Insupportable. Depuis combien de temps appuyais-je sur la sonnerie de ma chambre d'hôpital maintenant ? Peut-être bien une heure. Depuis que les infirmiers m'ont dit que je ne pouvais pas me déplacer sans fauteuil roulant, et que j'ai exigé qu'on m'en amène un au plus vite. Avec la même phrase qui tourne en boucle dans ma tête : Freya est réveillée. Depuis des jours j'attendais ce genre de bonne nouvelle et enfin, ma meilleure amie donnait littéralement un signe de vie. Par le biais de son gorille, mais qu'importe. Elle était en vie, et j'étais prête à traverser l'hôpital en rampant et à rouvrir toutes mes blessures juste pour la voir les yeux ouverts. Fort heureusement, je n'ai pas à en arriver là. La démarche trainante, un type entre dans ma chambre, et je manque de l'insulter tant il prend son temps pour m'aider à m'installer sur le siège. Et le temps parait encore plus long encore quand on déambule dans les couloirs, direction la chambre 402. La chambre de ma rousse. « Vous pouvez me laisser là, y a déjà quelqu'un à l'intérieur qui pourra me conduire jusque la patiente. » Et je ne crois pas si bien dire, car aussitôt, la porte s'ouvre sur monsieur gorille. Pas le temps de le taquiner, je lui souris même quand il prend le relai, et m'entraîne à l'intérieur de la chambre, où elle est là ma rousse, épuisée, mais les yeux bien ouverts. Sitôt arrivée à ses côtés, le regard brillant, je tends ma main, j'attrape ses doigts. « T'en as mis du temps. » J'ai la gorge serrée par l'émotion, les doigts qui tremblent autour du sien. Un poids en moins sur les épaules, ôté après dix jours de doute et de peur.

une éternité. freya avait l'impression d'avoir dormi une éternité. et puis l'attente des nouvelles des médecins sur son état puis celles sur ses amis semblait être une éternité également. si faible, freya ne pouvait même pas s'assurer elle-même que ses proches allaient bien. si faible, elle ne pouvait même pas se relever. tout lui faisait mal. et la nouvelle la concernant tomba bien vite. et elle faisait mal aussi. la balle qu'elle avait reçu près du coeur n'a pas pu être retirée sinon elle mourrait. génial. maintenant elle avait une épée de damoclès juste au dessus de la tête. magnifique. elle n'arrêtait pas de soupirer, seule avec son garde du corps. ses parents allaient péter un câble quand ils sauraient. la merde ne faisait que commencer. et alors qu'elle continuait de ruminer, son garde du corps bougea pour ouvrir la porte et faire entrer quelqu'un. frey bougea la tête pour apercevoir bleach. sa blonde était arrivée. un léger sourire s'étira sur les lèvres. « tu sais que j'aime me faire attendre. » murmura-t-elle. même parler lui demandait un effort considérable. elle voyait l'état de bleach. elle avait dû tellement s'inquiéter. tellement. freya le sentait. elle la sentait trembler. alors, frey essaya de serrer ses doigts, pour arrêter ses tremblements, pour lui montrer qu'elle était en vie. « je suis désolée de t'avoir inquiété. je suis en vie bleach. tu ne vas pas te débarrasser de moi alors que je viens d'arriver. » il s'agissait de freya selwyn enfin. impossible qu'elle meurt alors qu'elle n'a rien fait de sa vie. elle avait trop de choses à faire pour mourir aujourd'hui, à cet âge.

Sa condition, je l'ai connue. Le réveil, l'incapacité à bouger, la difficulté à ne serait-ce que tendre le bras. Tout devient une épreuve, et forcément, en découle la frustration de se sentir... handicapé. Dix jours plus tard, je me sentais déjà un peu mieux, mais toujours incapable de gambader sur mes deux pieds. Les médecins ont dit que j'en avais encore pour deux semaines, aisément. Mais j'attendrai pas deux semaines avant de la voir. Et ouais, t'aimes te faire attendre, Freya, mais me fais plus jamais ça. J'étais morte de trouille, à l'idée que tu te réveilles pas. Ses doigts serrés autour des miens, j'esquisse un sourire à travers mes larmes, mais même moi je suis pas convaincue par lui. J'ai toujours été une bonne menteuse, mais pas avec elle, pas dans ces circonstances. Elle me rassure, comme à chaque fois. Préfère faire attention à moi au lieu d'elle même. « Economise toi, au lieu de dire des bêtises. » Mes coudes appuyés sur son matelas, je serrais ses mains entre les miennes, avant de rire au travers de mes larmes. « Je t'aurais pas laissé disparaître comme ça, Selwyn. T'as interdiction de m'abandonner. » Ca a toujours été comme ça, et ça le sera à jamais. Je déglutis difficilement, avant d'attarder mon regard sur ses traits épuisés. « Comment tu te sens ? T'as besoin de quelque chose ? »

sa situation l'irritait vraiment. elle venait seulement d'arriver à boston et la voilà à l'hôpital, sortant à peine du coma. vraiment, génial. et puis, elle se sentait si faible. elle avait dû demander à son gorille de prévenir ses amis proches par sms. c'était tellement personnel. bref, elle était en pleine extase la freya. et puis, elle savait très bien qu'elle avait inquiété ses proches. l'état de bleach la peinait vraiment. si elle s'était réveillée plus vite, bleach ne se serait pas inquiétée autant. frey se mit à sourire en coin aux premières paroles de bleach, elle avait envie d'alléger l'atmosphère mais au vu du sourire de son amie, ce n'était pas gagné. mais elle finit par rire, et ça, c'était une victoire en soi. « je sais que tu serais venue me chercher. » elle imaginait bien bleach la secouer comme un prunier pour qu'elle finisse par se réveiller. elle n'avait aucune intention de l'abandonner, aucune intention d'abandonner ni anya, ni zayn, ni hardin. aucun d'entre eux. jamais. elle finit par serrer une nouvelle fois sa main. « je sais que tu ne m'aurais pas laissée m'en aller comme ça. » pas comme ça, non. et même freya se le serait refusé. « le simple effort est épuisant. j'ai la gorge sèche. tu veux bien me donner de l'eau ? » elle avait l'impression d'avoir le sahara dans la gorge actuellement. il y avait une carafe d'eau juste à côté du lit mais freya ne pouvait pas l'atteindre (sans risquer de tout renverser) « et toi ? ton état ? » elle avait certes bleach sous les yeux, mais elle avait plus d'informations. elle devait savoir si elle allait bien.

De toute évidence, on commence mal l'année. Et je m'en voulais un peu, de voir l'état dans lequel était Freya. Au fond, j'me doute bien qu'elle n'a pas quitté Oxford juste par envie de découvrir Harvard. Elle pourrait aller n'importe où, intelligente comme elle est, mais non, elle est venue là. Pour moi. Pour tous nos amis venus jusque ici pour leurs études, mais je peux pas m'empêcher de ressentir cette pointe de culpabilité qui me pique le coeur. Malgré tout, j'esquisse un sourire qui sonne faux en réponse à ses mots. « Toujours, Selwyn. Toujours. » Jusqu'en Enfer, j'irais la chercher, ma rousse. Jusqu'au fond du gouffre, tout comme elle a été là pour moi. Je pousse sur ma chaise aussitôt eut-elle prononcé sa demande, pour mieux attraper le verre mis à sa disposition et lui verser un peu d'eau fraîche de la carafe - que j'ai également dans ma chambre - . « Tiens. Ca va aller, tu peux serrer des objets..? » Dans quel état est-ce qu'ils t'ont mis ? Ca m'enrage. J'entreprends de porter le verre à ses lèvres, doucement, et je soupire alors que la rousse me retourne ma propre question. Une fois que Freya eut attrapé elle-même son verre, je retourne confortablement dans mon fauteuil, et j'hausse les épaules, tirant légèrement sur mon adorable tenue d'hôpital pour montrer mon épaule, ou du moins une partie. « J'ai eu le droit à deux trous supplémentaires. Mais je m'en sors relativement bien selon les médecins. » Je grimace, avant d'ajouter « Une blessure à l'abdomen aurait pu être bien plus fatale, si Duncan ne s'était pas interposé... » Je serre les dents, je baisse les yeux, ne digérant toujours pas le sacrifice de mon jumeau pour me protéger. Décidant de changer de sujet, je relève les yeux vers Freya. « Hardin et Zayn vont probablement boxer le personnel pour te voir très bientôt. » Suffisait de voir comment Hardin s'était battu pour accéder à ma chambre.