naki ☾ why so serious
w/ naeun min  — massachussetts general hospital (boston), janvier 2019
J'avais des béquilles, c'était pas vraiment l'idéal pour me déplacer mais au moins, j'étais en vie. J'avais également ces rendez-vous chez le psy, parce que de toute évidence, faire face à une attaque à la bombe dans une fête foraine, c'est pas le genre de chose qui laissait indemne quiconque. Donc ouais, c'était pas forcément le genre de choses qui allait facilement être une page du passé. J'avais encore du mal à assimiler tout ce qui nous était arrivé et surtout, je m'inquiétais pour Naeun. J'avais hésité à lui envoyer un message, ne sachant pas vraiment si elle était consciente ou pas. La dernière fois que je l'ai vue, c'était quand elle a été mise dans l'ambulance, en partance pour l'hôpital. Est-ce qu'elle était encore en vie ? J'espérais putain, vraiment. S'il lui arrive quoique ce soit... dans tous les cas, c'était de ma faute. Cette putain de grande roue de malheur. Je crois que plus jamais je montrai dedans en vrai. Plus jamais je m'en approcherai. Finalement, sans passer par les SMS, j'étais allé directement à l'hôpital, en profitant d'y aller pour un check-up afin de demander à l'accueil s'ils avaient de ses nouvelles. J'me dis, je connais pas son nom de famille, mais y'a pas dix milles “Naeun” sur Boston, si ? Coup de chance, elle était consciente et encore ici, dans les murs de cet hôpital. Alors je m'y rendais et je passais par le kiosque à souvenirs pour lui acheter un bouquin. Arrivant à sa chambre, je frappais, l'ouvrage dans le dos, pour m'approcher d'elle et le poser sur sa tablette. Ouais, j'y allais franco. « Tiens, cadeau. Y'a mes recettes préférées dedans, quand t'iras mieux tu pourras me faire la cuisine » que je disais d'un sourire fier, avant de m'installer sur le bord du lit, faisant attention à ne pas la toucher pour ne pas lui faire mal. Je venais de lui offrir un livre de recettes, je crois que j'étais vraiment le pire des mecs.

naki ☾ why so serious
w/ naeun min  — massachussetts general hospital (boston), janvier 2019
j’ai l’impression d’avoir vécue une sorte de cauchemar. j’essaie de me persuader dans ma tête que ce n’est pas arrivé, que j’ai probablement tout halluciné mais.. les murs blancs et les bips incessants des machines autour de moi me rappelle constamment que c’est bel et bien réel. trauma crânien à ce qu’il paraît, ça explique les convulsions.  puis un nerf qui s’est retrouvé comprimé au niveau de la colonne vertébrale et a donné cette sensation de paralysie. selon les médecins, rien de bien grave. une légère opération qui a suffit à dégager le nerf en question. quelques mois pour s’en remettre, une attelle pour soutenir le tout et une précision sur la douleur que je pourrais ressentir. mais j’suis tirée d’affaire, prise en charge assez rapidement. et je sais que la personne que je veux remercier dans tout ça, c’est mickey. parce qu’il a été là, parce que je me souviens qu’il est resté à côté de moi alors que c’était l’horreur autour de nous et.. il passe la porte. il passe la porte pour poser un livre de recette sur la tablette et je grimace. « donc, t’es en train de dire que tu veux me revoir là ? » parce que j’crois pas t’avoir porté chance sur ce coup-là. « c’est toi qui va devoir prendre soin de moi saleté de caucasien. » regarde moi. toi t’es tranquille sur tes béquilles et moi, j’suis encore là. « tu m’as offert le date le plus nul de tous les temps. j’sais pas si j’te donne une seconde chance. » j’te regarde quelques instants avant de reprendre. « c’est dommage, dire que j’étais célibataire maintenant. »