Les contes de fées sont faits pour les charmantes petites filles, petites filles qui grandissent et bien vite se rendent compte que ce n’était que de la poudre aux yeux. Les belles histoires existent oui, dans les livres. Mon histoire aurait pu être belle, très belle même. Ma famille aurait pu être adorable, soudée et aimante, malheureusement je ne l’ai jamais perçue comme cela. En effet, je suis arrivée dans ce monde la première, quelques minutes avant ma jumelle seulement et c’est moi qui ait poussé le premier cri. Ma sœur Joyce, mon ainée de deux ans était heureuse d’avoir deux petites sœurs pour le prix d’une, mes parents aussi. Le bonheur, la joie, les nuits à ne pas dormir, la folie d’être parents de jeunes enfants est vite passée. En effet, en grandissant, je me suis vite démarquée de ma sœur jumelle, de mes sœurs en général. Autonome, indépendante, un peu rebelle, ma mère et mon père n’ont pas vu en moi la petite fille idéale mais plutôt celle qui allait leur amener des problèmes. Ma grande sœur était la fille parfaite, très obéissante, très souriante, très intelligente, ma petite sœur jumelle suivait ses traces en étant plus discrète et moi je tentais de tracer mon chemin. Je n’ai jamais eu, surement à cause de notre trop grande différence, de complicité avec ma jumelle mais j’ai toujours été très proche de ma grande sœur. Comme j’étais le vilain petit canard de la famille en quelque sorte, il lui tenait à cœur de me prendre sous son aile, de me protéger. Elle l’avait fait tant qu’elle avait pu, tant qu’elle était encore là.

De Miami, toute la famille avait déménagé à Cambridge pour suivre l’ainée de la famille qui avait été acceptée dans la prestigieuse université d’Harvard. C’était un changement que je n’avais pas réellement apprécié ayant des amis et ma vie bien ancrée à Miami mais puisqu’il fallait faire bonne figure je l’avais fait. Et à douze ans j’avais recommencé ma vie dans cette nouvelle ville. A mon tour, à dix huit ans j’avais intégré la même université prestigieuse, faisant du journalisme comme je l’avais toujours souhaité et prenant la danse en mineure pour m’évader, me défouler. Déjà là j’avais dû me battre avec mes parents qui ne voulaient pas de cela pour moi alors qu’ils l’avaient accepté sans sourciller pour Kyla… C’était à n’y rien comprendre. Enfin, j’avais réussi à avoir ce que j’avais voulu, c’était l’essentiel. J’avais évolué dans cette université je m’étais fait des amis, j’étais populaire. Mais lorsqu’une bombe éclata dans l’université, elle se répercuta dans ma vie, m’enlevant ma sœur au passage, me plongeant dans une profonde tristesse et colère envers tout mon entourage. En janvier 2013 je pris donc mes clics et mes clacs et me dirigeais vers la France pour me recentrer sur moi-même, me retrouver… Ce fut un long parcours, un moment très difficile mais il fallait bien cela.

Ce ne fut qu’en septembre 2014 après plus d’un an d’exil que je pus revenir auprès de ma famille. Retrouver Kyla fut un vrai bonheur. Entre elle et moi tout avait changé, tout était mieux, tout était en train de devenir comme entre de vraies jumelles… Il nous avait fallu cela pour nous trouver, pour trouver notre complicité. Malgré toutes les bonnes intentions de recommencer une vie sereine en revenant, la colère en moi était toujours présente. Je ne retournais donc pas chez mes parents, préférant prendre une chambre à l’université et je n’oubliais pas ceux qui n’avaient rien fait pour la sauver comme Isaac, son petit ami. Parce que oui pour moi il était clairement responsable de son décès... Sauf que les choses ont changé, elles ont évolué. J'ai appris à connaitre Isaac, à parler avec lui de ce qu'il s'est passé et une belle complicité s'est créée avec lui allant même jusqu'à coucher ensemble et s'embrasser. C'était très bizarre. Mais ça n'a pas été le seul truc bizarre qui m'est arrivée. Je me suis aussi laissée prendre au piège du charme fou de Royce, le premier et seul amour de ma jumelle, le petit ami ou l'ex d'une folle... Autant dire que ça a fait des dégâts, aussi bien avec Kyla que dans mon corps puisque je suis restée près d'un mois dans le coma et que j'ai gardé des contusions pendant de nombreuses semaines à la suite de son agression. Je n'ai pas porté plainte, j'ai laissé Royce faire sa vie avec la mère de son enfant, préférant finalement m'effacer pour reprendre le large rejoignant Isaac pour un petit voyage qui s'est finalement passé en France, la France ce pays qui m'accueille toujours lorsque ça ne va pas. J'y étais bien, j'y ai passé du bon temps, mais Cambridge a fini par me manqué et j'y suis retournée en décembre 2015.

L’envie de savoir où en était tout le monde, de prendre des nouvelles de mes amis a été trop forte. Je suis revenue à Cambridge et ait fait encore plus de ravage que la fois précédente mais cette fois dans ma vie ! Je sais que je ne suis pas douée dans mes relations avec autrui mais pour me préserver ce n’est pas ça non plus… une véritable bombe à retardement, une nana qui ne sait que s’auto-détruire, voilà finalement ce que je suis peut être. En arrivant à Harvard, j’ai évité les confréries, et puis je me suis fait embrigadée par les Cabots. J’ai adoré être dans cette maison, je me suis faite quelques amies et j’ai gagné un peu en sérénité. Malgré l’interdiction aux hommes dans la maison, Royce a fini de trop nombreuses fois avec moi et j’ai fini par me perdre dans notre histoire dans mes sentiments. D’une simple histoire de vengeance nous sommes passés à une amitié, puis à quelque chose de bizarre où les sentiments ont été trop présents pour que je me rende compte finalement que j’étais peut être tout simplement amoureuse de lui… Sauf qu’à côté j’avais mon colocataire Asher qui me faisait tourner la tête… Je me suis perdue entre les deux puis j’ai choisi mon colocataire, stoppant toute relation avec Royce pour arrêter de me bouffer, de m’auto-détruire et oublier ce qu’il a pu se passer entre nous.  C’était surement mieux comme ça surtout que mon cœur n’a pas tardé de vraiment s’emballer pour Ash. Homme parfait, indépendant et posé, il était celui qui me fallait pour être posée. Après la catastrophe naturelle du Spring Break et m’être remise de mes blessures, c’est donc avec Monsieur Burke et son futur mini-lui dans mon ventre que je suis partie.

L’Australie, Asher a dit. Alors l’Australie nous a accueilli en mai 2016 alors que j’étais enceinte de trois mois déjà. Ce nouveau départ a été un nouveau souffle pour moi, pour nous, pour notre couple et il faut bien avouer que les sentiments, une fois dénoué, se sont démultipliés. Deux mois après notre arrivée et avant que je ne ressemble trop à une baleine, je suis donc devenue Madame BURKE, un choix que je ne regretterai jamais ! Puis, après la demande en mariage surprise d’Asher, nous avons pris goût aux surprises alors nous avons décidé de garder le mystère sur le sexe du bébé. Le bonheur n’a été que plus grand d’accueillir un petit garçon, que nous avons prénommé Tom, le 4 novembre 2016. Je ne suis surprise à aimer mon bébé de suite, moi, la grande Delilah, la grande andouille avec les enfants, celle qui ne les aime pas du tout et n’en voulait pas après ma fausse couche… Par contre, je n’ai pas su faire tout de suite avec le petit microbe, il m’a fallu du temps, et de la patience, mais la patience c’est pour Asher ça… Sauf que mon manque de patience, la fatigue et tous ces chamboulements dans ma vie, ont fini par me peser. Disputes sur disputes, la difficulté d’apprendre à vivre avec Monsieur BURKE et avec bébé Tom… Tout a causé de trop nombreuses disputes et au début de l’été, j’ai fait ce que je sais le mieux faire : fuir. Une dispute de trop, celle qui a été la goutte qui a fait déborder le vase… J’ai pris mes valises pour quelques semaines, laissant tout derrière moi, ayant besoin de faire le point, sur moi sur ma vie. J’ai laissé mon bébé derrière moi à contre cœur mais je ne savais incapable de m’en occuper seule…