Un clignement d'yeux et la rousse avait disparu de son champ de vision, n'interceptant que sa chevelure de feu quelques secondes plus tard dans la foule, s'éloignant, fuyant. Partagé entre l'agacement, l'énervement et sa détermination à ne pas lâcher prise, ne pas la lâcher prise, Eliot se fit bataille pour ne pas abandonner en plein cours l'activité auquel il participait et ne pas la suivre. Mais c'était bien connu, Eliot Llewellyn était faible, notamment lorsque cette rousse-là rentrait dans l'équation. Plus elle s'éloignait, plus il perdait son attention vis-à-vis du jeu, scrutant le moindre de ses pas avec anxiété.. pour finalement totalement décrocher quand elle disparut de la salle, se faufilant derrière une porte. Ni plus ni moins, Eliot se leva brusquement, se mélangea dans des excuses inaudibles envers Danneel et les autres joueurs et se retint pour ne pas courir pour passer la même porte qu'elle et rattraper Margot. « Je ne te pensais pas si mauvaise hôte pour être capable d'abandonner tes invités en fourbe. » La porte donnait à un couloir et il avait cette foutue impression de déjà-vu du bal, en vue de la situation. Elle fuyant, lui, lui courant après, l'arrêtant dans sa course effrénée, la poussant à l'affronter. La différence seulement avec ce foutu bal était le but de ces altercations : six mois auparavant, il était désespéré de lui faire comprendre qu'il était prêt à tout pour son pardon; aujourd'hui, il était désespéré de comprendre pourquoi il était celui qui méritait un pardon. « Tu comptes me fuir jusqu'à la fin des temps ? » Enchaîna-t-il, implacable, le ton beaucoup moins suppliant qu'en début de soirée. « Un peu foireux comme plan si tu veux mon avis, sachant qu'on partage la même école, les mêmes réunions présidentielles, les mêmes amis, et tout le tralala. » Inutile de préciser qu'ils partageaient même plus que ça quelques semaines auparavant. Plus il parlait, plus il s'approchait, s'arrêtant à quelques pas d'elle - quelques pas de sécurité pour son bien-être mental. Quelques pas assez près tout de même pour avoir une vision correcte des traits de son visage. « J'ai le droit de dire que je trouve cette situation totalement grotesque ? Je suis celui qui a été trompé et tu es celle qui me fuit comme la peste.. vraiment, vraiment grotesque ! »Lleweasley
Elle a attendu la première occasion, la première ouverture pour se dérober. La soirée se passait très bien sans elle, tout le monde jouait, discutait, Eliot était à table avec les autres en train de jouer, et Margot, elle avait juste envie de disparaître dans l'ombre, et ne plus sortir. Qui plus est, elle avait mal au ventre depuis une bonne heure déjà, et si elle mettait tout ça sur le compte du stress de l'organisation de la soirée, elle se demandait de plus en plus si elle n'était pas malade. Alors dès qu'elle peut, dès qu'elle ne sent plus de regards sur elle, la rouquine rabat les pans de sa robe de Gryffondor, et pousse la porte qui mène à un des couloirs de la Lowell House. Dès que la porte se referme derrière elle, coupure nette de son, le bruit de la fête s'estompe, et elle souffle, Margot. Du moins, elle souffle jusqu'à ce qu'elle entende le bruit à nouveau, puis se tamiser encore, signe que quelqu'un a ouvert la porte. Puis elle l'entend. Sa voix. Elle soupire, et répond automatiquement: « Ils peuvent très bien se débrouiller sans moi. Et Danneel gère. » Des excuses, toujours plus d'excuses, alors qu'elle se retourne, le coeur lourd, comme chaque fois que son regard se pose sur Eliot Llewellyn. Elle mord nerveusement l'intérieur de sa lèvre inférieure, fait un pas en arrière, prête à trouver le premier prétexte pour s'en aller, mais déjà, il fait front, attaque sur la conversation qu'ils n'ont pas terminée plus tôt pendant la soirée. Elle ne dit rien de prime abord, parce que la réponse, Margot ne voulait pas la donner. Elle ne voulait pas le fuir éternellement, mais.. Et si elle n'avait pas le choix ? Elle regarde autour d'elle par mécanisme, pour s'assurer qu'ils sont bien seuls.. Que personne ne les observe à la dérobée pour envoyer des messages anonymes, par exemple. Mais il a raisons. Le fuir va être difficile avec tout ce qu'ils ont en commun. Et si avant c'était une véritable bénédiction que d'avoir tant de choses à partager avec Eliot, aujourd'hui, cela s'avérait être une vraie malediction pour la rousse. « J'm'en suis pas trop mal tiré ce mois-ci. » Elle a bien réussi à l'éviter jusqu'à ce soir. Il s'arrête à quelques pas d'elle, trop près, beaucoup trop près pour son pauvre coeur meurtri. Et bien sur que la situation n'a aucune logique, qu'elle est grotesque, mais Margot elle a pas le courage de lui faire front. De le regarder dans les yeux, et d'agir comme si tout ça ne lui faisait rien... « Alors pourquoi est-ce que tu continues de venir me voir, si tu trouves ça si ridicule ? Vas profiter de ta soirée putain, vas profiter de toutes ces filles, vas t'éclater avec tes copains Winthrops! » Son ton monte dans les aigus, automatiquement. Elle est jalouse, Margot. Déchirée de l'intérieur. Et putain, elle a mal au ventre. « J't'en prie, arrête, et retournes là bas. Rends pas les choses plus compliquées encore.. » Dit-elle en s'appuyant au mur le plus proche, une main sur le ventre, l'autre sur le visage, frottant nerveusement sa tempe.
« Vu son premier défi, je ne suis pas sûre qu'elle puisse gérer si longtemps que ça, Danneel. » Répondit-il, d'une nonchalance qui l'étonnait lui-même en sachant qu'il bouillonnait de l'intérieur depuis le début de la soirée. Qu'est-ce qu'il attendait en fait ? Des explications ? Des révélations ? Arizona lui avait monté la tête la semaine dernière et depuis, il s'imaginait pour x ou y raisons qu'elle n'avait pas autant souhaité cette rupture qu'elle laissait à y croire, quand bien même elle lui avait balancé au visage qu'elle l'avait trompé.. ok, c'était absurde dit comme ça mais.. il était vraiment taré, hein ? Totalement dingue, mais il agissait tout le temps spontanément, tête droit baissé quand il s'agissait de Margot, et ne réfléchissait jamais. Ce qui l'emmenait dans des situations comme celle-ci où il lui courrait après pour une raison qu'il ignorait lui-même, où il forçait et forçait pour qu'elle assume et l'affronte, qu'elle arrête de jouer aux lâches - ce qui est assez ironique soit-dit en passant si on prenait en compte la robe de Gryffondor qu'elle portait - merveilleusement bien en plus, qu'il nota silencieusement. « Je t'ai facilité la tâche ceci dit vu que tu étais la dernière personne que je voulais voir ces dernières semaines; facile de m'éviter quand je t'évitais en premier lieu. » Mais ça, c'était fini. Il était égoïste parce qu'il forçait sa présence à Margot qui clairement n'avait aucune envie de ça à cet instant mais lui en avait besoin - égoïste j'vous dis. En plus d'être ridicule. Il les enchaînait ce soir. Il ne savait vraiment pas où est-ce que ceci peut l'emmener, lui apporter, pourquoi il s'infligeait ça mais il en avait besoin. Arizona avait reboosté malgré elle ce besoin constant de la voir, de l'avoir auprès de lui - ce besoin d'elle, tout simplement. Paradoxalement, il était donc heureux et énervé de se retrouver face à elle - énervé, tout comme elle, qui le rejetait sans cesse et sans cesse, brisant une partie d'Eliot à chaque rejet. « C'est déjà fait pour les filles, ne t'inquiète pas pour moi. » Et chaque partie brisée en lui le poussait à être volontairement méchant avec elle - il voulait la blesser autant qu'elle le blessait. « Je continue de te voir pour que tu arrêtes d'agir en lâche, que tu assumes ta connerie et grandisse un peu et que tu m'expliques en quoi cette situation est si "compliquée" étant donné que vous avez l'air si friand de ce mot avec Arizona ! » Son ton à lui montait aussi au fur et à mesure, alors qu'il avait tenté de se contrôler. Son regard n'avait pas lâché d'une seconde Margot pour qu'il ne puisse pas louper une seule de ses réactions qu'il pensait être vivaces. Lorsqu'elle s'appuya contre le mur, montrant une certaine faiblesse, il fronça alors les sourcils. Outre la situation qui favorisait sans doute son mal-être physique, elle semblait.. mal en point. « Qu'est-ce que t'as ? » C'était plus fort que lui, de s'inquiéter pour elle - même si le ton qu'il avait employé était toujours froid, limite agacé, mais inquiet.Lleweasley
Il marquait un point, Danneel avait mal commencé le jeu en tombant directement sur le joker qui la forçait à boire beaucoup trop de verres pour tenir debout. M'enfin.. Tout le monde était supposément assez adulte pour s'en tirer tout seul, et dans le pire des cas, Margot reviendrait plus tard dans la soirée. Mais non, naturellement, la sorcière d'un soir était coincée dans ce couloir, à ne pas pouvoir se dérober devant son ex petit-ami. Elle pourrait l'ignorer, évidemment, être agressive envers lui jusqu'à ce qu'il s'en aille, mais le fait est que Margot, elle n'en a plus la force. Elle n'a plus la force de grand chose, dernièrement ... Elle se contente de serrer les dents aux paroles du brun, qui rappelle ô combien il a tout fait pour ne surtout pas la voir. « vu que tu étais la dernière personne que je voulais voir ces dernières semaines » Les paroles font mal, mais Margot, elle encaisse en silence, baisse ses grands yeux verts pour fixer le sol, à défaut d'avoir le cran d'affronter le regard courroucé d'Eliot. Qu'il retourne à la soirée, qu'il retourne s'amuser, Margot, elle préférait presque ça au fait de devoir lui faire front. Après tout, un jour ou l'autre, il allait bien falloir qu'il aille de l'avant. Et c'est un putain de coup de poignard qu'elle se prend quand il tient à lui mentionner le fait qu'il s'est déjà chargé de s'occuper avec d'autres filles, alors que Margot, l'idée même d'embrasser un autre la révulse. « Ravie pour toi. » Murmure presque grogné entre ses dents, alors que son bas ventre la relance douloureusement. Ca ne s'arrête donc pas? « Qu'est ce tu veux que j'te dise de plus, Eliot ? Je t'ai dit de pas faire attention à ce qu'Arizona t'a dit. » Elle aurait pas du faire preuve de faiblesse devant une amie d'Eliot. C'était évident qu'elle allait essayer de recoller les morceaux brisés de son couple. Et sa voix tremble, à la rousse, éprouvant de plus en plus de difficulté à lui faire front alors qu'en prime, elle a de plus en plus mal au bas ventre. S'appuyant sur le mur, elle inspire en crispand sa paume à l'endroit où elle a mal. Et quand Eliot demande ce qu'elle a, elle balaie l'air de sa main en cherchant de l'air, essayant de retrouver un semblant de contenance devant le winthrop. « Rien, c'est rien, j'ai juste.. » Mais elle s'arrête en pleine phrase, prise d'une nouvelle douleur. Rien ? Alors pourquoi est-ce que lorsqu'elle écarte un pan de sa robe de sorcière, dévoilant sa jupe, elle voit du sang le long d'une de ses jambes ? Et le regard distant de Margot s'évapore, quand elle lève ses grands yeux verts soudain paniqués vers le brun, pour l'appeler: « Eliot ..? » Puis son corps bascule, et c'est le noir, quand elle tombe, inconsciente.
Encore une fois, il fonçait dans un mur. Vaut mieux trop que pas assez, n'est-ce pas ? Il ne savait pas quoi s'attendre en la poursuivant mais il avait été à peu près sûr à 95% de faire face à l'entêtement de Margot; il n'était qu'à moitié surpris - sans pour au moins en être frustré, évidemment, et même énervé au fil des minutes à venir. L'énervement qui avait pris dominance sur tout son être, et pour changer, il ne répondait plus qu'en écho à son état émotionnel. Inconsciemment - ou peut-être un peu consciemment - tout ce qui sortait de sa bouche avait pour but de la blesser, de la faire réagir, d'obtenir une réponse. Quelque chose. N'importe quoi. Outre Arizona, il avait besoin de plus de réponses s'il s'était fait des films sur elle, sur eux. Mais il le savait que non, quelque chose s'était tramé, et elle avait beau le nier, il lui tirerait les vers du nez. « Y'a pas qu'Arizona, tu agis bizarrement, arrête de vouloir me faire tourner en bourrique putain ! » Même si en soit, il se faisait tourner en bourrique tout seul, mais passons. Il avait juste besoin de la faire parler, de la faire craquer, il la connaissait, il les connaissait, ni l'un ni l'autre ne pouvait se retenir de balancer à l'autre ce qu'il ou elle pensait réellement. Il fallait juste la pousser, légèrement. Et c'est ce qu'il comptait faire avant qu'il ne remarque son teint limpide et son besoin d'appui soudain contre le mur à côté d'elle. Instantanément, Eliot fronça les sourcils, l'interrogeant - interrogation qu'elle balaya d'un revers de la main, tout en tentant de se relever. En vain. Le winthrop l'observa, nota sa main crispé à son ventre alors qu'elle prétendait ne rien avoir. « Margot, c'est clairement pas le moment de déconner; qu'est-ce que.. » Tout se passa à une allure irréelle à ses yeux. Un instant elle était debout face à lui, tenant encore sur ses deux pieds, puis l'instant d'après elle était.. évanouie, sur le sol. Eliot s'était mis à crier son prénom dans tout le couloir, totalement pris de panique total, il voyait flou mais pas assez flou pour constater le sang qui coulait entre ses jambes quelques secondes avant qu'elle ne tombe raide au sol. Sans attendre une putain de milliseconde, il accourut vers elle, le souffle coupé, le cœur en arrêt. « Margot ?! Putain putain putain, merde, merde ! MARGOT, RÉPONDS-MOI ! » L'affolement, l'effroi, l'horreur. Il la prit dans ses bras avec hâte, examina avec force son visage avant de soulever encore sa robe et découvrir une marre de sang, beaucoup plus importante qu'une minute auparavant. Là, il voyait réellement flou et il ne sait pas quelle force l'avait propulsé, l'avait aidé pour qu'il agisse consciemment mais quelques secondes après, la main pleine de sang, il avait les secours au téléphone avec lui. « S'il te plaît, s'il te plaît, reste avec moi, reste avec moi, s'il te plaît.. reste avec moi ! » Qu'il murmurait à la rousse, qu'il serrait plus que jamais dans ses bras, entre deux attentes de ces putains de secouristes qui mettaient un peu trop de temps à venir. « Putain, qu'est-ce que vous attendez pour venir, je vous répète qu'elle est inconsciente dans mes bras et totalement imbibée de sang, VENEZ PUTAIN ! » Après un énième "gardez votre calme, Monsieur", ils semblaient enfin l'écouter et Eliot raccrocha pour revenir à Margot. « Je sais que tu m'entends, les secours vont arriver, tout va bien aller ! Reste avec moi, s'il te plaît.. .. je.. t'aime. je t'aime, je t'aime, je t'aime putain.. reste avec moi.. » Rien d'autre l'importait autour de lui si ce n'est Margot et ses yeux clos. Il resta dans cette position, scandant des "je t'aime" à tout va, lorsque les secours arrivèrent sur place en compagnie d'autres élèves dont il se foutait royalement. Tout ce qui l'importait c'était Margot, qu'il avait finalement peut-être trop poussé à bout. C'était sa faute hein ? C'était sa putain de faute, il avait cherché, il avait trouvé.
Lleweasley
Bien sûr, qu'elle agissait bizarrement. Bien loin de la nana coupable qui ne se sent pas bien dans sa relation, Margot elle était épanouie avec lui, elle ne voulait pas de rupture, et pourtant, elle l'avait fait. Dans l'espoir qu'Eliot rende les armes, blessé par celle qu'il aimait. Finalement, il faut croire qu'il est aussi têtu que la rousse, rousse qui secoue frénétiquement la tête comme pour rejeter les paroles du Winthrop. « Tu te fais des idées. » Et c'est difficile pour elle de mentir ainsi. Surtout quand elle a mal au coeur et .. et au ventre. Douleur qui la lance, et qui finalement n'est peut-être pas uniquement liée à son mal être psychologique. Mais le temps que Margot aie le temps de rejeter les paroles d'Eliot, elle comprend que quelque chose ne tourne pas rond. Elle s'en rend compte ... Trop tard, pour mieux s'effondrer au milieu du couloir, sans entendre Eliot qui se précipite vers elle. La suite est .. saccadée, pour Margot. Elle se souvient d'avoir émergé dans l'ambulance, vaguement, entendant le brouaha du moteur, des voix autour d'elle, puis le noir à nouveau, quand lancée par la douleur, ils décident de l'endormir à nouveau.
Quand elle rouvre les yeux, elle n'a la notion de rien. Où elle est, avec qui, quelle heure il est, et surtout qu'est-ce qui s'est passé ? La rouquine, elle est dans le flou total alors qu'elle bouge enfin, ouvre les yeux dans ... Une chambre d'hôpital ? Petit à petit, les choses lui reviennent. La Lowell House, le couloir, sa discussion avec Eliot. « Eliot. » Son premier mot. Son premier réflexe. Puis d'un coup elle s'appuie sur ses mains, émerge, se redresse en salle de réveil, arrêtée dans son élan par une infirmière. Et Margot, elle comprend rien, sur le coup. Elle reste dans le flou, encore dans les vapes, comprend vaguement qu'elle a été opérée d'urgence, et qu'elle doit se reposer et attendre pour qu'on l'emmène dans une chambre. Et quand enfin, elle arrive dans une chambre, on lui promet de lui expliquer la situation, mais d'abord, elle doit dormir. Elle a l'impression de ne faire que ça, Margot, dormir. Mais elle acquiesce, épuisée. Et elle sombre à nouveau au bout de quelques minutes.
Quand enfin elle se réveille pour de bon, elle prend d'avantage conscience des choses. Voit la perfusion à laquelle elle est branchée, la tenue d'hôpital qu'elle porte, le blanc de la chambre détonant affreusement de ses mèches rousses. Puis surtout, elle voit Eliot. Visiblement épuisé, assis dans le fauteuil, à lutter contre le sommeil. Et malgré le fait qu'elle soit perdue, qu'elle soit dans les vapes, son coeur à Margot il se gonfle d'amour chaque fois qu'elle le voit, même si ça fait mal.. « Eliot qu'est ce que tu .. » Non, elle reformule correctement la première question, et la plus importante: « Qu'est-ce que je fais là..? Qu'est-ce qui s'est passé ? » Elle se souvient d'avoir vu du sang, sans trop en comprendre la provenance. Et ses souvenirs s'arrêtent là.
« Monsieur ? Vous êtes là pour la patiente.. Margot Weasley, c'est bien cela ? » C'était au moment où il cédait à une fatigue grandissante, sur une banquette peu confortable de la salle d'attente, qu'un médecin se pointa enfin vers lui. Il ignorait combien de temps il avait patienté, une heure, deux heures ou plus ? Dix heures ? Quoi qu'il en soit, c'était beaucoup trop et quand l'homme à la blouse blanche le tira de son début de sommeil, il ne se fit pas prier deux fois pour se lever et venir à sa rencontre. « Monsieur Llewellyn, oui, c'est pour elle; elle va bien ? Dites-moi qu'elle va bien, s'il vous plaît » Les sœurs Weasleys et Nicholas n'avaient pas pu venir, Eliot était resté dans ce foutu hôpital tout seul durant tout ce temps à attendre le verdict alors là, à deux doigts d'une réponse, il tint son souffle. « Elle va bien, ne vous inquiétez pas. Par contre... » Oh oh. A peine s'était-il autorisé à respirer correctement qu'il revint en apnée, les yeux fixés sur le médecin, attendant la suite de sa phrase. Par contre quoi ?! « Je suis désolée de vous annoncer que le bébé a été perdu, Mlle Weasley a subi une fausse-couche dont on ignore encore les raisons mais il se peut que - » Il n'écoutait plus. Il avait décroché au mot "bébé" et son cœur s'était littéralement arrêté au "fausse-couche".. Par-don ? Quel bébé ? Fausse-couche ? Elle était.. enceinte ?! De.. Lui ?! Non non non non, ce n'était pas possible. Peut-être de l'autre con avec qui elle l'avait trompé ! Ses émotions faisaient une vrai monté et descente dans sa tête; il ne savait même plus ce qu'il ressentait sur le coup, il savait seulement qu'il avait arrêté de respirer depuis un peu trop longtemps. « Monsieur ? Monsieur ? Vous allez bien ? Je sais que l'information est rude à digérer, perdre un bébé n'est jamais une chose aisée; si ma supposition de votre paternité est correcte évidemment, je - » « Arrêtez. S'il vous plaît. » 'Un bébé'. Paternité. Fausse-couche. De l'air, de l'air. Vite ! Sans prier gare, sans attendre la suite des nouvelles, Eliot s'enfuit vers la sortie la plus proche pour ressortir son dernier repas déjà quasi inexistant. Le lendemain matin fut rude. Et c'était un putain d'euphémisme. Sa nuit fut cauchemardesque, entre la.. nouvelle, la bataille incessante avec les infirmières pour pouvoir accéder à la chambre de Margot, l'effroi de la voir presque inerte sur ce lit après deux heures d'opération, le laissant imaginer maintes et maintes horreurs, sur le pire, et.. petit bonus : la révélation de Nicholas sur Margot, leur relation - autant dire qu'il n'avait pas fermé l’œil de cette putain de nuit. Comment pouvez-vous dormir après tout après que l'on vous ai annoncé que vous avez perdu un bébé dont vous ignorez même l'existence ? Et qu'ensuite on enchaînait sans crier gare que votre -ex- petite-amie était harcelée et menacée par une folle dingue qui avait orchestré toute votre rupture, poussant votre petite-amie à mentir pour vous.. protéger ? Ce qui confirmait au passage du coup qu'Eliot était le père de ce.. bébé et qu'il venait réellement de gagner et perdre un enfant et tout ça en une fraction de seconde. On dirait un scénario assez comique d'une telenovela latino mais croyez-moi, à cet instant, Eliot avait tout envie de faire sauf rire. Ou rire d'hystérie peut-être. Parce quel être tout à fait normal ne deviendrait pas hystérique à cet instant ? Il luttait pour ne pas que la folie l'atteigne en tout cas. Dans cette chambre, avec une surveillance permanente sur Margot, il luttait réellement pour se faire emporter par le sommeil parce qu'il allait en devenir fou - mais impossible. Il s'était forcé à fermer les yeux, après avoir vérifié que Margot était toujours plongé dans les bras de Morphée, son état en amélioration suite à l'opération; il avait la tête appuyée contre sa main, priant tous les Dieux pour s'endormir.
Il ignorait combien de temps il était resté les yeux clos, négligemment assis sur ce fauteuil, la tête tout aussi remplie - mais un bruit le réveilla soudainement. Un gémissement. A l'alerte, il se redressa sur son siège, à l'affût d'un quelconque signe de Margot. Et lorsqu'elle ouvrit les yeux, il crut que son cœur faillit lâcher tellement il était heureux. Sortie des vapes, elle semblait, à juste titre, perdue et sans surprise, les premiers sont qui traversèrent ses lèvres furent des questions. « Hey » Chuchota doucement Eliot, en s'approchant d'elle, ne voulant clairement pas la brusquer. « Tout va bien Margot, tout va bien.. Tu t'es juste un peu évanouie » Mensonges , mensonges mais il ne se sentait clairement pas d'attaquer dès son réveil avec les différentes nouvelles. Déjà que lui était à deux doigts de l'explosion mentale, imaginez elle avec son état pire que faible. « Tu vas mieux ? Tu as mal quelque part ? » Une étape à la fois, vérifions déjà si tout allait bien, si l'opération n'avait pas laissé quelques séquelles. Il la questionna à son tour du coup, les sourcils légèrement froncés, alors qu'il se tenait debout, à côté d'elle, et pris de vieux réflexes, prit sa main dans la sienne avant de dégager des mèches rebelles de sa vision de l'autre main. Elle allait sûrement être confuse vu ce dernier mois, mais il ne pouvait pas s'en empêcher, bien trop heureux de la retrouver - en sachant d'autant plus la vérité, qui compensait avec l'autre nouvelle.
Lleweasley
Elle est encore un peu dans les vapes quand elle émerge, tant et si bien qu'un instant elle se demande si elle n'hallucine pas la silhouette d'Eliot à ses côtés. Elle a du mal à remettre les choses en place, Margot, clignant des yeux le temps de parvenir à pleinement les ouvrir, et surtout, arrêter correctement son regard sur le jeune homme à ses côtés. Qui semble épuisé, mal en point, le genre de vision qui lui arrache le coeur, à la rouquine, si bien qu'elle pourrait arracher sa perfusion pour se redresser et aller vers lui si de prime abord elle n'avait pas de nombreuses questions. Immédiatement, il se rapproche alors d'elle, expliquant qu'elle s'est évanouie. Sourcils froncés, elle secoue la tête, répétant pour que l'information vienne: « Evanoui ? » Ouais, ça, elle s'en souvient, mais.. Elle a été opérée, non ? Pourquoi serait-elle sortie d'un bloc, sinon ? Elle regarde à gauche, à droite, un peu paniquée, secoue la tête lorsqu'il lui demande si elle a mal quelque part. « J'ai juste .. l'impression d'avoir dormi deux jours. » Et l'impression de ne pas être tout à fait réveillée, alors qu'elle réalise qu'Eliot lui tient la main, et dégage son visage de quelques mèches vagabondes. Et si Margot aimerait profiter de ces gestes à son encontre, elle n'oublie pas qu'elle a un rôle à jouer. Alors elle lâche la main du brun, pour passer ses doigts dans ses cheveux roux et les tirer nerveusement en arrière. Elle déteste les hôpitaux, en bonus, alors forcément, elle est loin d'être ravie, Weasley, et c'est la gorge nouée qu'elle marmonne: « Je suis désolée pour tout ça, je .. » Est-ce que c'est la fatigue qui la rend aussi fragile ? Parce que Margot elle se sent obligée de détourner la tête pour masquer son regard brillant. Ou peut-être est-ce parce que ça lui fait trop de mal de devoir le repousser, alors qu'elle a désespérément besoin de lui dans ces moments là. « Tu peux rentrer maintenant, ils ont certainement appelé mes sœurs.. » Ses parents étaient en Europe, alors ils ne risquaient pas de débarquer, mais Kaya et Sofia, probablement.
Il avait beau avoir accumulé toute la fatigue d'une vie en l'histoire d'une seule nuit, la vue de Margot, les yeux ouverts, en bonne santé - du moins, tout était relatif - lui fit gagner une pointe d'énergie dont il n'avait même plus soupçonné l'existence. Son état physique devait être piteux, les yeux tiraillés, mal coiffé et des cernes tombantes jusqu'au sol en plus de mains tremblantes qu'il ne contrôlait plus sous le coup de la fatigue mais il s'en contre fichait, ce n'était que brindille à côté de ce que devait ressentir Margot. A côté de ce qu'elle avait vécu. Même si elle ignorait encore tout. Et qu'Eliot n'avait pas la force de lui dire maintenant, mais elle n'était pas dupe. Un simple évanouissement ne résultait pas de tuyaux vous sortant par tout le corps ni une sensation de fatigue et lourdeur intense post-opération. Elle n'était pas dupe et il le vit dans son regard, plein d'interrogations. « Je.. On en parle juste après, si tu veux ? » Le temps qu'elle se remette bien de ses émotions. Il l'observait, son regard se perdait sur son ventre et son cœur loupa un battement. Toute la nuit il s'était interrogé si elle était au courant, si elle savait qu'elle avait été.. enceinte et l'avait gardé pour elle à cause de cette histoire de chantage. Toute la nuit, il avait appréhendé son réveil, sachant pertinemment que dès celui-ci, il aurait eu la réponse : si elle avait été au courant, instinctivement, elle aurait cherché une quelconque vie dans son ventre. Et selon le scénario, la nouvelle était plus ardue à annoncer; il avait espéré qu'elle le sache, qu'elle ne ressente pas ce qu'il avait ressenti lui, gagner et perdre une vie en quelques mots. Une surréalité dont il ne se faisait pas encore soit dit en passant. Or là, mis à part retirer vivement sa main de la sienne et réparer elle-même ses mèches rebelles, aucune main ne vint à se porter à son ventre. Et Eliot sut. Le pire était à venir. Il en avala difficilement sa salive, le cœur lourd - si lourd que la tentative de Margot de le rejeter ne le blessait même pas, s'en préoccupant peu sur le coup. Malgré lui, les paroles du médecin lui revint en mémoire et ce fut des excuses insensées de Margot qui le refit revenir à la réalité. « Hm ? Pourquoi tu t'excuses ? Tu n'y es pour rien. » Manquait plus que ça, qu'elle se sente fautive pour quelque chose dont elle n'avait clairement pas le contrôle. Il fronça les sourcils - c'en devenait une saleté de mauvaise habitude tiens - alors qu'elle détourna la tête, le regard. « Margot.. ? » Avant qu'il ne formule une question complète, elle reparla pour l'expédier au plus vite. Et là, maintenant, avec toutes les clés en main, pas besoin d'être un génie pour deviner ce qu'elle insinuait, elle jouait toujours son rôle. Et malgré lui, il en souriait bêtement.« J'ai appelé tes sœurs oui, elles passeront dans la journée, sûrement mais je ne bougerai pas d'ici, qu'on soit clair.. Margot, regarde-moi, s'il te plaît » Replaçant sa main sur son visage, il la força lui-même à tourner la tête vers lui, la connaissant plus têtue qu'une mule, et obligea son regard à lui faire face.« Tu peux arrêter maintenant, ok ? Je sais. Je sais tout, ok ? Arrête. Enfin, je ne sais toujours pas quelle mouche t'a piquée pour que tu te sentes obligée de jouer l'héroïne en me protégeant mais tu peux arrêter maintenant, d'accord ? S'il te plaît, arrête de te faire du mal, de nous faire du mal. » C'était fini maintenant, fini, il était là, peu importe ce qu'un pseudo chanteur pouvait leur 'interdire'.Lleweasley
De toute la famille, Margot a toujours été celle qui allait le moins à l'hôpital, en dehors des passages pour sa soeur. Elle, elle avait une santé de fer, aucun souci à déplorer, et forcément, se retrouver dans la position de la malade, ou du moins... L'opérée ? ... Ca la perturbait. Un peu trop. Et c'est un regard emeraude rempli de points d'interrogation qu'elle lance à son ex petit ami, qui clairement cherche à la ménager. Malgré tout, et même si Margot Weasley est la pire tête de mule de Boston, elle se contente de hocher mollement la tête quand il propose de parler de tout ça plus tard. Signe que quoi qu'elle ait à apprendre, ça n'allait pas lui plaire. Mais elle obtempère, Margot, pince les lèvres, et prend sur elle. Le médecin finira bien par lui parler, de toute manière, et la priorité absolue de la rouquine, c'est de réinstaurer ce mur qu'elle a eu tant de mal à construire entre elle et Eliot. Et ce que c'est dur pour elle, de tourner la tête, de se dégager de son emprise, quand tout ce qu'elle veut c'est se blottir dans ses bras et l'entendre lui dire que tout ira bien... Et bien sûr que si, elle est coupable. De tellement de choses. Elle se contente de secouer la tête alors qu'il lui assure qu'elle n'a pas à s'excuser, pinçant les lèvres en marmonnant : « Si.. T'avais pas à supporter ça, tu .. tu me dois rien. » Et merde, ça l'étouffe juste de dire ça. Elle qui voudrait plutôt dire qu'elle est heureuse qu'il se soit occupé d'elle. Alors elle se contente de tourner la tête, de lui dire de partir, de fermer les yeux, et d'attendre. Attendre qu'il parte, parce qu'elle n'avait pas le coeur au conflit, la rousse, et elle avait bon espoir qu'il n'insiste pas dans une chambre d'hôpital. Pourtant, dans son ton quand il l'interpelle, elle sent une animosité disparue, vis à vis de leurs éclats de voix à la Lowell House. Et quand il vient chercher son visage, la forcer délicatement à lui faire front, c'est un regard troublé par des larmes qu'elle retient qu'elle tourne vers Eliot. Eliot qui lui dit qu'il sait. Qu'il sait tout. Et elle reste bouche bée, la rousse, son coeur loupe un battement, elle panique, regarde autour d'elle, comme pour chercher l'indice qui lui avait fait comprendre. « Tu ... Comment tu... » Elle perd ses mots, Margot. Elle perd ses mots, et quand il utilise un mot, un simple mot... Ce nous qui lui a tant manqué, elle se fissure, la rouquine, et les larmes débordent pour venir rouler sur ses joues. « Je.. Je suis désolée Eliot... » Il sait. Il sait. Il sait, qu'elle se répète en boucle, alors qu'elle tend une main pour prendre la sienne, la porter à ses lèvres, à défaut de pouvoir le tirer jusque dans ses bras par manque de force. « Je voulais pas te faire de mal... » Qu'elle souffle, telle une prière silencieuse, dans l'espoir qu'il lui pardonne, qu'il comprenne, qu'il sache que jamais, ô grand jamais elle n'a voulu lui briser le coeur. Et c'est un regard rempli de détresse qu'elle lève vers celui de l'homme qu'elle aime pour dire les mots qu'elle n'a pas pu dire pendant près d'un mois : « Je t'aime tellement... Je pouvais pas faire autrement. » Il passerait toujours avant tout. Toujours. Malgré tout, non sans garder la main d'Eliot serrée dans la sienne, la jeune fille n'en perd pas pour autant le nord, demandant doucement: « Où sont les médecins ..? » Parce qu'elle sent que quelque chose cloche, Margot. Et si Eliot n'est pas tourmenté par leur couple... Par quoi l'était-il alors ...?
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