chaise. Ses paupières se voilent laissant un long souffle déchirant s'extirper de ses poumons. Elle chancelle un peu sur ses jambes. Elle glisse sa main dans son sac pour regarder sa pilule. Lou avait bel et bien omis certains détails, la tête qui tourne toujours à 200 à l'heure, parfois elle oublie, quand elle boit trop quand elle fume trop, quand elle refuse d'être une adulte. Quand elle refuse de s'arrêter, pauvre Lou, elle se déchire elle-même avec ses idées de grandeur. «Ouais j’ai merdé Soren, c'est ce que tu veux entendre.» Elle se penche vers lui, posant ses mains sur les avant-bras de la chaise. Sur son trône un peu décalé, beaucoup moins affirmé. «Mais je tiens à dire qu'on a merdé à deux. Je coule pas toute seule compte sur moi.» Elle ne flanche pas, cherchant son courage, ce qui lui reste, mais s'il est faible, il est là. «T'en fait pas, je prends rendez-vous demain, il verra jamais le jour cet enfant.» Lou n'hurle plus, elle est drôlement calme, mais son ton est si sanglant, si sec, si amère.  «Je veux pas te foutre la honte monsieur Danemark et surtout pas gâcher tes années d'université.» La blonde secoue la tête avant de se relever d'un coup. Elle récupère son sac sur le sol et reprend le test de grossesse qu'elle lui lance encore une fois sur lui. «Tiens je t'en fais cadeau.» Et ce geste signe son aurevoir dans l'appartement, elle claque la porte derrière elle. Un ouragan dans le couloir et un océan dans l'ascenseur, elle s'effondre la lionne, à bout de souffles.

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C’est un véritable ouragan. Ses jambes flageolent un peu et son corps tremble, il a chaud et froid à la fois, son teint passe du rouge au blanc alors qu’il fixe son interlocutrice, bien incapable de répondre. Il n’était pas préparé à ça, la chose n’avait même pas ne serait-ce que frôlé son esprit. Pour une fois, il n’a absolument rien à dire, le brun, les mots ne sortent pas. Le bel accent danois qui frôle toujours sa langue reste muet, son éloquence habituelle aux oubliettes. C’est la colère qui le rattrape, comme d’habitude lorsqu’il se sent faible, lorsque la chose le rend trop fragile. Par tous les moyens, il essaye de reprendre le contrôle. Un silence suit son haussement de voix. Lou réplique mais elle ne mord pas. En vérité, elle semble détruite. Elle n’a même pas la force de se battre. Une telle vision le brise littéralement, le désespère encore davantage. Si elle même ne répond pas, comment retomber sur leur patte ? Il comprend au fond, il le comprend bien, que plus rien ne sera pareil. « Lou… » Qu’il tente de dire, mais elle recule. Il le voit bien, que c’est autant à lui qu’à elle qu’elle en veut. Qu’elle est toute aussi perdue que lui. Que quelque chose fragile se brise en elle à chacun de ses mots. Qu’elle a peur, autant que lui. Il attrape le bout de plastique qu’elle lui lance au visage et la regarde sortir, claquant la porte derrière elle. S’en suit un silence. Pas un, le, le silence. Et il s’écroule aussi le brun, tombant un instant à genou en reprenant son souffle. Des conneries il en a faites, mais des comme cela, jamais. Le sang, Dieu sait comme c’est important pour Søren, le sang qu’il n’a pas eu, qu’on ne lui a pas transmis. Ce secret bien enterré, ce titre qu’il aime tant, ce sang qu’il voudrait transmettre à son tour : mascarade, réelle transmission ? Le voilà qui halète, digérant le choc sans le faire. Il lui faudra bien plus qu’un simple silence. Lentement, il se lève, les jambes encore un incertaine et ouvre la porte à peine poussée. L’ascenseur est là. Toujours le silence dans le couloir. Quelque chose résonne cependant, une toute petite voix. Il en est sûr, ce sont les sanglots de la blonde. Inspirant, il vient lentement tirer sur la poignée de l’ascenseur, dévoilant le corps recroquevillé de Lorraine. Il pose un genou à terre, puis l’autre, venant lentement glisser une main sur son épaule. « Lou. » Qu’il répète, plus doucement cette fois, presque murmurant. « Ne pleure pas. » Qu’il fait, ne pensant pas qu’un jour il prononcerait cette phrase. Tout est calme pourtant, tout semble évident. Il s’approche un peu plus et vient glisser ses doigts dans les cheveux blonds de son amante. « On va trouver le moyen d’arranger ça. Je te le promets. » Qu’il murmure en venant doucement prendre une de ses mains. « Viens. Ne reste pas là, c’est bête. Reviens à l’intérieur. » Et sans lui donner le choix, sans parler d’avantage, voilà qu’il la soulève dans ses bras. Elle est légère comme une plume, Lou, avec son petit corps replié sur lui même. Il la ramène à l’intérieur, refermant la porte derrière eux, puis vient lentement l’installer dans son lit. Ce soir, il est de veille le Søren, ce soir, il est certain qu’il ne dormira pas.  

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Lou avait sombré ce soir. Sous ses larmes, il ne restait que la douce Lorraine. Celle qu'elle cache bien sous ses rires incessants et ses folies d'adolescente. Quand Lou vie, il ne reste plus rien derrière, la peine n'existe pas dans son coeur comme la colère, mais ce soir elle connait ce sentiment d'une drôle de manière. Découvrant qu'elle porte la vie encore une fois, gaffeuse elle se sent, elle est dégoutée de son corps comme de ce qui se passe dans sa tête. C'est ce qui arrive quand la roue n’arrête jamais, elle oublie des détails, elle aime se faire porter la blonde, puis à un moment la réalité la ramène de force et elle se fait quelques bleus et pourtant elle garde la tête haute, mais pas cette fois. Elle n’y arrive pas. Le son métallique de l'ascenseur la berce, pendant qu'elle écoule des sanglots silencieux de sa gorge serrée, elle a envie d'être fière quand même, réprimant la tristesse comme un sentiment funèbre, quelque chose de dégoutant qu'elle n'oserait même pas caresser du bout des doigts. La porte s'entrouvre et elle garde la tête contre ses genoux, cachant toute la haine qui bouillonne en elle, qui l'effrite comme un papier sablier, une lame trop aiguisée. Une main sur son épaule, elle ne sursaute même pas la belle, reconnaissant son parfum entre mille et cette poigne beaucoup plus violente qu'à l'habitude. Le lion joue avec la soie ce soir, découvrant sa détresse. Elle n'aurait jamais cru qu'il pouvait agir ainsi, ce qu'elle ne savait pas Lou, c'est qu'il agissait uniquement avec elle. Ne voulant pas la voir couler, même si elle refuserait de l'admettre, il l'attend, là, au bout de la falaise, avant qu'elle se jette, renvoyant un doigt d'honneur aux cieux. Elle le laisse caresser ses cheveux, continuant de mouiller le tissu de son jogging. Elle n'a pas la force de se débattre, quand elle écoute ses paroles réconfortantes, ses promesses qu'elle ose espérer qui ne seront pas que poussière. Autrement, il ne connaitra plus jamais la lionne, il ne la caressera plus jamais, après qu'un second torrent est ravagé son appartement. Pour lui prouver tout simplement qu'elle n'a pas besoin de lui à ses côtés. Alors qu'elle a décidé de partir et elle est prête à s'ancrer au sol comme du béton, il la soulève comme une poupée de chiffon. Épuisée se laisse faire pour la première fois pour se choir sur son lit, après avoir accroché ses doigts sur ton t-shirt, son nez contre son cou, son Soren. Lasse, elle replie ses jambes contre son corps, relevant la tête pour ne pas perdre le peu de fierté qui lui reste. Elle confronte son regard encore une fois, les yeux encore mouillés, mais la force d'une tempête encore dans les iris. «Restes avec moi...stp» Pour la première fois, elle n'ordonne pas, elle quémande difficilement la voix enrouée, pourtant le menton bien relevé. Trop orgueilleuse pour l'admettre, toujours aussi fière la lionne, elle ne peut l'admettre. Elle prend sa main difficilement, tirant sur ses doigts fourbes qu'elle aime quand il la violente un peu, la griffe dans tous les sens. Mais ce soir, elle aimerait qu'il la caresse plus délicatement, oubliant les crocs acérés. Elle ignore combien de temps, ils restent ainsi, à se regarder vraiment pour la première fois, leurs âmes connectées par la douleur et la vie réelle. Comme des adultes, à ce qui parait.

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w/ @Lou Beaufort
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C’est étrange, un spectacle pareil. La lionne blessée, le sang s’échappant de sa plaie, allongé sur le flanc, appelant à l’aide sans jamais le faire vraiment. Elle est bien trop fière pour ça Lou. Sa crinière invisible est d’or, elle n’est même plus lionne, elle est lion. Mais elle est faible désormais. Mise à terre par un tout petit être encore même pas formé, juste sous son ventre. Et Søren qui est là, agenouillé devant elle, agenouillé pour une femme. Pas n’importe laquelle, pour elle. Il voit des horreurs tous les jours, des coulées entière de sang, des grand brûlés à la gueule entièrement arrachée, mais cette vision de Lou recroquevillée suffit à le mettre à terre. Il la ressaisit pourtant, refusant de la laisser. Il pourrait au fond. C’est la chance de la lâcheté masculine, pouvoir fuir. Il filerait, la laisserait avec cet enfant, puisqu’elle est si fière, elle ne lui demanderait même rien. Il retrouverait sa vie. Elle sortirait de sa vie aussi vite qu’elle y est entrée. Ce serait presque trop facile. Impossible pourtant. Le voilà qui la saisit, la soulève dans ses bras pourtant affaiblis, la fait rentrer chez lui. Elle franchit le seuil. Ce seuil qui lui était interdit lorsqu’elle n’était pas heureuse. C’était le deal, sois désirable ou ne vient pas. Soit amante mais jamais qu’une nuit. Mais lorsqu’elle relève finalement ses pupilles fauves vers lui, la blonde, plongeant son regard dans le sien en suppliant pour la première fois, son coeur manque un battement. Et il la fixe, encore et encore. Comme s’il la voyait pour la toute première fois. Comme s’il ne l’avait jamais vu avant. Ils s’observent comme des nouveaux-nés hébétés, découvrant la lumière. « Je suis là. » Qu’il murmure en inspirant, s’asseyant juste à coté d’elle sur le rebord du lit. « Je ne bouge pas. » Leurs doigts se rencontrent, presque timidement, et il inspire en glissant ses doigts contre sa joue, la caressant avec lenteur. Il se penche vers elle, lui faisant sentir sa présence, descendant sa main le long de son cou puis sur ses bras. Il ne crois pas l’avoir déjà caressé comme ça, sans arrière pensée, sans calcul. Il semble presque hésiter un instant. Il n’y a plus que le silence, Miles Davis toujours en fond, lointain. « Tu devrais dormir un peu. » Il murmure, voyant la crise de nerfs de la blonde passé, ne cessant de l’observer en vérité. Il ne l’avait jamais senti aussi proche, jamais sentie aussi là, alors que leurs corps pourtant n’étaient même pas l’un dans l’autre. Pour la première fois, il la voyait elle, pas la lionne.  

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Sur ce lit qu'elle connait trop bien, Lou, rend les armes pour la première fois. Pour la première fois de sa vie elle appelle à l'aide en silence, sachant qu'elle n'a pas la force nécessaire. Parce qu'au fond, même si elle ne l'avoue pas encore, elle sait que ce combat elle ne doit pas le mener seule. Que dans tout ça, il y a deux personnes responsables et qu'un amalgame s'est formé en elle. Quelque chose de trop précieux, quelque chose qui n'a rien demandé et pas tant de haine. Il la fixe, figé par son appel. Soren il ignore encore à quel point, elle est surprise elle-même dans sa propre demande. Et au moment qu'elle a envie de se retourner, après avoir farfouiller toute son âme de ses yeux fauves, il s'assoie près de Lou, susurrant qu'il est encore là. Cette simple phrase suffise à sécher le dernier sanglot coincé en elle. Elle découvre la douceur quand il glisse sa main sur sa joue, puis sur son cou. C'est irréel, ce geste tendre qui lui offre du bout des doigts. En d'autres circonstances elle aurait été dégoutée la belle, mais cette fois, elle se laisse porter, bercer, elle se laisser aimer Lou. Elle savoure même tout ça, en sachant que demain ce sera sans doute différent. En fait en est-elle vraiment certaine ? Elle acquise de la tête quand il lui dit de dormir. Mais elle reprend contact avec sa main sur son bras et elle tire juste un peu, pour qu'il bascule près d'elle. Elle observe ses traits dans l'ombre de la chambre, dans la nuit qui a presque fini sa course. Elle oublie tous les mots possibles. L'un face à l'autre, ils se relancent dans leur découverte, dans cette sensibilité nouvelle et bien qu'elle soit tendre, elle est affreusement douloureuse, tant qu'elle est inconnue et difficile à déchiffrer. Elle se retourne pour venir caler son dos contre son torse. Elle retrouve le chemin pour placer son bras autours de sa taille, pour qu'il la prenne contre lui. Une première nuit ensemble. Quelque chose d'innocent pour certains et un geste qui n'avait rien d'anodin pour les deux fauves, devenus lionceaux. Elle sert sa main, embrasse les doigts de celle-ci dans un silence terrible. «Merci.» Rien de plus, mais il comprendrait. Elle ignorait si le sommeil allait venir la chercher, mais cette fois elle était bien, protégée d'une certaine manière par son amant, par son lion, par le maitre de ses songes.

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