Plus les jours avançaient, plus je me demandais si ça avait été une brillante idée de dire à Wade que Juliet avait besoin de ses deux parents. En soi, je restais sur mes positions. Juliet, à peine trois mois, devait grandir entourée de ses parents. Ca, j'étais catégorique là dessus. Mais est-ce que les deux devaient être constamment autour d'elle ? Je ne le savais point. Je n'avais pas fait psychologie ou étudier le développement de l'enfant. Le fait est que depuis maintenant une semaine, un peu moins peut-être, je n'avais pu de notion de temps, Wade venait à la maison. Pas toujours très longtemps. Jamais pour dormir. Uniquement pour qu'on soit tous les trois ensemble et que Juliet se sente en sécurité, et aimée. Le lien d'attachement était très important.. et puis pour être honnête, je ne voulais pas être séparée de mon bébé plus d'une journée, je voulais pas qu'elle soit avec Wade je ne sais où. J'avais besoin qu'elle soit là, que je la sache près de moi, en sécurité. La situation avec le mather était extrêmement bizarre. Ca faisait quoi.. deux semaines et quelques qu'on avait rompu maintenant, fin qu'il avait rompu plutôt, et même si j'essayais de tout garder pour moi à l'intérieur.. ça me faisait mal de le voir à l'appartement, souriant à Juliet comme il l'avait toujours fait. On avait passé quelques jours, au début de notre rupture loin de l'autre et j'avais la sensation qu'un gouffre s'était creusé, qu'il avait déjà tourné la page, que tout allait beaucoup mieux de son côté. C'était horrible comme impression, je ne le souhaitais à personne. Comment lui faire comprendre qu'il me manquait ? Que j'avais besoin de lui ? Que je pouvais être là pour lui ? Que je sais pas.. tout allait aller mieux ? Idk. Alors forcément, ça m'énervait, ça me foutait sur les nerfs cette histoire, je ne savais pu comment tout gérer. Et ce soir, j'étais particulièrement désagréable je crois. Juliet était malade, faute au temps qu'on avait et je sentais que j'étais sur le point de craquer, pour la première fois depuis deux semaines maintenant. J'avais besoin que Wade s'en aille en fait. Peut-être qu'elle pleure parce que tu t'y prends mal nan ? T'as utilisé le bon médoc ou pas là ? Entendre mon enfant pleurer me rendait encore plus folle que je ne l'étais, mon ton encore plus sec et froid. Manque de sommeil mes amis.

Bonne ou mauvaise idée ? J'savais pas. Si au départ j'avais été contre l'idée de Briony, j'avais quand même fini par accepter de revenir habiter avec elle, pour Juliet. Enfin.. "habiter" était un bien grand mot. Je venais surtout après les cours pour passer du temps avec elle, mais dès que le soir tombait, je rentrais dans mon appartement à dix minutes à pied de là. Parce que je pouvais juste pas dormir ici. Je pouvais pas dormir dans cet appartement où on avait vécu ensemble pendant presque un an avec Briony alors qu'aujourd'hui nous n'étions plus ensemble. Dès le départ, je savais que cette situation allait être compliquée. Pourtant j'avais décidé d'écouter Briony qui parlait du bonheur de Juliet avant tout. Parce c'était tout ce que je voulais au final. Alors je m'étais convaincu que c'était un bon compromis, qu'on était des personnes "civilisées" comme disait Briony et qu'on pouvait très bien passer un peu de temps ensemble dans la journée si c'était pour notre fille. Sauf qu'au final, c'était bien plus dur que ce que j'avais imaginé. Je me sentais... complètement paumé. Je ne savais plus quoi penser de la situation, me rendant compte petit à petit que même si je la voyais tous les jours, je ne faisais que m'éloigner davantage de Briony. J'étais sans cesse tiraillé entre l'envie de me barrer de cet appartement pour être loin d'elle, et celle de venir la prendre dans mes bras, me disant que ça suffirait pour effacer tout le reste. Sauf que je savais bien que ce n'était pas le cas. Et bordel, c'était vraiment compliqué de co habiter avec son ex quand tous les souvenirs de couple qu'on avait en commun revenaient sans cesse inonder mon esprit. On était tous les deux sur les nerfs, ça se voyait. Surtout Briony ce soir là, alors que j'essayais de calmer Juliet qui pleurait non stop depuis une bonne dizaine de minutes. Peut-être qu'elle pleure parce que tu t'y prends mal nan ? T'as utilisé le bon médoc ou pas là ? Debout avec Juliet dans les bras, je soupirais d'agacement en essayant de rester zen et de ne pas m'énerver. Oui Bri, j'ai utilisé les bon médocs dis-je en ayant malgré tout du mal à cacher ma propre irritation. Délicatement, je reposais Juliet dans son transat posé sur le canapé, en me disant que ça l'aiderait peut-être à la calmer. Ou pas. T'as repris sa température ? demandai-je en posant ma main sur son petit front.

L'amour était un sentiment à bannir de nos vies. Je vous jure que plus jamais je voulais tomber dans ce fléau, ça me faisait bien trop mal. Pourquoi.. ? Juste pourquoi est-ce qu'on avait eu une fille si on était même pas capable de rester ensemble, heureux, en couple ? Je ne regrettais pas ma fille, loin de là, c'était la prunelle de mes yeux, mon trésor, ma princesse, mon ange, bref vous avez saisi. Ce que je regrettais c'était.. de l'avoir eu avec Wade ? J'en sais rien. Au final, avoir Juliet en commun allait nous éloigner plus que nous rapprocher. Suffisait de voir les quelques heures qu'on passait tous les jours ensemble. Au lieu d'être.. biens, heureux et tout ce que vous voulez, on était des inconnus. Je supportais vraiment mal cette idée, j'arrivais juste pas à gérer que désormais j'étais personne pour Wade, que j'étais qu'une vulgaire conquête avec qui il y avait eu des conséquences, des effets secondaires aka avoir un poids qu'était Juliet. J'avais mal de le voir si loin de moi, de voir qu'une partie de mon coeur avait été arrachée et que lui il vivait sa vie à côté tranquillement. Si je l'avais laissé partir, c'était parce que j'avais accepté sur le coup que je ne lui apportais plus rien, qu'il n'était pas heureux avec moi, que j'étais un poids, que je sais pas.. que nos personnalités n'allaient pu comme avant ensemble. Mais entre la théorie et la pratique y avait un gouffre. Dès que je le voyais, je ne pouvais empêcher mon coeur de battre plus vite, quand je croisais son regard, j'avais peur de rougir, ou d'avoir les mains moites ou d'avoir l'air ridicule. Vivre dans cet appartement était insoutenable mais je pouvais pas me permettre d'aller habiter autre part avec le peu d'argent que j'avais de côté. Mais dès que ça serait possible, j'm'en irai, soyez certains. Avec Juliet. Qui était actuellement en train de pleurer. Je savais pas ce qu'elle avait, elle s'arrêtait pas. Oui Bri, j'ai utilisé les bon médocs Je le voyais en train de reposer notre fille dans son transat, toujours en train de pleurer et j'étais incapable de la voir comme ça plus longtemps. T'as repris sa température ? J'allais chercher le thermomètre frontal, ainsi que son doudou pour lui apporter. Elle est toujours au dessus.. dis-je en soupirant. Je prenais ma puce dans mes bras, commençant à me balader doucement dans l'appartement, lui chuchotant des petits mots d'amour dans l'oreille, la câlinant, avant de lui donner sa tétine. Tout doucement, elle commençait à se calmer dans mes bras, somnolant. Bon dieu que j'aimais pas la voir avec toutes ces larmes sur ses joues. Je supporte pas la voir comme ça.. dis-je en soupirant, la posant à mon tour dans le transat, hésitant même à carrément la mettre au lit. Il commençait doucement à se faire tard. Sauf que j'avais peur de la réveiller en la changeant et qu'elle ait à nouveau mal. Je pense que tu vas pouvoir partir.

Ça m'agaçait tellement de voir Briony aussi agressive putain. Elle était vraiment insupportable quand elle était comme ça et sans grande surprise, elle semblait encore plus incisive que lorsque nous étions ensemble. Alors je prenais sur moi, faisant des efforts pour essayer de rester zen et de chasser l'idée de mon esprit qu'elle était en train de me faire une sorte de petite vengeance en m'envoyant ces piques dans la gueule. Je ne relevais pas le fait qu'elle semblait me prendre pour un empoté avec notre fille, préférant me concentrer sur Juliet, justement. Sauf qu'elle ne s'arrêtait pas de pleurer, montant notre stress à tous les deux au maximum alors que pour ma part, j'étais autant sur les nerfs que inquiet. Briony lui reprenait sa température, et je faisais de légères caresses sur le front de ma fille en essayant de l'apaiser tandis que je soupirais en voyant qu'elle avait toujours de la température. Je laissais Briony la prendre dans ses bras pour tenter de la calmer à son tour, complètement désemparé face à la situation. Ce que j'aurais aimé être médecin là pour le coup et avoir une espèce de solution miracle. Heureusement petit à petit, elle sembla se calmer dans les bras de Briony, cessant de pleurer en laissant ses joues rosies et ses yeux bouffis par les larmes. Je supporte pas la voir comme ça.. Je regardais Briony la mettre à nouveau dans son transat alors qu'elle commençait à fermer les yeux, me rendant compte que ça me faisait quelque chose de la voir s'inquiéter pour notre fille comme ça. Elle avait toujours été sensible quand il s'agissait des enfants, et ça ne m'étonnait pas qu'elle soit aussi concernée face à sa propre fille malade. T'inquiète pas, elle va vite aller mieux avec les médicaments dis-je malgré moi sur un ton apaisant pour essayer de la rassurer. Je regardais Juliet commencer à s'endormir, et je m’accroupissais pour caresser le dos de sa main potelée avec douceur. Je pense que tu vas pouvoir partir. Je regardais l'heure sur ma montre, et soupirais légèrement en voyant qu'il était assez tard pour le coup. Je pense que je vais rester un peu, vu qu'elle est mal. J'vais rester sur le canapé et au pire je partirai pendant la nuit si elle va mieux. Ça te dérange pas ? dis-je en levant mon regard vers elle.

Elle arrêtait pas de pleurer, depuis ce qui me semblait des heures et rien ne semblait la calmer. Ni des caresses, ni de la musique, ni des promenades, ni des jouets, rien du tout. Ca rendait fou, ça m'inquiétait, ça m'angoissait, j'en pouvais pu. J'allais finir par l'emmener à l'hôpital en urgence si ça continuait comme ça. Si Juliet pleurait de façon continu, sans jamais s'atténuer véritablement, c'est qu'elle était en train de vraiment souffrir, qu'elle en pouvait pu. Sa température était toujours haute. Elle était toute rouge, elle avait moins de voix qu'avant, mais c'était encore plus déchirant quand elle commençait à re-crier, parce que ça se sentait qu'elle était elle-même épuisée. Ma puce, bats toi, ça va aller mieux. Je la prenais dans mes bras, fatiguée, irritée, inquiète, continuant à faire ce que je pouvais pour l'apaiser un peu et doucement -enfin- elle commençait doucement à s'endormir. Mes oreilles jouissaient de ce silence. Omg, c'était possible de n'entendre pu rien. Je posais doucement ma princesse dans son transat évitant de la réveiller, passant un mouchoir sur son visage pour enlever toutes ces larmes qui s'y étaient accumulées depuis tout à l'heure même si une bonne partie avait atterri sur mon haut. T'inquiète pas, elle va vite aller mieux avec les médicaments Ouai, j'espérais. Je soupirais. Bon, maintenant, c'est quand qu'il part ? Parce qu'honnêtement, j'me vois pas le supporter encore plus longtemps, même si parallèlement, ça me soulagerait d'un poids si Juliet se réveille et que Wade est toujours présent. Sauf que sa présence me faisait mal. Parce qu'avec ce qu'il venait de se passer ce soir, on avait plus ou moins agi comme une famille.. à se relayer, à chercher des solutions, à communiquer juste en se regardant dans les yeux alors qu'au final, on avait absolument tout perdu. Et c'était putain de douloureux de se prendre ça dans la tronche, genre vraiment. Je pense que je vais rester un peu, vu qu'elle est mal. J'vais rester sur le canapé et au pire je partirai pendant la nuit si elle va mieux. Ça te dérange pas ? Je le regardais depuis là où j'étais, l'observant caresser la main de Juliet. Est-ce que j'ai vraiment mon mot à dire mmh ? dis-je sur un ton cassé malgré moi, sous le poids de toutes les émotions de ce soir. J'en pouvais vraiment pu, j'vous jure. J'vais.. j'y vais. J'ai besoin d'être seule. Mais fais toi plaiz avec le canapé, c'pas comme si tu connaissais pas la maison. dis-je en me retournant pour qu'il ne puisse pas voir mes émotions, t'façon je comptais pas lui donner satisfaction, il ne verrait pas à quel point il m'a détruit oh non. Je préférais imploser que lui laisser ce plaisir pervers de voir que sa mission avait réussi. J'vais préparer la chambre de Juliet, faut qu'on la couche quand même.

L'ambiance était ultra tendue et en même temps, cela devait bien faire plusieurs heures déjà qu'on se battait pour essayer de calmer Juliet, de lui donner les bons médicaments, de lui donner le biberon au cas où ça l'aiderait à aller mieux. Et maintenant qu'elle avait fini par se calmer, je prenais soudain conscience de l'état de nervosité dans lequel je me trouvais. Quant à Briony, j'avais l'impression que c'était encore pire. Rapidement, elle me laissait sous entendre que je pouvais rentrer chez moi, sauf que mine de rien, j'étais quand même inquiet moi aussi. Et ça me plaisait pas trop de partir en sachant que Juliet était comme ça. Sauf que de toute évidence, elle n'avait par l'air ravie à l'idée que je reste. Est-ce que j'ai vraiment mon mot à dire mmh ? dit-elle d'un ton sec qui me fit légèrement hausser un sourcil. Putain fallait le dire si elle me détestais à ce point. Ça m'faisait mal ouais. J'veux juste rester auprès de ma fille dis-je froidement, tournant à nouveau les yeux vers Juliet qui semblait s'être endormie. J'vais.. j'y vais. Mais fais toi plaiz avec le canapé, c'pas comme si tu connaissais pas la maison. "Fais-toi plaiz"... Parce qu'elle pensait que c'était une partie de plaisir pour moi de rester dormir ici ? Dans ce salon où on avait vécu ensemble pendant presque un an ? Dans ce salon où je l'avais vu rire, pleurer, se taire même quand elle s'était faite agressée et que je l'avais tirée de cette horreur ? Quand elle m'avait dit qu'elle m'aimait pour la première fois ? Ok, fallait tout de suite que je vire ce genre de pensées de mon crâne sinon, j'allais ruiner le peu de chance que j'avais de dormir. Je soupirais sans lui répondre, ayant même pas envie de commencer à entrer en conflit avec elle vu comment j'étais déjà éreinté à cet instant. J'vais préparer la chambre de Juliet, faut qu'on la couche quand même. J'acquiesçai en silence, comme pour me donner contenance et essayer de continuer à rester le plus calme possible. D'accord. J'vais aller la changer dis-je en me redressant. Tout doucement, je prenais Juliet dans mes bras, calant sa petite tête contre mon cou comme j'avais l'habitude de le faire. Et je souriais légèrement en sentant son poing se refermer sur le col de mon pull. J'aurais pu rester des heures comme ça sérieux, à la sentir contre moi. A pas lent, je me dirigeais vers la salle de bain pour aller m'occuper d'elle, soulagé de voir qu'elle restait calme.