Trois jours. Bleach est restée trois putain de jours dans le coma. Durée pendant laquelle je suis passé par à peu près toutes les émotions, insultant chaque personne qui osait croiser mon regard... mais surtout, durée pendant laquelle je n'ai pas pu aller la voir. Parce que je ne suis pas encore assez "en forme", parce qu'elle ne fait pas partie de ma "famille", mais qu'est-ce que vous en savez vous putain ? Vous ne pouvez pas comprendre. Elle est ma famille. Enfermé entre ces quatre murs, je deviens fou. Mes journées sont rythmées par les visites des infirmières qui viennent refaire mes pansements, et ces souvenirs morbides de l'attaque, teintés de sang, d'inquiétude et de désespoir. Toutes mes pensées vont vers mes proches, vers Freya, vers Bleach... et putain heureusement que Zayn est là pour me faire ses vannes à la con. Mais pourtant ça ne suffit pas. Il me manque une part de moi. Je suis tellement rongé par l'inquiétude que je n'en dors pas. La nuit dernière, les infirmières s'y sont mises à 3 pour me faire leur piqûre à la con, prétextant que sans sommeil, je ne guérirai pas. Alors j'ai dormi, d'un sommeil tracassé par les cauchemars de Bleach en train de mourir.
Et puis ce matin, j'ai eu la bonne nouvelle: elle s'est réveillée. Hier. On m'a demandé d'attendre, encore et encore. Si bien que maintenant, alors que l'après-midi est déjà bien avancé, je pète littéralement un câble. Je suis horrible avec tout le monde, je manipule, j'harcèle. Appuyant sur la sonnette pour appeler les infirmiers toutes les deux minutes, en sachant très bien qu'ils ne pouvaient pas m'ignorer. Arrachant mon pansement exprès pour leur donner plus de travail. Répétant cette phrase comme une litanie: « Laissez-moi la voir. » Et ils ont cédé. Après avoir enfilé un t-shirt, et un short par dessus mon caleçon, tant bien que mal, on m'aide à m'installer sur un fauteuil roulant vu que je ne peux toujours pas marcher. Même si tout ça me fait vraiment chier, je ne dis rien, sous tension à l'idée d'enfin obtenir ce que je veux. Impatient aussi. Mes poings agrippés au fauteuil, j'arrive enfin devant sa chambre. « Bonjour Madame, on l'a accompagné pour vous voir parce qu'il... » Je n'entends même pas la fin de la phrase de l'infirmière en entrant dans la chambre de Bleach. Si je pouvais, je me jetterai dans ses bras là. « Bleach... » dis-je en soupirant, prenant sa main dans la mienne. Tellement soulagé de la voir enfin.

Les murs, l'odeur, le lit, les vêtements qui me recouvrent. Tout a un parfum d'Enfer, ici, tout me semble désagréable, comme si l'air lui-même était irrespirable. J'aurai préféré rester inconsciente, plutôt que de supporter ce quotidien depuis mon réveil. L'attente, les questions sans réponses, les silences, les visites des infirmiers pour me rappeler ces foutus trous que j'ai sur le corps. Duncan était toujours inconscient, et à chaque seconde, le souvenir de son corps qui recouvrait le mien pour me protéger des balles me hantait. Le cri d'Hardin résonnait, me rappelant douloureusement que lui aussi, était présent. Tous les jours, j'ai prié pour avoir halluciné. Mais le silence par lequel me répondaient le personnel chaque fois que je prononçais son prénom, celui de Freya, ou celui de Zayn ne faisait qu'accentuer mon angoisse, ma colère, mes troubles. J'ai crié, j'ai exigé, j'ai menacé, mais rien à faire, leurs lèvres restaient scellées. Si j'avais pas été clouée à ce lit, j'aurais probablement arpenté l'hôpital, étage par étage, jusqu'à m'assurer qu'ils allaient bien. Mais non, je pouvais à peine tendre le bras vers mon téléphone, alors me lever ? J'étais plantée ici. Coincée. Heureusement, Ryu-Jin était venu me voir hier, faufilé en douce dans ma chambre, et rendu sourd par les évènements de samedi. Camille aussi avait apparemment été touché. Personne ne semblait avoir été épargné. Et ça ne faisait que m'inquiéter d'avantage encore concernant mes essentiels.

Probablement dopée pour m'endormir, infernale jusque minuit, j'ai somnolé jusque midi... Jusqu'à ce que j'entende la porte de ma chambre s'ouvrir. D'abord, je repère l'infirmière. Probablement pour me faire je ne sais quoi. Jusqu'à ce que je baisse les yeux vers lui. Sans réfléchir, je coupe la femme en pleine phrase. « Hardin.. » Mon coeur s'affole, mon corps se soulève dans un réflexe, m'arrachant une grimace qui me rappelle à l'ordre et me contraint à m'allonger de nouveau. Directement, je tends ma main vers la sienne. Et alors que les larmes bordent déjà mes yeux, je marmonne sans un regard vers l'infirmière « Je vous appellerai quand il voudra repartir. » Je vous appellerait probablement jamais, parce que maintenant que je tiens sa main, j'ai plus jamais envie de la laisser partir, serrant mes doigts contre les siens. Le voir en fauteuil roulant, ça me brise le cœur. Ca me fait peur. « J'avais tellement peur... » Que je souffle, la gorge serrée par les larmes. J'voudrais tellement pouvoir aller dans ses bras, disparaître moulée contre son corps, oublier le reste du monde avec son parfum, et surtout l'odeur abominable de cet hôpital. Les sanglots dans la voix, j'arrive qu'à prononcer deux noms : « Freya...? Zayn...? » Est-ce qu'ils étaient avec toi ? Est-ce qu'ils vont bien ? Mieux que toi ?

Mon regard croisait le sien, et immédiatement, je sentais une vague de soulagement m'envahir. Elle était là, elle était en vie. C'était peut-être bête, mais j'eus soudain l'impression que je n'y avais pas vraiment cru jusqu'à cet instant où je pouvais enfin la retrouver. Elle essayait de se redresser, et je m'affolais en la voyant souffrir. « Tout va bien, c'est bon, reste tranquille, ne te fais pas mal.. » dis-je précipitamment en me rapprochant encore d'elle alors que nos mains s’agrippaient l'une à l'autre, comme s'il s'agissait d'un besoin vital. Je ne voyais même pas le regard réprobateur de l'infirmière dans mon dos, et lorsque Bleach la consigna sans me quitter des yeux, je ne pus m'empêcher d'avoir un léger sourire. L'émotion pourtant me rend muet, alors que je vois les larmes border ses yeux. Bon sang, comment ai-je fait pour passer ses derniers jours loin d'elle ? « Moi aussi... » avouai-je dans un souffle, serrant un peu plus sa main dans la mienne, prenant pleinement conscience des évènements. De la chance qu'on avait d'être là, tous les deux. De la gravité des événements. « C'est décidé, je ne te lâche plus. Je te colle comme une moule à son rocher à partir d'aujourd'hui » dis-je en essayant de la faire sourire, parce qu'il n'y avait que ça qui me faisait tenir depuis toutes ces années. Le sourire de Bleach. Mais très vite mon visage s'affaissait alors qu'elle évoquait Zayn et Freya. « Zayn va très bien, il n'a presque pas été touché » dis-je pour la rassurer, la bonne nouvelle passant d'elle même avant la mauvaise. « Je ne sais pas grand chose pour Freya... Les infirmiers ont dit à Zayn que sont état ne permettait pas les visites » avouai-je en me pinçant la lèvre. « Ne t'inquiète pas. C'est une battante, je suis sûr qu'elle va vite aller mieux, d'accord ? » dis-je en la voyant retenir des sanglots. J'aurais tellement voulu lui dire de bonnes nouvelles, réussir à calmer ses pleurs. La prendre dans mes bras là, maintenant. Et puis merde. « Attends » dis-je, n'y tenant plus. Je bloquais les freins de mon fauteuil, puis, à la force de mes bras, je me hissais péniblement dans son lit, à côté d'elle. Veillant bien à ne pas faire de mouvements qui pourraient la blesser. Assis au bord du lit, je portais ma jambe en grimaçant pour la soulever, et l'allonger à côté des siennes. Puis, tout doucement, avec des gestes lents et mesurés pour ne pas lui faire mal, je passais mon bras autour d'elle, jusqu'à l'avoir contre ma poitrine. Je lâchais un long soupir, à la fois de contentement et d'épuisement. Cette jambe me faisait un mal de chien. « Ca va ? » Puis, juste après: « Que t'ont dit les médecins ?

Je peux pas. Je peux pas rester calme alors qu'il est là. C'est comme si depuis mon réveil, j'étais dans un stade à mi-chemin entre la vie et la mort, une léthargie constante, dont Hardin me sortait par sa simple présence. Il me tire la tête hors de l'eau, il m'arrache à l'obscurité, juste par sa présence, juste par sa main qui attrape la mienne, qui la serre alors qu'il tente de me tenir tranquille. Si j'avais pas peur de rouvrir les points qui ferment mes blessures, j'aurais roulé pour tomber de ce foutu lit jusque son siège. L'infirmière s'évapore, non sans râler. Je m'en moque, elle existe déjà plus dans la pièce depuis le début. Y a qu'Hardin, rien qu'Hardin, juste Hardin. Emue, j'esquisse un sourire alors qu'il affirme qu'il ne me lâchera plus. Mais malgré moi, j'ai les larmes qui perlent, qui roulent sur mes joues tandis que ma seconde main vient rejoindre la première, étreindre sa paume à défaut de pouvoir serrer son corps. « Tu crois qu'on peut les soudoyer pour qu'ils nous mettent en coloc ? » Comment ça c'est pas une résidence étudiante ? Je suis prête à parier que la moitié des résidents actuels viennent d'Harvard. Mais j'ai d'autres questions à poser. A commencer par Zayn et Freya. J'expire de soulagement quand Hardin me dit que le premier est hors de danger. Au moins un qui s'en était tiré. En revanche, Freya... Les quelques mots du blond suffirent à raviver mes sanglots, et toutes mes inquiétudes. « Pas les visites...? » que je répétais, réprimant un nouveau sanglot qui m'échappe malgré moi. Je mettrai cet hôpital à feu et à sang s'ils ne finissent pas par me communiquer des informations sur ma meilleure amie. « J'ai essayé de joindre ses parents, mais... ils ne m'ont pas encore répondu... » Peut-être étaient-ils en chemin pour venir ? L'idée que les parents Selwyn puissent se déplacer outre atlantique n'arrange en rien mes inquiétudes, et ce n'est que lorsque je vois Hardin s'agiter que je me calme légèrement, fixant avec désarroi son corps qui prenait appui sur mon lit. Comprenant rapidement ce qu'il est en train de faire, je me décale dans une légère grimace sur le côté, suffisamment pour qu'il ait la place de s'allonger à côté de moi. Et dès lors qu'il m'entoure de ses bras, je repose ma tête contre son torse, mes muscles se relâchant immédiatement. Comme si toute la tension de ces dernières heures était anesthésiée, tenue sous silence par sa simple présence. Je hoche mollement la tête à sa question, fermant les yeux, mes doigts venant à nouveau s'entrelacer aux sienx. « Ils m'ont dit que j'ai eu de la chance. Que les secours s'étaient occupé assez vite de moi pour... éviter le pire. » Autrement dit, que je me vide de mon sang et ne m'en tire pas. Un soupir, mes doigts qui serrent les siens, et j'ajoute : « Ils ont dit qu'une blessure abdominale mettait un certain temps à cicatriser, et que j'allais devoir rester à l'hôpital au moins jusqu'à ce que je puisse marcher sans risquer de rouvrir la plaie. Après quoi, ça sera soins à domicile, probablement pour des semaines. » J'ai vaguement écouté leur blabla. Changement de pansement, éviter les infections, et caetera. En résumé, c'est pas demain que je vais sortir danser. « Duncan est toujours dans le coma. » Je sors ces quelques mots d'une voix blanche. Ma gorge est serrée chaque fois que j'y pense. A mon frère qui s'est jeté sur moi pour me protéger. Dans quel état aurais-je fini s'il n'avait pas fait ça ? Lequel de nous deux serait dans le coma aujourd'hui ? Décidant de changer de sujet, je quitte la main d'Hardin pour effleurer sa jambe, sourcils froncés, soucieuse. « Et toi...? » Ca a pas l'air d'être une simple cheville foulée.

Il a ce don, cette capacité pour m'arracher un sourire, un rire, même dans les pires situations. Je secoue la tête à travers mes larmes, serre ses mains contre les miennes, et esquisse rapidement une moue. « Je m'en fiche, moi aussi je leur ferai un enfer si ça me permet de te voir. » Je ferai n'importe quoi, absolument n'importe quoi pour qu'on ne me sépare plus de lui. De Zayn, de Freya. Freya dont le sort reste inconnu. Je sanglote, je m'inquiète, redoutant le pire pour la santé de ma meilleure amie. Où était-elle ? Est-ce qu'elle a été lourdement touchée ? Pourquoi les visites étaient interdites ? Je me promettais de tenter d'appeler les parents Selwyn et d'affronter le dragon qu'est sa mère, mais dès qu'Hardin vint s'installer près de moi, la pression retombait, doucement. De la simple pression de ses bras autour de moi, de ses doigts entrelacés aux miens, je retrouve mon souffle, j'ai la gorge qui se deserre. On parle de nous deux. De mon état, du temps que je vais probablement passer ici. Je grogne et enfouit un peu plus mon visage dans son cou, retrouvant la chaleur familière de ses étreintes contre ma peau. « Je les maudis tous déjà. » Que je râle, que je souffle. Ils savent pas encore, ici, combien je peux être insupportable quand on me tient enfermée. Puis, je mentionne Duncan. Le silence qui passe, qui s'installe. Je soupire, hoche mollement la tête en guise de réponse. Ouais. Il a pas le choix, de toute façon. Il faut qu'il revienne, au moins pour que je le tue pour s'être interposé comme ça devant moi. Exposant sa vie pour la mienne. Je préfère finalement changer le sujet, m'intéresser à cette jambe qui semblait mal en point. Hardin commence une phrase, l'arrête, et moi je relève le nez, je le fixe, j'attends, sourcils froncés. Puis il annonce. Une balle dans la cuisse. J'ai ma main libre qui se serre autour des draps, par réflexe. « Si je les retrouvais... » Je les tuerai. Sans hésiter. Pour lui avoir fait du mal, pour l'avoir blessé. Je relève la tête, je croise son regard, passe le bout de mes doigts sous son arcade, sans oser toucher sa blessure. J'ai le coeur serré, mais j'arrive à forcer un sourire. « Le plus important, c'est que tu ailles bien. » Annonçai-je finalement dans un soupir, avant de revenir me blottir dans ses bras. « Si j'avais perdu l'un d'entre vous... je sais pas ce que j'aurai fait. » Je sais pas comment j'aurai survécu moi-même.

Le pire, c'est que je savais qu'elle en était capable. De leur faire vivre un enfer. Croyez moi, il ne valait mieux pas être dans le collimateur de Bleach. Ou trop la contrarier, ça fonctionnait aussi. Je souriais devant sa petite moue, appréciant ce côté hargneux qu'elle pouvait avoir par moment, surtout quand il s'agissait de nous. Je la serrais un peu plus contre moi, savourant cette proximité qui m'avait tant manqué. Détendu, jusqu'au moment où elle commença à me poser des questions. Je savais qu'elle allait s'en inquiéter, chercher à savoir et... j'arrivais juste pas à lui dire. Qu'on m'avait trouvé une merde au poumon, qu'ils ne savaient pas encore vraiment stabiliser le truc, et que j'allais sûrement devoir passer par la greffe. Quand il y en aurait une de disponible pour moi. C'était marrant de voir à quel point la vie pouvait se foutre de nos gueules. J'avais toujours réglé la majeure partie de mes problèmes avec de l'argent. Parce que c'était plus simple ainsi. Parce que je croyais dur comme fer à la faiblesse humaine et à l'appât du gain, moi, qui dépensait sans compter et qui pouvais se moucher avec des dollars si je le souhaitais. Ma propre mère avait renoncé à moi pour de l'argent. Mais cette fois, ça ne pourrait pas marcher comme ça. Une fois de plus, j'étais impuissant, me mettant le nez dans mes craintes et mes faiblesses. Le mensonge lui, était sorti tout seul, sans que je n'ai vraiment à y réfléchir. Tout va bien, j'étais remis. Je ne pouvais pas lui dire. J'étais pas bête, je savais très bien que je pouvais en crever de cette merde, et que ça pouvait arriver à tout moment. Que je pouvais sans doute mourir sans avoir reçu une greffe. Ou même après, si mon corps faisait un rejet. Bizarrement, la peur ne s'insinuait pas encore en moi alors que je pensais froidement à tout ça. Non ce qui m'effrayait plutôt, c'était la réaction de Bleach si elle l'apprenait. « Je sais. moi aussi » dis-je doucement en pensant à cette bande d'enculés qui lui avaient tiré dessus. Nos regards se croisaient, et je restais silencieux, détaillant les traits de son visage fatigué. Je ne pouvais pas lui dire. Ça l'anéantirait. Je ne lâchais pas ses yeux lorsqu'elle posa ses doigts près des points de sutures, mon rythme cardiaque s'accélérant légèrement de la sentir si proche. « Le plus important, c'est que tu ailles bien. » Un nœud se formait dans ma poitrine et pourtant, je parvenais à lui rendre son sourire, la laissant se blottir contre moi. « Si j'avais perdu l'un d'entre vous... je sais pas ce que j'aurai fait. » Mes yeux fixaient le plafond à présent, alors que j'essayais de ne rien laisser transparaître. « N'y penses plus » dis-je en embrassant doucement son front, ne préférant pas y penser non plus. Puis mon ventre se manifesta d'un seul coup, et je riais légèrement, profitant du moment pour changer de conversation. « Je crois que j'ai faim. J'en peux plus de cette bouffe de merde qu'on nous sert putain.. » dis-je en attrapant distraitement le téléphone de Bleach pour regarder l'heure... avant de voir un sms sur son écran de veille. « C'est qui "Ryu" ? » demandai-je en fronçant les sourcils.

Pendant un moment, j'y ai cru. Qu'on allait pas s'en sortir, que cette fois, dans ce bar en plein milieu de Boston, bien loin de notre jungle new-yorkaise, on allait y passer. Et pourtant on est là. Ma prise serrée autour d'Hardin, comme si j'avais peur qu'en relâchant mes doigts il ne s'échappe. Alors ouais, si je retrouvais ces gars, je leur ferai la peau. Peu importe comment, juste pour qu'il paient pour avoir manqué de m'arracher mon frère, mes meilleurs amis, et tous ceux qui étaient là et qui n'ont rien demandé sinon passer un peu de bon temps. Je hochais simplement la tête alors qu'Hardin confirmait mes propos, et on restait là, en silence, à s'observer et à voir l'étendue des dégâts chez l'autre. Si les médecins disent qu'il devrait pouvoir remarcher assez vite, je suis confiante. Avec la détermination dont Hardin peut faire preuve, je sais qu'aucune blessure ne pourra avoir raison de lui. Mon visage logé dans le creux de son cou, je ferme les yeux, apaisée par la simple pression de ses lèvres contre mon front. « J'essaie.. » Murmurais-je dans un soupir, ayant bien tenté de me sortir cet attentat de l'esprit au cours des derniers jours et dernières heures. Heureusement, c'est l'estomac du brun qui rompt le silence et la tention, nous arrachant un rire à tous les deux. « Ca fait seulement deux jours que je suis réveillée et je rêve déjà d'une pizza. » Je secoue la tête en riant, avant de le laisser attraper mon téléphone. C'est seulement quand il m'interroge que je réalise la connerie. Outch. Doucement, je tends les doigts pour prendre le mobile, et constater en effet que j'ai un sms de Ryu-jin. « C'est... mon petit ami. » Et évidemment, c'est instantané, je sens le regard d'Hardin qui pèse sur moi. Alors je me contente de reposer le téléphone sans répondre au message, et de hausser une épaule. « Il a proposé, j'ai dit oui. » Qu'est-ce qu'y a de mal à ça ? Puis c'est pas comme si on s'était promis l'éternité tous les deux. Je suis parfaitement consciente du fait que notre "couple" ne tient qu'à un fil... et je pense que lui aussi le sait très bien, étant donné que j'ai été relativement claire avec le coréen peu avant l'attentat.

Heureusement que mon estomac est là pour rompre cette atmosphère pesante où clairement, je ne me sentais pas à l'aise. Bleach me connaissait si bien que je craignais toujours de lui mentir, de peur qu'elle ne perçoive mon mensonge. Un truc dans ma voix, ou sur mon visage. Je sautais sur l'occasion en voyant une diversion, attrapant son téléphone pour regarder l'heure. Sauf que je buggais, clairement. C'était qui ce gars ? Je rêvais là où il était en train de la draguer ? Mon regard se posait sur Bleach, sourcils froncés. Presque accusateur. Avant qu'elle ne lâche la bombe. Son "petit ami ?" Elle était sérieuse ? « Parce que tu te mets en couple avec le premier mec qui te le demande toi ? » lâchai-je avec un rire ironique, sec, qui n'avait rien de bon. « Je savais pas que tu kiffais un gars. Ca dure depuis quand ? » demandai-je un plus froidement que ce que je voulais tout en me redressant dans le lit. Mais la colère montait à mesure que des images s’immisçaient dans ma tête, sans que je ne puisse me contrôler.

C'était prévisible. Et en même temps.. un peu inattendu. Zayn et Hardin, ils ont jamais été fans de mes petits amis. Tout comme j'ai jamais su accepter les femmes qui passaient dans leurs vies... enfin, surtout dans leurs lits. Mais là, Hardin, il a l'air crispé. Regard accusateur, sourcils froncés, j'sens qu'il juge, tandis que moi, j'arbore un air parfaitement désinvolte. « Quand il est pas mal et qu'il a de la répartie, pourquoi pas. » dis-je en haussant une épaule, le suivant du regard tandis qu'il reprend la parole pour m'interroger un peu plus tout en se redressant dans le lit. Quoi, il est vexé ? « Un mois. J'ai foutu mon numero dans son sac dans le metro, si tu veux tout savoir. » Est-ce que j'attise un peu sa jalousie ? Ouais. Mais c'est ni la première, ni la dernière fois. Loin de là. « J'vois pas pourquoi ça semble t'étonner. C'est pas bien différent des nanas que tu sélectionnes presque les yeux fermés en soirée. » Petit ton de reproche. Les choses, elles vont dans les deux sens Hardin.