C’est avec une pointe d’appréhension que tu attends dans le grand salon que ta belle termine sa préparation. Tout en faisant la discussion avec le majordome, un brave homme que tes multiples visites ont rendu familier à ta connaissance, tu songes à la signification de cette soirée, de ce chapitre de ta vie que tu t’apprêtes à refermer pour toujours. Tu devrais être heureux en cet instant, heureux de célébrer tes brillantes années de lycée au cours de ce bal auquel tu espères être couronné, heureux de voir une toute nouvelle aventure démarrer et te mener aux quatre coins du monde. Pourtant tu n’éprouves qu’une douce mélancolie qui te serre le cœur et emprisonne le sourire habituellement affiché sur tes lèvres. Un bruit derrière toi te signale l’arrivée de ta cavalière et tu te lèves immédiatement de ton fauteuil pour venir l’accueillir au pied de l’escalier qu’elle descend sa démarche gracieuse. Subjugué par le spectacle qu’elle t’offre, tu t’extasies des moindres détails de sa tenue, de sa robe somptueuse jusqu’à sa coiffure princière et son maquillage délicatement travaillé. « Tu es vraiment sublime. » Simple constatation de la vérité qui explose à tes rétines. Tel un gentleman, tu attrapes avec douceur sa main pour l’effleurer d’un baiser. « Merci de faire de moi le plus chanceux des hommes ce soir. » Tu t’éloignes un bref instant afin d’aller chercher l’imposant bouquet de roses rouges et blanches que tu lui as apporté à l’occasion. « Elles ne sont pas aussi belles que toi mais j’espère que tu les apprécieras tout de même. » La pureté de leurs couleurs se marie à merveille avec son teint que tu ne peux retenir l’admiration qui suinte de ta voix.

@Romee Aldridge

elle sourit. le reflet que lui renvoie le miroir dessine sur ses lèvres un sourire satisfait. elle est belle, romane. alors qu'une musique délicate caresse ses tympans, elle ajuste une dernière fois la coiffure que sa camériste a passé l'après-midi à réaliser, accompagnée d'un maquilleur professionnel engagé par son père pour cette occasion spéciale. il fallait bien ça pour être à la hauteur de philip harrison. romee sait qu'il l'attend patiemment en bas, et à cette pensée, ses yeux s'animent d'étincelles. elle est tellement fière la princesse, ravie de l'avoir attiré dans ses filets. philip, il était l'inaccessible, le désiré, le désirable. la plupart des filles de l'école ne cachaient pas leur émoi en croisant le sulfureux golden boy, tout comme certains garçons avaient du mal à cacher leur jalousie quand ils marchaient dans son ombre. oui, il était souverain au sein de leur élite dorée.

et ce soir, il était à romee.

un dernier coup d'oeil réjoui à sa tenue et l'approbation de sa nourrice offerte, elle se dirige vers les escaliers. depuis le balcon, elle peut apercevoir son cavalier, tout en majesté dans son smoking rajoutant du sublime à sa plastique. de son coeur glacé s'échappe un battement, étrange sensation. puis elle descend les marches le menton haut levé et les gestes élégants, tentant d'imiter les héroïnes couronnées de ses films préférés. car ce soir romane, elle est princesse. c'est son soir, elle le sait. — merci. tu es très élégant aussi. déclare t-elle à philip alors qu'il s'empare d'une de ses mains pour y déposer un tendre baiser. un doux sourire vient mordre les lèvres de romee, subjuguée par ses manières de gentleman. — avec plaisir. c'est lui qui fait d'elle la plus chanceuse des femmes ce soir. — j'ai l'impression d'être une vraie princesse. puis il s'éloigne et revient, un magnifique bouquet dans les mains. des roses rouges. blanches. l'amour sans équivoque. — elles sont magnifiques philip, merci beaucoup. son sourire s'est encore agrandi, ses joues se sont doucement coloriées d'un carmin saveur passion. une idée lui vient. elle retire une des fleurs du bouquet et, piochant une paire de ciseaux dans un des tiroirs alentours, elle coupe sa tige. doucement, elle se rapproche du bel américain et elle noue la rose à sa boutonnière. désormais à quelques centimètres de son visage, elle chuchote, la main toujours abandonnée contre son torse. — voilà, tu es parfait comme ça. c'est vrai. il ne pouvait pas être plus beau qu'en portant l'une des preuves de son affection envers elle. à coup sûr, il sera roi ce soir. puis romane, elle s'écarte de lui. — alors, quel est le programme ?

Cette dernière soirée tu veux la vivre pleinement. Point final d'une aventure dont tu as été le héros pendant quatre années, régnant sur ton petit royaume doré où tu dictais les règles au bon vouloir de tes envies, tu t'apprêtes à te jeter dans l'inconnu le plus total. Un univers où un simple regard ne te suffira pas pour faire courber les échines, où il te faudra plus qu'un sourire enjôleur pour faire tomber en pâmoison toutes les demoiselles qui croiseront ta route. Si l'excitation prédomine largement, quelque part en toi s'installent les doutes et les peurs, renforçant de plus belle ton besoin pressant de faire de cette nuit un moment inoubliable. Jouant à fond la carte du parfait gentleman, tu accumules les clichés avec délice. « Tu es ma vraie princesse pour cette nuit. » Le sourire charmeur, tu l'abandonnes brièvement pour cocher une nouvelle case de ta liste stéréotypée en embaumant l'atmosphère d'un mélange d'immaculées et d'écarlates. Ta boutonnière assortie après le passage de ses doigts délicats, vous êtes fin prêts à prendre la place qui vous est due. « Le carrosse attend sa princesse au pied de l'immeuble. » Vous quittez les hauteurs de Manhattan pour rejoindre la limousine éclatante que tu as réservée pour l'occasion, vous emmenant rapidement sur le lieu des festivités pendant que vos gorges se nourrissent de prestigieuses bulles dorées. A votre arrivée tu prends soin de lui ouvrir la portière toi-même, capturant sa main pour l'entraîner vers une entrée où la foule s'accumule. C'est avec une immense satisfaction que tu constates que tous les regards se tournent vers vous, détaillant votre perfection insolente et chuchotant leur jalousie aux oreilles voisines. « Romane Aldridge et Philip Harrison » Une suffisance clairement audible alors que tu vous annonces à la jeune femme qui détient le listing des convives, vous vous dirigez ensuite vers le photographe officiel pour la traditionnelle photo de couple. Avec la discrétion que confère l'habitude, tu glisses un billet dans la poche de sa veste en murmurant rapidement ta requête. « Ne nous oubliez pas. » Tu tiens à ce que la beauté de Romee illustre une grande partie de la soirée, qu'elle puisse conserver un maximum de souvenirs sur papier glacé. C'est avec une allure majestueuse que vous prenez place devant le décor idyllique. « Attention à ne pas trop éblouir l'objectif. » Un sourire arrogant, immortalisé sur l'instant.