Lleweasley

Fin septembre. Un mois depuis la fin du Summer Camp, un mois depuis la petite victoire d'Eliot sur un pari idiot avec Margot. Pari idiot ou pas, si on prenait en compte que ce même pari a fini par bouleverser leur quotidien pour un mois. Elle avait en effet emménagé dans la colocation synonyme de l'Enfer avec Elias, Maxine et Eliot, évidemment. Et en toute honnêteté, ce dernier avait quelques appréhensions avant l'emménagement; ce n'était pas un pari anodin, un emménagement basique avec un ami. C'était Margot. Et quand bien même ils avaient un début d'expérience en colocation suite au SC, ils allaient vivre ensemble merde. Il ne lui avouera jamais mais il en était anxieux le petit au début. Puis les jours, les semaines, le mois passèrent et.. il ne voulait plus de son départ. Se réveiller avec une petite rousse enroulée à soi le matin, il s'y était bêtement habitué Eliot. Et il n'avait franchement pas réfléchi à ce petit détail, qu'elle pourrait devenir addictive. Mais trop tard. Ce matin-là, quand il se réveilla, il tomba face à une Margot déjà debout et déjà occupée à rassembler ses affaires et son cœur se serra. « Qu'est-ce que tu fais ? » Questionna-t-il stupidement parce qu'il savait déjà ce qu'elle faisait, mais c'était histoire d'amorcer la conversation m'voyez. Appuyé sur ses coudes, il commençait déjà à imaginer sa chambre sans une seule empreinte de Margot et ça ne lui plaisait pas - mais pas du tout.

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Fin septembre est arrivé si vite ... Plus vite que Margot ne l'aurait voulu, à vraie dire, et pour une fois, elle aurait voulu que ce mois de "rentrée" s'éternise. Non pas pour les cours, loin de là, mais d'avantage pour cette "colocation" qu'elle disait "subir" suite à son pari raté contre son petit ami. Mais la vérité était autre. En réalité, Margot, elle qui craignait de mettre en péril leur relation en partageant sa chambre - et ses colocataires, n'oublions pas les colocataires - elle avait l'étrange sensation de voir leur couple plus fort depuis le mois dernier. L'épisode Kaya avait peut-être aidé, aussi, il faut le dire. Mais voilà.. Elle n'allait pas squatter éternellement, Margot. Et cette nuit, à force de penser, elle n'avait pas réussi à faire grasse matinée, alors ... Elle a fini par se lever, en traînant les pieds, pour commencer à plier ses vêtements et à les empiler près de son sac. C'est quand la voix d'Eliot la tire de sa rêverie qu'elle tourne un regard vers lui avec un sourire fin. Attendri. Elle pourrait le voir comme ça tous les matins. « Je.. Je commence à organiser un peu mes affaires, sinon ça rentrera jamais dans le sac. » Elle se mord l'intérieur de la joue, s'approchant du lit pour y poser un genou et embrasser son front. « Excuses moi si je t'ai réveillé. »

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Lorsqu'Eliot se fit réveiller par des petits bruits et qu'il ouvrit les yeux sur Margot en plein rangement, il déglutit complètement, rêvant juste de revenir début septembre et recommencer ce mois à l'infini. C'était un rêve, un joli rêve. La réalité était toute autre. La réalité était sa petite-amie qui lui confirmait à voix haute que le mois de pseudo lune de miel était fini, qu'elle commençait bien à remballer ses affaires. « Oh. » Répondit penaud Eliot, la gorge serrée. Même un baiser sur son front de Margot ne parut pas l'apaiser, lorsqu'elle vint à le saluer. Parce que dans sa tête, il ne put s'empêcher de se répéter que c'était la dernière matinée qu'elle le saluerait au réveil. « Ok.. j'vais m'habiller, prendre un café et j'reviens t'aider. » Plus enthousiaste, tu meurs. Il souffla, tentant de ne pas croiser le regard de sa petite-amie, de peur qu'elle n'y lise tout son dépit, sa déception. Il ne voulait pas la retenir, il ne voulait pas être égoïste. Sans s'attarder, il se leva, prit un tee-shirt sur la route pour se diriger vers la cuisine. Il revint dans la chambre quelques minutes après, et quand, au pas de la chambre, son regard retomba sur Margot et sa valise à moitié pleine devant elle, il stoppa net. Non, il ne pouvait pas la laisser partir putain.  « Réflexion faite : j'ai pas envie que tu partes. » Voilà, c'était dit, figé vers la porte. En fait, il voulait et pouvait être égoïste.

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Elle a le coeur lourd, de faire son sac, et à chaque vêtement qu'elle ajoute à la pile de fringues qu'elle a déjà préparée, elle se rapproche du moment fatidique où elle ne laissera plus de trace de sa présence dans cette chambre, et devra retourner soit dans sa colocation, soit dans la chambre qu'elle peut louer à la Lowell House. Et Eliot n'a pas forcément l'air enchanté de la voir faire, mais il faut bien finir par en arriver là, non ? Après un bref "oh" de la part de l'intéressé, il finit par se redresser pour aller enfiler quelque chose, disant qu'il allait aider la rousse après un café. Se mordant l'intérieur de la joue, la jeune fille hoche la tête, force un sourire. « Prends ton temps, je peux m'en tirer toute seule. » Et à vraie dire, toute seule, elle prendra plus de temps à faire tout ça, et elle pourra faire traîner son départ. Une fois Eliot disparu, elle jette une pile de vêtements dans sa valise, et .. Pique un haut à Eliot pour le glisser entre deux des siens. Un autre truc qui va lui manquer : Lui piquer des vêtements au réveil pour être couverte en allant prendre un café. Un tee shirt à Eliot = une robe jusqu'en haut du genou, pour Margot. Et se promener drapée dans le parfum de son petit ami, c'était presque devenu un rituel pour la belle, qui allait devoir s'habituer à se lever sans l'avoir à ses côtés pour la première fois depuis le début de leur relation, après le Laos, puis ici. La voix d'Eliot finit par la tirer hors de sa rêverie, et Margot mit un moment à tourner la tête vers le jeune homme, debout dans l'embrasure de la porte. « Hm? » Sourcils froncés, Margot lâche les vêtements qu'elle tenait jusque maintenant, et pince les lèvres pour retenir un sourire triste. « Je pars pas tout de suite mon coeur.. » Elle préparait son sac, mais ne comptait pas se sauver comme une voleuse de bon matin. Elle s'arrête en face de lui, et prend une de ses mains entre les siennes. « Tu veux que je reste ce week end ..? » Qu'elle murmure, en portant sa main à ses lèvres doucement. Elle veut pas partir, mais il faut, right ?

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Elle le rejoint sur le pas de la porte, confuse, caressant du bout des doigts ses lèvres et il en soupira d'aise. Putain, non, il ne pouvait décidément pas la laisser partir. Et Margot n'avait pas l'air si enjouée de partir, mais Eliot ignorait si c'était le départ ou la tare de faire ses valises qui la rendait penaude. Secrètement, il espérait que ce soit la première option. Parce qu'en soit, même s'il savait qu'elle l'aimait, il ignorait comment elle avait vécu ce petit pari - peut-être qu'elle souhaitait retourner à son ancienne colocation parce qu'elle n'avait pas aimé celle-ci, peut-être qu'elle... arg - oui, Eliot réfléchissait trop en ce qui la concernait. Il était dans le doute constant. Mais s'il y avait bien une chose dont il ne doutait pas, c'était qu'il voulait qu'elle reste habiter avec lui. Pas juste un mois, ni un mois et un weekend mais.. sur le long terme. Mais elle, est-ce qu'elle le voulait ?  « Non ! .. Enfin si ! » Cria-t-il un peu trop soudain, objectant plus au simple weekend qu'à sa proposition de rester. « Enfin j'veux dire.. Toi, tu veux rester ce weekend, un weekend de plus ? » Et toute la semaine après ce weekend, et tous les jours d'après, voire même tout le mois, et pourquoi pas les mois d'après ? C'est ce qu'il pensait ardemment - souhaité ardemment mais il se mordit la joue intérieure pour s'empêcher de lui proposer cette solution de long terme qui pourrait paraître totalement.. dingue pour un couple aussi récent que le leur. C'est vrai, cela faisait deux mois et trois quart, bientôt trois, qu'ils étaient ensemble, c'était beaucoup trop tôt pour qu'ils franchissent ce pas.. non ? En tout cas, s'il se disait ça, Margot a dû avoir le même chemin de réflexion, et pouvait être réticente à un engagement comme celui-ci. C'est pourquoi il préférait ne pas directement lui demander, semblait hésitant. « J'veux pas t'obliger hein, si tu dois retourner à tes.. hm.. colocs ou à la Lowell House. » Continua-t-il, ressemblant presque à un enfant qui a peur qu'on lui refuse son cadeau de Noël.

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Elle fronce les sourcils, déroutée par la réaction d'Eliot un bref instant. Non ? Oui ? Qu'est ce qu'il voulait exactement ? Qu'elle reste un peu, qu'elle ne reste pas ? Finalement, le brun précise un peu ce qu'il veut dire, demande si elle veut rester ce week end, et peut-être même celui d'après. Et le fait qu'il puisse simplement demander si elle voudrait rester un peu plus gonfle son petit coeur d'amour à la rousse. « J'resterais le temps que tu voudras, Eliot. » Et elle le pense, Margot. S'il veut refaire un pari, elle est prête à perdre, là, tout de suite, maintenant. Elle pourrait défaire et refaire sa valise trois, quatre fois même, si ça signifie rester encore un peu. La belle fronce à nouveau les sourcils lorsque Eliot parle d'obligation. Et elle hausse un sourcil par la suite, partagée entre la franche envie de rire, et celle de lui taper le sommet du crâne pour dire une telle idiotie. Au lieu de quoi, elle se contente de froncer le nez en secouant la tête. « Eliot, j'adore mon coloc, et j'adore la Lowell. Mais si je dois choisir entre eux, ou voir ta bouille endormie le matin.. » Elle tire doucement sur son tee shirt pour le rapprocher d'elle, et lui voler un baiser fugace. « .. y a même pas question de choix. » C'est une évidence même, puis Margot, elle s'est habituée à l'ambiance ici. A ses jeux avec Elias, à Maxine, que la rousse est ravie d'avoir pu apprendre à connaître, et même Anja, plus sur la réserve. Et après un petit silence, jouant avec le tissu du tee shirt du brun pour éviter de le regarder dans les yeux, elle avoue plus bas: « Ça va me manquer, même.. »

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"J'resterais le temps que tu voudras, Eliot". Son cœur loupa un battement, un sourire heureux commençait doucement à se dessiner sur ses lèvres, il lâcha un léger rire soulagé. Mais pas totalement, parce que le temps qu'il voulait, il lui avait spécifié un weekend, pas plus; toujours une histoire de court et long terme, d'engagement sérieux ou non.  « Autant que je veux ? » Reprit-il, le sourcil levé, prenant un ton plus léger maintenant qu'une partie de soi était levé d'un poids. Une partie. Il ne put quand même s'empêcher de la questionner sur son retour vers son coloc ou la Lowell House, recevant en réponse de la jeune femme un froncement de sourcils mignon qui le fit sourire malgré lui. Il l'observa minutieusement alors qu'elle lui avouait préférer le voir lui au matin, avec "sa bouille endormie" que son coloc, en tirant sur son tee-shirt, tout en lui déposant un léger baiser sur les lèvres. « Ma bouille endormie ? J'aipasdebouilleendormie. » Fit-il une petite moue sur le visage, mauvais boudeur et répondant à l'aveu de sa petite-amie par un baiser qu'il retournait avec plaisir. Donc, elle voulait rester. Habiter dans cette colocation signe de l'Enfer ne l'embêtait pas, cohabiter avec son petit-ami de deux mois non plus. Un autre poids se souleva. Et le supplice prend définitivement fin lorsqu'il entendit la petite rousse reprendre après un moment de silence : "Ca va me manquer, même." Quatre petits mots qui ont eu le don de totalement gonfler la confiance en Eliot, qu'il en réagit à la seconde même, sans réfléchir. « Alors, reste. Et pas que pour le week-end. Reste encore un petit mois.. s'il te plaît. » Ce n'était plus une question qu'il lui murmura, le menton posée sur sa petite tête, alors qu'elle s'amusait avec son tee-shirt - mais une requête, à la limite de la supplication. Il était en train de la supplier, yeap, et s'il le fallait, il se pouvait se mettre à genoux.

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Autant que je veux? Par pur automatisme, la rouquine hoche la tête à répétition, manière silencieuse d'approuver les propos d'Eliot, quand bien même celui-ci semble dire la chose à la rigolade. Mais oui, Margot, elle en pense chaque mot. Elle resterait avec lui aussi longtemps qu'il se sentirait de la supporter. Parce qu'elle est bien, Margot, peut-être même trop bien avec lui. Elle a beau chercher l'arnaque, se demander quand est-ce que sa petite bulle de bonheur va éclater, mais chaque fois Eliot semble lui prouver l'inverse : Elle a trouvé son alter ego, celui qui arrivait enfin à la supporter. Et elle rit en le voyant faire une moue enfantine, niant en bloc cette face à moitié réveillée qu'il lui sort chaque matin. Elle pourrait le dessiner de tête, tant elle l'a observé, la jeune fille étant matinale. « Si, t'as une bouille endormie, Llewellyn. Malgré les apparences, tu n'es qu'un humain comme un autre, et non pas un dieu. » Un froncement de nez, un sourire, et elle embrasse sa joue comme une enfant. Un être humain, son être humain à elle et à elle seule. Puis finalement, à voix basse, elle l'admet : Elle préfère rester avec lui, et cette ambiance, cet appartement, elle a fini par s'y faire, par l'aimer, tout comme elle l'aime lui. Et presque aussitôt qu'elle eut admis cela, les paroles viennent venant du brun, ton suppliant de rester. Un petit mois... La rousse relève ses grands yeux verts pour dévisager Eliot, et passe doucement une main sur sa joue. « Un mois ? T'es sûr de pouvoir me supporter encore si longtemps chaque matin ..? » Elle esquisse une ébauche de sourire, avant de hocher doucement la tête, timidement. « Alors je crois que j'ai plus besoin de faire ma valise.. » Et bon sang, c'est un réel soulagement pour Margot. Une libération, même.