Forgive Me

Boire était pour lui quelque chose de vital, comme le fait de respirer de l'air. Oui , boire c'était la vie pour lui. Depuis que son père lui avait donné un verre, lui avait mis entre les mains alors qu'il n'était encore qu'un petit garçon apeuré par celui-ci et ses accès de violence envers lui, et le petit garçon non voulu et mal aimé par sa mère, qui le rejetait sans cesse. Bref, il buvait pour oublier à quel point son enfance était médiocre , enfin , si on pouvait qualifier cela d'enfance. Il était conscient que certains avaient eu pire que lui, et ils les trouvaient courageux alors que lui, il était si faible face à cette boisson, face à tout cela. Peter terminait tout doucement son cour qui captivait encore une fois les élèves. Il adorait voir les élèves être fasciné par son savoir dans sa matière et son domaine. La sonnerie retentit, et les élèves partirent en râlant. Vêtu d'un jean délavé et d'une chemise blanche en lin, presque transparente. Ses lunettes de soleil vissés sur le nez, il prit son thermos où il y avait non pas du café mais du bourbon. Oui du bourbon ! Soudain, il entendit une douce voix l'interpeller, une voix qui l'avait sacrément agacé. Il se tournait pour croiser la petite peste du summer camp qui l'avait énervé à propos de son amour pour l'alcool, cependant, là, il était un professeur et se devait de savoir ce qu'elle voulait, si c'était personnel ou que c'était un autre professeur qui l'envoyait pour lui demander un truc.

- Oui tu peux entrer, Miss Castel, répondit-il. Que me vaut ta visite ? Ajouta-t-il curieux.

Peter était curieux de nature, il était un scientifique de base et il la regardait attendant, tout en buvant son bourbon dans son thermos. Oui, il était un sacré alcoolique.

Forgive Me

Le professeur arqua un sourcil en entendant la douce voix d'Iris proclamer des excuses à son encontre. Ce n'était pas la première qu'il se prenait la tête avec des personnes sur l'alcool. Mais Iris avait été la plus jeune. Iris avait un sens de l'éthique du bien et du mal. Quelque chose que Peter n'avait jamais pu apprendre avec sa famille. Ils étaient des scientifiques, pour eux , tout s'expliquait plus ou moins. Peter admirait la franchise quand il la voyait, il aimait voir les gens trouver le courage de dire ce qu'ils pensaient, même si Iris n'était pas allée de main morte avec lui et que comme il était de mauvais humeur, son esprit s'était échauffé un peu plus contre cela. Ils étaient bornés tous les deux, cela se voyait qu'au fond, ils étaient radicalement différents mais aussi semblable. Iris représentait la franchise pour lui, il était un professeur, un metteur en scène connu de tous, et pourtant elle s'était rebiffé sans craindre des conséquences. Il y avait pas que de la mauvaise chose dans la franchise, mais aussi du courage à avouer les quatre vérités aux autres. Pour cela, ils se ressemblaient. Il ne lui en voulait pas, bien au contraire de tout cela. Pourquoi lui en vouloir ? D'un geste de la main, il lui indiquait de venir descendre l'amphithéâtre pour un peu plus proche de lui, de l'approcher. Il vint s'asseoir sur un bureau d'élève, la fixant, enlevant même ses lunettes pour qu'elle regarde ses yeux bruns, très beaux, très pétillant de vie, mais qui avaient une lueur hantée et qui le torturait jour et nuit.

- Tu n'as pas à t'excuser, Iris. La franchise est un don pour moi, tu as été franc envers moi et cela serait plutôt à moi de m'excuser mais je ne le ferais, car je n'arrive pas, tout comme je n'arrive pas à m'arrêter de boire de l'alcool. Tu avais raison au Summer Camp mais que puis-je faire contre eux ? Demanda-t-il d'un ton curieux.

Peter voulait entendre que quelqu'un lui dise quoi faire à propos de ça. Changer ? Pourquoi ? Il en avait marre de changer pour tout le monde, il voulait être lui et par dessus-tout, arrêter l'alcool même si c'était plus fort que lui. Beaucoup plus.

Forgive Me

Peter n'était pas une personne si facilement rancunière. Bien sûr, avec un tel passé comme le siens, il avait dû mal à faire confiance aux autres, surtout aux femmes. Sa mère n'avait pas été un modèle d'exemple ainsi que son premier amour.  L'amour pour lui, ce n'était qu'une chose inventée pour les enfants. Qu'une chose étrange dont maintenant il préférait s'éloigner. Alors il se contentait des amours sans lendemain, des parties de jambes en l'air. Il était rare donc de le voir avec une fille, parler tout simplement. A force, de coucher avec des filles, car il ne savait pas trop comment se comporter avec elles sans s'attacher à elles, il fut victime de sa réputation de tombeur. Alors il avait continué tout en buvant. L'alcool, la fiesta, les filles, le sexe, tout cela semblait une belle et merveilleuse vie qui se profilait à l'horizon. Une vie qui se construisait que sur le moment présent et l'argent qu'il gagnait en faisant connaître ses magnifiques pièces de théâtre à Broadway. Il n'était pas n'importe qui grâce à elles, grâce à ses pièces de théâtre, il était millionnaire. Multi même. Enfin de compte, c'était une vie de solitaire qu'il a eu, et plus de problème qu'autre choses. Surtout l'alcool.

Il eut un petit sourire en coin, énigmatique.

- Je le prends bien car tu as raison, Iris, et puis tes arguments étaient très justifiée, déclara-t-il avant de soupirer. J'aimerais bien ralentir mais comment faire ? Vois-tu ? Je veux essayer mais je n'arrive pas. L'alcool m'appelle toujours, encore plus tentante et je ne sais pas comment faire pour résister, et puis l'alcool me fait oublier à quel point je suis seul dans ma vie, ajouta-t-il.

Il avait besoin de parler de ses problèmes à quelqu'un, il tenait ça dans sa tête depuis si longtemps, qu'il avait besoin d'en parler.