Je ne peux pas me sortir cette histoire avec Colombe de la tête, quelques jours sont passés depuis, et rien n'y fait. J'ai besoin de voir Louve. Je sais que je suis en train de me déconnecter de mes sœurs, avec le temps. Entre Khaled qui lâche Colombe, Et Louve à qui je n'ai pas parlé depuis un moment, j'ai le sentiment qu'on doit mettre certaines choses au clair. J'ai trop de choses sur le cœur pour ignorer Louve aujourd'hui. Elle est presque à terme, et je ne peux pas m'empêcher d'aller la voir. Après tout, elle a toujours été celle vers qui je me suis tourné dès quelque chose m'arrivait, quand j'avais un potin à partager, ou que quelque chose m'inquiétait. Que pense-t-elle de toute cette histoire avec Colombe? Est-ce qu'elle lui a parlé, que lui a-t-elle conseillé de faire? Si notre petite sœur a si mal pris ce que je lui ai conseillé l'autre soir, je suis bien curieux de savoir ce que Louve a à dire de la situation. Je ne peux pas m'empêcher de me sentir nostalgique de l'époque où on se confiait tout, mais j'imagine qu'on a tous les deux fait nos choix, concernant les vies qu'on mène. Je ne peux pas non plus m'ôter de la tête qu'elle a toujours fait ce qu'elle voulait de sa vie, quitte à m'en chasser. J'arrive à prendre des nouvelles d'elle via Basile, mais la concernant, j'en reste au silence radio. Aujourd'hui, il est grand temps que je prenne mon courage à deux mains et que je la confronte, ça fait trop longtemps, et j'ai l'impression que Maman serait déçue par notre comportement. Je suis le grand-frère, après tout, et on m'a toujours dit que c'était à moi de faire le premier pas, alors je le fais. Après une douche, je choisis un smoking simple, mais élégant. Ça fait un bail que je ne l'ai pas vue, autant me soigner pour l'occasion. Une fois prêt, je descends et monte au volant de ma Tesla, direction Louve. Je ne mets pas longtemps avant d'arriver devant la maison qu'elle a acheté avec Basile. Je n'hésite pas une seconde et sonne. Vu sa grossesse avancée, je suis sûr qu'elle est chez elle, et je compte bien lui parler aujourd'hui, et je piétine d'impatience en attendant qu'elle vienne m'ouvrir.   

Mercredi 29 janvier. Une semaine. Le compte à rebours a commencé pour toi depuis deux semaines déjà, ton médecin t’ayant avertie que l’accouchement pourrait se produire à tout moment au vu de la proximité de ton terme. Alors tu patientes, quand bien même ce terme ne te correspond pas. Après tout, est-ce que t’as le choix ? T’attends, aussi sagement que possible. T’évites de trop bouger pour ne pas t’attirer les foudres de Basile qui, à neuf mois de grossesse, supporte difficilement de te voir sans cesse vaquer à de nouvelles activités. Confortablement installée dans ton canapé, un bol de céréales posé sur ton ventre rebondi, la sonnette retentit soudainement dans l’enceinte de la villa. Un sourcil qui s’arque, un soupir aussi long que la descente de dix shots. T’attends un instant, te persuadant que la personne qui ose troubler ton repos s’en ira dans moins de trente secondes. Et puis, tu finis par te dire que ça pourrait être importante. Ou qu’il pourrait éventuellement s’agir d’un livreur de plus pour vous apporter les dernières affaires destinées à Rose. Alors, armée de tout ton courage, tu déposes ton bol sur la table basse et t’avances jusqu’à la porte d’entrée que t’ouvres à la volée… et Dieu que t’aurais dû éviter. « Qu’est-ce que tu fous là ? » Marin. Le fantôme.

C'est bien Louve qui ouvre, et me demande immédiatement ce que je fais là. Je la fixe un instant ; je me rappelle de la dernière fois que je l'ai vue, c'était il y a un bon moment déjà. Et ça ne s'était pas tellement bien fini. Je me rappelle d'une époque où je ne lui cachait rien, et je ne peux m'empêcher de me demander si elle et moi on retrouvera, un jour, ce type de relation. " Il fallait que je te voie. On peut parler? " Mes yeux descendent vers son ventre arrondi; je remarque à quel point la grossesse l'a changé, et en même temps à quel point elle était restée la même. Mais aussi à combien de temps était passé, depuis que nous étions restés en froid. Apparemment elle a bien vécu la transition vers sa nouvelle vie avec Basile. " Ou peut-être que tu es occupée? " Je lui demande, avec un sourire sarcastique, en montrant son salon, d'un geste du menton. L'intérieur de la villa est silencieuse, et je me demande si Basile est là, je ne pense pas avoir vu sa voiture. Même si on est en bien meilleurs termes, lui et moi, je préfères pouvoir discuter seul avec Louve. Je devine déjà que combien cette dernière redoute toute conversation avec moi. Mais on a tous les deux esquivé tout type de confrontation avec l'autre depuis trop longtemps. Mais maintenant que je réalise à quel point en est sa grossesse, je suis d'autant plus sûr qu'on devrait discuter de certaines choses maintenant. " Je sais que toi non plus, tu ne voudrais pas qu'on aie cette conversation quand ma nièce sera arrivée, n'est-ce pas? " Je lui demande.

Ton regard qui se perd dans le sien. Ce fameux regard, celui de la gamine qu’on prend la main dans le sac. La sensation d’être prise entre quatre murs, d’être coincée à présent que t’as daigné ouvrir cette fichue porte. Pourquoi diable l’as-tu donc fait ? Franchement ? Qu’est-ce qui t’a pris ? Toi qui étais jusqu’alors confortablement installée dans ton canapé, tu te retrouves face à ton fantôme. Face à celui qui, y a plus d’un an tout juste, représentait tout pour toi – ou presque. Tout jusqu’à ce que vos chemins ne se séparent abruptement, toi emportée par la vie que t’a offerte Basile, lui à mille lieux de Boston. « C’est pas le moment. » T’as probablement pas la patience de parler, non. Mais il insiste, te demande si t’es occupée en jetant un œil à l’intérieur de la villa, ce rictus moqueur sur ses lippes. Agréable. « Je suis occupée, oui. J’ai mille trucs à faire, tu vois ? » Gamine. Tu fuis, tu le fais plus qu’autrefois. T’es pas en position de lutter, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Mais, une fois de plus, il insiste. Il dit savoir que tu ne voudras pas plus que lui avoir cette conversation une fois Rose arrivée. Cette conversation ? Laquelle ? « Et t’entends quoi par là, je peux savoir ? Y a un problème ? » Tes bras qui se croisent sous ta poitrine, tes sourcils qui se froncent machinalement. T’as l’air d’avoir envie de discuter peut-être ? A une semaine d’exploser ?

J'inspire profondément quand Louve prétend être occupée. Je fouille son regard, et je sais déjà qu'elle ment. Elle a la mine coupable, et elle sait que son mensonge ne me trompe pas. Elle dit ne pas comprendre ce que je fais là. J'ai les pensées qui se bousculent. Entre Colombe, la nostalgie de l'époque où Louve et moi étions inséparables… J'ai pas résisté à l'envie de venir lui parler, avec tout ce qui s'est passé ces derniers temps ne serait-ce que pour la voir. Je la connais, têtue comme elle est, elle ne veut sûrement rien à voir avec moi. Mais je m'en fous aujourd'hui, il est temps de jouer cartes sur table. Elle aussi, elle est sensée bien me connaître, elle sait que je suis aussi buté qu'elle. Alors pourquoi continuer à faire semblant? " Louve, pas à moi. " Je pose l'avant-bras sur la porte, entrouverte, et m'appuie dessus. Je suis curieux de la voir essayer de la refermer, à neuf mois de grossesse. Je mentirais si je disais que je ne profite pas un peu de son état, mais je ne suis pas venu jusqu'ici pour faire demi-tour. Et elle ne pourra pas tenir cette foutue porte d'entrée éternellement. " On a plein de choses à se dire, que tu le veuilles ou non. T'es au courant pour Colombe, non? Elle marche dans tes pas, t'es pas fière? " Malgré mon sarcasme, je lutte pour essayer de garder mon calme jusque là, en espérant que je n'aie pas à changer de stratégie. " Tu ne penses pas que ça assez duré toute cette histoire? Tu sais que je suis prêt à camper ici toute la journée s'il le faut. T'as vraiment envie de me fermer la porte au nez? "

Pas à lui ? Bien sûr, il te connaît. Tu peux lui mentir, mais tu lui mens mal. Les choses ne changeront probablement jamais. Il s’appuie contre la porte et ça t’arrache un sourire moqueur. « T’as peur que je te la claque au nez ? Tu sais à ce point que t’es pas censé être ici ? » Sinon quoi d’autre ? Est-ce qu’il a une seule autre raison de penser que tu lui fermerais la porte au nez, le laissant là, sur la paillasson à la façon d’un malpropre ? Tu mentirais si tu disais qu’il est présentement le bienvenu ici. T’as d’autres chats à fouetter, d’autres choses auxquelles tu dois penser que la crise qu’il va encore une fois te taper. Sauf qu’il parle, encore. Il te parle de Colombe, te demande si t’es fière qu’elle te suive. « Je suis ravie, ça se voit pas ? En plus, deux, si c’est pas parfait. Ils pourront tous grandir ensemble, tu vois ? T’es le dernier. Mais on t’attend pas, à quoi bon ? » Toi aussi tu sais jouer la carte du sarcasme. Toi aussi t’as l’ironie dans le sang, vous êtes pareils après tout, pas vrai ? T’es son double, il est le tien. Ta version masculine, sa version féminine. « Est-ce que j’ai vraiment besoin de te dire ce dont j’ai envie ? Tu devrais me connaître pourtant. A moins que tu sois plus mon frère ? » Bonne question, pas vrai ? Des mois passés loin de toi sans un mot, c’est ce à quoi ça s’apparente en tout cas.

Je serre les dents et hoche la tête ironiquement en réponse à ses piques. " Tu ne vois pas ton grand-frère depuis des mois, et tu ne le fais pas entrer, je dois en déduire quoi? " Son ton moqueur commence à m'échauffer. Et d'un coup ça me saoule qu'elle me connaisse par cœur. Elle sait exactement comment me faire sortir de mes gonds. Je lui réponds avec un sourire faux " Ooh c'est mignon, tu pourras lui garder ses bébés, pendant qu'elle ira chercher du boulot! C'est ce que tu veux non?  Ou encore mieux, tu pourras lui ouvrir une garderie! "  Je commence à élever la voix, je le sais. Mais je suis pas du genre patient. Si Louve voulait pas un scandale devant ses voisins, elle n'avait qu'à me laisser entrer plus tôt. " Tu penses à elle une seconde? C'est une gamine, enceinte, et au lieu d'essayer de lui trouver une solution, t'es 'ravie'? " Je ne veux plus jouer à ce petit jeu avec Louve encore longtemps, surtout quand elle me renvoie mes propres sarcasmes au visage. " C'est justement parce que je suis ton grand-frère que je suis là Louve, que t'en aies envie, ou pas. J'ai toujours été là pour récupérer tes conneries, et maintenant tu boudes? "  J'ai le souffle court et j'arrive pas à me calmer. Je sais bien que j'ai ma part de responsabilité dans notre éloignement, rancunier comme je suis. J'arrive toujours pas à lui passer le fait qu'elle ait délaissé notre complicité pour sa nouvelle vie, c'est plus fort que moi. " T'as tout ce que tu voulais, t'es avec Basile, j'suis plus là pour te faire chier avec mes attentes, tu parles plus à papa, t'es heureuse, non? " Je lui demande sur un ton moqueur, en m'approchant d'elle cette fois. Après tout ce temps sans lui adresser la parole, je vois rouge, et j'ai envie de lui vomir tout ce que j'ai sur le cœur.

Ridicules. Vous l’êtes. Vous êtes tombés si bas que ça ferait du mal à n’importe lequel de vos proches, de ceux qui vous connaissaient comme ces inséparables, comme ceux qui sont aussi fusionnels que des jumeaux. Et, aujourd’hui, vous en êtes là : à vous cracher votre rancœur par le biais du sarcasme, camouflés derrière votre fierté mal placée. Tu sais aussi bien que lui que vous avez besoin l’un de l’autre, que tout serait plus facile ; mais la vie en a décidé autrement et vous n’avez rien fait pour rattraper les choses. « Pose-toi les bonnes questions puisque t’es si intelligent et si parfait, tu devrais savoir. » que tu te lances une fois de plus lorsqu’il te demande ce qu’il doit en déduire. Tu sais exactement comment ça va finir alors, à quelques jours de ton accouchement, t’aimes autant esquiver. Et puis arrive le sujet de votre sœur et de sa grossesse ; ton sarcasme prend le dessus et t’es plutôt bonne à ça, quoiqu’il en dise. « Comment t’as deviné ? J’ai proposé à Basile d’ouvrir une garderie et il a accepté, on attend plus que Colombe et on aura trouvé notre projet d’avenir ! Tu devrais être heureux pour nous, non ? On a réussi à faire quelque chose sans toi et sans tes formidables conseils. » Est-ce que t’as encore son obligation d’avorter en travers de la gorge ? Absolument. C’est certainement pas lui qui t’a ramassée en petits morceaux mais bien Basile alors qu’il n’était en aucun cas concerné. A croire que tout a toujours été écrit. Mais tu comprends que ton frère s’énerve, sa voix qui s’élève, son agressivité qui arrive petit à petit. « Lui trouver une solution ? Et tu veux lui trouver quoi comme solution, dis-moi ? » Et à ton tour, t’élèves le ton, tes doigts se crispant sur la porte alors qu’il te reproche de bouder, plus encore quand il te dit que t’as eu tout ce que tu voulais. « Ouais, j’ai tout ce que je veux. Et apparemment mon bonheur ne fait pas le tien. Tu me ferais presque de la peine Marin. » Mais plus t’y penses et plus ça t’énerve, tout ça. Alors le ton monte un peu plus lorsque t’ajoutes subitement : « Parce que tu crois que j’espérais qu’elle tombe enceinte elle aussi peut-être ? Si elle est pas foutue d’appliquer les conseils qu’elle m’a balancés pendant qu’elle me faisait la morale y a des mois de ça, c’est pas à moi qu’il faut en tenir rigueur. Si t’avais été là au lieu de te barrer comme un lâche Marin, on n’en serait pas là. T’as été là pendant que j’étais dans le coma ? Pendant toutes les crises de panique et d’angoisse que j’ai pu faire ? T’as été là quand Giacobe s’est barré sans rien dire et qu’il l’a laissée seule, le cœur brisé ? T’as été là à aucun de ces moments alors regarde-toi avant de venir frapper à ma porte pour reverser tous tes remords sur moi ! » C’est bon, t’en as assez. Il se fout de qui en débarquant chez toi et en te reprochant toutes les fois où lui n’a pas été là ?

Louve sait me pousser à bout, et je ne fais que me rappeler qu'elle est enceinte, qu'elle arrive sûrement à terme, que ce n'est sûrement plus la Louve que j'ai connu. Je ne supporte pas son sarcasme longtemps, et je serre les poings à m'en rougir les paumes. Rien de tout ça n'était sensé se passer, quand je repense à ses débuts avec Basile, l'éclatement de notre trio. Et j'ai beau me cacher derrière mon orgueil, ça me tue de savoir que rien n'est plus comme avant. En tous cas, plus je fouille dans le regard de Louve, je ne trouve plus aucune trace de la complicité qui nous unissait, il y a longtemps. " T'as raison, pourquoi t'aurais besoin de mes conseils?  " Je lui demande, le ton plein d'amertume. Peut-être que j'ai eu tort de venir, je ne sais pas comment j'ai pu penser une seule seconde pouvoir régler certaines choses avec ma sœur aujourd'hui. J'avais oublié son sale caractère.. Et le mien, en passant, je pense. Elle finit par craquer, et me reproche mon absence; J'ai les ongles qui s'enfoncent dans le creux de mes mains. Je m'en suis assez voulu de l'avoir laissée sur le campus, seule, alors qu'elle son mec se barrait, mais que le mariage de nos parents était en train de s'effondrer, à Paris. Mais ça, hors de question que je le laisse transparaître. Qu'est-ce que j'étais supposé faire? Rester sur le campus et faire comme si de rien n'était? Comme si le divorce de nos parents ne chamboulait pas tout l'équilibre fragile de la famille?  Je n'imaginais pas que mon départ lui avait autant pesé , vu comme je l'avais retrouvée, en couple avec mon meilleur ami.  " Et alors? Tu peux me foutre mon absence sur la conscience comme tu veux, ça t'a pas empêchée de te jeter dans les bras de Basile. C'était pas de moi dont t'avais besoin, il te fallait juste un mec, en fait!  " j'ajoute, avec un petit ricanement. Je regrette d'être venu, j'aurais dû sentir que ça n'allait mener à rien, Louve et moi sommes deux têtes de mules, deux gamins qui ne reculeront devant rien, quitte à jouer la comédie jusqu'à la fin des temps. Je serre les dents et me décolle de la porte, avant de me passer une main dans les cheveux, en essayant de me détendre. " J'ai été con de penser qu'on pouvait parler de quoique ce soit, en tant qu'adultes.  " je continue, avant de sortir un paquet de cigarettes de ma poche, et d'en tirer une clope. Je ne vais pas pouvoir rester aussi calme que je le suis maintenant, longtemps, et je ne veux pas être responsable de son accouchement prématuré, je préfère laisser tomber.  " Tu sais quoi? Je souhaite bien du courage à Basile, je ne sais vraiment pas comment il fait pour supporter une fille comme toi.  ", je lui lance, en m'éloignant en direction de ma voiture, en allumant ma cigarette.

Les émotions qui se bousculent et qui se contredisent, tu te retrouves face à ce frère que t’aimais tant et qui vous a abandonnées, Colombe et toi. Toi davantage, de ce que t’en penses ; parce que vous aviez cette complicité hors norme, celle que nul n’aurait su effacer. Si ce n’est le temps. Sans doute aussi la distance. Celle qui s’est placée entre vous lorsque t’es revenu à Harvard en août 2018, quelques mois tout juste après l’annonce du divorce de vos parents. Des mois passés au Brésil aux côtés de Marin et de votre mère après avoir abandonné Nick, l’homme qui te rendait heureuse alors que Basile avait disparu subitement de ta vie. Celui dans les bras duquel t’avais trouvé le réconfort, celui qui avait su te remonter à la surface quand Basile t’avait faite sombrer en causant tes maux du bout de ses lèvres et de ses mains. Tu prends pas même le soin de répondre à la question de ton frère quand il demande ironiquement pourquoi t’aurais besoin de ses conseils ; t’en as pas besoin aujourd’hui parce qu’il n’a pas été là au moment où t’en avais le plus besoin. Mais il en rajoute, le Perol ; il te dit que t’avais juste besoin d’un mec et pas d’un frère. Ca te fout d’autant plus en rage en sachant tout ce que t’as traversé à cause de Basile avant que vous n’officialisiez votre couple. Ca a été loin d’être de tout repos, t’en as morflé des insultes et des coups retournés, t’en as pleuré, t’en as crié, t’en as eu envie de crever tellement tu le sentais piétiner ton cœur. « Ferme-la Marin ! » Tes doigts qui se crispent d’autant plus sur ta porte, la colère qui humidifie tes yeux. Et puis, il parle et finit par tourner les talons. Tu soupires, t’en as marre, t’en peux plus. T’as mal au fond de toi, ça te remue de l’intérieur mais tu fais mine de rien. « C’est ça, bon vent Marin. » La porte qui se referme derrière toi, le corps trop lourd, la tristesse qui fait trembler tes jambes.