Depuis un moment, je crois que je me prends un peu trop la tête. C’est ce qui me fait partir aux quatre coins du monde, ou tout simplement dans le pays où je suis née. Pourtant, j’ai passé plus de temps à Boston, qui est la ville où j’ai grandi et malgré tout je me sens mieux loin de cette ville, je me sens mieux au Brésil. Depuis quelques mois, j’ai ce besoin d’évasion dès que j’ai un pied à Boston et pourtant mes parents et mon frère s’y trouvent. Ils représentent tout ce que j’ai de plus important dans ma vie et pourtant, ça ne me donne pas envie de rester à partir du moment où Eymerich fait n’importe quoi, à partir du moment où Eymerich a décidé de boire, de coucher à gauche à droite comme si moi, j’existais pas. C’est toujours la même rengaine et moi, je continue à m’y attacher, bêtement. ‘Pense à toi’ c’est ce qu’on ne cesse de me dire, alors que lui ne prends même pas une seconde pour le faire. Lui pense à lui, moi aussi je pense à lui alors que je devrais me la jouer égoïste et penser à moi, tout simplement. Ce soir-là je suis installée à la table d’un bar au centre-ville, en attendant qu’il cesse de pleuvoir. J’ai pas peur de l’eau, mais j’aime autant attendre que ça se calme. Malgré tout, je ne quitte pas la vitre du regard alors qu’entre mes mains, j’ai un verre qui n’attend qu’à être bu. Ce qui se passe autour de moi ne m’importe pas vraiment, j’ai juste un besoin d’évasion, tout d’un coup. Encore.