T’es là dans le coin de cette chambre froid, fade et sans vie, assis sur un fauteuil, ayant même du mal à regarder Asia. Tu te sens coupable, affreusement coupable. Même si tu sais désormais que ce n’est pas une question de rein, qui lui a fait faire ce malaise, tu ne te sens pas pour le moins soulagé. Enfin, oui un peu, voire beaucoup même, puisque tu ne risques pas de la perdre, mais lorsqu’elle apprendra la nouvelle, t’as peur. Peur qu’elle le prenne mal, peur pour la survie de votre couple. Tu n’oses pas imaginer ce qu’elle va dire, penser et ce qu’elle décidera au final de faire. Le coude appuyé, le poing fermé contre ton menton, tu regardes dehors, écoutant les bips qui résonnent lentement dans la chambre. Au bout d’un moment, tu te dis que tu devrais manger un bout, quelque chose n’importe quoi. Tu es ici depuis son malaise hier et la faim se fait ressentir. Une douche pourrait s’imposer également, mais t’es encore capable d’attendre. Alors, tu te lèves et te rends à la cafétéria, mais lorsque tu reviens, deux infirmières se trouve à l’intérieur, prétextant à ta copine qu’elle doit rester ici, que le médecin veut lui parler. Qu’ils veulent faire encore quelques examens et toi, t’es là en simple spectateur. Tu sais que tu devrais réagir, aller la voir. Ta simple présence à ses côtés pourrait la calmer, mais au risque de te répéter, tu as peur et c’est ridicule. Tu finis par t’approcher et elle te voit, te demande de leur dire que tu vas bien, qu’elle n’a rien à craindre. Pourtant, ton visage lui veut dire tout autre chose que ce qu’elle te demande. Regardant l’infirmière, tu t’approches de l’autre côté du lit et prends sa main dans les tiennes. « Tout va bien, Asia. Je suis là et je resterai là, mais t’as besoin de rester ici encore un peu. Plus que quelques examens mon cœur, tout va bien aller et… » Tu te pinces les lèvres ensembles et regardes de nouveau les infirmières. Ce n’est pas à toi d’annoncer sa grossesse, le médecin arrivera sous peu pour lui donner les recommandations et ce qui arrivera. « On va pouvoir partir bientôt et oui, je reste avec toi tout le long si tu veux. » Quitte à aller prendre une petite douche rapide pour revenir. De ton côté, tu as hâte qu’il arrive, pour être certain que tout va bien avec le bébé.

Il est hors de question que tu restes une minute de plus ici. Tu préfères largement crevée. Ayant déjà passé des mois à l'hôpital en début d'année, tu veux absolument pas réitérer l’expérience. L'impression de suffoquer t'envahit déjà et c'est pour quoi tu te révèles être une furie avec les infirmières. Prête à tout, y compris te faire du mal pour prendre la fuite. Hélas le combat est loin d'être égal. Malgré toute ta vigueur, impossible de sortir de ce lit. Qui plus est tes jambes semblent tétanisées. Sans doute la peur. Peur d'être encore touché par ta poisse légendaire. Tu ne veux plus subir. Tu en as marre de reculer à chaque fois que tu tentes d'avancer. Le bonheur te semble réellement inatteignable. Peut être que t'aurais vraiment du mettre fin à tes jours quand tu en avais l’occasion et le courage. Cela t'aurait épargné bien des moments pénibles et éviter à beaucoup de gens de devoir te supporter. Sauf que si tu avais été aussi lâche, jamais tu n'aurais eu l'opprtunité de vivre de précieux moments avec lui. Ces instants qui te font tout oublier. Il est ton espoir. Et c'est pourquoi tu t'accroches encore. Une fois de plus c'est dans son regard que tu recherches du réconfort mais aussi des réponses. Tu le vois d'abord hésitant sans doute parce que ton comportement de furie lui fait peur, et c'est normal. Puis sa main accroche la tienne. La chaleur de sa peau t'apaise un peu quand bien même tu n'aimes pas ce qu'il te dit." Si je vais bien alors je n'ai pas à rester ici... T'es en train de me mentir c'est ça ? " Tu le connais trop bien pour savoir qu'il sera capable de tout pour ne pas te blesser. Pourtant tu m'assures qu'on partira bientôt. Il est en train de te perdre encore plus. Le seul moyen que tu trouves pour te détendre et de serrer fortement sa main comme si ta vie en dépendait. Le temps de quelques minutes, tu fermes les yeux pour retrouver ta respiration. Ton nom prononcé par un inconnu te réveille finalement. Homme vêtu d'une blouse blanche. Tu as les médecins en horreur, ce n'est pas nouveau." Bon plus de peur que de mal mais il va falloir être plus vigilante mademoiselle Ferrari. " Tu le vois adresser un bref regard inquiet à ton petit ami, avant qu'il ne reprenne sa leçon de moral." Bon je vais être franc avec vous. Etant donné la greffe que vous avez subit en début d'année, une grossesse est très peu recommandée et c'est ce qui explique votre baisse de tension, et les vertiges. Mais il semblerait que cet enfant soit plutôt résistant. " Inconsciemment ta main quitte celle de Davi et ton cerveau en plein bug, en train de repasser en boucle ce mot terrifiant à tes yeux: grossesse." Dites moi que c'est une blague. " A tes yeux il ne peut en être autrement et pourtant le visage impassible de Davi semble te prouver le contraire." Je n'en veux pas. " Tes mots sont cruels mais peu importe. Jamais tu n'as demandé ou voulu de cela. Cet avenir est inconcevable à tes yeux.