Bien sûr qu’il avait honte. Parce que les conséquences, au final, étaient désastreuses. Elle lui en mettait plein la gueule et putain, il avait ce poids dans l’estomac qui pesait de plus en plus lourd, au point de l’étouffer. Elle était vivace et purulente, cette plaie, elle faisait mal et elle infectait son corps jusqu’à son cœur qui se noircissait. Il n’aurait pas dû. Evidemment qu’il le savait. Sans alcool, il n’y serait pas allé, mais ce n’était pas une excuse pour justifier cet acte de barbarie immense of course, mais ça avait été plus fort que lui. Comme s’il n’avait pas été conscient. Et un point important : il se rappelait vaguement de ce que qu’il s’était passé. Il avait eu un accès de violence, un truc sorti de nulle part et il avait voulu le faire payer, mais il avait bien conscience d’un truc : il ne serait jamais entièrement dans le tableau de Camila. Et une part de lui aurait souhaité que Puton soit mort, pour planer au-dessus son couple comme un rapace charognard. Quoiqu’il arrive, il était là, au milieu, il l’emmerdait et bousillait Camila des mois après quand il essayait de construire quelque chose. Il était incapable d’avancer avec ce connard au milieu du tableau, un sourire planétaire sur le visage. C’était tordu, morbide surtout. Une autre part de lui ne regrettait pas ses actes, mais ce qu’il regrettait, c’était l’importance qu’il avait encore dans le cœur de Camila. Il serait là, à s’insérer discrètement comme un ver de terre noir qui lui prendrait son essence vitale, et il était sale, seul et lessivé. Il avait mal, il ne pouvait plus respirer. Sa peau, il avait l’impression que c’était du papier de verre sur laquelle il pouvait se râper les mains et s’émanciper des coups qu’il avait foutu à Pluton pour que Camila cesse de l’infantiliser. Et quand il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, il fut coupé par une femme encore plus véhémente, qui le menaçait ensuite. Et la menace, c’était la goutte d’eau. Et elle était comme une photo qui tremble quand il la regardait. C’était vitreux et déplaisant. Il inhalait mal l’air, et ça lui faisait mal à la gorge. En fait, il y avait trop de non-dits et là, Camila, elle dévoilait réellement l’amour qu’elle éprouvait encore à son égard. Pas à Victor, non. A Pluton. Et loin de lui l’idée d’interférer dans sa remise en état post-Westerberg. Qu’elle le prenne mal, qu’elle le défende passe encore. Elle avait toutes les raisons d’être en colère contre Victor étant donné ce qu’il venait de se passer. Mais de le menacer pour la gueule de l’autre trou du cul ? Son Noah, Liam ou Maël, aucun n’avait eu les couilles de la défendre. Ils l’avaient tous regardé dans sa déchéance sans jamais lui en mettre plein la gueule. Littéralement. Il avait eu tort. C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase, il le savait. La prochaine fois, il resterait avec sa gueule et son secret dans la tombe. Alors il se levait, sur une jambe. Il avait appris à vivre comme un putain de flamant rose et il embarquait sa moitié de jambe en allant vers la forte. « Ok, Camila. I’m at the Swiss cottage, nearby. » Et il passait la porte pour pénétrer le couloir. Briséis devait dormir encore. Ou être réveillé. Peut-être paniqué. Il devait s’en occuper, elle était toute seule.

Avant, c’était seul qu’il traçait sa route. Et tout tournait dans la bonne direction parce qu’il n’avait pas de compte à rendre, ni personne d’autre que lui à faire souffrir. Il pouvait tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, qui l’empêcherait d’être la bête de ce conte français qu’il avait tant chéri étant enfant ? Aujourd’hui, c’était une personne qui comptait sur lui, et à défaut que ça ne soit Camila qui crevait encore d’amour pour Pluton, ce serait ce petit être qui grandissait en elle, si elle l’autorisait à vivre un tant soit peu. Et il n’y avait que sa peine, plus que la haine. Il était d’une tristesse profonde parce que s’il avait cru la perdre au profit de ses propres démons, de sa main à elle, au point de se faire du mal, il n’avait pas cru la perdre pour la seule personne qu’il aurait dû craindre réellement. Parce qu’au final, les autres n’étaient que des hommes avides d’une Camila qui lui appartenait. Et c’était avec Victor qu’elle dormait le soir. Il passait sa langue entre les lèvres, en avançant lentement, parce que son corps le faisait souffrir et qu’il avait toujours son traitement à prendre. Médecin ou pas, il était un patient casse-couille qui rechignait à prendre les anti-douleurs en s’amusant à jouer les héros. Mais si ses tourments l’empêchaient d’avancer concrètement, c’était la colère qui prenait le pas, en avançant dans son couloir. Et la voix de Camila qui le fait se retourner, volte-face, alors qu’il était en train de mettre sa prothèse afin d’avancer plus vite. Une menace. Encore. C’était sa seule défense peut-être. Mais Victor voulait chialer sa haine, lui cracher à ses pieds et voir dans quel état elle l’avait rendu. Putain. A cause de Pluton. Alors non, il ne regrettait pas. Il était loin de regretter ce qu’il lui avait fait subir. Tant pis si c’était la perdre. Tant pis si elle préférait souffrir Pluton qu’aimer Victor. « If your pain for him is stronger than your love for me, what’s the point Camila ? » Et c’était lui, qui finissait par s’énerver. « I am a douche, i know that, you know that. And maybe i had not the right to that… but WHO CARES ? He deserved it okay ?! » Il le pensait vraiment. Il méritait ce premier coup de batte, il méritait chaque goutte qui coulait le long de son corps, il avait mérité chaque cri et le froid dans lequel il avait dû se trouver. Le visage de Victor se trouvait déformé, de colère, mais putain, les larmes suppliaient d’exploser mais Victor les en empêchaient. Hors de question d’être celui qui verserait une larme. Il avait même honte de chialer. « What am I here for ? I can stand everything about you, Camila. I’ve done it, and i will. But don’t spit to me your love for him ! I KNOW OK ? You didn’t move on, i’ve seen it in every cry, every scream at night. I’m the second choice and i can stand this place. But it was unspoken before now and it was fine. But don’t use words for that. It’s… painful as fuck. » Et il respirait fort, les narines dilatées. C’était quoi, le but, en fait ?

Depuis le début, en fait. Il avait fait le choix, si ce n’était même plus fort que lui, de tomber amoureux de la seule fille qui en aimait un autre. Parce qu’elle avait beau dire que c’était son histoire, sa bataille, à partir du moment où il était rentré dans sa vie, il avait eu la responsabilité de la rendre heureuse et c’était loin d’être le cas. Loin d’être le bonheur parfait, et putain, il était caractériel Victor, il n’avait pas les bons mots mais elle non plus, elle n’arrivait pas à traduire tout le manque de confiance en lui qui émanait de chacune de ses colères ou de ses crises de jalousie, comme un gamin qui pleure sans savoir comment respirer pour expliquer sa situation. Elle hurlait. Le couloir résonnait mais personne n’osait sortir. Personne n’osait affronter les deux lions en cage qui étaient en train de s’arracher la carotide au lieu de s’apaiser les blessures mutuellement. A quoi ça rimait ? Plus fort que lui, il n’arrivait pas à arrêter de l’aimer. Ça aurait été facile, mais tout son être lui criait qu’il devait la protéger de tout. Alors il patienterait. Il n’était pas du tout d’accord avec lui sur la forme. Pas sur le fond, mais sur la forme surtout. Et il était dépité parce que cette douce mélodie dont il rêvait s’était transformé en requiem bohémien pour s’écraser dans les chambres alentours. Voilà que les notes de leurs voix trahissaient une peine dévastatrice, et chacun se renvoyait la balle. Et les épaules de Victor s’affaissèrent. Elle avait gagné, de toute façon. Depuis le jour où elle était rentrée dans sa vie, elle avait gagné. Quand elle s’était barré de l’appartement et qu’elle avait chuté dans les escaliers, elle avait gagné parce qu’il s’était écrasé à nouveau. Elle avait remporté le trophée, la course, elle serait le chevalier quand il ne serait que serf. Un voile tombe sur les yeux de Victor et il s’affaisse un peu sur sa jambe valide. Dépité. Elle avait gagné. « No, you don’t love me. Not right now. You love him too much for that. » Mais il n’y avait aucune colère. Juste un homme blessé, brisé en réalisant que dans son esprit, il n’y avait que pour l’homme qui sortait avec son ex petite-amie. Il constatait juste, Victor. Elle avait raison. Il était au courant de tout depuis le début. Tout avait été implicite sans pour autant mettre cartes sur table mais de les prononcer, d’avouer clairement et simplement ces vérités le mettait au pied du mur. Ses rêves de famille unie étaient morts nés à partir du moment où elle avait pris sa défense. Qu’elle l’engueule, bien sûr. Elle avait tous les droits. Pas comme ça. Mais tant pis. Il se laisserait faire. « You’re the winner Camila. » Il leva ses bras en l’air, très légèrement, pour accompagner le geste à la parole. Et il retourna dans la chambre, capitulant. Que pouvait-il faire de plus ? Ils étaient loin d’être en accord, loin de s’aimer de la même façon. Il connaissait ce vieil adage qui disait que dans un couple, l’un aimait bien plus l’autre. Il se retrouvait dans cette position, à faire face à un homme qui aurait dû disparaître de la peinture mais qui en était le personnage principal. « It’s okay, i’ll wait. » La bagarre, ça servait à quoi, au final ? A part les lacérer tous les deux. Il serait patient. Et n’importe qui à sa place serait partie depuis bien longtemps mais il était incapable de ça. Si au moins il avait l’espoir qu’un jour elle l’aime en couleurs, il serait capable d’attendre son amour en noir et blanc.

Il n’avait plus les forces de se défendre ou de faire comprendre à Camila son point de vue. Peut-être qu’elle ne le comprendrait jamais, peut-être qu’elle n’aurait jamais conscience de la situation. Concrètement, il était épuisé de se battre continuellement avec sa petite-amie. C’était le jour et la nuit, la glace et le feu. Une fois c’était lui qui avait tort, une fois elle. Mais cette fois, il n’y avait pas de coupable, juste des victimes incapables de communiquer. A s’aimer sans peine, elle trimphait sans gloire. Que gagnait-elle ? Alors elle continuait, et ses larmes, celles qui sillonnaient son visage, était en train de briser l’aorte de Victor qui sentait ses désirs flancher. Ils étaient bien à terre, en fait, oublié ses besoins, oublié ce qu’il voulait réellement, il irait jusqu’à bouffer la terre pour qu’elle puisse sourire à nouveau. Parce que ces photos qu’il avait pu trouver, d’avant Pluton, ou pendant Pluton, il ne l’avait jamais vu affiché sur son visage. Il crevait de la voir dans cet état-là, alors il se dirigea vers le lit, pour venir se mettre derrière elle et qu’elle puisse souffler un peu. Il accueillerait sa peine, embrocherait ses démons, tant pis pour sa jalousie ou sa possessivité, il ne le serait plus. Si elle avait besoin d’un amant, il se ferait Apollon, si elle avait besoin d’un cuisinier, il deviendrait Paul Bocuse, si elle voulait un ennemi, il se transformerait en Diable contre qui se battre. Elle serait réellement la Reine de son royaume, comme il l’avait toujours dis. « Ok, Camila. Stop. » Il arrivait plus à encaisser, il préférait qu’elle se taise, même si ça la frustrait. Il fermait les yeux et il n’osait pas la toucher. Est-ce qu’elle se casserait ? Est-ce qu’elle tomberait en morceaux comme un peu de sucre trop humide ? « I get it. I will learn. » Il passait son pouce sur sa joue, essuyait sa larme, poser son doigt sur sa langue pour y goûter l’humide goutte salée. Un jour, ils y arriveraient, en attendant, Victor se contentait du peu qu’il était capable, avec ses maigres ressources, à lui offrir. « I’ll be the man you need. Just tell me who you need me to be. » Et l’amour qu’il lui portait vibrait de milles océans, il aurait pu crever sur place que son visage serait en train d’apparaitre derrière ses paupières. Il y avait de la vie entre eux, alors au moins, c’était peut-être une solution, tendue, mais une solution au moins. Quelque chose pour apaiser les caractères, calmer les ardeurs. Un enfant n’arrangeait rien, mais ils apprendraient peut-être à se passionner l’un pour l’autre différemment. « I’m sorry Camila. Don’t care if you believe me or not. » Il patienterait le temps qu’il faut, laisserait ses colères mourir avant même qu’elle ne naisse, éviter d’être un poids en plus dans sa vie quand il aurait du être de l’hélium pour accrocher des ballons à la commissure de ses lèvres et les remonter pour toujours. Jamais plus il ne ferait quelque chose pour la faire fuir ou la défoncer plus qu’elle ne l’était.

Pourquoi restait-elle tant accroché à lui comme ça ? Par amitié ? Ce gars l’avait forcé à avorter, barbarie au plus haut point quand elle dit avoir été forcé, pendant les pires moments de sa vie, il avait décidé de la tromper, à tel point qu’elle n’avait plus jamais eu confiance en les hommes depuis Victor, et après, il avait fait quoi ? Il l’avait interné de force. Et après ça, elle lui donnait encore de la valeur ? C’était incompréhensible. Alors il arrêtait de chercher à la comprendre et hochait la tête quand voulait un peu plus de discernement concernant tout ce dont elle avait envie. Il ne pouvait faire que ça. Et il la serrait plus fort quand elle lui offrit les mots d’amour qui lui réchauffait le cœur, mais plus fort que ce qu’il aurait voulu, il n’y croyait pas franchement. Tant qu’elle l’aurait en tête, qu’elle n’arriverait pas à se soigner du cancer Westerberg, elle n’aurait pas de crédibilité d’amour aux yeux de Victor. Il était là, partout dans l’aura au-dessus de leur tête et leur couple n’aurait aucune vraisemblance pour l’instant. Il étouffait de Pluton, toujours Pluton, encore Pluton. Pluton à droite, à gauche. Il n’arrivait pas à quitter ses pensées, c’était un regard noir qu’il lançait dans le vide, la fenêtre en face de lui une vue imprenable pour Londres. Son cœur s’emballait et il tentait de reprendre une respiration saine quand Camila vint poser son front contre le sien. Et il respirait l’odeur merveilleuse de son parfum, celui de la détresse et de la peur. Etrangement, ça le rassurait, Victor. Ca voulait dire qu’il pouvait encore faire quelque chose pour reprendre le cours de sa vie avec Camila. Se taire, se terrer, être invisible. « I don’t want you to be another person. I just want you to heal. » Ca suffisait à remplir sa bouteille de satisfaction, celle qu’il donnait à Camila pour la garnir de tous les bons moments. Il passait son nez ensuite le long de son visage, pour revenir dans ses cheveux. Il aurait voulu l’embrasser mais quelque chose l’en empêché. Peut-être qu’il avait peur. Une angoisse le prenait. Mais il n’avait aucun droit à la chute, pas en sa présence. Il trouverait d’autres moyens de décharger. « I love you, Camila Wildingham. I love you more than words can explain it. I fall in love with a princess, i want you to metaphophose into a butterfly queen. You’re gonna heal and i will do everything I can to help you with it. » Et il glissait ses doigts le long de son bras, le frôlait en fait, tout légèrement. Quelques grains beautés qui la ornaient, comme des perles de diamants.