you lost the fire where the smoke is // @Victor Multrier ※※※ j’sais pas ce que je fais, j’sais juste que j’enchaîne les merde. tout le temps. camila, passion drama. on pourrait me faire une télénovela sans souci à ce point là. même quand j’fais tout pour que ça rentre dans l’ordre, même quand j’force pour que les choses s’arrangent, y a toujours un boulon qui déraille. que ça soit dans ma tête ou ailleurs. « dégage tes pieds de ma table » j’râle shootant dedans. mais forcément, t’attends même pas trente secondes pour les remettre. j’vous présente victor, le mec qui s’en branle de tout et qui prends un malin plaisir à m’faire chier. « p’tain. » j’sais bien que j’ai la manie de m’emporter pour rien mais tu me gonfles. parfois, rien que t’entendre respirer me pose problème et pourtant, t’as toujours ton cul dans mon canapé. j’souffle again récupérant mon téléphone en charge, checkant les dernières notifications. rien d’intéressant en soit. et j’lutte pour pas aller voir l’instagram de plucon. je l’ai pas unfollow pour rien lui. j’veux plus rien voir que ça soit de sa vie ou de celle de sa gueuse. bref. je respire et tout vas bien, pas vrai ? je vais bien. j’ai pas cherché à me balancer d’une fenêtre depuis plus d’une semaine déjà, c’est signe que ça s’arrange. je cherche le positif et c’est compliqué quand on est aussi négatif que moi mais.. j’essaie. au moins j’essaie et c’est le genre de truc que je faisais plus depuis des mois. « tu comptes bouger bientôt ? » maintenant ? j’crois que j’ai besoin d’une dose et dans ce genre de moment, j’préfère être seule du coup.

you lost the fire where the smoke is // @Victor Multrier ※※※ ah la délicatesse. c’était visiblement pas donné à tout le monde. et j’fronce les sourcils, continuant à pester contre l’abruti qui prenait mon canapé pour son domaine. « rêve toujours, tu m’mettra jamais rien dans l’cul. » pas plus ta **** que tes doigts. et ouais, j’crois que tu me rends vulgaire en fait. puis c’est probablement parce que tu me gonfles. j’te jure que la plupart du temps, j’ai envie de te coller ma main en pleine tête -quoi que l’expérience, je l’ai déjà tentée à plusieurs reprises sans hésitation. « tu bouges quand j’te le dis. » j’rectifie parce que je crois que t’oublie que t’es chez moi là. et par conséquent, mon appartement est égal à mes règles. à croire que tu le fais exprès en fait. à toujours chercher à déclencher une nouvelle bataille. parfois, j’comprends même pas pourquoi je m’entête à te voir. j’dois être maso ou complètement timbrée. quoi que la moitié d’harvard s’accorderait à dire que ma place est en psychiatrie. « connard » j’souffle massant mes tempes douloureuse. j’sais pas si j’ai un début de migraine ou si c’est le manque qui m’tape sur le système. dans tous les cas, j’refuse de rester comme ça. j’suis déjà venu à bout de mon paquet de clope, j’hésite à en entamer un deuxième. sauf que là, c’que j’veux, c’est ma dose d’héro. et j’m’en fous de tout foutre en l’air encore une fois. j’ai craché sur ma sobriété y a trois semaines déjà. « j’te file du fric, bouge. » tu sais que j’peux pas acheter moi même. tu sais que si j’me fais capter, j’repars en désintox aussi sec. j’suis une gosse de riche, j’ai tout le monde sur mon cul, commence pas à me faire chier.

you lost the fire where the smoke is // @Victor Multrier ※※※ c’est quoi cette manie de toujours vouloir m’emmerder en fait ? j’ai l’impression que tu fais exprès. que tu sais que je vais réagir au quart de tour et que ça t’amuses de m’faire péter un câble. sauf que p’tain victor, un jour j’vais vraiment t’emplafonner et tu feras beaucoup moins le malin. j’mime un baiser à tes propos disgracieux alors que j’obtiens finalement gain de cause puisque tu lèves ton cul. et j’trouve que tu réduis beaucoup trop la distance entre nous. juste assez pour me faire froncer les sourcils alors que la paume de ta main vient claquer sur mon front. « J’VAIS TE TUER » sale con. t’es déjà sorti mais tu perds rien pour attendre. et j’suis fébrile en attendant, j’tourne en rond, fait les cent pas, mes doigts pianotent nerveusement sur le bar de ma cuisine avant que finalement, tu ne passes cette foutu porte. j’attends pas, j’fonce et récupère le sachet que tu venais de poser sur la table levant les yeux au ciel. tu sais que je me l’injecte moi. j’ai pas de patience, j’préfère les effets immédiats. et j’relève la manche de mon pull, dévoilant les cicatrices de ma tentative avant de me faire un garrot. j’m’en fous que ce soit visible, j’ai de compte à rendre à personne. et j’suis concentrée soudainement, j’dis plus rien, j’récupère le produit, le fait chauffer et après tout ça, plante finalement la seringue dans mon bras. dans le même laps de temps, j’me laisse glisser dans le canapé, soufflant un coup, apaisée. « démerde toi maintenant » j’te rappelle que tu m’as frappé, tu peux crever avant que j’te prépare quoi que ce soit.

you lost the fire where the smoke is // @Victor Multrier ※※※ de toute façon, j’suis déjà trop loin pour réagir à tes plaintes. et dans tous les cas, je m’en fou royalement. tu fais jamais rien d’autre que râler pour un oui et pour un non, à force, j’prends ça comme des bruits de fond et j’y porte plus vraiment d’attention. t’es chiant de toute façon, c’est pas nouveau et j’crois pas que ça changera. puis j’préfère fermer mes prunelles et me laisser partir toujours plus loin. j’plâne complètement, j’me sens bien et je me dis que je voudrais pouvoir ressentir ça tout le temps. j’crois même que je souris dans le fond. les douleurs dans ma tête s’apaise, celles de mon coeur aussi. les autres peuvent bien jouer les aveugles mais moi, ça me fait du bien cette connerie. et je m’en tape d’être une droguée de service, une camée, y a personne qui connait l’horreur présente dans ma tête alors j’emmerde les jugements et tout ce qui va avec. de toute manière, personne n’a besoin de savoir. à partir du moment que toi, tu fermes ta bouche, ça sortira pas d’ici. et en parlant de toi, j’te regarde subitement. toi et tes traits apaisés. t’es beau comme ça. t’es beau quand tu te tais. j’dirais même que.. non, j’arrête. j’détourne les yeux parce que même défoncée, j’arrive à me rendre compte que j’veux pas penser ça. que j’veux pas te trouver quoi que ce soit. t’es juste con puis ça s’arrête là. et j’sais pas depuis combien de temps je vole comme ça mais ça doit faire des heures. ou peut être que j’hallucine mais ça tape de nouveau dans ma tête. comme si ça n’allait plus. comme si j’étais déjà en train de redescendre. j’redescend ou j’pars en vrille ? j’sais pas. « p’tain, si j’pouvais faire une overdose ce serait le pieds. » ah, shit. on repart dans la même spirale.

you lost the fire where the smoke is // @Victor Multrier ※※※ à croire que j’ai jamais vraiment de répit dans tout ça. juste des petites pauses qui surviennent, qui me laisse penser que je vais bien et dès que j’tente de reprendre un peu de positivité, bam, ça revient. c’est violent mais c’est comme ça. et la plupart du temps, j’ai envie de m’étouffer dans mon sommeil, de plus jamais ouvrir les yeux. là, l’overdose ça m’semble bien. t’es trop haut pour me venir en aide de toute façon alors j’pourrais juste crever sur mon canapé et tout s’arrêtera enfin. « j’peux faire une overdose en silence si tu préfères » et y a ce sourire mesquin qui étire mes lèvres. j’comprends pas pourquoi ça t’énerves autant à chaque fois que j’en parle. ça t’fous sur les nerfs mais t’es le premier à m’répéter que je sers à rien, que j’suis la reine des connes et j’en passe. tu dois être tout aussi timbré que moi. au final, t’as pas besoin de faire le moindre test, j’peux t’affirmer que t’es aussi cramé que ta mère. « victor.. » j’souffle et j’ai l’impression d’avoir le coeur qui s’embrase. qui bat trop vite. qui m’fait mal. j’ai la sensation de suffoquer, de brûler intérieurement. et j’ai chaud soudainement, j’crois que j’ai les mains qui tremblent aussi. j’louche trop pour être affirmative sur ça. puis j’me redresse, d’un coup. j’ai ma façon singulière de lutter contre le mal qui s’empare parfois. j’sors une boîte d’un tiroir et une lame de rasoir. « ferme les yeux » j’ai la voix qui s’étrangle un peu alors que j’me retrouve en tailleur au milieu de mon salon à poser le bout de fer sur mes cuisses. j’ai déjà fais ça des milliers de fois. ça tue pas, ça laisse que des marques mais j’me sens mieux à chaque fois.