Je suis fatigué. Complètement mort, et pourtant, je n’arrive plus à trouver le sommeil. J’enchaîne les thermos de café brûlant, tiède, froid, les compléments alimentaires sensés me redonner un peu d'énergie. Mais mes cernes ne trompaient personne. Alors je m'économise, je ne sors plus beaucoup de la maison, j’évite de me perdre encore et encore dans les rues de cette bonne vieille ville. Et quand j’en avais trop marre, je bois, espérant noyer mes pensées dans l'alcool pour oublier. Réussir à dormir deux, trois heures maximum, et prendre une douche froide au réveil pour se relancer dans sa journée. Mais aujourd’hui, je n’en peux plus. Comment me donner la mort ? Lâche, je n’ai jamais osé franchir le pas. J’ai besoin de trouver ce repos éternel dont on m’a toujours parlé. Est-ce que je vais à nouveau voir mes parents lorsque mes yeux seront définitivement fermés ? Sont-ils quand même fiers de moi ? J’ai toujours tenté de m’accrocher à la vie, mais impossible. Avoir confiance pour ses potes ? J’en ai peu et j’ai toujours voulu éviter d’être entouré par des personnes qui risquent de me saouler plus qu’autre chose. Je n’ai jamais voulu me mélanger à des personnes qui n’ont pas d’importance à mes yeux. Ils vivent tous, ou presque, dans une illusion qu’ils ont créée pour pouvoir survivre. Je suis venu sur ce toit, j’allais enfin découvrir la sensation de voler avant de ne faire plus qu’un avec le sol.

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w/ @JAYDEN RUTHERFORD
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Normalement, je prenais le bus une fois que j'avais terminé de travailler. Mais ce soir, j'avais fini un peu plus tard et le prochain bus était seulement dans une quarantaine de minutes. Comme j'avais aucune envie d'attendre à me geler dans ces petites cabines sans isolation où on se retrouvait coincé avec des inconnus alors que le malaise remplissait l'espace. Je préféra donc partir à pied pour me rendre chez moi. De toute façon, depuis que j'avais quitté la demeure familiale pour emménager en colocation dans un loft du centre-ville, c'était assez simple de se rendre au travail à pied. Marchant sur le trottoir, je ne pouvais m'empêcher de regarder autour d emoi. Pas par peur de me faire attaquer ou quoi que ce soit du genre. Non, plus pour m'imprégner de ce qui se trouvait autour de moi, de mémoriser chaque détail du quartier qui était maintenant le mien. C'est un mouvement en hauteur qui attira mon attention. Sur le coup, je ne reconnus pas le jeune homme en haut de l'édifice. Portant d'avantage mon attention, je le trouva rapidement trop près du bord. Voyant l'escalier qui menait jusqu'au toit, je commença à grimper les marches quatre à quatre. J'arriva à toute vitesse en haut pour tomber sur Jayden. "Jayden? C'est toi?" demandai-je essayant de voir son visage pour confirmer le tout. En même temps, je commençais à regretter d'être sur ce toit avec quelqu'un qui pourrait être un inconnu.

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Les voix que j'entends dans ma tête me répète les mêmes questions. Est-ce que je suis sûr de moi ? Est-ce que je veux rejoindre le néant ? Est-ce que je vais être heureux une fois dans les cieux ? Des questions auxquelles je ne peux répondre. Mon enfance fut difficile, fuir un petit pays qui fait trembler les plus gros à quelques conséquences et ils ne se sont pas attardés à me faire connaître la souffrance, la haine et d'autres sentiments en abattant mes parents biologiques. J'ai été heureux chez mon père adoptif. C'est assez agréable de vivre avec lui qui ne m'a jamais déçu. Il s'est toujours bien occupé de ma petite-sœur et de moi. Je n'ai jamais parlé de mon passé à qui que ce soit, c'est quelque chose dont je n'ai jamais voulu aborder seulement par manque de confiance. Je ne me suis jamais ouvert à quelqu'un. Imaginez une seule seconde si je dis que je suis un nord-coréen ? La personne va fuir. C'est sans doute pour cette raison que j'ai toujours préféré être seul, puis surtout, je n'aime pas être une bête de foire. Avant que je ne saute, quelqu'un venait d'arriver sur le toit en disant mon prénom. Je tourne légèrement ma tête pour savoir quelle personne est avec moi. « Pars. » lançai-je froidement. La sœur de mon ex. Je me demande comment elle est arrivée ici. C'est quelqu'un que j'apprécie, elle est gentille. Elle arrive seulement au mauvais endroit, au mauvais moment. Le silence plane, je regarde à nouveau le vide. « Tu ne devrais pas être ici. » Je ne sais pas demander de l'aide, je ne sais pas être dans le social. Je ne sais pas comment vivre, comment allez mieux. Je veux seulement avoir la conscience tranquille.

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w/ @JAYDEN RUTHERFORD
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En marchant en direction du loft, un mouvement en hauteur avait attiré mon attention. J'avais hésité un peu à monter en haut, à aller voir ce qui s'y passait. Je ne savais pas sur quoi j'allais tomber. Mais je sentais que je devais y aller quand même. C'est donc sans un bruit que j'avais monté les escaliers qui se trouvait sur le côté de l'immeuble. En arrivant en haut, je remarqua une silhouette qui, à mon goût, était beaucoup trop proche du bord. Je reconnu rapidement le jeune homme qui avait sorti avec ma petite soeur il y a un moment déjà; Jayden. Quand je dis doucement son nom, il se contenta de se tourner vers moi et de me dire de partir. Avant d'ajouter que je ne devrais pas être ici. Il faisait plutôt sombre et le peu de lumière qui restait allumées dans la rue ne me permettait pas de le voir assez clairement. "Toi, qu'est-ce que tu fais ici?" Je n'aimais pas ça. Pas ça du tout. Son air froid, le fait d'être en haut de cette immeuble. Tout me donnait la chair de poule alors que plusieurs scénarios commençaient à défiler dans ma tête. Pire les uns que les autres.

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J'ai l'impression que personne ne me comprend, mais c'est devenu plus facile depuis que j'en suis conscient. Je ne peux pas en vouloir à certains parce que je ne me comprends pas moi-même. La mort me guette, j'ai toujours essayé de m'accrocher à cette vie dont je n'ai pas les réponses. Pourquoi suis-je vivant ? Pourquoi ne suis-je pas mort en même temps que mes parents ? Je suis souvent seul avec mes problèmes, mais c'est souvent moi le problème. Je me sens honteux depuis que Peyton est arrivé. Je ne comprends pas. Je ne sais pas ce qu'elle fait là. Mon air froid qui arrive à fuir des personnes qui voulaient m'approcher ne fonctionnait pas sur elle. Un mystère. Le seul remède qui m'est accordé n'est autre que le temps. J'en ai marre d'attendre. Je ne me vois pas de lui dire que j'en ai marre de vivre, d'être malheureux, de lui demander de l'aide. « Je… me confronte à la vie. » Non, je fuis. Mon regard se tourne vers elle. Des larmes, des larmes et des larmes. Je ne connais pas ma valeur, je suis le genre de mec qui ne fait que se sous-estimer. Je suis qu'un pauvre artiste qui veut se suicider. J'ai honte, je veux me cacher. Je veux partir loin d'ici. Découvrir le néant qui doit sans doute exister s'il n'y a pas de paradis ou d'enfer. De toute façon, elle ne peut rien faire pour moi. « Je veux juste rejoindre un endroit meilleur. » Ouais, un endroit où je pourrais être en paix.