On verra si un choix concluant alors... Non, je préfère vraiment me dire que tu vas adorer ce plat, sinon... soirée fichue, vraiment plombée et je n'aurais fait tout ça pour rien. Bref, on discute et je t'avoue que j'ai tout prévu pour la suite. D'ailleurs, tu éclates de rire mais c'est tellement naturel que je t'accompagne dans celui-ci. T'as un rire contagieux, c'est pas bon ça ! Parce que si tu ris encore, je vais encore rire et c'est très très mauvais. Quoique... Bref. Boire ou conduire, il faut choisir... J'ai déjà eu des amis qui ont eu de grave accident à cause de l'alcool, je me suis promis que ça ne m'arriverait pas. Je t'en pris, bois. Puis, tu viens à me parler un peu plus sérieusement, tu te poses des questions sur moi, sur ma réputation alors que... tu vois juste que je suis peut-être un mec bien. J'ai toujours vécu dans... le respect, le sérieux avec ma famille. En arrivant ici, c'était un peu la liberté tu vois ? De fil en aiguille, voilà... Genre, ça va super vite ici à Harvard une réputation. Sauf que je suis du genre un peu... je m'en fous des réputations, ça ne m'empêche pas de vivre et faire ce que je veux ?

Plus le repas avance, plus je m'intéresse à lui. Sincère curiosité, envie d'en savoir plus que les bruits de couloir qui se passent d'oreille en oreille sur le campus. Et j'aime le fait que mon rire puisse provoquer le sien. Ca me renforce dans l'idée que le français, peut-être qu'il veut pas simplement que j'atterrisse dans ses draps sans même en savoir un peu plus sur moi. Puis il a l'air d'être quand même quelqu'un de droit dans ses bottes. Beaucoup se foutraient bien de l'alcool. Je hoche doucement la tête, tout en portant mon verre de vin à mes lèvres pour le finir. « J'ai déjà vu des gens répéter leurs erreurs, même après avoir eu des accidents liés à l'alcool. Alors c'est une belle mentalité que t'as là. » Et j'suis sincère, y a beaucoup de connards à New York qui au lieu de prendre un taxi, s'écrasaient dans une rue avec leur voiture hors de prix. Imbéciles. Puis finalement, plus curieuse, je l'interroge sur sa réputation, sur son origine, écoutant attentivement son explication... logique. « Ca tient la route. » que je dis simplement en reposant mon verre du bout des doigts, adossée à mon siège. Sa dernière phrase me fit rire à nouveau. « C'est le genre de mentalité qu'il faut avoir avec les vies qu'on mène. Quand on a tous les regards sur nous. » J'me suis beaucoup laissé bouffer par le regard des autres, gamine. Jusqu'à ce qu'on m'apprenne à faire comme Camille. A vivre et à me foutre de tout. Le serveur nous interrompt avec nos plats, et la bouteille que le français a commandé. « Alors voilà donc le dangereux plat que je peux aimer ou détester. » De la viande crue, c'est osé.

La soirée est cool, je suis bien content de t'avoir proposé ceci et au delà du fait que j'aimerai te mettre dans mon lit, tu commences surtout à réellement m'intéresser. Genre, tu m'attires vraiment. C'est vrai... Ils sont idiots, ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont d'être encore en vie. Puis, tu commences, toi, vraiment à t'intéresser à moi. Genre, tu me poses des questions et tout, je souris et te réponds en restant sincère et honnête avec toi. C'est rien qu'une façade le mec au campus que t'as déjà vu, aussi. Une protection, en soi. Je leur donne de quoi raconter avec tout ce que je fais. Je ris doucement. Les plats arrivent, je te regarde. A premire vue, t'en pense quoi ? La viande crue, pas tout le monde aime ça, mais je reste confiant, il le faut bien. Si tu ne l'aime pas, je te passerai mon plat, si tu veux. Le boeuf bourguignon, tout le monde aime ça normalement.

J''suis du genre à aimer juger les gens par moi-même, et je pense que c'est en grande partie la raison pour laquelle j'ai accepté cette soirée dans un premier temps. Et a priori, je regrette pas pour l'instant, hochant la tête et riant à certaines des remarques de Camille, qui a l'air d'avoir finalement une mentalité assez proche de la mienne. Un esprit libre. Détaché du regard des autres. « C'est presque généreux de ta part, d'alimenter les ragots du campus. » Je hausse les sourcils, je ris à nouveau, et les plats arrivent. Ah, on passe aux choses sérieuses. Je baisse les yeux sur mon assiette, dubitative. « La viande crue, j'ai jamais trouvé ça particulièrement charmant, esthétiquement parlant. » Je hausse une épaule en souriant, avant d'attraper mes couverts. « Mais j'ai jamais tenté, alors ça sera une première. » Et j'ai pas peur de tester les choses, pas peur d'expérimenter, même si j'aime pas dans la finalité. J'attrape un morceau de mon plat, prends une gorgée de vin, et directement, je goûte. Lèvres pincées, nez froncé, je fixe Camille d'un air dubitatif, avant de... reprendre une fourchette. « T'as de la chance, tu vas pouvoir garder ton assiette. »

J'aime bien, ça me fait souvent sourire. Surtout que ces ragots sont parfois (ou plutôt le plus souvent) déformés, amplifiés. Mais, ça me fait toujours rire de voir ces gens parler sur moi, je m'en fiche complètement, non même je m'en amuse, j'en profite, j'en joue, c'est vrai. Je n'ai rien à perdre de l'avis de ces gens là. Nos plats arrivent, t'as enfin ton plat de viande crue devant toi, accompagné de son œuf au centre et quelques herbes pour alimenter le tout. O, là, je suis plus du tout confiant. Je me mets à rire, mais c'est ta phrase qui me fout la flippe. Pour ma part, je mange tranquillement mon plat, mais je garde un œil perpétuel sur toi, afin de voir ta réaction. Tu en prends une aussi, je te regarde, tu me regardes, et finalement tu en reprends une fourchette. Ouf de soulagement. Un poids en moins, je crois que j'ai réussi à te bluffer ce soir ? Mission réussie ? Peut-être bien.