Encore jamais Read n'aurait cru se dévêtir ainsi en plein centre commercial. Mais c'était pour la bonne cause. Cela faisait depuis toute la matinée que son groupe de recruteurs et lui tentaient de récolter des fonds et des denrées alimentaires pour une œuvre caritative. Il leur fallait un bon nombre de denrées non périssables afin qu'elles puissent être distribuées surtout pendant l'hiver prochain. Mais tout ce que les gens acceptaient de donner était bienvenu, évidemment ! Mais les passants filaient en coup de vent et tout ce qu'ils avaient pu récolter ne suffirait à presque rien. Alors un membre du groupe avait eu une idée. Il leur fallait un coup d'éclat, quelque chose qui incite les gens à s'approcher, à poser des questions. Septembre était un mois assez frais et pour montrer à quel point l'on pouvait être démuni, métaphoriquement, la personne avait suggéré que chacun se déshabille et reste en petite tenue. Les jeunes femmes en culotte et soutien-gorge, les hommes en boxer. Read avait eu quelques réticences, étant un garçon des plus pudiques, mais l'idée ayant été voté à l'unanimité parmi ses camardes et ne voulant pas les laisser tomber, il avait dû s'y résoudre. L'après-midi allait certainement être amusante...Enfin, dépendante des points de vue, il en va de soi. Le but était aussi de trouver d'autres personnes susceptibles de les y aider, car certains avaient eu des urgences et avaient dû s'en aller. Du moins, c'était ainsi qu'ils avaient justifié leur désertion. Read avait hésité un bon moment. Il n'allait pas le proposer à Mary, elle risquait de se fâcher. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait un peu peur qu'elle prenne mal le fait qu'il se dévêtisse en lieu public. Et elle était trop pudique. Et alors qu'il lançait un œil dans ses contacts potentiellement disponibles, il tomba sur le nom de Tyler. Oh lui, il en était sûr, il ne se défilerait pas....
Et les voilà tous là, en petite tenue, avec des pancartes et un chariot encore vide.
« Bonjour, madame, nous sommes une association qui vient en aide aux personnes sans domicile ou en situation sociale très difficile et... » tenta notre jeune homme, dans une approche avortée. Mais il était un peu timide, bien trop timide pour s'émanciper et donc attirer du monde, induire la curiosité. Il lui fallait un coup de fouet.

Lorsque Read m’avait appelé dans le but de me demander de l’aide pour récolter des fonds pour une œuvre caritative, j’avais au début été réticent, n’étant pas trop le genre de personne qui se démène pour aider son prochain. J’étais plutôt du genre égoïste et je ne m’en cachais pas. Mais lorsqu’il m’avait précisé que les participants à cette campagne de dons se devaient d’être presque entièrement nu, je n’avais pas hésité à revenir sur ma première impression et à accepter de venir l’aider dans cette tâche qui s’avérait plus amusante qu’au premier abord.

Arrivé sur les lieux, personne n’eut besoin de me demander de me déshabiller pour que je me retrouve en boxer devant la très nombreuse clientèle du centre commercial de la ville. Je n’étais en rien pudique et j’aimais au contraire beaucoup exposer mon corps à la vue de tous – oui, oui, j’étais prétentieux. Si c’était en plus pour la bonne cause, ça me donnait une bonne raison d’en abuser.

- Bonjour, madame, nous sommes une association qui vient en aide aux personnes sans domicile ou en situation sociale très difficile et... commença Read avant de s’arrêter, car la femme à qui il s’adressait était déjà partie depuis longtemps.

- Tu t’y prends mal, lui expliquai-je en riant. Attends, je vais t’aider. Déjà, vire-moi ces pancartes. Elles ne servent absolument à rien, excepté gâcher la vue de ton beau corps, m’exclamai-je en lui arrachant sa pancarte des mains. C’est justement grâce à ton corps que les gens vont pouvoir te remarquer !

Je pris ensuite un feutre noir qui traînait par là et servait à écrire sur les grands morceaux de papier carton, et le déboucha.

- Si tu veux faire passer le message, il faut l’écrire directement à même le corps.

Puis, je commençais à écrire le slogan d’une pancarte sur le corps de Read. Une fois fini, je lui passai le feutre et dit :

- A mon tour maintenant !

Read observait les gens défiler sans oser les approcher, contrairement aux autres recruteurs qui n'y allaient pas de main morte. Ils semblaient tous très à l'aise en petite tenue, mais le jeune ambulancier, quant à lui, avait beaucoup de mal. Ce n'était pas tant sa pudeur qui le tourmentait, mais surtout l'idée que sa mère puisse le voir un jour dans cette tenue. Il était évident qu'une action coup d'éclat est toujours suivie ensuite de quelques photos, parfois même faites par des journalistes et il n'aimait pas trop cela. Mais bon, c'était pour la bonne cause. Tyler était arrivé depuis plusieurs minutes déjà et il ne s'était pas fait prier pour se dévêtir. Read abordait une femme, cachant ses formes derrière une pancarte où étaient marquées diverses revendications lorsque Tyler vint l'interpeller. Sa bonne humeur faisait plaisir à voir.
« Mais... » fit Read simplement alors que l'autre lui retirait sa pancarte et se saisissait d'un marqueur. Son petit cri ne sembla pas interpeller son interlocuteur qui évoqua le fait que la meilleure des façon était de se servir de son corps. « Je ne trouve pas que mon corps soit si beau à regarder ! » s'exclama encore Read pour sa défense, comme s'il était le plus laid des hommes. En vérité, il avait un peu honte de se cacher alors que les autres étaient parfaitement entrés dans le jeu et paraissaient même s'en amuser. Le chariot s'était même déjà un peu rempli de boîtes de conserves achetées dans le magasin d'en face par des passants. Read se laissa cependant marqué au feutre. Tyler n'avait pas tord, c'était sûr qu'on le verrait comme cela !

« Okay ! Je vais te marquer ce qu'il y avait sur l'autre panneau ! » s'exclama-t-il plus jovial. Aller, entrer petit à petit dans le jeu et les passants finiront par véritablement être intrigués et attirés. Délicatement, afin de ne pas faire de mal à Tyler, il posa une main contre sa hanche afin de lui tirer un peu la peau avant de n'écrire les quelques mots du slogan de l'association. Il le faisait avec un soin intense. Read avait toujours tout fait avec soin, et là, c'était d'autant plus le cas qu'il ne voulait pas faire de mal à son ami. Lorsque ce fut chose faite, un petit sourire aux lèvres, le jeune homme reprit la parole., les joues rougies « Aller, vas-y toi, montre-moi comment tu t'y prends pour récolter des dons ! » Il était certain que ce serait bien amusant.

- Mais... tenta-t-il tant bien que mal de protester face à ma prise en main de la situation. Je ne trouve pas que mon corps soit si beau à regarder !

Je le regardai de travers, mais ne dit rien, ne préférant pas entrer dans ce genre de débat. Read était loin d’être le genre de mec à accepter sa bogossitude, je savais donc qu’il était inutile d’insister en lui affirmant qu’au contraire il avait un corps splendide qui pourrait sans le moindre doute faire tourner beaucoup de tête ici, au centre commercial, et rapporter par la même occasion de généreux dons.

- Okay ! Je vais te marquer ce qu'il y avait sur l'autre panneau ! s’exclama-t-il, cette fois plus enthousiaste à cette idée d’écrire les slogans à même la peau.

Read s’appliqua dans sa tâche, prenant grand soin de ne pas appuyer trop fort comme s’il souhaitait éviter de me faire mal. Et encore une fois, je ne dis rien, trouvant encore une fois inutile de préciser qu’il ne risquait pas de me blesser avec un feutre.

- Aller, vas-y toi, montre-moi comment tu t'y prends pour récolter des dons ! me mit-il au défi, juste après avoir fini de me décorer au marqueur.

- Tu vas voir, commençai-je comme pour le prévenir qu’il risquait d’être étonné. Je vais remplir ce chariot en moins de temps qu’il en faut pour dire « charité ».

Je m’avançai ensuite vers la foule et ouvrit les bras comme pour bien me faire voir, tout en m’écriant :

- Mesdames et Messieurs ! Vous devez très certainement vous demandez ce que des fous tels que nous font dans une tenue aussi légère. Eh bien, je vais vous le dire. Mes camarades et moi-même sommes ici pour représenter une œuvre caritative et nous faisons aujourd’hui appel à votre générosité pour donner ne serait-ce qu’un penny dans le but d’aider des gens qui n’ont même pas la chance d’en avoir un. Vous pouvez également donner de la nourriture, toute sorte de donations est acceptée avec joie. Et pour faire monter les enchères, je me propose en tant que lot ! Allez, mesdames ! Vous ne pouvez pas refuser un si bel homme ! Oubliez vos petits copains ou maris le temps d’une seconde et profitez de la vue ! Ce n’est pas tous les jours que vous avez l’occasion d’admirer d’aussi beaux mecs ! Et une fois que le chariot sera plein, je vous promets une petite récompense, finis-je mon long discours en glissant mes pouces dans mon boxer et en tirant sur l’élastique de ce dernier pour bien leur faire comprendre que je l’enléverai.

Spoiler:

Read voulait absolument veiller au fait que son ami n'ait pas mal. Un feutre n'était pas un objet d'attaque, mais tout de même, on ne savait jamais. Si cela se trouvait, Tyler était du genre douillé. Tout le monde ressentait la douleur différemment et à des degrés diverses, Read, du fait de sa profession, était très bien placé pour le savoir. Cependant, bien que l'idée de se trouver en petite tenue en public ne l'enchantait guère, ou plutôt le mettait mal à l'aise, bien qu'au fonde lui ce soit quelque chose d'amusant, il avait hâte de voir la méthode Tyler à l’œuvre. Il connaissait le jeune Winthrop comme étant quelqu'un d'espiègle et n'ayant nullement froid aux yeux alors il avait plutôt tendance à avoir d'excellentes idées pour attirer l'attention. Comme au bal. Read n'avait pas tenu rigueur au jeune homme du baiser qu'il lui avait alors donné et qui avait failli mener à une rupture du côté de Mary... Mais cela lui avait au moins prouvé que Tyler aimait choquer et qu'il ne reculait devant rien !
Et d'ailleurs, le discours qu'entama son mai après avoir attiré l'attention des passants le fit écarquiller les yeux... Il avait beau être naïf et prude, il avait finit par comprendre où l'étudiant désirait en venir. La récompense en question ne serait pas vraiment nette... Ce serait même une atteinte à la pudeur. Après avoir hésité un instant, Read finit par éclater de rire. C'était à la fois un rire d'amusement et un rire nerveux, car déjà, une demoiselle demandait à l'interlocuteur et orateur parfait qu'était Tyler si ses collègues allaient tous assumer la récompense. Se cachant légèrement derrière le dos de son ami, le fils de pasteur lui chuchota dans l'oreille : « Tu... comptes vraiment faire tomber le slip ? » Il était nerveux. Parce que Tyler n'avait pas encore répondu à la question de la passante, qui avait montré Read du doigt en demandant si « les collègues allaient eux aussi jouer le jeu de la récompense ». Et notre jeune Quincy avait peur de cette réponse.

Mon idée de récompense une fois que nous aurions récolté assez de dons fit des émules parmi la foule. Certains étaient choqués que je puisse proposer aussi facilement de me mettre à nu – au sens littéral du terme – devant un parterre de gens venus simplement faire leurs courses ou se balader dans le centre commercial. D’autres étaient au contraire plus intéressées, se sentant sûrement chanceuses – ou chanceux, car il n’y avait pas uniquement que des femmes parmi la clientèle – de se retrouver à cet endroit au bon moment.

Une jeune fille me demanda d’ailleurs si j’allais être le seul à endosser la récompense, plus intéressée par le fait que Read se déshabille à ma place, au vu du regard charmé qu’elle lui lançait.

- Tu... comptes vraiment faire tomber le slip ? me demanda justement celui-ci, semblant totalement nerveux à l’idée de se mettre à poil devant tout le monde si je venais à accepter la proposition de la jeune fille.

Je me tournai alors vers lui et me mit à lui parler tout aussi bas qu’il l’avait fait dans le but d’éviter que les gens autour ne nous entendent.

- Moi, oui, mais je refuserais que vous le fassiez aussi si vous ne le souhaitez pas, le rassurai-je, n’étant pas non plus un enfoiré au point de mettre un de mes amis mal à l’aise (surtout que je savais à quel point il était pudique). Dis-toi que la nudité n’est pas quelque chose dont tu dois avoir honte. Après tout, si je me souviens bien, Adam et Eve étaient également nus avant de se faire virer du Jardin d’Eden.

Peut-être qu’une petite référence à la Bible pouvait le convaincre d’accepter. Non, non, je ne le manipulais absolument pas !

Read ne savait pas comment l'expliquer, mais il était véritablement anxieux à l'idée de se dévêtir en plein centre commercial... mais, en même temps, il trouvait cela amusant. Surtout que Tyler prenait un malin plaisir à prévenir de sa nudité. Levant les bras, Read s'avança un peu pour que l'on puisse lire les inscriptions écrites sur son torse. Il était un peu moins timide qu'au début de l'intervention et semblait même s'émanciper. Rejoignant hâtivement son amie, il lui souffla sa question à l'oreille... L'anxiété était mêlée à la curiosité. Une sorte d'interdit que l'on a terriblement envie de surmonter, comme tous les gamins âgés d'une dizaine d'années. Sauf que Read n'avait plus dix ans depuis longtemps et que se déshabiller en plein centre commercial pouvait le mener bien loin...
La référence à la Bible que lança Tyler le fit rire légèrement. Pour un athée qui semblait avoir l'église et ses semblables en totale réticence, il ne s'y prenait pas dans la demie-mesure.
« Ouais... mais là, on est pas dans le Jardin d'Eden ! » s'exclama Read simplement, baissant ensuite le ton en se rendant compte qu'on l'avait entendu au-delà de l'espace où il se voulait audible. Sa réponse était aussi stupide que l'argument lancé, mais il n'avait pas trop grande idée de ce qu'il pouvait bien y répondre. Après tout, c'était un jeune homme pudique et il voulait s'y tenir... Enfin...
Une jeune femme s'approcha davantage, déposant quatre boîtes de conserves et un bocal de cassoulet dans le chariot. Un des camarades de l'action de charité la remercia d'un signe de tête, mais elle envoya un sourire aux deux jeunes hommes, comme espérant bien plus. En somme, c'était une sorte de strip-tease... Rien à voir avec de la prostitution, si ? Read se rassurait, avant de ne finalement se pencher à l'oreille de Tyler.
« Si tu le fais... je le fais aussi. » souffla-t-il. Ce n'était peut-être pas très catholique, mais si cela pouvait pousser à rapporter des dons... Alors autant se donner un peu en spectacle !

- Ouais... Mais là, on est pas dans le Jardin d'Eden ! fit remarquer justement mon ami croyant, alors que mon allusion à la Bible afin de le convaincre de me suivre dans ce plan osé l’avait légèrement fait rire – le principal étant que je ne l’avais pas blessé.

Mais telle une preuve que le chantage que j’avais élaboré à l’encontre des membres des Quincy semblait intéresser les gens qui étaient présent pour notre collecte de fonds, une jeune femme s’approcha du chariot qui nous servait à récupérer les biens donnés et y déposa quelques boîtes de conserve, avant de jeter un regard envieux vers nous comme si elle n’attendait plus qu’une chose : que l’on se déshabille. Cependant, le chariot était loin d’être rempli et ma promesse ne tenait que si celui-ci était plein à ras bord. Elle devrait donc attendre que d’autres personnes se montrent généreuses, avant de pouvoir profiter de la vue – bien qu’elle pouvait toujours admirer la vue de nos torses musclés en attendant d’en voir plus.

- Si tu le fais... je le fais aussi, souffla finalement Read à mon oreille, provoquant mon étonnement, mais également, mon ravissement.

- Tu sais parfaitement que j’en suis capable, alors prépare-toi mentalement à montrer tes bijoux de famille au public en folie, déclarai-je avec un large sourire, avant de me tourner vers la foule. Allez, allez, Mesdames et Messieurs ! Ne soyez pas timide ! Mon camarade a accepté de se déshabiller, vous aurez donc deux beaux mâles pour le prix de quelques denrées alimentaires donnés. Ce n’est pas cher payé, vous ne trouvez pas, misai-je sur l’humour pour convaincre ces personnes de plus en plus nombreuses postées devant nous.