Tes yeux se lèvent au ciel sous sa réponse. Pitié qu'un jour de pareilles paroles ne s'échappent de tes lèvres. Elle doit le voir à ton regard que tu cherches la sortie de secours. Elle a beau avoir été ta rivale par le passé, tu sais qu'elle ne doit pas se soumettre à l'ombre. Elle mérite de passer au devant, d'être la Reine. “Et ce qui est important pour toi?” Parce que tu ne supportes pas l'idée qu'elle passe en arrière plan finalement. Alors tu saupoudres la lourdeur de légèreté, tu lui proposes ce saut vers tes méandres obscurs, elle est tentée, de ranimer avec ce qu'elle était. Tu la scrutes quelques instants avant de formuler ta question “Tu disposes de combien de temps?” Parce que tu as cette habitude de maîtriser le temps, les minutes, les secondes. Et tu es prêt à lui offrir une visite dans tes ténèbres, un guide parfait qui montre la palette de sombre et de lueurs, laissant là éclore cette secrète et sombre fleur qu'elle était, et qu'elle est encore. Tu en es persuadé. On a parfois besoin d'évoluer vers le fond, pour mieux profiter des cieux.

Si j'étais pas aussi bien monté sur mes pieds, je m'écroulerai. Là, face à lui, face à cette phrase de trop. “Et ce qui est important pour toi?” Je ne sais que sourire. Sourire. J'en sais rien, j'en sais plus rien. Il est important pour moi. Ils sont importants pour moi. Je protège ceux qui sont miens avant tout, le reste peut bien attendre, le reste peut bien être sur le côté, se caler là, et attendre. Moi aussi, je peux me mettre sur le bord de la route, attendre que les véhicules passent, attendre que le temps passe, attendre que la vie passe, et oublier. Oublier que j'étais dans une voiture, pendant un moment, je ne m'amusais pas qu'à les faire circuler. D'une âme perdue, là, sur le bas côté. On est beaucoup, à être dans mon cas, tu crois ? “Tu disposes de combien de temps?” Est-ce que je manque de temps ? Je jongle avec tout, déjà. Ajoute ta pierre à l'édifice, fait moi découvrir ton monde, montre moi une nouvelle route, un nouveau chemin. "Donne-moi ton temps, et j'm'arrangerai." parce que j'en suis à là. J'en suis à cette fille qui est prête à mettre le sommeil de côté, à vivre dans le noir, à vivre par moment d'espoir, à base de minutes, de secondes, de lapses de temps si court, court mais qui peuvent changer une vie. Est-ce que tu peux faire ça ? Est-ce que tu sais faire ça ? Lève les yeux vers l'homme, le sourire qui cache trop bien la perdition, "Est-ce que j'ai l'air folle ?" est-ce que je le suis ? Vouloir m'échapper, est-ce que c'est mal ? J'ai tout un plan à côté, une famille, une vie, un avenir tout tracé, plannifié, jusqu'à la prochaine heure, prochain mois, prochaines années. Sort-moi de là.

Tu aimes la provoquer, aller chercher le mordant en elle. La dérider un peu. Mais faut être honnête, tu ne t'attendais pas à ça. Juste à ce petit jeu léger et puéril entre vous. Mais tu sens que tes questions viennent heurter bien davantage en elle. Bien plus que l'apparence chaleureuse et le sourire offert. Tes billes claires scrutent les siennes. T'es méthodique et tu passes déjà en revue un nombre incalculables de plan. Parce que pour une raison que tu ignores, tu cherches réellement à l'aider. “ Ok.” que tu dis en enlevant tes gants de boxe et en passant tes cheveux en arrière. Ton temps sera le sien. Tu viens sourire doucement à sa question. Attrape ses gants à elle, pour venir les retirer également. Avec fermeté et tendresse. “ Non juste perdue.” Que tu rétorques en saisissant les mains désormais nues. Tu viens rapprocher sa silhouette de la tienne dans un mouvement impulsif. “Laisse-moi te montrer alors.” Que tu lâches de ton rictus. Mieux vaut qu'elle tremble face au diable que tu es. Tu n'as pas beaucoup de principes sinon de semer le trouble dans l'obscur. “Viens avec moi.” ajoute-tu en amorçant le mouvement, ta main toujours liée à la sienne. Tu la conduis jusqu'à ta moto un peu plus bas. Lui tend le casque. Met le tien. Te hisse sur l'engin, la sent venir derrière toi. “Accroche-toi.” que tu dis avec un sourire masquée par l'acier cette fois. Trop tard pour reculer. Le grand saut t'attend Carreirao.

Les arrangements, je les fais. Je jongle déjà trop bien, la vie est déjà trop faite, prévue, tout rentre parfaitement et moi, j'ai plus envie de ça. J'ai plus envie que tout se calle bien, j'ai plus envie que tout soit défini, je rêve d'un peu de surprise, d'un peu d'ailleurs. “ Ok.” Je sens qu'il est celui dont j'ai besoin, et toute la relation va changer, je le sens. Il retire mes gants, je souris en le regardant faire. Rien que ça. “ Non juste perdue.” Les yeux s'abaissent, est-ce que c'est réellement ce que je suis ? Perdue ? Par rapport à quoi ? Pourquoi ? Le corps se rapproche, les yeux se relèvent. “Laisse-moi te montrer alors.”  hôche la tête. J'ai signé pour ça. “Viens avec moi.” Suis l'homme, garde la main. C'est quelque chose de rassurant, que de l'avoir là. Le rire est nerveux quand on arrive devant l'engin, "Sérieux ?" Attrape le casque et le met, montant, m'accrochant autour de sa taille. “Accroche-toi.” les bras se resserrent autour de la taille, les mains aggripent la veste. "Où on va ?" mais au fond, est-ce que j'ai besoin de savoir ? Est-ce que j'ai envie ? Arrêter de poser ce genre de question et se laisser guider par la surprise, n'est-ce pas ce que j'ai demandé ? "Oublie."

Tout est millimétré, calculé, réglé dans tes jours. A l'inverse tes nuits ne sont que chaos et impulsion. Vous êtes à ce moment étrange où la nuit vient poindre face au jour déclinant. Dans l'entre deux, entre chien et loup comme on dit. Alors tu optes pour l'absence de règles, pour l'impulsivité qui vient assiéger ton sang. Les phalanges graciles prennent de leur emprise sur ta taille volontaire, elle y sent sans doute cette respiration qui pulse entre tes côtés, le tourment qui te gagne, l'envie de l'y mener. Il y a une impression incroyable ressentie à l'emmener dans ton obscurité. Leandra. T'aurais jamais misé sur ça. La moto démarre, vrombit, halète et hurle sur le bitûme. T'es pas raisonnable dans ta conduite Alessio mais parfaitement maîtrisé. Piloter, c'est une des tes passions. Tu es de ces puissants qui aiment tout dominer. Elle te demande d'abord où tu la mènes puis t'assènes d'oublier. Je m'incline Bella. La nuit défile à vos côtés, les iris n'ont que tout juste le temps de s'ajuster, que tu viens te garer dans le parking souterrain menant à la boutique principale de ta marque. Armani. Rien que ça. Tu descends de ton piédestal, l'invitant à faire de même. Les casques ôtés, ton sourire se dévoile, tandis que l'ascenseur s'ouvre sur ton empreinte. “ Toute femme digne de ce nom commence par une tenue appropriée.” Vous arrivez bientôt sur un dressing, une boutique offerte et vide. “ Tu choisis ou tu acceptes quelques suggestions?” que tu demandes un sourire téméraire aux lèvres. Rien de mal à observer non?

Le deux roues fonce et j'oublie tout. Tout ce qui est compté, calculé, défini, prédéfini, pensé, mâché, fait et défait pour moi. J'oublie les plans, j'oublie les rêves, j'oublie le reste, je laisse le tout derrière moi, comme emportée dans un tourbillon de néant qui va à vive allure. Le corps se colle mieux contre le dos de l'homme, les bras se resserrent encore plus fort. Le rire est enfermé dans le casque, pendant les virages. L'excitation de la vitesse amène la libération de l'âme. Il fini par se garer, j'ignore complètèment où je suis, ce qu'on fait. Je descends, retire le casque, suis l'homme jusqu'à cette boite d'acier. “ Toute femme digne de ce nom commence par une tenue appropriée.” Je le regarde, puis regarde comment j'suis habillée. Un problème avec celle que j'avais ? “ Tu choisis ou tu acceptes quelques suggestions?” les yeux deviennent plus gros, la bouche est peut-être même déjà trop ouverte. "Non attends Alessio là c'est.." c'est une boutique, et je met pas longtemps à comprendre laquelle, au vu des prix. "J'peux pas." même si le sourire est présent au bord des lèvres, je peux pas. J'ai pas les moyens, déjà. Je m'approche quand même d'un pantalon, le lui montre en riant, "880$, réellement ?" rigole en reposant la soie, "Des femmes viennent réellement acheter ici ?" d'accord, la matière était très agréable, mais quand même. Le rire est nerveux et je retourne vers l'homme, attrapant sa main pour retourner à l'ascenseur, appuyant sur le bouton. "Viens on va manger une glace plutôt." ou un truc qui nous coute pas un bras. Enfin, qui ne me coute pas un bras.

Elle pense qu'elle ne colle pas dans ton monde là. Le satin, la soie, les tissus nobles ne sont pas faits pour elle. Ton sourire s'accentue face à sa panique. Elle mérite chacun de ces vêtements Leandra. Elle ce genre de joyau qui mérite d'être paré. “Toutes sortes de femmes mais j'aime que ma marque habille celles qui en sont dignes.” que tu rétorques en posant un regard malicieux de côté sur la Dunster. Tes bras se croisent alors qu'elle observe quelque peu. Mais elle s'enfuit, appelle l'ascenseur. Tu te déplaces à elle, lent et mesuré. “Tu restes là.” que tu dis en attrapant délicatement son poignet. “Il te faut une robe ce soir, parce que non je ne t'emmènerai pas manger une glace.” Tes sourcils se haussent mais le sourire s'accentue. “Je laisse ça à Jude.” Les glaces, les gamins, les couches. Je ne suis pas intéressé par tout ça et ce n'est pas pour ça que tu m'as suivi non? Alors assume Leandra, cette part de toi qui veut vivre follement, celle qui crie au rythme d'une liberté retrouvée, celle qui veut toujours plus. Parce que moi, je peux te le donner.

Je fais tâche au milieu de tout ça, regarde-moi. Je ne mérite aucun de ses vêtements, j'ai même pas envie de dépenser autant juste pour un. Parfois, j'ai tendance à oublier le prestige des personnes qui m'entourent, j'en oublie qu'Alessio n'est pas du même monde, qu'on a pas grandit dans les mêmes cercles. “Toutes sortes de femmes mais j'aime que ma marque habille celles qui en sont dignes.” ou dont le porte monnaie est digne. C'est clairement pas mon cas, et je préfère sortir de là avant de tâcher quoi que ce soit. “Tu restes là.” le visage se tourne vers lui, le poignet est attrapé. “Il te faut une robe ce soir, parce que non je ne t'emmènerai pas manger une glace.” Je suis pas certaine de comprendre. “Je laisse ça à Jude.” J'oublie la seconde partie de la phrase, me concentre sur le début. Une robe ? On faisait pas juste un tour de moto ? "Comment ça il me faut une robe ?" les yeux commencent à juger les alentours, à comprendre qu'un stratagème se joue dans sa tête, il a un plan. "Et j'peux savoir où tu m'emmènes ?" les yeux se fixe dans ceux d'en face, souriant. Je veux bien être celle qui oublie, mais le fait de ne pas savoir, c'est plus fort que moi. Je m'avance quand même vers les robes, me laissant prendre au jeu. "J'prends les suggestions, si jamais." Je sais pas ce que je suis entrain de faire, mais j'ai l'impression que c'est ce que j'ai demandé, au fond.

La légèreté s'empare de ton tempérament d'acier, parce que oui, tu éprouves un certain plaisir à jouer les marraines la bonne fée. Cendrillon ne mérite que d'être sublimée. “Tu voulais de la surprise non?” Que tu rétorques en la regardant. Tu es le Prince des nuits, non? Avec toi, elle volera de surprise en surprise, mais se réveillera bien à sa place au lendemain. Tu arpentes finalement les rayonnages, en sort trois robes, une robe longue et à bretelles d'un rouge profond , une robe mi-longue échancrée et dentelée parée de sequins de couleur indigo et une robe bustier courte émeraude. “Voici mes suggestions.” que tu annonces en posant les pièces de luxe près des cabines d'essayage. “Je choisirai mon costume en fonction.” Tes lèvres s'ourlent d'un rictus parce que toi également, tu es toujours en tenue de sport et ce n'est pas pensable pour l'endroit où vous vous rendez.

On se connait pas comme ça, avec Alessio. On se connait pas préparé, non, nous on se connait en sueur, en colère, à frapper, à rager, des gants à la main et une brassière de soutient. “Tu voulais de la surprise non?” J'hoche la tête, dissimulant un sourire. Surprise, pour le coup, je le suis. Il annonce ses suggestions, et à peine la troisième est choisie que mon choix est déjà fait. “Voici mes suggestions.” j'attrape les trois, entre dans la cabine, mais je connais déjà avec laquelle je sortirais de là. “Je choisirai mon costume en fonction.” Enfile la robe, la rouge, la longue, parce que le rouge ne déçoit jamais, que ça appelle l'oeil. Que je sais que cette couleur me va au teint, et après avoir arrangé mon visage et mes cheveux dans le miroir, je ressors, souriante. "Alors ?" je le regarde, tourne sur moi-même, me portant sur la pointe des pieds. "C'est trop, si j'emprunte des chaussures ?" de toute évidence, je rapporte tout demain, je garde pas tout ça chez moi, ça vaut plus cher que mes meubles. Et mes yeux sont bloqués sur l'homme, un sourire aux lèvres. "J't'ai jamais vu en costume." et j'ai quelque peu hâte.