Devait y avoir des études sur le sujet, comme quoi tout ce processus de swiping était addictif au fil du temps. On traitait tous cette application du démon de la même manière au début, un peu comme une blague, avant de se retrouver quelques semaines plus tard dans les bras d'une belle inconnue, qu'elle soit un nid à MST ou la duchesse de je-ne-sais-où. J'avais bel et bien passé cette phase de succès de mon côté, m'étant contenté d'un rendez-vous purement platonique avec toi, une ex-prof devenue danseuse, qui était par ailleurs en couple. J'devais avoir atteint un certain désespoir pour en venir à accepter un rencard pareil, moi qui était par habitude si franc avec la gente féminine. Enfin, j'disais désespoir, mais tu n'avais pas fait mauvaise impression, au contraire tu m'avais l'air d'une super pote à avoir, c'est pour ça que j'avais accepté ta requête quelque peu originale de se trouver entre un Earth, Wind & Fire et des Beatles, vers une séance de karaoke qui se voulait être une grande première pour moi. Assis au mini-bar, je pris une gorgée du cocktail qui se retrouvait entre mes doigts, mon regard alternant entre la scène et les portes de do ré mi. J'étais un peu à l'avance, à mon habitude pour le coup, cocktail mi-fini, un peu nerveux il fallait le dire. Parce que Dieu savait à quel point je pouvais me soucier de c'que certains pouvaient penser d'moi, j'espérais bien que ça n'allait pas être le cas de ton côté et que tu puisses m'aider à me décoincer un peu. Surtout parce que niveau karaoke, tu devais être assez calée pour me proposer de se rencontrer ici à une heure pareille, car c'était match à l'extérieur pour moi.

@gaïa murdock

t'aimes les nouvelles rencontres. déjà cinq mois que tu es à boston et depuis ce temps, t'en a rencontré du monde. certains restent, d'autres ne sont que de passage et pourtant, tu ne regrettes aucune d'entre elles. t'es du genre super sociable et évidemment, malgré le fait que tu sois en couple, t'étais resté connectée à cette application. surement parce que tinder n'est pas là que pour te trouver des plans cul... non ça t'avais servi à te faire des potes, même si la plupart d'entres eux sont devenus des plans cul à la longue, d'autres sont restés des amis. t'avais rencontré nimuel quelques heures auparavant et d'une conversation à l'autre, tu lui avais proposé de se rencontrer, en tout bien tout honneur, au do ré mi. histoire de s'amuser un peu... t'avais bien accroché avec lui et t'avais envie de voir sa petite bouille en vrai. tu t'étais habillée en mode décontracté ce soir parce que tu savais bien que quand t'étais dans un délire tel que celui que t'allais avoir ce soir, t'allais forcement bouger et faire la folle. c'est tout toi ça. t'arrives enfin au do ré mi, à peu près à l'heure et en rentrant, tu voyais déjà pas mal de personnes micros en mains, entrain de pousser la chansonnette. la brune qui croit bien tenir les aiguës t'arrache une grimace tandis que tu parviens enfin à arriver au comptoir. et c'est là que tu repères ses petites bouclettes. tu t'avances vers lui, te penches un peu pour analyser la bouille, puis souris en tapotant sur le comptoir - coucou ! - dis-tu en posant ton sac sur le comptoir, grand sourire enjoué sur les lèvres. puis tu t'installes à côté de lui et regardes son verre presque vide - il faut que tu sois bourré pour oser chanter devant tout le monde c'est ça ? -

@r. nimuel bañaga

En vrai c'était grave intimidant, la scène et puis s'exposer comme ça devant tant de personnes qui, certes, te connaissait pas, mais tout d'même. Puis, on savait tous à quel point Boston était une petite ville lorsqu'elle souhaitait l'être, à un tel point que j'me retrouvais avec une date (ah non, "rencontre") avec une prof qui n'devait être mon aînée que de quelques années. Bref, ça restait la partie excitante de truc de toute manière, tu avais ce côté non seulement inaccessible mais unique à toi qui m'intriguait un peu. Au point même de me faire oublier le fait que Tinder soit une appli' de cul avant tout, j'me rendais compte qu't'étais quelqu'un de sympa, qui plus est n'était pas aussi hautaine que j'aurais cru pour une prof. J'suis tiré hors de mes pensées par une fausse note un peu trop fausse de la part d'une brune sur la scène. P'tain comment j'la juges là, si ça s'trouve les autres étudiants dans la salle vont m'juger juste autant. Et puis allez, whatever, au moins j'vais avoir l'air ringard avec une brunette à mes côtés. Cette même brunette qui vient m'interpeller, entre une gorgée et une autre, posant son sac sur le comptoir et venant établir cette proximité assez rapidement. Juste à voir ton large sourire jusqu'aux oreilles et tes yeux qui criaient l'envie d'avoir du fun, j'étais rassuré d'un coup, c'était fou. Je vois surtout que tu n'es pas venue en mode bal-masqué, et que surtout t'es comme sur la photo donc allez, c'est ça d'gagné. Oh, quel con, mais réponds-lui. « roh mais non c'est mon premier t'en fais pas, si t'es jalouse j'te laisse même le finir. » Un rire mesquin sur le visage et une ironie amicale derrière, je pousse légèrement le cocktail sur le côté, m'accoude sur le comptoir et laisse ma tête se reposer sur ma paume, analysant vite fait ton regard et ton expression surtout. « donc hum, du coup on est sensé se pointer devant le micro et annoncer on chante quoi avant? ou on laisse les gens deviner? » Les questions les plus cons en vrai, mais c'est toi l'habituée (je pense?) donc s'il y a bien quelqu'un qui va m'répondre ici c'est toi.

@gaïa murdock

en vrai t'as pas peur gaïa, de rencontrer des inconnus comme ça en pleine nuit, dans un bar... même si c'est un bar bien fun. non toi, t'es trop insouciante et ça te causeras des soucis un jour. mais toi t'as ce sourire figé sur les lèvres, à regarder ton inconnu aux belles bouclettes. tu l'aurais reconnu entre mille. tu poses tes pieds sur le repose pieds de la chaise haute et poses tes bras sur le comptoir en regardant une nouvelle fois son verre. tu lèves la main vers lui en refuse d'un signe de tête, en pouffant de rire, quand il te proposes de le terminer - non t'inquiètes, je préfère que tu m'en payes un tout neuf... - tu marques une pause, arque un sourcil et reprend en haussant les épaules - et j'bois pas derrière un inconnu... - tu bois derrière personne en fait. t'as jamais aimé boire dans le même verre que les autres, même si c'est ta mère, ta grand-mère ou ta soeur... bon t'as pas de soeur, mais ce serait le cas si t'en avais une. tu plisses les yeux quand tu le vois te fixer du regard... mh, après tout, t'es presque une oeuvre d'art, alors soit, qu'il te fixe, c'est pas gênant. t'as l'habitude des regards posés sur toi quand tu danses au badgirlz. alors, tu prends un air amusé, puis l'imite en posant tes coudes sur le comptoir, menton posé sur tes paumes, regard mystérieux braqué dans le sien... il te demande comment ça se passe et toi t'éclates de rire en tapant sur le comptoir - t'as jamais fais de karaoké d'ta vie ou quoi ? [...] dès que la musique se termine, j't'amènes sur la scène et... c'est le dj qui choisis la chanson. c'est encore plus drôle si on la connait pas... - les soirées les plus terribles de ta vie. les soirées karaoké avec tes potes à new-york. mé-mo-ra-ble. t'adores chanter, tu chantes partout... si seulement tu savais bien chanter, ce serait le must. mais c'est pas vraiment le cas - t'aimes quoi comme genre de musiques ? -

Ça n'arrive pas assez souvent, que je puisses sortir de mon cadre de vie et que je prennes un risque pareil, le tout en sachant très bien que je n'allais pas partir avec une dame en manque d'attention dans les bras. Et pourtant, tu m'avais comme jetée un sort (j'crois qu'on appelait ça le charme, un truc dans le genre) qui m'avait complètement métamorphosé et envoûté pour le coup, ça m'avait intrigué un peu. Voilà, mon histoire, celle de comment j'm'étais retrouvé dans un karaoké au beau milieu d'la soirée, au lieu d'être chez moi entre deux oreilles et un Netflix tranquille. J'disais pas non, par contre. Je jettes un coup d'oeil sur le côté alors que tu prends place à mes côtés, imites ma position peut-être inconsciemment. J'peux respecter ta décision d'ailleurs, moi-même à moins d'être un peu ivre ou sous apnée je ne risque pas de boire derrière qui que ce soit non plus. Par contre, penser que j'vais t'payer un verre, c'est d'avoir une sacrée estime de toi. Je balaies un peu le commentaire, puis suis le fil de la discussion pour le coup. « ah mais merde donc on a un aucun contrôle en fait? » marmonnais-je à haute voix, un peu par accident quand même. Du coup c'est la folie, faut avoir un de ces courages pour commencer à chantonner une mélodie qui nous est probablement totalement inconnue, le tout devant un paquet de gens qu'on ne connait même pas. Mais ça peut être marrant si tu joues le jeu aussi. « un peu de tout, j'vais pas t'mentir j'écoute beaucoup de vieux trucs sans paroles t'sais, des compositions, des mélodies toutes seules, bref.. et toi? »

@gaïa murdock (pardon du temps de rep )

zhenya n'était pas au courant que tu passais la soirée avec un mec... t'aurais peut-être du la mettre au courant ? merde, t'as pas encore l'habitude de prévenir quand tu sors avec quelqu'un d'autre. t'as toujours été comme ça gaïa. l'indépendance, le fait de ne pas vouloir rendre de compte. mais ce qui comptait, c'est que pour toi, cette soirée resterait vraiment dans le cadre d'une nouvelle amitié naissante ? ou peut-être pas, peut-être que ce garçon tu ne le verras qu'une fois, mais au moins, t'es sure qu'avec lui tu t'éclateras. dur de ne pas s'éclater en poussant la chansonnette. surtout quand on chante faux comme toi. et c'est ça le plus drôle. oui, elle n'avait aucun soucis à se faire. t'étais en couple et toi t'as appris la fidélité... ça ne te passes même pas par la tête de te demander si ce garçon et toi alliez terminer ce soir dans le même lit. et t'éclates de rire - non t'as aucun contrôle... ça te fais peur ? - toi t'aimes ne pas avoir le contrôle, ça te fais kiffer, surtout dans ce genre de situation. et t'espères qu'il chante aussi mal que toi, parce que ça serait tellement dégradant de chanter faux à côté de lui. et puis quand il te parle de ses goûts musicaux, tu souris - j'aime beaucoup aussi... j'écoute de tout, jsuis pas chiante - et tu tapotes sur le comptoir au rythme de la musique, pouffant de rire quand t'entends que finalement... il y avait pire que toi - ... t'inquiètes, on fera fureur - et la musique, la chanson prend fin alors t'attrapes sa main et le tire vers la scène - c'est à nous ! - t'as le coeur qui bat à dix milles à l'heure, l'adrénaline qui monte mais t'as hâte... tu sautes sur place comme une gosse, sourire enfantin aux lèvres.

( hj; merde, j'avais pas vu que t'avais rep, sorry pour le coup, c'est à mon tour de m'excuser )

Étrangement, pour une femme qui avait craquée pour une autre (j'transpire), tu es plus taquine que certaines des dates avec lesquelles je me suis retrouvée sur tinder. Non pas que ça arrive super super souvent détrompes-toi ma gaïa, mais disons que j'm'attendais pas à ressentir une telle spontanéité et complicité venant de ta part, surtout aussi tôt dans notre rencontre. Toujours à imiter certains de mes maniérismes, tu finis par lâcher prise et me taquiner à nouveau, moi qui avait tout autant envie de perdre le contrôle. Moh, dire une phrase comme ça, tu te rendais bien compte du jeu auquel tu jouais, nan? Ou bien avais-je peut-être l'esprit un peu tordu, et que cette phrase était tout bonnement enfantine et taquine..sans plus? Mon corps se trémousse (haha) légèrement au rythme de la musique, le pied tapant contre le bas du comptoir alors que la basse se faisait de moins en moins insistante, avant que l'on assiste finalement à une transition. Ah, fuck, c'tait nous, nan? « pas chiante, ça va, j'te suis, on va tout baiser go go. » Grave, la confiance c'est la clé, 'fin si on se mange pas un truc super compliqué à chanter. Ou à rapper. Imagine on a un truc avec une méga cadence, ou un truc super romantique ouf ça va être embarrassant. Respire nimu, tout ira bien. Je te suis vers le stage, quelques applaudissements accompagnent nos pas précipités, et viennent se mêler au saxophone qui venait enfin de se lancer. Les paroles apparaissait en compagnie du titre de la chanson, aïe j'sais pas quoi penser. new york, new york - frank sinatra. On va la massacrer, 'fin surtout moi, toi j'sais pas trop hein. Toujours très près de toi, l'une mains dans la tienne, l'autre autour du micro, je me pense légèrement à ton oreille, chuchotant assez bruyamment tout d'même. « j'sais pas si c'est l'adrénaline ou juste la peur que j'ressens là, faut qu'tu portes notre performance sur le dos gaïa »

@gaïa murdock

Te voir user de ce moment, le vivre et en profiter le plus possible fait comme jaillir une légère dose d'adrénaline en moi. Le cocktail ne devait pas y être pour grand chose, moi qui avait développé une certaine tolérance à ce genre de substances au fil des années. Mais le sérum de l'attirance, lui, n'avait eu aucun égal, se montrant de plus en plus résistant chaque seconde qui défilait. Un accent new-yorkais se diffusa à travers la salle, résonnant contre les murs de ce même karaoke-club alors que tu entamais avec confiance ton récit sinatresque. Peut-être victime de ton charme, voire même de ta soudaine prise en main de la situation, je prends doucement mes aises, le refrain devenant un cri de guerre que je n’avais aucune honte à hurler au bout de mon souffle, pas-si-mélodieusement par ailleurs. Je fais quelques pas vers l’avant, vers l’arrière, une insouciance évidente semblant visiblement influencer chacune de mes décisions. Naturellement, le refrain final approche, mon bras se posant naturellement autour de ta nuque tandis que je puisais au fond de mes poumons en quête de davantage de souffle, hurlant ce « new yooooork » final. La chanson tire finalement à sa fin, alors que je te retourne de manière à ce que tu me fasses face, me penchant vers ton oreille tout en chuchotant doucement, loin du micro et pourtant assez bruyamment: « du coup on reste si on croit qu’on est bons, ou bien notre aventure ensemble se finit déjà? » Parce que si oui, il fallait trouver une alternative, un autre truc à faire, j’comptais pas rester à attendre mon tour encore une fois.

@gaïa murdock

si toi t'avais direct pris tes aises, pour ton acolyte de la soirée c'est venu un peu plus tard, mais tu regrettes pas. 'ptites bouclettes' s'est complètement lâché et t'as presque même fait de l'ombre. en tout cas, votre folie commune durant la chanson et vos deux voix qui étaient loin de s'accorder vous ont valu l'applaudissement du public. eh ouais, la classe. plus tu chantes mal en karaoké, plus t'as la côte, c'est connu non ? à moins que vous ne vous étiez pas rendus compte à quel point vous étiez de vrais pro de la chansonnette. chanson terminée en beauté et tout en complicité, tu remercies même la foule en délire - ou presque - en faisant la révérence et envoyant des baisers dans le vent. puis, nimu t'approche de lui pour te demander ce que tu comptais faire de vous maintenant... parce que ouais, c'est toi qui va décider du sort de ton rendez-vous, héhé. tu prends un air étonné, ouvre de grands yeux, puis te tournes vers les clients du bar qui avait assistés jusqu'à la fin à votre petite prestation - voyons... maintenant on signe nos autographes ! - t'attrapes sa manche, le tourne vers la 'foule' pour qu'il s’aperçoive de l'effet que vous venez de faire. sauf que t'as tendance à confondre les mots gaïa... 'boooouh' ne veut pas dire ' encore une autre!!'. puis tu le regardes, grand sourire aux lèvres. ouais, tu te prends déjà pour une star.

@R. Nimuel Bañaga