Marin-Rhym & Jared
I can't fail

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Les murs habillés de blanc et cette odeur de désinfectant. Nul doute, il est dans son élément. Aucun lieu ne peut l'être davantage hormis peut-être l'ambiance feutrée d'une bibliothèque. Mais rien ne vaut la pratique, le terrain, la réalité des cas qu'il étudie avec rigueur sur le papier. Jared était là depuis 24 heures et malgré une nuit quasi sans sommeil, il avait prévu de se reposer en assistant dans la pièce mitoyenne à une opération intéressante et délicate d'une tumeur du cervelet. Le Quincy se rend donc à l'endroit et croise le chemin de Marin-Rhym. Il sait que la jeune femme est l'étudiante désignée sur ce cas, mais bien entendu cela n'a nullement influer son choix d'assister au spectacle. « Toujours. » répond-t-il avec un sourire amusé. Cela ne le dérangerait pas d'habiter ici et c'est presque le cas d'ailleurs, alors il prend sa remarque comme un compliment. « Mais je t'en prie, j'ai hâte de te voir en action. » admet-il beau joueur. Son heure viendra, bien entendu, il en est intimement persuadé, et puis, il a hâte de voir comment elle va gérer la pression, histoire de voir si il a trouvé là une adversaire à sa taille. Leur chemin croise celui d'un homme dont les traits semblent figer ceux de sa camarade. Les pupilles dorées s'étonnent de la réaction de la jeune femme mais la bouche s'abstient de parler. Voilà que la Demoiselle prend la direction de l'homme en question. Intrigué, Jared suit à distance le rapprochement entre les deux individus. Il se demande ce qui la pousse à réagir de la sorte.

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Il l'avait suivi, il ne savait d'ailleurs pas vraiment pourquoi. Il n'est pas du genre à se soucier des autres habituellement, mais c'était Marin et ça changeait les choses qu'il le veuille ou non. Et surtout, il se demandait bien ce qui pouvait la détourner de sa route juste avant une opération ? Ce qu'il contempla ne fit que le désarçonner davantage. Elle perdait ses moyens, la contenance dont elle se paraît habituellement était désormais bien loin et le Quincy étonnamment docile ferme la porte avec discrétion. Il devrait jubiler de la voir affaiblie de la sorte, sa plus grande rivale. Mais l'inquiétude prend le dessus. Même si celle-ci ne transparait pas dans son attitude. « Il t'arrive quoi ? » demande-t-il doucement. Mais la jeune femme ne répond pas, elle semble hantée par de vieux démons, par un truc qui lui échappe. Il se rapproche, félin, doucement. Ses mains décidées attrapent fermement et délicatement les poignets de la jeune femme pour les remonter à hauteur de leurs visages respectifs. « Oh Marin, il t'arrive quoi ? » scrutent les billes dorées inquiètes à la recherche des ébènes.

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La voir perdre ses moyens de la sorte le rassurait quelque part. Elle était vulnérable. Elle était humaine. Et parfois, elle ne calculait pas. Parce qu'il n'avait jamais vraiment su jusque là, mais là il savait. Les billes scrutent la jeune femme sans ciller alors qu'elle avoue sa faute. « On fait tous une erreur de ce genre, un jour ou l'autre malheureusement. » C'est le lot des étudiants en médecine. On se trompe tous un genre, malgré la toute puissance qu'inspire nos études. Un jour la faille s'ouvre et nous aspire. Le petit grain de sable qui entraîne la faille, c'est parfois nous qui l'amenons. « Tu ne l'as pas tué, c'était son heure et tu n'as pas pu changer cela. » Parce qu'ils n'étaient pas des robots, ils n'étaient pas parfaits, incapables de se tromper et toujours avec les bonnes réactions. C'était ce à quoi Jared aspirait certes, mais dans les faits c'était autre chose. Et même si il ne s'était jamais encore trompé, du moins, suffisamment pour entraîner la mort de son patient, il savait qu'un jour viendrait où ce serait le cas.

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On a beau se dessiner une contenance, jouer aux fiers, il y a toujours cet instant où on ne joue plus, où la vérité refait surface et où nous sommes vulnérables de nouveau, même si c'est fugace. Marin ne se pardonnait pas un acte commis des années plutôt. Sans doute anodin, mais aux conséquences désastreuses pour n'importe quel étudiant en médecine. « C'est le prix à payer pour sauver des vies. » D'en éteindre d'autres parfois. Il n'y a que dans les livres que les super héros sont super et qu'ils ne perdent jamais. Le Quincy s'étonne lorsque la jeune femme vient se blottir dans ses bras. Il ne la repousse pas pour autant. Il ne peut pas. La rejeter alors qu'elle se révèle serait bien trop cruel et il est sans doute froid mais pas cruel. Il reste ainsi, sentant son corps contre le sien pendant quelques minutes. L'envie de la consoler de bien d'autres façon lui traverse bien l'esprit mais il reste sage. Puis enfin, il se décide à couper l'épais silence qui s'est confortablement installé entre eux. « Tu ne devais pas me rendre vert de jalousie en allant au bloc déjà ? » Un sourire en coin éclaire ses traits sérieux, lui donnant une lueur spontanée qu'il ne s'accorde que rarement. Mais puisqu'elle se révèle authentique, il peut en faire tout autant.

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La voir vulnérable de la sorte remuait bien des choses en lui. Qu'il le veuille ou non. C'était bien plus facile de maintenir la distance quand elle jouait aux fières comme lui, la parade de l'orgueil était bien plus commune et facile à défendre. Mais quelque part, elle lui offrait sa victoire sur un plateau. Et c'était bien trop simple pour accepter. Le fait qu'elle se livre si entièrement le touchait néanmoins. Elle lui faisait suffisamment confiance pour ne pas le rejeter et il ne sait pas si il aurait pu en faire autant ? Paradoxalement, il admirait son courage, parce qu'elle exposait sa faiblesse sans honte. Il s'empare de nouveau de ses mains. « Tu vas y arriver. » dit-il doucement.« Je n'irai pas à ta place, hors de question. » Parce que ce n'est pas comme ça qu'il voulait briller. Non, il voulait le mériter avec sa morale et la sueur de son front. Il était ambitieux certes mais vertueux pour autant. « Ce qu'il te faut c'est du courage. » ajoute-t-il décidé en laissant le doré de ses yeux rencontrer l'ébène des siens. Il ne réfléchit plus vraiment là en fait et c'est si rare qu'il lâche prise de la sorte. C'est comme si elle débloquait quelque chose en lui. Furtivement, ses lèvres s'approchent des siennes et sa bouche vient se poser sur la sienne, il lui donne un baiser d'abord timide puis vigoureux et passionné, comme pour lui transmettre de sa force, comme pour lui redonner cette flamme qu'il lui connaît.