Je le détestais. Je le détestais comme jamais j'avais pu le faire. J'avais envie de le taper, envie de lui faire mal comme lui m'en faisait. Est-ce qu'il se rendait même compte d'à quel point il me blessait, à quel point il enfonçait le couteau dans la plaie ? Il voulait que je sois encore à lui alors que c'était lui qui m'avait laissé tomber ? Lui qui m'avait dit que je le rendais pas heureux ? C'était putain d'égoïste. Si je voulais me taper Alexander, je le ferai. Bon en soi, j'allais éviter parce que je voulais pas mourir d'une Az enragée, mais voilà. Wade n'avait pu son mot à dire. Si j'voulais dire que j'étais une meuf qui se tapait dix gars par semaine et bien j'avais le droit. Si je voulais le faire, il avait aucun pouvoir pour en arrêter. CA M'ENERVAIT. Et qu'il ne réponde pu à mes sms était encore plus enrageant car je voulais continuer dans cette voie, je voulais continuer à le faire souffrir pour qu'il imagine un peu la souffrance que j'endurais depuis plus de trois semaines maintenant. Peut-être qu'il pensait vraiment que je ne l'aimais pas, que j'en avais rien à foutre de lui. Mais putain, c'était un abruti fini ce mec, c'était pas possible autrement. Sans réfléchir ou envoyer de sms à quelqu'un qui pourrait me raisonner, trop prise dans mes sentiments qui me mettaient dans une colère incroyable qui me prenait aux tripes et qui me donnait des haut-le-coeurs. Il habitait à cinq minutes d'ici, il avait Juliet avec lui et elle était malade. Ils allaient pas sortir. Je le savais. Je connais Wade et ça m'irritait encore plus à l'heure actuelle, ça me saoulait de le connaître par coeur et de l'avoir pris à terre bien trop rapidement. J'voulais qu'il me rentre dans le lard, je voulais qu'il me montre que j'existais encore pour lui... Je tapais à sa porte, attendant qu'il m'ouvre, et prenais directement les choses en charge en le voyant. Y avait pas Juliet avec lui, j'la voyais pas dans le salon, je pouvais commencer. T'as dépassé les limites Forbes. TU TE FICHES DE MOI LA ? Je m'avançais, je le pointais du doigt, oubliant alors toute idée d'ambiguité dans cette proximité, bien trop énervée contre lui. Tu veux que je T'appartienne ? Tu veux que je sois à TOI alors que c'est TOI qui m'a laissé tombé et qui m'a dit fuck off ? T'as pas l'impression que tu vas trop loin ?! J'allais réveiller Juliet je pense.

Bon, voilà. J'avais pété mon téléphone. Encore. Penché à ma fenêtre, je tirai sur ma clope frénétiquement en essayant de refaire marcher l'écran complètement fendu alors que le tactile ne fonctionnait plus du tout. Putain. J'savais que j'aurais dû me contrôler mais quand j'avais vu les mots de Bri.. C'est comme si mon cerveau avait complètement vrillé. D'abord la colère, incontrôlable. Et bon dieu heureusement que j'avais déjà couché Juliet. Et puis le vide. J'avais l'impression qu'on était en train de me broyer de l'intérieur, alors que ces mots ne cessaient de revenir en echo intenpestif dans ma tête. J'avais l'impression d'avoir un trou au beau milieu de la poitrine, un tiraillement incontrôlable qui me faisait tellement, mais tellement mal. Au final, toute les craintes que j'avais venaient de se confirmer. Tout ce que je pensais tout bas et que pourtant, je me forçai à ne pas croire. Que j'étais le seul à l'aimer comme je l'aimais dans notre couple. Que j'avais été un bouche trou un nombre incalculable de fois pour elle. Qu'elle m'avait pris moi parce que j'étais là, et que la place était vacante après Andy. J'savais qu'elle m'avait aimé. Mais elle m'avait aimé pour elle. Au final la preuve était là. J'étais bel et bien le dindon de la farce. Le pauvre con de l'histoire. Yavait quoi de vrai au juste dans mon couple avec Briony hein ? J'avais mal putain, pourquoi ça faisait aussi mal ? J'avais envie de disparaître, pour pouvoir ignorer tout ça. Cliquer sur un bouton qui effacerait tout, de A à Z. Le regard dans le vide, je finissais ma clope au moment où on frappa à ma porte. Putain mais foutez moi la paix, juste deux minutes, deux petites minutes.. Je soupirai, écrasant mon mégot dans le cendrier avant d'aller ouvrir.. et de me figer en voyant Briony. T'as dépassé les limites Forbes. TU TE FICHES DE MOI LA ? Elle était hystérique, rentrant comme une bombe dans mon appart en me pointant du doigt alors qu'immédiatement, la tension s'emparait de moi. Tu veux que je T'appartienne ? Tu veux que je sois à TOI alors que c'est TOI qui m'a laissé tombé et qui m'a dit fuck off ? T'as pas l'impression que tu vas trop loin ?! Je la dévisageais, glacial, sans bouger d'un milimètre. Tu vas réveiller Juliet dis-je avec froideur, sourcils froncés. Va t'en.

Ces messages m'avaient faits du mal. Qu'il vienne me reparler pour cela m'avait également blesser. Je détestais Wade si fort, qu'il ne pouvait même pas imaginer l'intensité des sentiments que j'avais à son égard. J'aurai pu rester en PLS chez moi, j'aurai pu continuer de pleurer, mais j'avais préféré venir chez lui pour régler cette histoire avec lui, quitte à rompre définitivement les ponts. Je pouvais pas être rien avec Wade, on allait pas pouvoir redevenir c'était pas possible. Il était trop important à mes yeux pour qu'un tel retour à l'arrière puisse se faire. Holy shit. On était condamnés à s'en foutre plein la gueule. Alors que j'étais prête à l'aider à la base. Lolilol, j'crois que j'vais réussir à faire le contraire. Si y avait eu un peu de raison en moi, elle m'aurait dit de me calmer mais non. J'avais pas assez heurter le coeur de Wade pour le moment, j'en voulais toujours plus, je voulais décharger toute la haine que j'avais en moi depuis toutes ces semaines et que j'intériorisais si fort pour être correctement polie, en pensant à Juliet. Mais là, j'en pouvais pu, je pouvais pu rien supporter de plus. C'était mort. Alors j'entrais comme une furie chez lui, j'le pointais du doigt, j'lâchais des mots dont je n'avais même pas conscience, ça sortait tout seul, instinctivement. Et y avait aucune réaction du côté du père de ma fille. Rien du tout. Il était fermé. Je ne l'avais vu qu'une seule fois dans cet état là: quand j'avais traité sa mère de prostituée. Finalement, c'était le même principe. Je connaissais ses points faibles, suffisait d'appuyer dessus pour gagner la partie. Tu vas réveiller Juliet C'est horrible à dire, j'm'en voulais rien que de le penser, mais j'm'en foutais de la réveiller. Pour toutes les fois où elle avait pété nos nuits, juste une fois, ça serait moi. Parce que sinon, j'allais devenir folle à tout garder. Va t'en. Je laissais échapper un rire froid. Certainement pas. Oh non, j'allais pas partir maintenant alors qu'on pouvait définitivement tout pourrir et tout régler maintenant. Vas yyy, dis moi tout ce que tu penses, écrases moi de nouveau le poignet même si tu veux, si ça peut te défouler. repris-je avec un ton méprisant, faisant référence à la fois où je l'avais fait également sorti de ses gonds, où j'avais fini en atèle car il n'avait pas su se contrôler. Je lui tendais mon bras, avec un regard froid. T'as pas le droit de revenir dans ma vie et de me dire ce que j'ai le droit de faire ou non. C'est ton choix d'aller sur mon formspring, ta décision de vouloir être blessé en lisant mes propos, j'vais certainement pas faire dans la douceur pour toi alors que toi t'en as strictement rien à foutre. Dans combien de temps j'vais entendre des rumeurs sur tes liaisons ? Dans combien de temps j'vais apprendre toutes les histoires sur ta liberté retrouvée ? Content d'avoir pu retrouvé la drogue à temps complet ? Tu dois être tellement heureux maintenant putain. J'avais baissé le ton pour Juliet. J'espérais qu'il avait fermé la porte quand même.

Je m'étais pas attendu à ce qu'elle vienne. Et ça faisait mal. Elle revenait à la charge pour me torturer encore un peu plus, c'est ça ? Pour me dire en pleine gueule ce qu'elle venait de m'écrire, histoire de bien marquer le coup. Je voulais pas la voir. Je voulais même pas lui parler. Là à cet instant, je voulais juste l'oublier. Qu'elle sorte de ma vie, que je n'entende plus parler d'elle. Que ça ne fasse plus mal comme ça. Elle me rendait dingue putain. Elle allait me faire dégoupiller, c'était pas possible. Les mots d'Alaska me revenaient en tête, et en voyant Briony si hargneuse, je comprenais qu'en effet, elle était venue pour essayer de me faire encore plus mal. Certainement pas. Ma mâchoire se contractait malgré moi, alors que la tension s'emparait de tout mes membres, jusqu'au bout de mes doigts qui se mettaient à trembler. Vas yyy, dis moi tout ce que tu penses, écrases moi de nouveau le poignet même si tu veux, si ça peut te défouler dit-elle avec mépris, me tendant même son bras dans un geste ridicule. Je repoussais son bras, agacé. Jvoyais bien qu'elle cherchait à me provoquer, à me mettre à bout de nerfs. Et ça aurait été tellement facile de céder. Sauf que je luttais, encore. T'as pas le droit de revenir dans ma vie et de me dire ce que j'ai le droit de faire ou non. C'est ton choix d'aller sur mon formspring, ta décision de vouloir être blessé en lisant mes propos, j'vais certainement pas faire dans la douceur pour toi alors que toi t'en as strictement rien à foutre. Dans combien de temps j'vais entendre des rumeurs sur tes liaisons ? Dans combien de temps j'vais apprendre toutes les histoires sur ta liberté retrouvée ? Content d'avoir pu retrouvé la drogue à temps complet ? Tu dois être tellement heureux maintenant putain. Sa colère, ses mots, tout m'exaspérait au plus haut point. Et comme si c'était inévitable, je craquais à mon tour. Mais tais-toi putain ! TAIS-TOI ! gueulai-je à mon tour, oubliant complètement de ne pas crier pour ne pas réveiller Juliet.  T'essaie de faire quoi là hein ? Tu veux m'énerver ? Tu veux m'énerver c'est ça ? dis-je les dents serrées, la dévisageant de toute la rage que j'avais. Je m'étais rapproché d'elle sans même me rendre compte, guidé par ce sentiment de révolte et de peine que je ne pouvais contrôler. Est-ce que j'tai demandé de pas aller baiser Alex ? Est-ce que je t'ai imposé quelque chose ? J'tais parlé de RESPECT putain ! Fais ce que tu veux, va baiser qui tu veux, je m'en fous. Parce que ouais cette fois, t'as raison, j'en ai rien à foutre. Mensonges, évidemment. Casse-toi d'ici, j'ai plus rien à te dire dis-je sèchement, tout le dégoût qu'elle m'inspirait sur le visage. J'étais dégoûté ouais. Dégoûté de voir à quel point elle me faisait mal, de voir qu'elle était capable de me briser, encore et encore. De voir que je m'étais trompé aussi, peut-être. Et à quel point j'avais le coeur en mille morceaux.

Cette fois, je ne m'excuserai pas. Même si j'allais trop loin, je ne le ferai pas, car lui, il s'en foutait totalement de m'avoir laissé tomber ces derniers mois, c'est lui qui a le plus merdé et alors que j'voulais lui redonner une chance, il me quittait. On me donne une plus belle définition d'enfoiré ? Ou de bâtard, lolilol sens littéral du terme, quel humour Briony. Je voyais rouge. J'avais pas peur de lui ou de ce qu'il pourrait me faire dans un accès de violence, car Dieu seul savait à quel point Wade était imprévisible quand il agissait sous ses pulsions de colère et je ne savais pas à quoi m'attendre. Mais j'm'en foutais. J'voulais le faire sortir de ses gonds, j'voulais qu'il me montre de l'émotion putain, chose à laquelle j'avais pas eu le droit depuis la naissance de Juliet. J'avais eu le droit à qu'à ce robot, qui intériorisait tout, j'voulais le savoir en vie... pour mieux le détruire ensuite. Bon dieu, c'est pas possible d'être dans cet état d'esprit aussi violemment. Mais mon coeur qui se tord, ma bile qui remonte, mes mains qui tremblaient, tout laissait à croire que si.. si c'était possible. Mais tais-toi putain ! TAIS-TOI ! Ma respiration se coupa un instant sous l'intensité de son ton, le regardant toujours fixement alors qu'il se rapprochait de moi. Enfin une réaction. Il était temps. J'entendais des chouinements chez Juliet, c'était même évident qu'elle allait se réveiller après ce haussement de la voix. T'essaie de faire quoi là hein ? Tu veux m'énerver ? Tu veux m'énerver c'est ça ? Je n'avais jamais vu ce regard chez le mather et c'était effrayant. Je percevais tellement d'états d'prit, mais surtout une rage comme j'en avais pas croisé depuis... très longtemps. Jamais en fait. Je ne fais que ressortir toutes tes merveilleuses qualités. lui répondis-je avec un regard froid, tandis qu'il se rapprochait encore plus. Doux jésus, j'étais pas en confiance du tout là. Est-ce que j't'ai demandé de pas aller baiser Alex ? Est-ce que je t'ai imposé quelque chose ? J't'ai parlé de RESPECT putain ! Fais ce que tu veux, va baiser qui tu veux, je m'en fous. Parce que ouais cette fois, t'as raison, j'en ai rien à foutre. C'était tellement douloureux d'entendre ça.. Ca faisait mal. Que j'aille me faire sauter par tous les gars de Boston ne lui faisaient rien du tout. J'étais totalement et définitivement effacée de sa mémoire. J'avais beau le détester de toutes mes forces, j'arrivais pas à encaisser cette nouvelle, c'était bien trop douloureux. Casse-toi d'ici, j'ai plus rien à te dire Mon coeur se brisait. J'avais toujours cette colère qui se déversait dans mes veines, mais c'est comme.. si tout s'affaissait en moi. C'était fini alors ? On avait pu rien à se dire ? J'avais envie de vomir, c'est pas possible. Le ton était redescendu, mais n'en était pas moins acerbe et froid. J'ressentais des frissons tout le long de mon épiderme et dans un dernier éclair de rage, j'en venais à le frapper. Sur son torse, de toute mes forces. Répétant des mots qui  n'avaient pu de sens mais qui venaient tout seuls. T'as. Pas. Le. Droit. De. Faire. CA. Et je m'arrêtais. Mes deux poings contre lui, fermant les yeux, sentant que j'allais craquer. Je restais là quelques secondes avant de m'éloigner pour aller prendre Juliet dans mes bras, oubliant Wade, oubliant mon coeur dégommé et brisé, oubliant tout, pour me concentrer sur ma fille qui avait été effrayé autant que moi par son père.

J'avais la rage, j'avais la haine. Je la pensais pas capable d'un truc comme ça, encore. Inévitablement, je repensais à la fois où elle m'avait quitté pour Andy. Je repensais à cette altercation, dans le supermarché, quand elle m'avait fait comprendre que je n'étais rien pour elle. Quand elle avait traité ma mère de pute. Et qu'elle était revenue quelques mois plus tard comme une fleur me dire qu'elle m'aimait. Et moi, j'étais tombé dans le panneau. Parce que je l'aimais. Mais OU est-ce qu'on s'était trompé putain ? Ou est-ce qu'il y avait eu un bug dans l'histoire hein ?! J'en avais marre. J'avais l'impression qu'elle me déchirait en deux, encore et encore, et que jamais ça ne cesserait. Alors je lui balançais ces horreurs, ces mensonges. Parce que évidemment que je n'en avais pas rien à foutre. Le simple fait de l'imaginer dans les bras d'un autre me rendait fou. Et de voir qu'elle riait de cette fois où elle avait failli me tromper avec Alexander, qu'elle s'en moquait comme d'un événement anodin, ça me rendait encore plus fou. Est-ce qu'elle avait ne serait-ce que regretté cet événement au final à un moment ? Ces mots se répétaient en boucle dans mon crâne, comme si ils étaient prêts à s'imprimer, définitivement. J'ai jamais dit que t'étais l'homme de ma vie. Mais j'étais quoi alors hein ? Le mec trop con pour ne pas écouter les autres et rester là parce que je l'aimais ? J'ai jamais dit que je voulais construire quelque chose sur le long terme, contrairement à toi. Ouais contrairement à moi. Moi, le débile profond, qui s'accrochait à elle de manière ridicule. J'avais mal. Je voulais qu'on me laisse, jvoulais qu'on bouche mes oreilles. La rage prenait possession de tout mon corps alors que je lui disais de dégager de là. J'voulais plus voir son visage. Jvoulais plus rien savoir. Et alors que mon regard était vrillé dans le sien, elle me frappait. Une fois, deux fois.. je comptais même pas les coups tellement ils pleuvaient sur moi. Je me décalais, instinctivement, essayant d'échapper à ses poings qui si ils ne me faisaient pas vraiment mal, me blessaient bien plus que je ne pouvais l'imaginer en mon fort intérieur. Je repoussais ses poings avec mes bras et finalement.. je la laissais faire, laissant toute sa colère se déverser sur moi dans cet acte désespéré. J'me sentais brisé. T'as. Pas. Le. Droit. De. Faire. CA. Elle s'arrêtait, et je baissais mon regard, vide. Ses poings restaient sur mon torse pendant quelques secondes, alors que ma gorge se serrait de plus en plus. Puis elle partait en direction de la chambre de Juliet. Et je restais là planté. Les pleurs de ma fille résonnaient à mes oreilles dans un bruit sourd, alors que j'avais littéralement l'impression d'étouffer. J'me laissais glisser au sol, et sans vraiment m'en rendre compte, je pleurais, enfouissant mon visage dans mes bras.

J'en pouvais pu. J'avais l'impression de constamment brûler au fond de moi, d'étouffer de l'intérieur et de même me noyer. Vous savez cette sensation que de couler, que t'as beau te débattre pour remonter à la surface, l'eau est déjà bien infiltrée dans tes poumons et tes efforts mèneront à rien du tout, si ce n'est périr dans de grandes souffrances avec toujours ce petit espoir qui ne fait que t'achever encore un peu plus. Ma gorge était nouée mais je trouvais encore pourtant un peu la force d'exprimer toute cette colère, cette peine, cette incompréhension et cette souffrance que j'avais en moi en frappant Wade. Finalement, c'est pas lui qui utilisera la violence physique ce soir, mais bien moi. Il essayait de s'extirper de cette situation, mais je revenais toujours à la charge. C'était son corps à lui que j'voulais taper, enveloppe corporelle de l'âme dont j'étais tombée amoureuse et qui me mettait aujourd'hui plus bas que terre, c'était lui que j'voulais faire souffrir comme lui le faisait dans l'indifférence la plus totale. Je ne supportais pu ce poids que j'avais en moi, qui m'empêchait d'avancer, qui me stoppait dans tout ce que je faisais pour essayer de reprendre le contrôle et ne pas craquer. Comment est-ce qu'on avait fait pour en arriver là ? Comment on avait pu devenir ces deux inconnus qui utilisaient les mots comme arme, avec comme seul objectif de détruire le plus l'autre ? Je sais pas. J'ignorais la réponse et c'était frustrant autant que blessant. J'avais donné tellement de moi à Wade que je devais faire le deuil de cette part de mon être et je pouvais pas, j'acceptais pas que tout était fini, que tout était en train d'être bafoués par ces prises de tête incessantes qui n'avaient pu de sens à force. J'avais l'impression que tout s'effondrait en moi, que j'allais m'écrouler au sol, que mes jambes ne pouvaient pu supporter ma tristesse. Alors j'focalisais toute mon attention sur ma fille, la seule qui me rattachait à la vie, qui me donnait encore un peu de joie et de bonheur dans ce bas monde. Je la réconfortais, assez rapidement. Elle était fatiguée, ça se sentait. J'lui chantais doucement quelques comptines, les sanglots dans la voix que je n'arrivais pas à retenir. Juliet, penses qu'à Juliet Briony, sois juste une mère maintenant, rien d'autre. Je souriais doucement en la voyant s'endormir avant de sortir dans le salon. Je ne savais pas à quoi m'attendre, sûrement à Wade en train de fumer quelque chose au balcon, prêt à de nouveau m'engueuler ou alors un Wade froid et distant.

Mon coeur s'émietta face à la vision que j'avais. Je n'aurai pas cru que c'était possible d'avoir le corps encore plus en vrac. Un coup de poing dans le ventre, une claque dans la figure, un sentiment de tristesse encore plus fort. Il était là, au sol. Je n'avais jamais vu Wade dans cet état de vulnérabilité aussi prononcé. Mes larmes coulaient d'elles-mêmes sur mes joues, brûlantes. Je n'avais pas su les retenir plus longtemps. J'avais l'impression que rien ne pourra jamais s'arranger. J'entendais Wade et je comprenais qu'il craquait aussi. Et j'étais partagée entre tellement d'émotions là. Je pensais à son mal-être qui pouvait peut-être enfin sortir après tout ce qu'il avait vécu, mais aussi au fait que j'avais été certainement trop loin en appuyant sur ses faiblesses dans le but de me venger. Je sais pas. J'étais perdue. Alors je restais là, silencieuse. J'avais pas ma place à côté de lui, il avait choisi cette distance entre nous. Je détournais le regard, dans une vaine tentative de me contenir mais c'était peine perdue. Je pensais à Juliet qui n'avait pas de chance d'avoir des parents comme nous. Mon monde était si terne, sans saveur. Je finis par avancer doucement pour m’asseoir à côté de Wade. Ce que je faisais était dangereux, mais honnêtement tant pis. Les mots qu'on avait eu pour l'autre étaient juste impardonnables pour nos corps, nos esprits et ne seraient pas oubliés. Mais je ne pouvais pas faire comme si je ne voyais pas que l'homme que j'aimais était mal, je ne pouvais pas ne rien faire. Il m'avait jeté, mais je l'aimais putain et je supportais pas la vision d'un Wade qui pleurait. Alors je me mettais à côté de lui et au bout de longues secondes, je finis par poser ma main dans son dos. Juste pour lui dire que j'étais là, qu'importe ce que je représentais. Le silence était parfois la discussion la plus équivoque.

Je sentais les larmes dégringoler sur mes joues sans que je ne parvienne à les retenir, alors qu'un goût salé arrivait à mes lèvres tremblantes. J'en pouvais plus. Je me sentais brisé en deux, comme si on m'avait ouvert la poitrine pour m'y arracher le coeur à mains nues. Peut-être que finalement, c'était mon père qui avait eu raison. Que je n'étais qu'un moins que rien, un incapable, une sous merde pas fichue de faire quelque chose de bien de ma vie. Pas fichu même d'être aimé. Je l'avais entendu me le répéter tout au long de ma vie tellement de fois qu'aujourd'hui.. aujourd'hui peut-être que j'y croyais pour de bon. J'avais l'impression de devenir fou. Ptetre même que j'étais fou en réalité. Fou à lier d'être tombé amoureux d'une fille comme Briony, fou de l'avoir suivi aveuglément sans me soucier de tout le reste. J'avais l'impression d'avoir passé mon temps à me bercer d'illusions, et là c'était comme si mon corps était éclaté en mille morceaux. Comme si Briony avait pris une part de moi en me jetant ces mots à la figure. Comme si elle m'avait volé ma dignité, et piétiné mon coeur, sans une once de pitié. Qu'on me laisse putain, qu'on me laisse crever là si il le fallait. J'me sentais honteux, faible, réduit à cette simple enveloppe corporelle qui n'était bonne qu'à me rappeler à quel point je souffrais. J'avais aucune notion du temps. J'entendais pas Briony qui revenait vers moi non plus. Toujours assis au sol, je ne remarquais sa présence qu'au moment où je sentais son parfum à côté du mien, cette odeur si familière qui me donnait affreusement envie de me réfugier dans ses bras réconfortants. J'voulais qu'on arrête tout ça, qu'on stoppe ce creux béant que j'avais au milieu de la poitrine. J'avais envie de sentir Briony contre moi, et en même temps de la repousser loin de moi de toutes mes forces. Je ne savais plus quoi faire. Alors je ne faisais rien, tentant de me calmer, tentant de reprendre le dessus. Mais je n'y arrivais pas. Je sentais sa main se nicher au creux de mon dos et.. j'avais encore plus envie de chialer putain. Comme si ce simple geste représentait tout ce qu'on avait plus, tout ce qui était détruit. Si seulement nous avions réellement eu quelque chose. Je savais plus, je ne voulais pas savoir. Laisse-moi.. dis-je d'une voix rauque et éraillée par les larmes, sans relever mon visage vers elle. Laisse-moi s'il te plait..

La douleur n'était pu latente comme ces derniers jours. J'avais appris à m'habituer au mal-être qui m'habitait, j'avais en quelques sortes réussi à l'oublier en me disant que ça allait finir par passer et au bout de trois semaines, j'avais suffisamment intériorisé pour me dire que c'était parce que j'allais avoir mes règles ou parce que Juliet me rendait folle ou qu'importe autre excuse qui me semblait valable à mes yeux. Mais désormais, la douleur était fulgurante, la blessure était réouverte et le peu de sparadrap que j'avais mis était arraché avec violence. Les larmes coulaient, symbole d'un être qui se détruisait de l'intérieur, d'une implosion qui faisait plus de dégâts qu'on aurait pu estimer à la base. Je comprenais pas comment Wade avait pu croire à mes mots alors que j'lui avais confié mon coeur, alors que j'avais cru suffisamment lui montrer qu'il était mon futur, que j'avais eu un enfant avec lui. C'était une promesse d'avenir ça non ? Juliet était un miracle et on avait surtout pas voulu avorter, mais si elle était arrivée avec un autre homme, j'aurai très bien pu refuser de la garder. Il en avait conscience de cela ? Conscience que c'était de lui que j'voulais mon enfant ? J'avais mal, ça ne voulait pas s'arrêter, ça me prenait, ça m'élançait. Des coups de poing dans le ventre, ma tête qui tournait sous tous ces sentiments qui m'envahissaient. Et toujours ces larmes silencieuses, douloureuses. Le voir dans cet état là me faisait mal au coeur et je supportais difficilement cette vision. Il craquait sous le poids de mes mots qui avaient été certainement la goutte de trop et désormais, je regrettais vraiment. Je n'arrivais pu à faire semblant, à tout mettre derrière le compte de la tristesse et ma peine. J'avais voulu lui faire mal et je m'en voulais tellement là maintenant en voyant les conséquences de mes actes. Une boule dans ma gorge se formait, lourde. Je m'approchais de lui avant de finir à côté. La situation était délicate. J'aurai aimé tout pouvoir effacer, qu'on se contente de nos sentiments mais est-ce que c'était encore assez aujourd'hui ? Je sais pas. Est-ce qu'on ne pouvait pas faire une pause juste quelques minutes ? Il était mon monde, il était mon présent, mon futur. Je supportais pas l'idée de le rendre malheureux. Mon coeur était serré, il criait au secours, il était en train d'agoniser. Laisse-moi.. Sa voix me prenait aux tripes. Il m'avait déjà demandé de le laisser plus tôt, mais cette fois-ci.. c'était différent. Laisse-moi s'il te plait.. Tu peux pas me demander ça Wade, tu peux pas. J'peux pas.. répondis-je en chuchotant presque. Je passais un rapide coup sous mes yeux pour rendre un semblant de face. Je ravalais mes larmes, décidée à soulager Wade de tout ce qu'il ressentait. J'avais difficilement ma salive. J'avais froid. Je frissonnais. Mais je gardais le cap. Je m'avançais, en traînant mon corps au sol, jusqu'à me retrouver face à la boule qu'était Wade uniquement. J'étais désemparée. Comment t'as pu croire une seconde mes mots Wade.. Mes larmes recommençaient à perler. Cette situation était insoutenable, j'arrivais pas à.. j'y arrivais juste pas. Je voulais juste te faire du mal.. confessais-je, gênée, honteuse, mal. Autant que je suis mal actuellement. Parce que j'avais l'impression que ça te touchait pas, que tu t'en foutais, j'en sais rien.. c'est ridicule je sais.. Je reniflais, mon ventre complètement sans dessus dessous. Je t'aime Wade.. Putain comment t'as pu croire tout ça ? Comment t'as pu croire que je voulais pas de futur avec toi, que t'étais qu'un bouche-trou.. ? Il avait tellement pas confiance en lui et j'lui donnais ptete pas de raison. Je sais que ses larmes ne venaient pas que de notre rupture, je sais que c'était plus important que ça. Mais je tentais déjà ce sujet. Ecoutes Forbes, je t'ai sûrement donné des raisons de douter.. Mais Andy n'est pu présent du tout dans mon coeur, il ne me manque pu, je l'ai oublié d'accord ? Je te le jure Wade. Il fait parti de mon passé, le deuil de ma relation est fait, il est pu rien du tout. Andy était toujours le problème majeur. Je le savais. Et Alex.. J'aurai pas dû prendre la question avec ironie, j'aurai pas dû.. Je regrette ce qui s'est passé y a quelques mois, on a merdé comme pas possible et j'm'en veux encore plus en sachant que ça a fragilisé la confiance que tu avais en moi. Mais Alex est et restera un ami, rien de plus. Je n'ai aucunement l'intention de faire quoique ce soit avec lui. Vraiment Wade. Faut que tu me crois.

Je lui demandais de s'en aller, la suppliait presque même, lui demandant derrière ces mots d'arrêter l'hémorragie, de stopper toutes ces émotions qui me détruisaient de l'intérieur. J'avais mal de savoir Briony à côté de moi, mal de sentir son parfum, d'entendre son souffle devenu irrégulier par les larmes. Je ne savais plus où j'en étais par rapport à elle, je ne savais plus ce que je voulais mais.. malgré tout, les sentiments restaient là. Bien sur que je l'aimais. Et certainement que j'allais l'aimer jusqu'à la fin de mes jours. Je pouvais pas contrôler ça. Et à cet instant, tout ça faisait bien trop mal pour être supportable. J'peux pas.. Ces mots tombaient comme du plomb dans mon estomac, alors que j'avais cette envie d'hurler, de crier comme un fou pour évacuer tout ça. Pourquoi elle partait pas ? Elle voulait encore me saigner c'est ça.. ? Comment t'as pu croire une seconde mes mots Wade.. Je sentais sa présence face à moi, la détresse dans sa voix aussi. Je voulais juste te faire du mal.. Je le savais. Je savais qu'elle avait dit ça pour me faire du mal, même Alaska me l'avait dit. Mais malgré tout.. je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'il y avait une part de vrai derrière tout ça. Autant que je suis mal actuellement. Parce que j'avais l'impression que ça te touchait pas, que tu t'en foutais, j'en sais rien.. c'est ridicule je sais.. Ca me faisait mal de l'entendre pleurer. J'étais pas insensible à sa détresse parce qu'au fond, je savais que je lui avais fait du mal. Je savais que je l'avais blessée en décidant de mettre un terme à notre relation, en brisant notre couple et certainement son espoir de famille saine avec notre fille. J'y pensais tous les jours. A elle, à nous, à notre fille. Même quand je me déglingais la tête en faisant la fête et en me bourrant la gueule, même quand j'essayais d'oublier tout le reste en m'envoyant en l'air avec une autre. Je ne savais pas encore si j'avais bien fait, si j'étais en train de faire la plus grosse connerie de ma vie ou non. Mais je pouvais pas rester comme ça. Je pouvais plus. Je t'aime Wade.. Putain comment t'as pu croire tout ça ? Comment t'as pu croire que je voulais pas de futur avec toi, que t'étais qu'un bouche-trou.. ? Comment voulait-elle que je ne le croie pas alors que ce n'était pas la première fois qu'elle me balançait ce genre de mots ? Que tout le monde me le répétait ? Qu'elle m'avait largué pour l'homme de sa vie à l'époque, le vrai je le savais, celui avec qui elle avait voulu construire un futur, avoir des enfants, se marier peut-être. L'entendre me dire qu'elle m'aimait me faisait mal. Parce que de mon côté, je ne savais plus comment lui répondre. Je ne savais plus comment la croire.. Ecoutes Forbes, je t'ai sûrement donné des raisons de douter.. Mais Andy n'est pu présent du tout dans mon coeur, il ne me manque pu, je l'ai oublié d'accord ? Je te le jure Wade. Il fait parti de mon passé, le deuil de ma relation est fait, il est pu rien du tout. Mes pensées avaient beau être négatives, je pouvais pas nier que ça me faisait du bien malgré tout d'entendre ça. J'étais ridicule putain. Un pauvre type. Et pourtant oui, ça me soulageait, un peu. Et Alex.. J'aurai pas dû prendre la question avec ironie, j'aurai pas dû.. Je regrette ce qui s'est passé y a quelques mois, on a merdé comme pas possible et j'm'en veux encore plus en sachant que ça a fragilisé la confiance que tu avais en moi. Mais Alex est et restera un ami, rien de plus. Je n'ai aucunement l'intention de faire quoique ce soit avec lui. Vraiment Wade. Lentement, avec hésitation presque, je relevais la tête, évitant de regarder celui de Briony. Je passais ma main sur mon visage, puis dans mes cheveux et je baissais les yeux. Je me sentais tellement, mais tellement minable à cet instant. Merci dis-je malgré tout, d'une voix un peu plus assurée que précédemment. Je restais silencieux quelques secondes, me refusant de la regarder. Car je savais qu'à cet instant, je perdrais toute raison. Mais.. c'est toi qui a raison sur le fait que c'est pas à moi de te dire quoi faire. J'ai.. plus mon mot à dire là dessus, et je ne m'en mêlerais plus. Mais ne penses pas que c'est parce que je m'en fous parce que.. c'est faux dis-je en plongeant malgré moi mon regard dans le sien, que je trouvais plein de larmes. Ca faisait si mal putain. J'voudrais te dire que je ne te ferai plus de mal, mais on sait tous les deux que ça va arriver. Forcément, même si je ne le voulais pas. Tout comme elle allait me faire du mal en retour. Ne me regarde pas comme ça.. ajoutai-je d'une voix éraillée.