December 25th - S'il pouvait classer ses repas de Noël du pire au moins pire, celui qu'Eliot venait à l'instant de vivre devait arriver dans le top 3. Inutile de préciser que ce n'était pas du tout ce qu'il avait prévu, hein. Mais pas du tout. Les choses devenaient on ne peut plus sérieux entre Margot et lui étant donné qu'ils venaient de franchir ce pas gigantesque dans une relation de couple : la rencontre des parents. Suite à tous les événements qu'ils avaient récemment vécu et plus soudés que jamais, ce n'était qu'une suite logique des choses dont tous deux semblaient être en accord. C'est ainsi qu'Eliot avait passé Thanksgiving chez les Weasleys; un repas exquis et - presque - sans encombres si ce n'étaient les questions surprenantes du père de la rousse au Winthrop. Mais ce n'était rien, il avait survécu. Après des jours à s'angoisser pour cette rencontre, il avait même adoré au final. Et donc ça lui semblait tout à fait normal de refaire le même repas, mais pour elle, chez son père à lui maintenant. Plus que normal. C'est pourquoi il avait organisé ce repas le midi le 25, pour que Margot puisse officiellement être présentée à Victor Campbell. Et.. ce fut un désastre complet. Pour lui. Pour son père. Pas pour Margot. Qui ignorait toutes les reproches que le père d'Eliot a fait en son encontre une fois qu'elle était partie cinq minutes aux toilettes.

Flashback - « Une famille catholique, de classe moyenne, c'est ça ? .. Intéressant » Eliot se figea au ton utilisé par son père. Le repas s'était déroulé sans encombres depuis le début, Margot plus charmante que jamais, échangeant rires et anecdotes avec le père d'Eliot sur ce dernier. Le winthrop était on ne peut plus heureux. Jusqu'à maintenant. « Intéressant, hein ? Balance ce que t'as à dire papa, on ira plus vite. » En une seule fraction de seconde, Eliot venait de perdre l'appétit. Son père posa ses couverts, plia sa serviette et prit son regard professionnel, déterminé et par-dessus tout, sans merci. « Elle n'est pas pour toi, c'est tout. Jolie, il n'y a pas à dire. Mais tu ne feras pas ta vie avec, elle n'est pas à la hauteur de ce que j'attends pour toi. » Et.. voilà. Le sang d'Eliot ne fit qu'un tour alors que tous ses muscles se contractèrent. Il tenta de se calmer avant de prendre la parole mais y manqua - un rire jaune et sans joie lui traversa les lèvres. « Tu te fous de moi j'espère ? Ce que tu attends.. pour moi ?! » - « Ne t'énerve pas, ce n'est pas le moment. On en parle après le repas Fiston, ta rousse est de retour. Un dernier conseil : ne t'y attache pas trop, elle ne sera que de passage, crois-moi. »

Et ils en avaient parlé après le repas. Discrètement, derrière Margot, encore une fois, qui n'y voyait que du feu face au jeu d'acteur bien à point de Victor Campbell. Victor Campbell qu'Eliot avait envie de tuer à petits feux soit-dit en passant. Il était outré. Fichtrement outré du culot qu'il avait de pouvoir juger qui était bon pour lui ou non, sachant qu'il avait manqué la moitié de sa vie dans son éducation, n'avait jamais été présent auparavant. Fichtrement culotté de juger celle qu'il aimait, fichtrement culotté de penser qu'il la quitterait pour les beaux yeux de Victor Campbell. Putain. Il n'avait qu'une seule envie, c'était de retourner à ce foutu restaurant hors de prix et de lui faire manger tout le caviar périmé de la cuisine par les trous du nez. Jamais, jamais il n'avait été aussi en colère contre son père. Sa colère qu'il gardait en lui depuis ce midi - Eliot était incroyablement silencieux, noyé dans ses pensées, dans sa colère, qu'il en écoutait involontairement plus Margot dans leur marche digestif au bord de la plage, dans une température digne de décembre. Margot, qui semblait attendre une réponse de sa part à une question quelconque ? « Euuh.. oui ? non ? » C'était pas la bonne réponse ? « Ok ok, je ne t'écoutais pas vraiment, désolé. Tu disais ? » Peut-être qu'elle ne remarquera pas que quelque chose le tracassait fortement.

December 25th - Ses talons dans une main, elle respire Margot, elle a l'impression d'avoir passé l'un des pires examens de sa vie. Depuis deux jours, elle dormait difficilement. Se préparant mentalement à rencontrer Victor Campbell, le père d'Eliot, le père de celui qui partage sa vie. Et malgré son malaise et son mal de ventre pendant toute la durée du repas, elle a fait des efforts, Margot. Elle a fait de son mieux et elle a l'impression de s'en être plutôt bien tiré. Et elle s'est rassuré une bonne partie de la journée la rousse, a été rassurée par sms aussi, notamment par Maxine et Ashleigh. Si tout s'était bien passé avec ses parents ... Y avait aucune raison que les choses se passent mal avec le père d'Eliot, non ? Les parents de Margot avaient totalement approuvé sa relation avec le brun, à la grande surprise de la rousse connaissant le côté pointilleux de son père. Parce que s'il y a bien une chose que papa et maman Weasley veulent pour leur fille, c'est ce qu'il y a de mieux.


Flashback, lendemain de Thanksgiving - Margot, elle était rentrée avec Eliot, mais le lendemain même elle s'était rendu à nouveau chez ses parents, pour un repas rien que tous les trois. Sofia n'était pas là, Kaya avait des plans avec Nicholas... C'était l'occasion parfaite pour sonder ses parents. Elle a essayé d'aborder le sujet, se ravisant à chaque fois. Et finalement, c'est son père lui même qui a pris la parole. « Il te rend heureuse, Margot? » Elle en a lâché ses couverts, Margot, fronçant les sourcils en relevant le nez. « Pardon ? » Elle est prise au dépourvu, ne s'attend pas à ce que le sujet tombe si soudainement. « Ton Eliot. Il est poli, il a l'air très gentil, d'avoir la tête sur les épaules et un beau projet d'avenir. Mais moi ce qui m'intéresse c'est toi, chérie. Regardes moi et dis moi que t'es heureuse avec lui. » Et elle sourit Margot, parce qu'elle sait très bien combien c'est important pour lui, pour eux. Son père il n'a pas hésité à tourner le dos à sa famille par amour. Sous prétexte que sa mère n'avait pas le profil attendu par les Weasley pour son père... Alors elle tend la main pour prendre celle de son père, Margot, et elle lui assure en le regardant droit dans les yeux: « Je peux pas être plus heureuse qu'avec lui, papa. Crois moi. »

« Tu crois que si je vais mettre les pieds dans l'eau, je risque de choper une pneumonie ? » Elle pose la question en riant, regard tourné vers les vagues, Margot, alors que la pression redescend sagement après ce repas où elle avait senti clairement le regard du père Campbell posé sur elle. Mais elle s'en est bien sorti, au final, non ? Ils ont discuté, parlé d'Eliot, rigolé, parlé études ... Et elle s'est pas trompé avec ses couverts au restau. Elle s'est rappelé des conseils de son père, et de Maxine. Alors elle est plutôt fière d'elle. Mais Eliot il semble ailleurs. « La Terre à Eliot Llewellyn, je répète, la Terre à Llewellyn, vous me recevez ? » Non, clairement pas. Et c'était pas la première fois qu'il était distrait depuis leur sortie du restaurant. Et elle ne trouvait pas ça forcément normal, le connaissant. Encore moins un jour de fête. « Chéri.. qu'est-ce que t'as ..? J'ai fais une bêtise ? » Tout s'était bien passé, non ? Est-ce qu'elle avait loupé quelque chose ?

December 25th - « Un dernier conseil : ne t'y attache pas trop, elle ne sera que de passage, crois-moi. » Les paroles de son père lui restèrent en tête, résonnaient sans cesse comme un écho sans fin qui rendait dingue et qu'on souhaiterait simplement étouffer pour son bien être mental. Il ne comprenait pas Eliot, du moins, si, il comprenait mais s'évertuait à jouer les ignorants envers le comportement de son père qu'il trouvait ahurissant. Il était venu lui présenter sa petite-amie, la première qu'il lui présentait, la première qu'il présentait à n'importe qui en fait - sa mère adoptive, de son vivant, s'était toujours plainte à lui à ce propos d'ailleurs - et il agissait en pur.. connard. C'était le mot. Et tout ceci, derrière Margot, évidemment pour encore plus de fourberie. Il savait son père fourbe, il n'y avait pas à dire, parfois dur et sans aucun tact mais pas à ce point. « (...) elle ne sera que de passage, crois-moi. » Eliot l'emmerdait bien à cet instant. D'autant plus qu'il  avait réussi à ternir son humeur de la journée, à gâcher son putain de 25 décembre qu'il avait l'intention de passer paisiblement aux côtés de Margot. Et résultat : il n'arrivait même pas à profiter d'une simple balade digestive au bord de la plage de Boston. La rousse le remarqua, lui fit remarquer et intelligente comme elle est, elle visa juste le cœur du problème. Le repas. « Non non non, t'as été parfaite ! » S'était-il empressé de la rassurer lorsque le visage de Margot suait l'inquiétude. A juste titre. Il ne devait clairement pas aider à la rassurer avec son air pincé en pensant à son père puis coupable en posant le regard sur Margot.  « C'est juste que mon père est un abruti fini et tu ne peux pas y faire grand chose. » Finit-il par lâcher dans un soupir en levant les yeux au ciel. Ses paroles pouvaient paraître cryptés mais il ne douterait pas que Margot comprendrait le sens caché, que son père qu'il qualifiait joyeusement d'abruti fini ne l'avait finalement pas accepté. Loin de là. « Apparemment tu n'es pas assez bien pour moi, tu le savais ça ? » Cette blague.

December 25th - Le problème, quand on étudie le journalisme, c'est qu'on devient progressivement de plus en plus perspicace. Or, Margot, si elle n'a rien remarqué pendant le repas de Noël de ce midi, elle voit bien maintenant que quelque chose ne va pas pour Eliot. Et directement, la rousse s'inquiète, ralentit progressivement sa marche, jusqu'à ce qu'elle parvienne à interpeller le jeune homme. Perdu dans ses pensées. Quand elle met le doigt sur le repas du midi, elle a l'impression qu'elle vient de le foudroyer sur place, puisqu'il réagit au quart de tour, assurant qu'elle était parfaite. Ce qui ne la rassure pas tellement, la rouquine fronçant doublement les sourcils (ptdr c possible ça ?). « Mhh. » qu'elle se contente de marmonner, pour manifester le fait que non, ça ne lui suffit pas. Et que quelle que soit la raison pour laquelle Eliot fait cette tête, il allait devoir en parler à sa chère et tendre.

Puis il vient parler de son père. Et la gorge de Margot se serre, parce qu'une part d'elle redoute déjà la suite. Redoute des mots qui finissent fatidiquement par franchir les lèvres du grand brun: « Apparemment tu n'es pas assez bien pour moi, tu le savais ça ? » Margot, elle se fige. Reste un bref instant les lèvres entrouvertes, comme si elle s'apprêtait à dire quelque chose, pour mieux se raviser. Et finalement, elle détourne les yeux. « Ah. » Elle est pas surprise, Margot. Enfin si, un peu... Mais moins que si ça n'avait jamais été un sujet abordé chez elle. Et le pire ? C'est qu'elle finit même par rire. Rire couvert par le bruit des vagues, mais un rire qui vient naturellement. Rire amer. « J'aurais du m'en douter. » Son rire s'arrête peu à peu, pour que ses traits redeviennent plus sérieux. Emprunts de tristesse, de déception. Elle qui pensait pouvoir faire bonne impression ... « Ton père s'entendrait bien avec mon grand père paternel. » Parce qu'il a fait exactement le même speech au père de Margot, y a plus de vingt ans. La boucle infernale.

December 25th - Elle fronçait des sourcils devant sa réponse, il n'aimait pas ça. Il n'aimait pas qu'elle osait mettre en doute le fait qu'elle n'avait rien eu à se reprocher. Il n'aimait le doute qui brillait dans son regard, et à son tour, il fronça doublement des sourcils avant de porter sa main à sa joue, lui assurant, assénant même que c'était son père. Son père, toujours son père.

« Hé hé, regarde-moi. » Son rire amer, la tristesse qui habitait ses yeux, son visage, son corps entier qui criait la déception le rendaient... en colère. Toujours envers la même personne. Putain, il arrivait vraiment à détruire tout ce qu'il touchait, ce n'était pas un euphémisme. « Ce qu'il peut dire m'importe peu, voire pas du tout, ok ? » Il prit ses deux mains dans les siennes et les serra plus fort que jamais, pour appuyer ses mots, comme s'il voulait montrer que leur couple à eux aussi serait plus fort que jamais. Vu ce qu'ils venaient de traverser cette année, ce n'était pas son père qui allait les détruire en un repas, oh que non. S'il le fallait, s'il n'accepterait pas Margot, il ne le verrait plus. Il n'aurait jamais pensé prendre cette décision un jour, choisir une fille au détriment de sa famille mais Margot n'était pas n'importe quelle fille, et la décision était plus facile qu'elle ne paraissait lorsqu'il vit sa petite-amie se décomposer devant ses yeux. Cette année, il avait on ne peut trop de fois été témoin des larmes de la rousse, entre leurs retrouvailles en avril, le bal, cet été, en septembre, y'a un mois... quand on y repensait, oui, elle avait vraiment versé beaucoup de larmes oui, et en partie par sa faute. C'était fini. Nope, il était bien décidé à ne plus la briser. « Et il y a bien une raison pour laquelle je me suis plus que bien entendu avec ton père non ? » Susurra-t-il un léger sourire en coin, en abandonnant ses mains à elle pour poser ses mains à lui (c compliqué) l'une et d'autre part de son visage. Non, plus jamais il ne briserait ce visage de poupée. Sa poupée. « Dès le moment où tu m'as parlé de lui, je savais que j'allais aimer ton père. Et je le re-confirme, parce que je l'admire. Je l'admire d'avoir tenu tête à son propre père pour ta mère.. même si je ne le comprenais pas au début.. » Souvent, il jalousait la famille soudée et aimante qu'avait Margot, l'amour qui régnait chez eux. Mais oui, il n'avait pas compris au début, faut l'avouer, il n'avait pas compris comment son père avait pu tourner le dos à sa propre famille pour.. l'amour. Puis quand il avait regardé Margot, là, sur cette plage, et d'un coup, il avait compris. « Maintenant, si. » Meaning what, il allait suivre les pas de beau-papa aujourd'hui et tourner le dos à son père. Pour elle.

Spoiler:

December 25th – Pourquoi fallait-il que certaines personnes agissent comme ça ? A vraie dire… Comme ses grands parents ? L’histoire, elle l’a déjà entendue encore et encore de la bouche de ses parents, qui ne l’ont jamais caché aux filles Weasley : S’ils n’avaient plus de contact avec leurs grands-parents paternels, c’était parce qu’ils n’acceptaient pas leur mère. Leur mère, laquelle était probablement l’une des femmes les plus douces et attentionnées qui soient, et Margot, elle ne pense pas ça parce que c’est sa mère, du moins… Peut-être un peu, mais pas seulement. Mais pour les Weasley senior, ce n’était pas suffisant. Il fallait plus, il fallait mieux pour leur fils. Tout comme Victor Campbell estimait que Margot, elle n’était pas assez bien pour son fils, malgré tout l’amour qu’elle avait à lui apporter.

Eliot interrompit alors le fil de pensées de la rousse, posant une main sur sa joue pour la forcer à le regarder, ce qu’elle fit presque docilement, sans parvenir à dissimuler le remord dans ses grands yeux verts. Le regret de ne pas être assez bien pour son père, pour sa famille, peut-être même pour lui ? De multiples interrogations qu’Eliot interrompt une bonne fois pour toute en lui assurant qu’il se moque bien de ce que son père pense et peut vouloir pour lui. Elle se contente de hocher la tête, serrant faiblement ses mains dans les siennes en silence. « Ça reste ton père… » Et son avis devait bien importer un peu, non ? Elle a toujours été partagée quand elle repensait au cas de ses parents, Margot. Parce qu’elle aime tellement son père, que subir son désaccord et finir en froid avec lui lui semble hautement improbable. Il faut croire que ce n’est pas toujours le cas pour tout le monde. Puis Eliot, il lui pose une question, revenant chercher doucement son visage de poupée, à Margot, qui fronce les sourcils et secoue doucement la tête. Une de ses mains vient recouvrir doucement l’une de celles d’Eliot, et elle dévie brièvement ses lèvres pour venir embrasser sa paume, tout en l’écoutant. Et il affirme qu’il l’admire. Qu’il l’admire pour avoir pris la décision de choisir sa mère, d’avoir choisi l’amour au lieu de sa famille, d’avoir osé tourner le dos aux Weasley, pour fonder sa propre famille, les jumelles, Margot elle-même. Et beaucoup ne comprendraient pas, la rousse elle ne pourrait jamais l’en blâmer, c’est logique. Mais elle n’a pas le temps de dire quoique ce soit qu’Eliot poursuit en affirmant que maintenant, il comprend. Il comprend comment son père a pu faire un tel sacrifice, tourner le dos à sa famille, à son passé, pour construire un avenir avec la femme qu’il avait choisie, quand bien même celle-ci ne convenait pas aux autres. « Je peux pas te demander de faire le même sacrifice… » Sa deuxième main rejoint celle encore libre de son petit ami, pour venir doucement les détacher de ses joues, et les serrer dans les siennes. Son front posé contre celui du brun, elle ferme les yeux, un bref instant, avant de reprendre : « Après que mon père ait fait ce choix… C’était fini. Il n’a plus jamais eu le moindre contact avec mes grands-parents. Les faire parts de naissance, de mariage… Il n’a jamais eu la moindre réponse. » Aujourd’hui encore, Margot soupçonnait son père d’envoyer des cartes de Noël à ses grands-parents. Pour la forme. « Je t’aime, et je t’aimerai aussi longtemps que tu m’en laisseras la chance Eliot… Mais tu es en colère, là. Ne prends pas de décision que tu pourrais regretter par la suite. » Elle conclue ses mots sur un sourire triste, mais pas moins sincère, avant de venir l’embrasser délicatement. Elle ne sait pas comment sa mère a réagi quand son père a fait la même chose. Mais Margot, elle pense à lui avant de penser à elle-même.

December 25th - Il n'y avait pas à discuter. A cet instant, la décision qu'Eliot venait de prendre quant à son père avait été plus simple qu'il ne l'aurait pensé rien qu'en regardant le regard blessé et rejeté de Margot. Ça reste ton père, disait-elle. Mais elle avait tort. A cet instant, aujourd'hui, Eliot était loin de le considérer comme son père. Maxwell Llewellyn avait été son père, et s'il aurait encore été de ce monde, il aurait été le premier à pousser Eliot dans les bras de Margot, en homme humble et fervent défendeur de l'amour qu'il était. Victor Campbell n'était que son géniteur. Un père n'aurait pas agi de la sorte, un père ne serait pas allé à l'encontre du propre bonheur de son fils pour son propre intérêt tel Victor Campbell. Il était loin d'être son père aujourd'hui. Et avec du recul, il se rendait même compte qu'il avait été loin d'être son père depuis des années, depuis qu'Eliot avait frappé maladroitement à sa porte d'entrée se présentant comme son fils oublié.  « Non, il n'est pas mon.. père. » Contredisait-il alors Margot, buté, secouant la tête de droite à gauche, s'efforçant de ne pas craquer après avoir presque craché ces paroles qui résonnaient en boucle dans sa tête. Victor Campbell était loin d'avoir agi en tant que père. Il était loin d'arriver à la cheville de celui qui l'avait élevé dans cette banlieue modeste de Paris ou bien même du père de Margot, qu'Eliot, venait d'avouer, admirait pour son histoire, qu'il comprenait mieux que personne, plus que jamais aujourd'hui. Il comprenait avec un simple regard, une simple caresse, un simple sourire de la part de Margot. Regard, caresse et sourire dont il était certain qu'il ne pourrait plus se passer. Il en était certain. Tout comme il était certain de sa décision maintenant, chose que Margot tentait bien évidemment de contester doucement, front contre front. Eliot la laissa délivrer son discours censé le raisonner mais ce qu'elle ignorait c'est qu'il ne l'écoutait que d'une oreille, trop concentré sur un grain dans sa voix qu'il n'avait jamais réellement remarqué auparavant et qui le fit sourire. Il préférait se concentrer sur cette voix parce qu'il la connaissait mieux que personne maintenant et savait qu'elle lui desservirait x raisons pour qu'il ne retrace pas les pas de son beau-père, mais il était buté et têtu Eliot, alors quoi qu'elle dise, il ne changerait pas d'avis. Même si c'était synonyme de définitivement couper les ponts avec lui. « Je n'avais jamais eu de contact avec lui avant Harvard, je m'en portais très bien. Je peux très bien le refaire. » Se contenta-t-il de répondre, montrant à Margot qu'il était décidé. Choisir entre son géniteur présent aux moments importuns pour lui et celle dont rien qu'avec le son de sa voix le rendait paisible et amoureux, n'était pas un choix compliqué. C'était très simple même. Eliot Llewellyn aimait Margot Weasley et rien ni personne ne pouvait l'en empêcher. Même pas elle-même, même avec un baiser censé, encore une fois, le résonner. « La seule décision que je prends maintenant, ici, c'est de t'aimer, est-ce que tu vas vraiment m'en dissuader ? » Rétorqua-t-il, plaisantin et en déposant un autre baiser sur ses lèvres, pour la forme. « Et le seul sacrifice que fais c'est mon dos qui se courbe un peu trop et se casse à chaque baiser que je te donne parce que madame ne mesure pas plus haut que trois pommes. » Conclut-il avec un dernier baiser, grand sourire aux lèvres, espiègle, avant de s'éloigner innocemment d'elle de quelques pas, attendant la réaction sûrement scandalisée de sa petite-amie. Il avait fini de discuter et perdre son temps sur Victor Campbell, il voulait juste profiter de sa journée et de ce 25 décembre aux côtés de Margot, même profiter du maximum de temps qu'il pouvait aux côtés de Margot.

December 25th - Elle aurait voulu que les choses soient différentes. Que les mentalités de tous aient suffisamment évolué pour que l'histoire de ses parents ne se reproduise pas, encore moins pour Eliot et elle. Mais évidemment, on a pas toujours ce qu'on veut dans la vie, et Margot, elle allait devoir faire avec ça : Se faire à l'idée que quoi qu'elle fasse, son nom, sa vie font qu'aux yeux de Victor Campbell, elle n'est pas assez bien pour son fils. Le problème n'est pas tant pour Margot, elle ne connaît pas l'homme, et quand bien même elle aurait voulu qu'il l'apprécie, elle s'est rapidement fait à l'idée que ce n'était pas le cas, ne le connaissant pas vraiment. Eliot, c'est autre chose, il est son père, et Margot, elle ne manque pas de le lui rappeler, alors qu'il affirme très sérieusement que s'il n'accepte pas la rousse, il tournera le dos à son géniteur. Mais Eliot, il est têtu, et il contredit ses paroles. Margot, elle se mord l'intérieur de la joue. Elle aurait voulu connaître ses parents. Ceux qui l'ont vu enfant, grandir, ce père qui aurait probablement pu lui raconter des anecdotes sur bébé Eliot, longtemps avant qu'elle ne fasse sa connaissance. « Tu sais très bien où je veux en venir... » Murmure doux de la rousse, alors qu'elle place délicatement une main contre la joue de son petit ami. Il le sait, mais il l'ignore simplement, parce qu'il est en colère. Elle a appris à déchiffrer le comportement d'Eliot, Margot. Elle a appris à lire dans ses regards fixes, fuyants, ses mains qui se crispent et ses soupirs las. Et elle était tombée irrémédiablement amoureuse de chacun de ces petits détails qui faisaient sa personne. Malgré sa plaidoirie, il restait convaincu de ne pas avoir besoin de son père biologique, et Margot, elle n'avait pas d'autre choix que de hocher la tête, ne pouvant définitivement pas lui forcer la main.

Et il lui arrache un sourire et un battement de cœur raté, avec ses paroles suivantes. Comment est-ce qu'elle pourrait décemment le dissuader de l'aimer ? Comment même avait-elle pu se passer de cette façon qu'il a de la regarder et de lui sourire, faisant ainsi s'évaporer ses doutes, ses craintes, ses éternelles questions ? Elle se contente de sourire assez bêtement, la rousse, immobile, clignant brièvement des paupières alors qu'il revient lui voler un baiser non sans la taquiner au passage. « Hey ! T'avais qu'à pas être si grand ! » Elle fronce le nez tandis qu'il recule, encore et encore dans le sable, s'éloignant de la jeune fille qui prend son élan, avant de courir pour lui sauter dans les bras, ses jambes accrochées à sa taille, ses bras noués derrière son cou. Elle est à sa place, Margot. Et elle ne veut aller nulle part ailleurs. « Et là, est-ce que j'suis à la hauteur ? » Est-ce qu'elle lui suffira malgré le chamboulement qu'elle provoque dans sa vie ? Est-ce que tout ira bien maintenant, alors que 2018 approche à grands pas ? Elle l'espère, Margot. Elle l'espère de tout son coeur, alors qu'elle se penche à nouveau pour venir chercher les lèvres d'Eliot tendrement, ignorant royalement le vent hivernal et côtier qui maltraite ses mèches rousses.

December 25th - « Je sais où tu veux en venir, mais je joue volontairement l'ignorant. » Parce qu'il était têtu, y'avait pas à dire. C'était dans ces moments comme cela que les parents d'Eliot lui manquaient atrocement. Ses vrais parents. Il était sûr à s'en couper le bras qu'ils auraient accepté Margot en un claquement de doigts eux, bien qu'elle aurait sûrement dû subir quelques interrogatoires de sa mère pour protéger son petit garçon dans une ambiance bon enfant. Sa mère avait été la définition de la tendresse et de partage, elle partageait son amour à tout va à qui venait à croiser son chemin et elle manquait terriblement à Eliot. Aujourd'hui, plus que n'importe quel jour. A cet instant, plus que n'importe quel autre. Mais il ne pouvait pas changer son absence, il ne pouvait pas pallier à ce manque à cet instant T. Il ne contrôlait pas ce détail-ci, il n'avait pas pu décider de la fin impromptue de cette relation avec sa mère mais il pouvait décider de sa relation avec son géniteur à ce moment. Alors il le faisait. Et s'étonna presque même de la facilité à laquelle il venait de prendre cette décision, refusant catégoriquement d'entendre la voix de la raison qu'était sa petite-amie et préférant s'entêter dans son raisonnement à lui. Oublier son existence, c'est ce qu'il avait l'intention de faire. Oublier ce repas, faire oublier la peur, le rejet dans le regard de Margot d'où son changement soudain d'humeur, devenant taquin et allègre. Ils étaient le 25 décembre, au bord de la plage, et bien que le temps ne soit pas idyllique, c'était un cadre presque paradisiaque dont il avait bien l'intention de profiter, merde. Victor Campbell n'allait pas gâcher toute sa journée. Il fut ravi de constater que Margot abandonnait également le sujet en le suivant dans l'humeur léger. Lorsqu'elle lui sauta dans les bras ensuite, il avait affiché le premier grand sourire de la journée, ce sourire dont elle seulement pouvait lui arracher.  « T'as toujours été à la hauteur. » De tout. Accrochée à  sa taille par les jambes, Eliot passa ses mains sous le (joli) fessier de sa petite-amie afin de resserrer son emprise autour de lui et afficha un autre sourire lumineux lorsqu'elle s'empara de ses lèvres. Pas besoin de dire qu'elle l'aimait ou qu'il l'aimait, leurs baisers leur traduisaient pour eux. « Voyons le côté positif des choses, le pire est passé avec lui, ça ne pourra pas être aussi désastreux avec ma sœur. » Ahahahaha.