Dix jours. Dix putains de jours sans envoyé de message à Camila alors que ça l’avait démangé plus d’une fois. Dix journées et dix nuits à ne quasiment pas dormir, mais par fierté, il n’avait pas envoyé un seul message, plus par rage. Il avait eu le temps de se défouler sur un gars en provoquant une bagarre, d’aller courir loin pour s’épuiser mentalement, et encore de tabasser des gars dans des bars ou des boites de nuit. Juste assez pour défouler sa rage quelque part. Mais là, là… il avait reçu quelque chose qu’il n’avait jamais ô grand jamais eu envie de voir. A vomir, à gerber. Il était dégoûté. Là, c’était au-delà de la vengeance ou de la puterie. Elle avait réussi à le paralyser pendant une seconde quand il avait prit sa voiture, sûrement des amendes qui allaient venir dans le mois suivant tellement il avait roulé vite. Une putain de sextape. Une PUTAIN DE SEXTAPE DE CAMILA AVEC UN AUTRE MEC. Mais comment pouvait-elle avoir les couilles de faire ça ? Elle avait quoi dans le cerveau ? Elle cherchait à ce que Victor la cogne ? Il tirait le frein à main devant chez elle, avec violence surtout et il descendit comme un fou. Il tapait le code d’entrée de la résidence qu’il connaissait par coeur, depuis le temps, et il grimpait les marches quatre à quatre, comme si sa vie en dépendait. Il arrivait à la porte d’entrée. Fallait-il précisé qu’il venait de boire presque un demi-litre de vodka à lui tout seul ? Parce qu’il n’était pas en état de parler, ou de réagir correctement, mais il s’en foutait complètement. Il tapait contre la porte comme un barbare, histoire qu’elle entende parfaitement bien les coups qu’il donnait. « I’M GONNA KILL YOU CAM IF YOU DON’T OPEN THIS FUCKING DOOR. » Et il continuait de taper, se foutant des voisins. Plus fort, de ses poings, de la paume de sa main, parfois même la tête. Il y avait de l’écume sur le bord de ses lèvres tellement la rage le consumait. Elle était brûlante Camila, et à chaque fois, elle continuait à faire fondre avec son feu tout ce que Victor tentait de cacher au fond de lui.

j’ai la rage. j’ai une putain de rage qui me consume à chaque fois que je pense à toi. et ça me rends dingue, ça me donne envie de tout péter autour de moi. j’crois qu’il faut pas chercher à comprendre comment je fonctionne mais ton silence, il me rend dingue. et j’ai sûrement trop de fierté pour faire le premier pas alors pour passer le temps, me vider la tête, j’m’envoie en l’air avec tout ceux qui passe. j’m’en fous de me faire passer dessus par tout harvard. je m’en fous encore plus si ça te fais réagir. et pour te faire réagir, j’trouve enfin la solution. c’est une sextape qui part pour toi et j’sais que j’ai plus qu’à attendre. attendre que tu m’insultes de toutes tes forces. ce sera toujours mieux que le silence de toute façon. j’fais les cent pas, fume clope sur clope et t’es finalement là. j’t’entends tambouriner de toutes tes forces. j’ai presque l’impression que c’est ma porte qui va s’écrouler d’une seconde à l’autre et pourtant, j’reste impassible, sans bouger, à juste attendre que ma cigarette soit consumée avant de finalement me lever. c’est d’un pas traînant que je me dirige jusqu’à l’entrée prenant bien mon temps pour déverrouiller et ouvrir avant de te faire face. j’la vois cette colère qui déforme tes traits. cette rage dans tes yeux. j’ai l’impression de faire face à un monstre et pourtant, je ne me démonte pas. « i’m already dead. » alors qu’est-ce que tu crois que tu vas faire en fait ? tu peux pas m’abîmer plus que ce que je ne suis déjà. j’ai pas peur victor. ni de tes yeux qui lancent des éclairs, ni de l’expression que tu abordes. puis quoi ? j’te dois rien, j’fais ce que je veux. ça devrait même pas te mettre dans un état pareil même si je jubile dans le fond de voir que ça te heurte. « go home. » j’te voulais là et maintenant, j’te fous dehors.

Puis elle prend son temps pour ouvrir quand Victor continue de taper, des voisins sortant leurs têtes pour comprendre et se faisant insulter par Victor qui veut juste rentrer chez Camila. Il lui fallu une seconde pour se faufiler dans l’appartement de la brune qui puait le cul et les phéromones. Il claquait la porte derrière lui qui fit trembler toute la pièce. Et en fait, là, c’était trop. Victor cherchait partout, il allait dans la chambre de Cam, il fouillait dans les placards, sous le lit, la salle de bain, les toilettes. Il n’y avait aucun mec. Heureusement pour lui. Il serait sûrement mort en l’espace d’une demi-seconde s’il s’était avéré être ici. Puis il revint dans le salon pour retrouver une Camila qui le provoque. Qui fait tout pour qu’il rage et qu’il le rejette. Putain, mais elle essayait de faire quoi ? De le faire réagir ? Il réagissait. Elle le savait, elle avait voulu cette réaction en lui envoyant consciemment cette putain de vidéo à la con. Et le mec, il était même pas beau. Il sentait quelque chose gronder en lui, comme un dragon qui voulait hurler plus fort que tout et cramer complètement la peau de Camila. Il prenait sur lui pour pas faire ce qu’il voulait faire, réellement. « You’re a fucking mess, Camila. » Il ne l’appelait jamais par son prénom complet. « Did it please you to play the whore all around Harvard ?! » Il était enragé, il voulait hurler, il avait le regard fou et rien n’allait pouvoir l’arrêter. L’alcool était fortement en train de l’atteindre, il coulait dans son sang à la vitesse de l’éclair, et putain, là, Camila, elle était tellement… PUTAIN. Elle s’amusait de la situation quand lui, tout ce qu’il voulait, c’était foutre sa fierté de côté. Non, non. Il ne foutrait pas sa fierté de côté pour une gonzesse, encore pour madame Wildingham qui s’prenait pour la première pute des Etats-Unis. Il avait les images en tête de cette putain de sex-tape qui tournait en boucle, et il avait l’impression réel qu’il était capable de commettre un meurtre. Il voulait taper. Et il n’y avait que Camila en face de lui. Alors il s’retenait comme il pouvait. « It was… eeerk. Disgusting. You’re a bitch, you know that ? » Bas les couilles, il n’avait plus de filtre. Et le pire, c’est qu’il aurait été capable de l’embrasser à nouveau, cette salope. « Why did you send me this ? What was the point ? »

tu remues tout sur ton passage. mon coeur et mon appartement. et je sais même pas ce que tu cherchais mais je te laisse faire. j’garde les bras croisés sur ma poitrine et j’attends que t’ai terminé. parce qu’en soit, y a rien à trouver ici. tu connais l’endroit par coeur alors qu’est-ce que tu fous ? puis j’veux même pas comprendre en fait. ça tourne pas rond dans ta tête, t’es complètement cramé, pourquoi est-ce que j’aurais quelque chose à foutre de ton comportement, hein ? j’m’en fous de toi. t’es personne, tu seras jamais personne et j’te hais du plus profond de mon être. ni plus ni moins. et même en me le répétant en boucle à l’infini, j’ai l’impression que ça résonne comme un pieux mensonge tout du long. « i know. » là, tu m’apprends rien. je suis un foutoir, et puis ? qu’est-ce que ça te fous ? qu’est-ce que ça change ? pluton, il m’a détruit de a à z, y a rien à sauver alors tu crois que tu révolutionnes le monde en me disant un truc comme ça ? « yas, that’s fun. » j’hausse les épaules, toujours aussi blasée par la situation. tu comprends pas que je m’en fous de tout ça ? de ce qu’on peut dire de moi, de combien de mec me touche par jour ? j’en ai strictement rien à foutre tu vois. « yas, i know that too. » t’es venu faire quoi au juste ? me répéter des trucs que je sais déjà ? parce que ça n’a aucun sens et aucune utilité. j’préfèrerais largement que tu changes de disque là. « just for fun. » pour une fois, c’est moi qui communique pratiquement pas et t’as sûrement pas l’habitude de ça. j’suis plutôt loquace dans mon genre. « you’re angry because he did exactly what you can’t do ? » j’souris presque vicieusement avant de reprendre. « poor victor. he can’t fuck the biggest whore in harvard, so sad. » j’vais pas pleurer pour toi. j’t’aurais pas laissé en plan si tu m’avais pas traité comme un putain d’bout de viande ce jour là.

Puis elle acquiesce, elle est d’accord avec lui. Elle lui dit qu’elle sait que c’est une pute, et elle joue de ça. Elle est bien trop calme pour lui, ça l’enrage. Putain, il la hait, il peut pas s’la voir. Elle est insupportable, et en plus de ça, elle aime trop chercher la merde. Ca devient foutrement épuisant, cette situation, mais là, c’est pas la fatigue qui parle, c’est la haine. Il sert le poing, il sent que ça va partir, il le veut pas, alors il prend sur lui. Encore un instant de pitié pour Camila qui s’amusait de lui. Elle était vraiment en train de déconner. C’était pervers, malsain. Très narcissique aussi de sa part, mais putain, pourquoi ? C’était juste pour s’amuser ou avait-elle réellement envie de le toucher d’une manière ou d’une autre ? « Because he… and you are… Aaaaargh ! » Il y avait des choses qu’il voudrait lui dire, mais c’était coincé dans sa gorge, et il avait envie de vomir, il voyait deux Camila à présent, il sentait sa tête lourde et tanguer. Il finit par ne plus rien distinguer du tout, et sa dernière phrase le rendit encore plus fébrile. Elle ne méritait pas de se faire traiter comme ça, par n’importe qui. Quoi ? Non, c’était une salope, elle resterait une salope, il n’avait pas à penser ce genre de truc, elle devait juste être une déesse du chaos, et rien de bien plus vrai. Il serrait les dents, se faisant clairement mal à la mâchoire à force de contracter. « Why did you send me this ? WHY DID YOU SEND ME THIS ? » Il avance d’un pas, il réduit l’espace entre eux deux, il veut aller au contact. En fait, il a envie de sang. Il la regarde complètement. Elle a le regard d’une femme qui a trop vu de chose dans sa vie pour continuer à vouloir vivre. Mais putain, il faut arrêter de chialer et voir qu’autour de soi y a des gens importants ! C’était lui qui pensait ça ? Non, il s’en foutait. Parce que la mort l’effrayait pas. « Answer me ! A REAL RESPONSE. Not some shitty words ! » Il avait besoin d’une réponse claire, d’un truc. Et sa réponse allait être le point déterminant d’une case en moins dans la tête de Victor.

en fait, tout ça, c’est ta faute. c’est pas la mienne. t’as déclenché tout ça et maintenant, tu te plains. mais va te faire foutre en fait. t’es qui pour venir faire un scandale chez moi maintenant ? j’me fais baiser par qui je veux que ça te plaise ou non. « a whore ? a slut ? oh, no. biggest bitch in the world, sorry. » j’tente de combler ta phrase comme si c’était un jeu. une devinette. tu vois, j’sais déjà ce qu’on pense. ce que TU penses de moi. et j’fais avec. j’m’en fiche. j’ai pas demandé ton avis dans tous les cas. on m’a déjà collé toutes les étiquettes. droguée, suicidaire, dépressive, tarée. rajouter une petite couche de salope par dessus, c’est pas ce qui changera la donne et sûrement que ça va de paire avec tout ça, pas vrai ? « i said : for fun. » qu’est-ce que tu veux que je te réponde en plus ? je l’ai envoyé, tu l’as vu. fin de l’histoire. y a même pas besoin de débattre cent ans dessus. de toute manière, tu me traitais déjà de tous les noms avant alors où est la différence ? j’soupire parce que tu me fatigues. j’te jure que t’es exaspérant dans ton genre. par contre, j’aime pas ta manière d’approcher. tu réduit l’espace et je bute contre le mur. j’me sens pas tellement safe d’un coup, c’est normal ? « piece of trash. » ça, c’est que je pense de toi. tu m’saoules en fait. j’ai rien à te dire là. j’ai aucune réponse à te donner. puis t’es marrant à réclamer alors que de ton côté, t’es pas foutu de le faire. j’en ai eu des réponses moi pour ton comportement dans cette boîte ? ou pour ta fuite par la suite ? non. alors t’en auras pas de ma part non plus et tu te démerdes avec ça. j’pose mes mains sur ton torse et j’te repousse, j’cherche à augmenter la distance entre nous. « i don’t have to give you an explanation. and i don’t care if you need it. i just don’t care » j’serre les poings et j’ai les mains qui tremblent. « why do you care about that ? it’s not like i was important for you or something like that. who am i except the stupid girl who gives you money, drugs and everything you need ? » j’suis la source utile. tu t’alimentes à moi mais j’sais que je compte pas. alors je m’en fous et tu devrais faire la même chose de ton côté.

Une autre dimension s’ouvre là, devant Victor. Il a l’impression de tomber dans un trou noir qui s’écroule en même temps qu’il chute, il en voit plus la fin. C’est tout ce qui se passe autour qui devient flou et qui perd de son sens, quand Camila continue de parler, il n’arrive plus à entendre les phrases, il récupère juste des bribes de mots, des trucs qui le marquent profondément, et en fait, sur son poing à Victor, y a ancré tout ce qu’il veut réellement lui dire. Sur ses phalanges, y a les mots qu’il est incapable de sortir de vive voix, et sur ses ongles, c’est les images de leur premier baiser, celui qui était intense et qui racontait toute une histoire. Alors il s’rend même pas compte de son geste, mais c’est dans la mâchoire de Camila que sa main part pour venir taper avec force. Et il hurle, Victor. Il hurle à la gueule de Camila toute la haine qu’il peut lui porter de le mettre dans cet état-là. Il sait pas comment lui dire les choses, il arrive pas, il n’y ait jamais arrivé. Elle est capable de lire entre les lignes, mais elle ne le fait pas parce qu’elle veut avoir la fierté d’entendre Victor se rabaisser à dire des trucs à la con. Ce qu’il ne fera pas. Et alors qu’il vient de lui foutre un putain de coup de poing dans la lèvre, il frappe à nouveau, mais contre le mur, plusieurs fois, à s’en faire saigner la main. Il sent que ses phalanges sont en train de se briser, mais il continue à taper. C’est dans son poing qu’il lui dit qu’elle n’est pas une pompe à drogue et à fric, c’est dans ce coup là qu’il lui dit qu’elle mérite rien de tout ce qui lui arrive, et c’est dans la lèvre qui s’enfle qu’il répète sans cesse qu’il ne l’a jamais détesté. Mais une fois sa voix arrachée à la petite pièce de l’appartement, il ne reste plus que le silence qui entoure Victor et Camila. Et il redevient lucide et il se rend compte de ce qu’il vient de faire. Il vient de frapper Camila. Fort. Pas une gifle, un coup d’poing. Un truc qu’il réserve qu’aux enculés qui l’emmerdent dans la rue ou dans les bars. Mais elle est allé trop loin, elle le méritait. Non ? Non. Personne ne méritait d’être frappé de la sorte, pas même Camila. C’était la reine de son château qui s’effondrait, et il n’était que le guignol, l’oeuvre de charité qu’elle pouvait sauver et faire joli sur un cv. Il n’était rien de plus qu’une merde qu’elle essuyait de son talon vernis de rouge. « Fuck. » Et c’était juste un murmure, parce qu’il n’avait plus la voix pour parler fort. Ses cordes vocales venaient de se défoncer quelques secondes auparavant.

je m’en fous pas en vrai. crois pas que ça me fait pas mal de sortir ce genre de mot mais on a jamais été capable de se dire les choses autrement. on est deux tempêtes et ont entrent en collision à chaque fois. on peut rien faire contre ça, on se dévaste l’un l’autre inlassablement et j’sais même pas pourquoi aucun de nous deux n’a eu la jugeote de s’en aller réellement. j’balance ce que j’ai de mauvais sans jamais dire ce que j’ai sur le coeur. j’préfère être immonde avec toi que te dire que t’as réussis à t’approprier mon coeur. puis j’veux pas te le donner de toute façon. et je t’emmerde toi et ton sale caractère. toi et tes mots beaucoup trop fort à chaque fois. tu crois quoi ? que c’est parce que je rends les coups que ça me fait pas mal ? t’as faux. j’suis pas insensible. tu le sais. tu le sais sinon j’me ferais pas autant de mal. j’chercherais pas autant à me détruire. mais c’est ton poing qui vient soudainement s’écraser sur mon visage. avec une force qui m’fait dériver. j’le sens le liquide chaud dans ma bouche. j’le sens ce goût de fer qui s’répand entre mes lèvres et je tombe sur le sol alors que tu frappes encore et encore quitte à laisser des marques sur mon mur. j’réagis même pas. j’ai la tête qui tourne et ça fait un mal de chien. j’ai des larmes qui perlent sur mes joues. de la rage, de la colère, de la peine. est-ce que c’est la peine qui prends le dessus ? j’en sais rien. tu hurles à m’en briser les tympans, à ameuter tous les gens de ce foutu immeuble et j’reste juste au sol, à suffoquer. fuck. c’est ce qui sort finalement de ta bouche et j’reste là, à rien dire. j’crois que je percute pas en fait. j’réalise pas ce que tu viens de faire. c’est toi qui est allé trop loin aujourd’hui. j’encaisse d’habitude. les coups sur la tête, les gifles que tu peux me foutre. mais là, c’est ton poing que t’as lancé et mon sang que je crache sur le sol à défaut de me relever. j’porte ma main tremblante à mon visage endolori, j’retiens autant que je peux la douleur mais ça doit s’voir sur mon visage. ça doit se voir dans chacune de mes respirations. j’respire sans doute trop fort de toute façon. et j’relève mes yeux embués vers toi, abasourdi. comment t’as pu ? j’suis sonnée, abîmée. j’aurais pas pensé qu’on puisse me faire descendre encore plus bas pourtant, toi t’es là pour me prouver que tu peux provoquer une chute bien plus violente que celle que je vis déjà. ma main libre s’pose contre le mur en guise d’appui mais j’y arrive pas. j’reste clouée au sol à te regarder et j’espère que pour une fois, tu le lis dans mes yeux. j’espère que t’y lis la douleur que tu causes. j’espère que tu perçois à quel point j’suis dingue de toi et que tu finiras par crever avec ça.

C’était là. C’était ça. Ce regard. Celui du désespoir. Et ça, ce qu’il pouvait lire dans les yeux de Camila, il ne comprenait pas. Il avait déjà lu de la haine, de la colère, du dégoût, de la rage, et même à un moment donné du désir, mais jamais de la… peine ? Il était peut-être en train de faire la pire erreur de sa vie, et il avait envie de partir en courant, mais il avait pas l’droit, alors il restait là, sans bouger. En fait, peut-être que quelque part, c’était ce qu’il aurait voulu se faire à lui-même mais il n’y avait eu que Cam pour recevoir ses putains de coup. En fait, c’était une guerrière, la femme la plus forte qu’il ait jamais rencontré. Elle était vibrante, la tête haute tout le temps, elle était capable de tout surmonter, et malgré tout, elle tenait debout et regardait les gens avec mépris. Une façon de se protéger. Surtout des mecs comme Victor, capable de la tamponner comme un vulgaire sac de frappe. Il sentait son bras trembler, tout son corps, il allait s’effondrer, mais il n’avait pas le droit. Et un voisin défonça la porte de l’appartement de Camila après les coups et le cri, et il n’eut pas le temps de comprendre ce qu’il se passait qu’il se prenait un coup dans la gueule. Et il ne réagissait pas. C’était quoi ce délire ? Une femme s’approchait de Camila, et une autre appelait les flics. Il fallait qu’il s’casse. Son casier était trop lourd, il n’avait pas le droit. C’était un putain de voyou à la con, et il jouait avec le feu. Mais voilà que Camila était toujours à terre, le regard vitreux, et plein de… larmes. Elle pleurait ? De douleur, elle devait seulement avoir mal. Pourquoi pleurerait-elle pour lui ? Il était couché, le genou d’un homme dans son dos qui le maintenait au sol, la joue contre la moquette. Il sent que son arcade s’est éclaté et son visage devenir rouge. Et il ne peut pas lâcher les yeux de Camila où il lit un nouveau monde entier. Il entend des gens hurler sur lui, mais il ne comprend pas un mot. En fait, là, il voudrait juste parler à Camila, et lui dire des trucs. En serait-il capable ? Son corps était flasque, lourd et pesant. Il n’avait pas envie de fermer les yeux, il voulait s’perdre au milieu des iris de sa proie. Puis un homme le releva, un flic sûrement pour lui passer les menottes. Et il ne disait rien, Victor, il regardait juste Camila. Et ça le percutait en pleine gueule. Il ne l’avait jamais détesté. Au contraire. Alors le policier le poussa hors de l’appartement et il eut le temps de regarder Camila une dernière fois. « I lo… i’m sorry. » Qu'il fait avec les lèvres, sans sortir un son de sa gorge. Etait-il capable de faire quoique ce soit ? Et il passe la porte, les menottes qui lui sert tellement les mains qu’il a l’impression que ses poignets vont s’arracher.

j’veux que tu crèves. que tu t’étouffes avec ma peine et mes ressentis. j’veux que ta dernière image soit moi. j’veux que t’agonises comme j’agonise là. j’te déteste. j’te hais de me faire ça, de jamais rien comprendre, d’être juste le plus grand connard de l’histoire. j’en ai déjà trop bavé mais toi, tu prends un malin plaisir à voir jusqu’où tu pourrais m’enfoncer. et j’me hais de rester coincée dans une énième histoire destructrice. l’pire ? t’es même pas mon mec. j’devrais t’envoyer te faire voir en un claquement de doigt mais non. j’vais tout pour te provoquer, t’attiser, déclencher des choses chez toi. jusqu’à ce qu’on aille trop loin comme là. j’ai la tête qui tourne et je cligne des yeux à plusieurs reprises alors que la porte s’ouvre à la volé, la chambranle à moitié éclatée. y a des gens qui entrent et toi qui finit à terre alors qu’on s’approche de moi. j’vois l’inquiétude dans leurs yeux, leurs gestes alors qu’une voix lointaine me donne l’impression de s’adresser aux autorités. mais j’m’en fous, j’m’en tape. moi c’est toi que je regarde alors qu’on me répète à plusieurs reprises de ne pas me lever. et j’veux les insulter de les voir te faire mal. ils ont pas le droit de te toucher. ils ont pas le droit de t’aplatir sur le sol comme si t’étais rien. j’déteste cette image là mais j’reste impuissante alors que c’est finalement des menottes qui viennent enserrer tes mains. non, non, non. j’veux pas qu’ils t’enlèvent. j’veux te parler à toi. j’veux qu’ils referment cette porte et qu’ils se mêlent de ce qui les regarde. pas de nous, pas du reste. j’te fixe sans relâche, les mots que tu mimes sans les sortir et dans la finalité, j’me retrouve seule. entourée par trop de gens dont je me fiche alors désespérément seule. ils comprennent pas. ils comprennent pas que c’est de toi dont j’ai besoin et j’crois que je ne le comprends pas moi même.