'J'étais dans cet aéroport, rempli de personnes paniquées. La plupart d'entres elles étaient blessées. Juste légèrement. Mais pour quelques unes, qui avaient eu moins de chance, les blessures étaient plus graves. Elles étaient entre la vie et la mort. C'est la première fois que je vivais ce genre de situation, la première fois que j'étais envoyé dans ce genre d'urgence. Dans un bloc opératoire, c'est pas pareil. Ici, la notion de danger était toujours présente.' 'Et qu'avez-vous ressenti exactement à ce moment précis où vous avez posé les pieds dans cet aéroport?' Conversation banale entre une psychologue et son patient. Banale? Pas tant que ça pour les deux interressés. Cette conversation signa la première rencontre d'Umberto Pacchioni, neurochirugien choqué par sa première intervention sur le terrain, et de Tania Wernik, psychologue américaine qui venait fraichement de débarquer en Italie pour suivre son fiancé. Deux âmes un peu perdues en cet instant et une entente qui scella une réelle complicité. Umberto continua ses séances avec Tania alors qu'il était intimement convaincu que la psychologie ne servait à rien. Il le faisait pour une toute autre raison: Tania lui plaisait vraiment et chaque demi-heure passée avec elle lui rendait le sourire et ce goût de vivre. Dans une de leurs conversations, la jeune femme avait laissé échapper qu'elle était fiancée mais Umberto ne voulait pas se laisser abattre pour autant. Au fond de lui, il était intimement persuadé que Tania luttait contre cette attirance qu'elle avait envers lui. Il en eut la preuve un jour, alors qu'ils étaient tous les deux dans le bureau de la jeune femme. Il s'était approché d'elle, son regard plongé dans celui de la belle psychologue. Il s'était arrêté à quelques centimètres d'elle et avait observé ces réactions. Il l'avait sentie troublée alors il avait tenté sa chance et l'avait embrassé. Leur relation débuta ainsi. Relation interdite, Tania préférait donc qu'ils se cachent. Juste pour un petit temps, le temps qu'elle parle avec son fiancé. Ce ne fut donc que deux mois plus tard qu'Umberto peut enfin vivre sa passion au grand jour. Passion tellement forte, dévorante. Tout alla donc très vite entre les deux jeunes amoureux. Ils se marièrent dans l'année et quelques mois plus tard, Tania fut enceinte, ce qui remplit Umberto de joie. Umberto se voyait déjà papa d'un petit garçon, Tania avait une petite préférence pour une fille. Ce fut Umberto qui fut donc le plus heureux en apprenant que sa femme attendait un petit homme. La question du prénom fut alors soulevée et elle posa quelques problèmes au jeune couple. Alors que Tania voulait un prénom américain, Umberto préférait un prénom à consonnance italienne. 'Il va vivre en Italie ce petit, pas en Amérique. Tania, chérie, réfléchis un instant. Tu ne veux quand même pas qu'il soit défavorisé ou rejetté à cause de son prénom?' En jouant sur la différence et sur le probable rejet de la société de son enfant, Umberto marqua des points et finit par gagner ce qu'il désirait. C'est ainsi que naquit le petit Santiago Noam Gabriel Wernik-Pacchioni, que nous appelerons Noam (Le jeune homme déteste son premier prénom). Noam avait deux jours de retard mais était en parfaite santé. Un beau bébé, remplit de vie, qui eu tôt fait de réveiller ses parents plusieurs fois par nuit. Cependant, la vie de Noam commença dans l'amour et l'affection.

'Et tu seras bien sage à l'école n'est-ce pas mon chéri?' 'Oui, 'man' La sagesse n'était pas vraiment le fort du petit garçon, qui avait à présent trois ans. Il fallait dire que rester trop longtemps assis ne lui convenait vraiment pas. Lui, il préférait faire les quatre cents coups et voir la maîtresse s'énerver. Ca, c'était vraiment plus marrant. Surtout depuis qu'il avait rencontré Yassine, un petit métissé, comme lui. Enfin, comme lui dans le sens où lui aussi était italien et avait des origines. Des origines tunisiennes pour être plus précis. Depuis le jour où Yassine avait adressé la parole à Noam, les deux petits garçons ne s'étaient plus quittés. Et ils en faisaient voir de toutes les couleurs à leur maîtresse. De vrais petits garnements. Et Tania avait beau essayer de raisonner son fils, Noam ne semblait pas comprendre. Le petit garçon était donc souvent grondé, puni mais cela ne l'empêchait pas de recommencer les mêmes bêtises. Il fallu attendre que Noam ait cinq ans pour qu'il se calme un peu. Enfin, un peu était un grand mot. Il faisait moins de bêtises mais avait toujours un mal fou à rester plus d'une demi-heure assis. S'interresser à un dessin blanc et le colorier? Trop peu pour lui. Lui préférait être en récré et courir avec Yassine. Jusqu'au jour où une petite nouvelle arriva. Elle était belle et toujours souriante. C'était Yassine qui l'avait invité à jouer avec eux la première fois mais ce fut Noam qui lui prit la main. Zara avait 5 ans, comme lui. Et ce fut sa petite amoureuse. Comme on aime quand on est enfant, en essayant de copier les grands. 'Et un jour, je me marierais avec toi, je te le promets' Noam avait alors fait un petit bisou sur la joue de Zara, qui avait rougi. Ils étaient mignons tous les deux. Dire que c'était la demoiselle qui l'avait assagi était assez vrai. En fait, elle était rentrée dans ce petit cercle fermé. Elle, Yassine et Noam. Un trio devenu beaucoup plus calme, beaucoup plus posé. Les années passèrent et de petite amie, Zara devint la meilleure amie de Noam. Ce fut elle qui venait à chaque fois rapporter ses leçons quand Noam était malade (et Dieu sait que cela arrivait souvent, le jeune garçon ayant une santé fragile) Et ce fut également Zara qui appela Tania quand le jeune homme se cassa la jambe. Ils jouaient tous les trois au basket quand cela se passa. Yassine avait envoyé le ballon à Noam mais au moment d'intercepter la balle, un de leurs adversaires avait poussé brusquement le jeune homme qui était tombé. Cela aurait pu juste être une erraflure, une petite blessure. Mais Zara avait su deviner que c'était plus que cela quand elle avait vu que Noam ne savait pas se relever. Le jeune garçon avait alors été conduit à l'hôpital. On lui diagnostiqua une jambe cassée et il du subir une opération d'urgence alors qu'il n'avait que 7 ans.

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