Je me sentais mal, vraiment mal. C’était compliqué comme situation à gérer parce que même si elle me détestait, je continuais de l’aimer. Et j’aimais Louison et elle ne méritait pas ce qui allait se passer par la suite. L’acharnement de Cléo ou de Camila devrait se concentrer sur moi et non sur elle. Seulement, je ne savais pas trop ce qui m’attendait par la suite. Il allait falloir qu’on parle divorce, qu’on parle garde du bébé - même pas encore né. C’était une situation difficile à gérer et j’allais devoir faire le jongleur pendant quelque temps avant que ça ne finisse par se tasser. J’avais alors décidé dès que j’ai su pour le retour de Camila de me rendre à l’hôtel Marriott International. Celui dont j’avais la majorité des parts. Celui qui permettait à Camila et moi d’avoir une longue et prospère vie. Mon cul, j’avais tout foutu en l’air. Alors ouais, ça ne m’appartenait pas et je faisais tous les papiers nécessaires, avec les avocats de l’hôtel, pour lui rendre ce qui lui était du. Une copie des papiers dans les mains, je sortais du bureau, épuisé par tout le jargon légal, la tête dans le téléphone pour lire les différents SMS reçus. Seulement, je ne faisais pas gaffe et c’est comme ça que je rentrais dans une personne. « Je suis désolé » que je disais, avant de poser mon regard sur la personne. Ah. Merde. Serrant la mâchoire, pinçant les lèvres, je contournais Camila, dans le simple but de reprendre mon chemin et la laisser vaquer à ses occupations. Seulement, c’était Camila, et le pire était à venir.

j’étais fatiguée. et en fait, maintenant que j’étais là, je n’étais pas certaine d’être réellement prête pour tout ça. peut être que j’aurais dû attendre encore plutôt que m’infliger moi même cette tornade là. j’avais pas le coeur à l’affronter et par moment, j’aurais souhaité ne pas avoir de coeur du tout. quelques messages avaient suffit à me retourner l’estomac et maintenant, je me retournais toute seule la tête. j’avais passé ma matinée assise sur le lit de cléo, à me répéter qu’un seul petit joint suffirait à me détendre. à lutter avec moi même pour ne pas prendre mon téléphone et contacter quelqu’un. ils nous l’avaient répétés des milliers de fois au centre que notre pire ennemi était nous même. j’en étais consciente. j’avais toujours été ma pire ennemie de toute façon. et comme si ça suffirait à me canaliser, j’avais fait tourner entre mes doigts le jeton de sobriété une centaine de fois cherchant à y trouver un peu de fierté. et j’crois que c’était surtout pour me vider la tête que j’avais finalement pris la direction de l’hôtel. je ne savais même pas si j’avais envie d’y mettre les pieds et pourtant, me voilà à déambuler dans la partie où se trouvait les bureaux sans trop savoir quoi faire de ma carcasse. jusqu’à la collision. j’ai l’air un peu hébétée sur le moment, comme si je sortais d’un long sommeil avec l’incapacité de réussir à me situer dans l’espace temps. pourtant, la voix aurait dû me mettre en garde dès les premières secondes. je me pince les lèvres le temps de me reconnecter, toisant du regard ce que j’avais trop longtemps considéré comme mon avenir. « désolé de quoi au juste ? » c'est le ton cinglant qui résonne dans le couloir et mon incapacité à t'ignorer. j'aurais jamais cru que tu puisses autant me heurter.

Rien ne se passait comme j’aurais souhaité. Pourquoi la polygamie n’est pas autorisée déjà ? Non mais parce qu’en vrai, ça aurait réglé le problème. Mon problème tout du moins. Aimer deux femmes, diamétralement différentes, ça faisait que j’étais tourmenté H24. J’aimais Louison, mais j’aimais Camila. Et quand je souhaite en rendre une heureuse, l’autre est au fond du trou. Si après le bal, j’avais fini par retourner dans les bras de Camila, cette rentrée avait marqué un tournant similaire, mais dans l’autre sens. Je peux pas dire que je regrette parce que les moments que j’ai passé avec Louison sont juste… parfaits. Mais j’aurais pu faire les choses autrement. Ne pas tromper Camila au bout de peu de temps de mariage, c’est évident. Quel con putain, impossible de penser intelligemment. Peut-être n’étais-je pas fait pour Harvard finalement. J’suis pas une tête comme on pourrait le croire. Mes actions le prouvent d’ailleurs. « De… » Je soufflais, embarrassé d’être face à elle, comme ça, à l’improviste, dans son hôtel. « tout. Désolé de tout » Comme d’habitude. Pluton est désolé, c’est sûrement le premier mot que j’ai du sortir de toute ma vie. “Dé-so-lé”. Trois syllabes qui à force, ne semble plus dire grand chose. « Je te rends ton hôtel… Ton argent. Tout. Tout ce qui est à toi, je te le rends » Parce qu’on était en pleine rupture elle et moi et c’était le moment des partages des biens, même si les papiers du divorce n’ont pas encore été rédigés.

tu sais ce qui me paraît le plus dingue dans l'histoire ? c'est cette facilité que t'as eu à me cracher dessus. pour qui au juste ? une fille que tu connais depuis quelques mois quand moi je suis dans ta vie depuis des années ? je trouve ça risible en fait parce que ça me conforte dans l'idée qu'on ne s'est jamais portés le même intérêt. j'ai été sincère et honnête du début à la fin. je me suis moi même sabotée juste pour te protéger de ce que mon monde voulait t'infliger. pour quoi au final ? que tu viennes me saboter à ton tour ? t'es sûrement le mec le plus faux qui puisse exister sur cette planète. est-ce que mon retour t'angoisses ? il devrait. me connaître c'est savoir que je ne vais pas reculer. j'ai peut être eu le pardon facile quand ça en venait à toi mais crois moi, j'ai plus rien de positif à te donner. et je lève les yeux au ciel devant le pathétisme de tes mots. désolé. t'as que ces mots en bouche, tout le temps et pourtant, je ne suis même pas certaine que t'en comprennes la signification. j'suis pas certaine que t'ai compris quoi que ce soit dans ta vie. « ah oui ? » le pire, c'est le sourire. le sourire vicieux qui vient étirer mes lèvres. oh si tu savais comme ça m'importe peu. que ce soit tes excuses ou ce que tu comptes me rendre. « je suppose que du coup dans la liste il y a aussi, mon amour propre, ma fierté, mon égo, du respect.. » je bloque quelques secondes « non ça oublie, tu sais définitivement pas ce que c'est. » je secoue la tête mes boucles brunes virevoltant sur le même rythme. « est-ce que tu me rends aussi les cinq dernières années de ma vie ? mon coeur en bon état ? est-ce que tu ne me rends que du matériel ou est-ce que tu me rends tout ce que tu as brisé ? » parce que tu sais, mon argent, mon hôtel, mon chauffeur, mon jet.. je te les ferais tous bouffer un par un. alors dis moi qu'est-ce que tu me rends de concret au juste ?

J'étais pas fier et sûrement que si les choses étaient à refaire, je ferai autrement. C'est sûr et certain. Seulement, c'était trop tard, le mal était fait. J'avais encore une fois joué la carte de l'honnêteté et Camila m'a flanqué à la porte. Bon, de façon imagée. Elle avait raison et quelque part, peut-être que c'était ce que je voulais. Détruire cette relation, la laisser se reconstruire de façon plus saine et heureuse. Je l'avais détruite... littéralement. Camila n'est plus la même qu'il y a cinq ans et je sais que c'était de ma faute. Je le sais, elle mérite mieux. J'suis pas celui qui lui faut. Preuve étant que même en me retrouvant, elle avait fini par vouloir se suicider, elle avait continué à prendre de la drogue en portant notre enfant. J'arrivais tout bonnement plus à y voir clair dans tout ça et ouais, je me suis retiré de l'équation, avec pertes et fracas. Je soupirais à ses mots, détestant la voir comme ça. Je préférais de loin la Camila pleine de vie, pas celle qui ressemblait à un DBS. « Je te rends tout ce que je peux te rendre... N'importe quoi qui peut t'aider, je sais pas » Je restais calme mais je comprenais bien qu'elle me piquait, elle me cherchait. Elle voulait sûrement se venger et elle avait raison, même si je suis pas certain qu'elle y gagne quoique ce soit.

tu vois, là, j'ai l'impression que dans toute l'idiotie dont tu fais preuve, t'as réussi à te convaincre toi même que me rendre l'hôtel sans faire de vague suffirait à calmer mes ardeurs sanguinaires. faux. ça calme rien du tout. tu pourrais aller me décrocher la lune que je te rirais au visage. démène toi si tu veux, tente de trouver des solutions si tu veux perdre du temps mais je ne te laisserais aucune issue de secours. ni aujourd'hui, ni demain. il s'agit de mon jeu, je dispose mes pions, mes règles et toi, tu n'es rien d'autre qu'un pauvre joueur qui sait d'avance qu'il sera échec et mat à la fin. « m'aider ? » excuse-moi de rire mais je trouve la manière de le dire si.. risible ? « qu'est-ce qui te fait croire rien qu'une seconde que tu pourrais m'aider ? » en fait, si tu veux la vérité, la seule personne qui a besoin d'aide aujourd'hui, c'est toi. parce que même changer de pays ne te sauverait pas de ce que j'ai prévu pour toi. « profiter de mes faiblesses pour me tromper encore une fois malgré notre mariage et ma grossesse. user de ma vulnérabilité et retarder mon processus de guérison par la même occasion. tout ça alors que je pouvais donner ma vie pour toi, que je me suis engagée corps et âme dans notre relation parce que tu étais l'amour de ma vie. » je séchais une larme ayant roulé sur ma joue avant de sourire une nouvelle fois. « bonne chance pour essayer d'avoir le bon rôle » que j'appuyais amusée. vise un peu mes talents d'actrices et les fausses larmes. mais tu vois, face à des avocats ou un jury, t'as aucune chance de t'en sortir. fais toi petit pluton. de toute façon, même comme ça tu t'en sortiras pas.

Me retrouver face à cette femme que j'aime, parce que oui malgré tout ça, je l'aime, c'était compliqué. Je n'avais plus droit à son amour, je n'avais plus droit à la moindre sympathie. Et je le comprenais, j'étais pas idiot. J'avais une nouvelle fois merdé, peut-être parce qu'on s'était précipité dans ce mariage alors que je n'étais pas guéri de la Mather. Je sais pas, je crois que je me suis laissé porter par la vie sans vraiment comprendre ce qui se passait jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Jusqu'à l'action de trop. Et de toute évidence, j'ai blessé la mauvaise personne puisque Camila semblait remontée et n'est pas du genre à lâcher l'affaire. « J'cherche pas à avoir le bon rôle, je sais que j'ai merdé » Et elle ne méritait pas que je la traite de cette façon, pour la seconde fois. Enfin, il n'y avait eu qu'un baiser mais ça avait tout de même eu l'effet d'un tsunami sur notre relation. « Je sais que tu veux te venger mais ça te sert à quoi tout ça ? Ca changera pas que je t'ai trahi et que je t'ai blessé. Crois moi que je suis pas bien à cette pensée et que si je pouvais changer les choses, je le ferai. Tu mérites mieux » Et je savais ce qu'elle allait me répondre. Que oui, elle méritait mieux qu'une merde comme moi, qu'elle voulait me faire souffrir, blablabla. Et si elle souffrait elle aussi dans le processus ? Je n'en avais pas envie. J'avais toujours ce besoin de l'épargner, quand bien même elle s'en prenait ouvertement à moi.

dans tous les cas, t'auras jamais le bon rôle. pas avec ce que tu m'as fait. pas avec la manière dont tu t'es comporté. t'as bien vu la manière que ça avait eu de m'anéantir la première fois, t'as juré de plus jamais recommencer, de me protéger surtout.. et au final, t'as eu aucun remord à me piétiner à nouveau. alors j'veux pas entendre tes "désolé" ou que tu mettes ça sur le compte d'une pseudo maladresse. t'es juste le plus grand chien qui puisse exister sur cette planète et c'est pas parce que t'essayes de le planquer sous des sourires innocents et des petites attention que ça change quoi que ce soit. « peu importe mes motivations, je le fais si j'ai envie de le faire » c'est pas tes grands discours qui vont venir m'arrêter. et ouais, peut être que tu mériterais que je ne te porte plus aucune considération mais c'est bien jouissif que de t'enfoncer petit à petit et te voir suffoquer à ton tour. « tu sais quel genre de personne tienne ce discours ? » le "c'est pas toi, c'est moi" ou bien le "tu mérites mieux". « les lâches. » mais j'crois qu'on peut s'accorder sur le fait que t'en es un de toute façon donc ça doit pas te surprendre plus que ça. « tu merdes et tu veux tellement échapper au conflit que tu pourrais me sortir tous les beaux discours du monde juste dans l'espoir que je m'en tienne à ça et que je lâche l'affaire » et n'importe quelle meuf lambda l'aurait probablement fait mais... moi ? come on pluton. la douceur et l'abandon c'est pas ce qui me caractérise, tu le sais aussi bien que moi. « quand j'en aurais fini avec toi, tu souhaiteras ne m'avoir jamais rencontré »

Me retrouver face à elle, c'était difficile, plus que je ne l'aurais cru. Et je sais que j'ai merdé, j'ai merdé royalement. Mais qu'est-ce que je pouvais faire à présent ? Le mal était fait, je l'avais blessée et jamais elle ne me pardonnera ce faux pas. Je ne pouvais rien faire de plus qu'encaisser toutes les différentes piques qu'elle risquait de m'envoyer à longueur de fois où on se verrait, si jamais ça venait à se réitérer. Après tout, on allait avoir un enfant ensemble. Un bébé. C'était pas rien un bébé... c'était même tout. Et ouais, même en sachant ça, j'ai merdé sévère et je ne comprenais même pas ce qui avait bien pu se passer dans ma tête. Tout faire foirer pour leur laisser une chance d'être réellement heureux sans moi ? Sûrement. Le petit aussi. Ou la petite, j'en savais trop rien. Je soupirais à ses mots. Elle n'avait pas tort. J'étais un lâche, j'avais pas un caractère fort comme elle. J'étais pas ce qu'on pourrait appeler un macho ou un "vrai homme". J'étais sensible, je voulais le bien de tout le monde et au final, à chaque fois, c'était elle qui trinquait. Putain... J'étais vraiment le pire dans le fond. Elle avait raison, j'étais qu'un lâche et je crois que j'accepterai tout châtiment qu'elle pourrait m'infliger. « Je sais que tu ne lâcheras pas l'affaire » Je la connaissais et.. ouais, ça allait être compliqué à vivre mais j'étais prêt à tout prendre sur les épaules, sans trop chercher à me battre en retour. Sauf si elle s'en prenait à mes droits parentaux. « Ça m'étonnerait ça » Parce que je l'aimais malgré tout et que je gardais bon souvenir de notre histoire. Même si les derniers mois n'étaient pas idéaux. La voir se battre contre la dépression, avoir failli la perdre pour ensuite apprendre que mon frère aussi voulait s'ôter la vie. Et ensuite la voir risquer la vie de notre enfant... c'était trop pour moi. Mais en rien je ne regrettais de l'avoir eu dans ma vie.