Quelle idée d'intégrer la Lowell House en sachant pertinemment que ma soeur allait faire des pieds et des mains pour me bizuter. J'aurais du me douter que Kaya allait s'occuper de mon cas, et c'est pire encore maintenant qu'elle est présidente de la maison des artistes: Parce que maintenant, elle se sent obligée d'en faire la promo, m'voyez, et j'suis l'outil tout désigné pour faire ça. Heureusement, je suis pas seule dans mon malheur, puisque mon camarade de bizutage, Harley, s'est dévoué pour m'accompagner dans cette douloureuse mission, qu'on a même décidé de pousser jusqu'au bout. C'est ainsi que je me retrouve sur le parking face à la Lowell House, dans une jolie robe violette, en train de m'appliquer minutieusement de la peinture violette sur les bras et les jambes. Tout ça part à l'eau, évidemment, mais je vous laisse imaginer la couleur du bain ce soir. « Salut Margot. Ah bah t'es bien belle comme ça. » Tout en terminant ma seconde jambe, je me redressais pour saluer Harley en riant. « Heeey Harley! N'est ce pas, hein! Une Lowell née, j'devrais rester comme ça tous les jours. » Un petit tour sur moi même, et je repris en riant la peinture de mes bras, seulement à moitié violets pour l'instant. « J'ai pris une bombe violette pour les cheveux, t'en veux ? » En pleine galère pour faire mon épaule, je levais les yeux vers sa bombe avant de hocher la tête « Raaah t'es trop malin, je veux bien! Bon, j'espère que ça va pas faire moche sur mes cheveux roux... Tu pourras me le faire dis ? Là j'ai les mains un peu prises... » Et comme pour illustrer mes propos, je montre mon bras gauche complètement recouvert de peinture jusqu'au cou.

J'aurais jamais cru pouvoir dire un jour que le violet me va au teint, mais honestly, j'suis trop classe, j'adore. Heureusement que le ridicule ne tue pas, autrement, je pense que je serais déjà six pieds sous terre, à bouffer les pissenlits par la racine. D'ailleurs, la vue ne manque pas d'amuser Harley, tout comme ma réplique à laquelle il répond: « Grave ! P'tet qu'il y a des UV exprès pour les Lowell, on devrait l'inventer, tiens ! » Petit clin d'oeil que je lui retourne en le pointant du doigt de ma main libre. « Smart guy. On va lancer notre affaire et finir riches, en mode Bill Gates. » Bon, Billou, il a quitté Harvard en mode yolo, je suis pas bien sûre que j'aurais les couilles de faire pareil. Session peinture de cheveux ensuite! Harley vint se placer derrière moi, pour s'occuper de ma tignasse rousse, qu'il pris bien cinq minutes à bomber en violet, en long, large et travers. « Oh.. La prochaine fois j'en prendrais deux. Ils sont tenaces tes ch'veux ! Heureusement qu'les miens sont courts, sinon je t'aurai envoyé en chercher comme ça au magasin. » Je me retourne, pour constater qu'il a presque vidé la bombe sur moi. Oh, oops. « Désolééé, la prochaine fois j'achèterais une perruque. » Au moins, ça épargnera mes cheveux, j'espère que ça va pas les abimer tout ça. Je reprenais la peinture de mon dernier bras, tandis qu'il commençait à se peindre aussi le corps. On a bien l'air malins. « Eh, tu veux que j'te peigne le visage ? Genre, j'ferais des super beaux trucs, et on t'appellera "Cinquante nuances de Violet". » Gros fou rire, alors que je me tortille pour bien faire le tour de mon épaule. « Cinquante nuances de violet, tant qu'un certain monsieur violet m'enferme pas dans une salle de jeux après, ça me va! » Merci, j'suis pas aussi folle que la nana qui est dans le film ou livre, whatever. « Bon, moi j'suis pas forcément peintre, mais tu voudras que je fasse le tien aussi ? »

Ouais, finir aussi riche que Bill Gates, c'est compromis, et je hausse une épaule pour répondre « Boh, l'argent c'est surfait. » Ben quoi, c'est vrai, j'ai bien réussi à survivre sans pendant des années. Au final, chacun son côté on commence à terminer de se peindre en violet, le tout avec humour, et quand Harley parle de Monsieur Violet qui veut m'enfermer, je grimace. « Merci, maaais je passe mon tour! »Non mais dans un pot de peinture, ça craint quoi, vous imaginez l'odeur? Parce qu'entre nous, la peinture, ça sent pas la rose. Je propose par la suite au blond de m'occuper de lui faire des dessins aussi sur le visage, et sa réponse m'arrache un rire, alors que je termine de peindre mon second et dernier bras. « Moi, dessiner ça ? C'est absolument pas mon genre. » Bon, en fait si, mais comme j'suis une gamine gentille et distinguée, je vais pas le faire aujourd'hui. Une fois bel et bien prête, j'attrapais du maquillage violet (c'est fou ce qu'on peut trouver dans les boutiques pour enfants, surtout sachant que le mois prochain c'est Halloween)  et me dirigeais vers Harley, avec un sourire malin. « L'avantage c'est qu'on a pas de miroir, tu verras pas ce que je fais. » Histoire de lui faire peur un peu. J'attends qu'il ait également terminé, pour venir lui écrire en gros sur le front "LOWELL FTW" (for the win), le tout avec un joli coeur. « Bon, le plus important c'est fait.  » Que j'annonce solennellement, avant de prendre un air plus sérieux: « Bon, pour de vrai, tu bouges pas. » Parce que là si je bouge tout devient moche. A partir de son cou, tout en remontant jusque son visage, je prends soin de tracer quelques arabesques, sans en faire trop, histoire de décorer son visage, et termine par une sublime clé de sol sur sa joue. « Et voilà! T'es libre. » Dis-je en rangeant le maquillage dans sa boite, tout sourire.

Dernière étape, les dessins sur la face: Je m'occupe en première d'Harley, m'occupant de lui faire quelques dessins du cou jusqu'aux joues, le tout avec soin, hein, je rigole pas moi quand je dessine, même si ce n'est absolument pas mon domaine de prédilection ni même ce qui fait de moi une Lowell. Nope, moi, mon dada c'est la musique, mais je suis relativement fière de mon travail, jusqu'à ce que je voie le blond se jeter pratiquement sur son téléphone pour vérifier son état.  « Ah ben la confiance règne! » J'éclate de rire, jusqu'à ce qu'il annonce la couleur: Mon tour. Putain, je dois m'asseoir carrément ? Je lui lance un regard suspicieux, avant d'aller m'asseoir sur un banc pas loin de nous. « Pas de bêtise, hein, mon visage va représenter la Lowell!  » Egerie maggle, j'suis l'égérie de la LH. J'inspire, et je garde le dos droit, prête à rester immobile le temps qu'il dessine jenesaisquoi.

Dessiner sur les autres, c'est bien, se faire dessiner dessus, tout à coup, c'est plus inquiétant. Alors forcément, quand Harley me dit le plus sérieusement du monde qu'il faut que je m'assoie parce que ça va être long, je m'inquiète, mais tout de suite, il se dépend avec les bons arguments. C'est vrai, l'un comme l'autre, on a pas le mooindre intérêt à faire de la merde pour notre maison. Et en plus lui, il est peintre. Alors je ferme les yeux, et annonce d'une voix solennelle: « Vas y, j'suis prête, go go go. » J'ai arrêté de compter dans ma tête au bout de dix minutes, je crois, mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est minutieux, et patient. Patiente également, j'ai pas bougé jusqu'à ce que je l'entende me donner son feu vert pour regarder. Et à la manière qu'il avait fait tout à l'heure, je sors mon téléphone pour admirer le chef d'oeuvre. Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'en reste stupéfaite. « Mais en fait, j'vais le garder, hein. J'vais rentrer chez moi comme ça. » Le pire? C'est que je rigole qu'à moitié. « Tu gères, Harley. Allons vanter les mérites de notre maison, maintenant. T'es prêt ? » Je tape dans mes mains, ravie comme tout.