Son organisme ne s’est toujours pas remis du jet lag mais peu importe. Seung n’a aucune volonté de rester allongé dans cette chambre d’hôtel faisant office de foyer le temps qu’il trouve un toit digne de ce nom. Compliqué de débarquer dans un pays dont il ne connaît presque rien mais sa capacité à s’adapter devrait l’aider dans cette nouvelle vie. Pas sure par contre que cette qualité lui soit utile afin d’obtenir le pardon de Naeun. Il est fou de se lancer dans cette aventure périlleuse mais Seung est têtu. Seung croit en lui et sa bonne étoile. L’idol n’a jamais été aussi déterminé dans sa vie. Il ne partira pas de Boston tant qu’il n'aura pas obtenu ce qu'il souhaite le plus au monde. C’est assez facilement qu’il a pu se procurer l’adresse de la jeune coréenne. En même temps des filles répondant au doux nom de Naeun Min, il ne doit pas y en avoir des milliers par ici. Un taxi l’attend déjà dans la rue. Trajet plutôt rapide, les rues étant loin d'être encombrées. Comparé à Seoul, les lieux semblent même désert, ce qui est d’ailleurs apaisant. Après avoir donné ses quelques dollars au chauffeur, il claque la porte. Son regard se promène sur les bâtiments à la recherche du fameux numéro qui l’intéresse. Par chance une habitante sort tout juste de l’immeuble et il en profite pour s’engouffrer dans le hall de la résidence. Il grimpe les étages qui le ramène vers son premier et unique amour. Un flot soudain de souvenirs bons comme mauvais, lui embrouille le cerveau mais rien ne l’arrêtera. Rien ne l'empêchera de retrouver son précieux visage. Presque inconsciemment il sonne à la porte, avant de réaliser qu’il ne s’était pas préparé ce moment. Les paroles viendront d’elles même à espérer qu’elle soit bien chez elle mais surtout qu’elle ne le tue pas sur le champ, quand bien même il mérite cette sentence.

sécher les cours c’était pas vraiment le genre de chose faisant partie de mes habitudes, pas du tout même. disons que.. j’me sentais pas bien. barbouillée ou une connerie du genre. probablement à cause du trop plein de frites que je m’étais enfilée la veille mais peu importe. j’avais préféré rester emmitouflée dans un plaid à regarder la télé plutôt qu’affronter l’hiver qui faisait rage à l’extérieur. moi j’aimais le soleil, les shorts et le bronzage. pas le nez qui coule, le rhume et les doudounes me donnant l’impression de ressembler à un sumo. et forcément, pour la peine, j’étais seule dans l’appartement. j’avais beau avoir supplié sybel de me tenir compagnie, madame avait préféré rester sérieuse et s’enfuir direction harvard pour ne rien manquer. vive les potes ouais. et je rigolais bêtement devant une blague faites dans l’écran de couleur que j’étais en train de regarder avant que la sonnette de la porte d’entrée ne retentisse. regardant rapidement l’heure sur mon téléphone, j’arquais un sourcil. j’avais rien commandé et il était trop tôt pour que qui que ce soit rentre. traînant des pieds, je lâchais mon plaid marchant jusqu’à la porte, déverrouillant celle-ci avant de.. stop. on rembobine. j’crois que j’avais les yeux quasi exorbitée à ce moment-là et la douloureuse impression de me prendre un coup en pleine poitrine. j’ouvre la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. rien. même pas une insulte. je me retrouve démunie face à la seule personne au monde que je ne voulais certainement pas voir. seung-gi. et j’ai aussi le coeur qui bat à une vitesse incroyable. je suis en train d’halluciner. les cachets que j’ai pris ont des effets secondaires ou j’suis en train de dormir et c’est juste un cauchemar pour me punir de pas m’être bougée le cul de la journée. ouais, ça doit être ça. un peu hébétée, je recule de quelques pas, ma main droite se raccrochant au meuble où trônait une multitude de connerie. ouais, j’ai l’impression que le sol se dérobe sous mes pieds et que je suis incapable de me tenir. putain, putain. faites que ce soit rien d’autres que mon esprit qui s’amuse à m’emmerder.

Qu’est ce qu'il va bien pouvoir lui dire ? Là est toute la question auquel il essaye de vite trouver une réponse avant que la porte ne s’ouvre. Lui demander pardon serait bien trop déplacé et parfaitement hypocrite. C’est lui qui a fauté et non l’inverse. Lui dire qu’elle lui a manqué ? Bien que cela soit la vérité, pas sur qu’elle accepte d’entendre cela. Il a beau réfléchir, retourner la question dans tous les sens, il ne sait pas. Lui qui est pourtant si doué avec les mots, il fait face à une impasse. Tout se mélange dans sa tête et lorsqu’il entend le cliquetis de la porte, annonçant l’ouverture de cette dernière, il se retrouve comme suspendu dans le temps. Il cache ses mains, prises de tremblement, dans les poches de son pantalon. Elle est là devant lui. Son rayon de soleil. Encore plus parfaite que dans ses rêves. Il esquisse un sourire béat. Ce sourire qui a le don de faire chambouler n’importe quelle demoiselle mais pas sûre que cet atout charme ait l’effet escompté sur elle. Silence pesant qui plane au dessus d’eux. Naeun est là en chair et en os mais pourtant elle semble ailleurs, dans une toute autre dimension. Et lui il reste bête devant elle. Il n’ose pas dire un mot. A son mouvement de recul, il se pince les lèvres. La culpabilité l’envahit lorsqu’il réalise la faiblesse de la jeune femme. Par instinct protecteur, il s’avance, réduisant ainsi l'éloignement qu’elle vient de leur imposer. Machinalement sa main se pose sur son épaule. Il a soudainement peur qu’elle s’effondre et refuse qu’elle soit blessé une fois de plus à cause de lui.” Pardon. Je ne voulais pas t’effrayer.” Quel abruti… Il a prononcé le mot qu’il ne fallait pas.” Mais je devais te voir.” Un besoin vital. Il ne pouvait plus supporter le manque.

ouais, pour le coup j’aimerais sincèrement que ce soit mon esprit qui me joue des tours. qu’il ait envie de se montrer farceur et qu’il me fasse la frayeur de ma vie avant de me permettre de me rendre compte que tout ça n’était qu’un mirage. je croise les doigts très fort pour que ce soit le cas en tout cas. parce que j’ai clairement pas besoin de te voir ici. tu te rends compte que je suis toujours pas guéri de toi ? que tu m’as brisé le coeur sans même te retourner ? est-ce que tu te rends compte de l’enfer que j’ai vécu sans toi ? j’ai tout perdue et on m’a envoyé ici. t’as rallongé chaque période entre nos rendez-vous. tu les as écourtés. c’était presque un miracle si tu répondais à un de mes messages dans la journée et moi, je me suis juste senti abandonnée. j’ai eu l’impression que tu crachais sur tout et que tes belles paroles visant à me faire rester à tes côtés quand tout ça a éclaté n’était rien d’autre qu’un tissu de mensonge. alors non, je ne veux pas te voir ici et sous le choc, je recule. je recule et je cligne des yeux convaincus que ça suffira à te faire disparaître mais non, t’es toujours là. t’es toujours là et tu réduis la distance, ta main se posant sur mon épaule. j’ai un hoquet de surprise puis un autre mouvement de recul. ta main, le contact, ton parfum. ça semble trop réel et c’est le pire. j’ai l’impression de chuter violemment. chute qui s’accélère quand j’entends le son de ta voix. putain, non, non, non. « m’effrayer ? » j’suis pas effrayée. j’ai juste pas envie de te voir ici. ça n’a strictement aucun rapport. « ça, c’est égoïste. » moi j’avais besoin de toi y a un an en arrière. et t’étais où ? ah, ouais. tu parcourais le monde avec tes concerts à la con. à rassurer tes groupies de merde sur mon sujet pour finalement me laisser tomber. « quoi ? t’es invité dans une émission pas loin d’ici et tu t’es dis que t’allais passer me dire bonjour ? casses-toi seung-gi, j’ai pas besoin de ça. » et sûrement que ça doit te faire bizarre puisque je ne me suis jamais adressée à toi de la sorte mais tu le mérites. tu le mérites et maintenant, disparaît.

Seung n'a commis que très peu d'erreurs dans sa vie. La perfection, c'est sa ligne de conduite depuis bon nombre d'années. Pas le choix dans le milieu impitoyable de la k-pop. Il faut être irréprochable. Mais il a commis une erreur bien fatale: repousser Naeun en pensant qu'il pourrait tourner la page. Certes il a des circonstances atténuantes: la pression du label, des fans qu'il ne voulait pas décevoir mais il n'aurait jamais du prendre cette décision seul. Jamais. Son choix lui a fait tout perdre: elle, son aversion pour la musique, sa carrière, sa fierté aussi. Tout ce qu'il a soigneusement construit s'est effondré. Recoller les morceaux s'avère être une mission impossible. Aujourd'hui, il doit relever le défi le plus important de son existence: retrouver une place dans la vie de Naeun. Entrée brutale qui a presque eu raison de la demoiselle. Pas étonnant venant de Seung, qui ne fait jamais rien à moitié. Première phrase prononcé. Premiers mots de travers, sans compter ce geste maladroit qu'elle repousse. Il fallait s'en douter et il ne peut lui en vouloir. Le seul méchant ici, c'est lui et il assume totalement. Egoïste. Elle a également raison sur ce point. Il caresse sa nuque, réalisant que peu importe ce qu'il pourra dire, il aura forcément tort." Egoïste, je te l'accorde mais c'est véridique. " Elle l'enchaine, lui crache à la figure mais il encaisse. De toute manière il n'a pas vraiment le choix." Je ne suis pas là pour la musique. Je suis là pour toi. " Il n'est pas ici pour tourner autour du pot mais bien pour jouer cartes sur table, qu'elle le croit ou non." Tu n'as pas besoin de quoi ? De moi ? " Question ô combien dangereuse dont il redoute la réponse. Aurait-elle vraiment fait une croix sur lui ? Il aurait bien du mal à y croire.

pourquoi tu fais ça ? pourquoi tu m'imposes soudainement ta présence alors que t'as installé un silence pesant entre nous pendant plus d'un an ? pourquoi tu reviens soudainement ? tu te pointes devant ma porte, l'air de rien, avec ton sourire qui m'a fait fondre plus d'une fois et puis.. ? qu'est-ce que tu attends au juste ? parce que moi, j'ai plus rien à te donner. tu m'as déjà tout pris, est-ce que c'était difficile pour toi de me laisser faire le deuil de tout ça ? c'est dégueulasse ce que tu me fais là. t'as juste tellement pas le droit de revenir l'air de rien pour des raisons que je ne comprends même pas. et au moins, on est d'accord sur une chose : t'es égoïste. terriblement égoïste de m'imposer ça alors que j'ai rien demandé et que je t'ai laissé vivre tes rêves pendant que moi je perdais tout ce que j'avais pu construire. « je m'en fiche » puis ça veut dire quoi au juste être là pour moi ? j'ai pas réclamé ta présence, je t'ai pas demandé de venir ici. c'est sûrement trop tard pour te pointer comme ça après tout ce temps probablement persuadé que tu n'avais qu'à claquer des doigts pour revenir dans ma vie. je te veux pas. j'veux pas que tu sois là. « exactement » que je siffle la lèvre tremblante. et ça transpire le mensonge mais j'veux plus avoir besoin de toi. « t'es un menteur. tu m'as laissé tomber, crois pas que t'ai le droit de revenir après ça. » parce que ce n'est pas le cas. alors je me fiche pas mal des intentions que tu peux avoir aujourd'hui. c'est juste le dernier de mes soucis. moi, j'ai besoin que tu disparaisses. juste ça.

Je suis un monstre à tes yeux et c'est légitime. Je n'avais certainement pas le droit de te faire vivre l'enfer, de penser que la musique était plus important que toi à mes côtés. Ma tête n'a vraiment pas tourné rond ce jour-là. Je n'ai pas su être un homme, un vrai mais je crois surtout que j'avais peur. Encore plus de haine se serait abattu sur nous. Aurions-nous été capables d'encaisser cela ? Aurions-nous survécu dans ces conditions ? Peu importe mon choix, les conséquences auraient été désastreuses. Je me doutais qu'en venant ici, j'allais en prendre pour mon grade mais entre l'imaginaire et le réel, le fossé est immense. Tes paroles sont beaucoup plus acerbes que ce que je m'étais imaginé cependant je ne laisse aucune place à la tristesse. J'ai les oreilles qui sifflent lorsque ta réponse tombe. C'est comme si le ciel m'était tombé sur la tête mais je cligne simplement des yeux. T'es une très bonne actrice, alors le mensonge tu connais bien." D'accord. " Et les reproches qui pleuvent encore et encore. " Mais qu'est ce que tu crois Naeun ? Que j'avais envie de t'abandonner ? J'avais le cul entre deux chaises. Choisir entre les deux choses qui sont les plus chères à mes yeux, tu crois vraiment que c'était facile pour moi ? " Oui peut être que tu devrais te mettre à ma place quelques secondes." Je viens de te le dire, je suis ici pour toi. Je m'installe à Boston. " T'auras beau dire tout et n'importe quoi, me crier dessus, m'empêcher de te voir; tu ne pourras pas m'empêcher de vouloir être près de toi.

c'est injuste ce que tu me fais là. c'est injuste de te pointer devant ma porte l'air de rien. t'as tellement pas le droit de faire ça alors que j'en souffre encore de ton absence. t'as juste pas le droit de me faire ça. tu crois pas que t'as déjà assez meurtri mon coeur ? j'ai pas besoin que t'en rajoutes. j'ai pas besoin que tu sois dans les parages quand tout ce que j'ai fais pendant un an était de tenter de te jeter loin de moi. « tu.. » j'ai l'impression que j'allais péter un câble en entendant des mots. « t'avais un choix à faire ? » moi ou la musique ? ça, par contre, je l'avais pas vu venir. et c'était encore pire parce que j'avais l'impression que l'on m'arrachait le coeur une nouvelle fois. jusqu'à maintenant, j'avais bêtement cru que t'avais juste laissé couler, que la pression était trop forte et que t'avais abandonné choisissant la facilité en faisant juste comme si j'existais pas. et là, en fait, j’apprenais que c'était un choix que t'avais fais ? mais c'était pire en fait. « tu sais ce que j'ai choisi entre ma carrière et toi ? » bien sûr que tu le sais. tu le sais parce que tu m'as plus jamais vu au label. parce que j'ai plus jamais tourné dans le moindre drama. « j'avais besoin de toi et t'as juste tout fait pour plus qu'on se croise » jusqu'à ce que les choses dérapent et qu'on m'envoie ici pour "ma protection" même si j'avais toujours vu ça comme une semi-punition. « mais j'veux pas. j'ai pas besoin que tu sois là, t'as pas à t'installer ici. tu peux t'en aller. » vraiment. pars loin d'ici, ça rime à rien tout ça.

Tu t'es reposée sur mes épaules quand notre relation a été dévoilé au grand jour. J'étais là pour toi, pour te rassurer mais moi j'avais personne. Personne pour me conseiller, me dire quoi faire. Je devais encaisser les remontrances de mon label, tout en essayant de sauver notre couple. Alors oui j'ai la tête dure mais supporter une telle pression, c'était juste épuisant. J'en dormais plus et je crois que mon cerveau a déraillé lorsque j'ai du choisir mon destin. Je te vois paniquer au mot choix, oubliant complètement que tu ne connaissais pas cette partie de l'histoire car quand j'ai voulu t'en toucher un mot, t'étais déjà partie bien loin. Je vois bien que tu cherches à me faire culpabiliser." Et ce choix t'a rendu heureuse ? " J'ai du mal à croire que ça ne t'a pas attristé de faire tes adieux à ta carrière alors que c'était ton rêve de gamine." J'étais obligé de m'éloigner pour te protéger. Je pensais que ça nous permettrait de nous retrouver plus tard mais j'ai eu tort. Ca ne s'est pas passé comme je l'avais prévu. " La chance me sourirait en général mais pas cette fois-ci. A ta contestation je lève les yeux au ciel. T'es vraiment têtu comme fille et même si j'appréciais ce trait de caractère autrefois, je dois dire que là il m'embête plus qu'autre chose et me met des batons dans les roues." Désolé de te décevoir une fois de plus. Mais tu ne peux pas m’interdire de rester. " Là encore c'est mon choix." Tant pis si ça prend du temps mais je compte bien te montrer que tu as encore besoin de moi dans ta vie " Et pas juste pour y faire de la figuration

retourne en corée, fais ce que tu veux mais ne reste pas ici. c'est déjà difficile quand t'es pas là, comment je vais gérer si je peux te croiser à tous les coins de rues ? j'pourrais pas. alors ouais, je veux juste que tu disparaisses parce que c'est clairement ce qui m'arrangerait le mieux. « il aurait pu si tu m'avais pas laissé tomber. » je t'ai choisi toi mais ce n'est pas ce que toi tu as fais. alors je me suis retrouvée sans carrière et sans toi. et probablement que je suis juste une débile de première pour avoir cru à toutes les conneries que t'as pu me raconter. « me protéger ? » c'est un rire nerveux qui sort de ma bouche à ce moment-là. « quand c'est sorti, t'as promis seungi. t'as promis que ça irait et t'as tout fait pour que je reste. » ce que j'ai fais au cas où que tu ne te souviennes pas. « sauf que t'étais jamais là. t'annulais presque chaque rendez-vous au dernier moment et j'te voyais quoi ? une fois tous les trente-six du mois ? » c'est ce que je mérite d'après toi ? parce que toi, t'as tout fait pour m'éviter, pour me pousser au loin. t'as même pas cherché à rompre correctement avec moi, tu m'as juste abandonné. « tu crois que tu m'as protégé quand tes fans m'ont agressées en pleine rue ? parce que tout ce que j'ai gagné, c'est qu'on m'envoie en exil ici. » ça fait un an que j'ai pas mis les pieds en corée et j'sais même pas si mon père me laissera revenir un jour. tout ça pour quoi ? pour toi. et je serre les mains tellement fort que mes ongles se plantent dans la paume de main quitte à y laisser des traces. « j'te déteste. j'passe chaque jour de ma vie à te détester un peu plus. » alors comment tu crois que tu peux réparer ça ?