Je suis né dans la famille Bennington -autrement dit, celle d'Edward Bennington, un des avocats les plus réputés de Manhattan, particulièrement auprès de riches patrons de la finance New-Yorkaise. Cette place d'héritier fortuné et gâté par la vie ne m'a jamais déplu, notamment parce qu'on m'a toujours traité comme un prince, chez moi ou en dehors, et je pense mériter ce statut de droit (en effet je ne suis pas du genre à me plaindre d'être bien né). Habitué aux soirées avec l'élite, j'évite de traîner avec la racaille, et même à Harvard je ne fréquente que des jeunes gens de ma classe sociale.
Mon passé est plutôt similaire à celui de mes amis: mon père était souvent absent mais compensait en nous couvrant, ma sœur et moi, de cadeaux plus chers et plus originaux les uns que les autres. Il nous a élevés dans l'espoir de nous voir un jour accéder aux hautes sphères tout comme lui l'a fait, et je sais que je ne le décevrai pas; "parti de rien pour arriver dans la haute bourgeoisie New-Yorkaise", tel est le slogan de Père, et je sais qu'il met un point d'honneur à me voir réussir, c'est pourquoi je m'efforce de ne rien faire qui pourrait le décevoir ou le mettre en colère. Ma mère, , quant à elle, a toujours tenu son rôle d'épouse à la perfection: bonne maîtresse de maison, elle gère les menues affaires du foyer, organise des soirées caritatives, se divertit avec de riches amies. Ma sœur jumelle (nous sommes faux-jumeaux), Lizbeth, a été élevée dans le but de devenir elle aussi une bonne épouse et une bonne mère, mais là où je brille elle échoue. Je préfère ne pas m'attarder sur ce sujet, il y a des fruits pourris sur chaque arbre n'est-ce pas ?
J'ai suivi une scolarité exemplaire au lycée privé de Manhattan, durant laquelle je me suis fait un groupe d'amis, tous issus de familles huppées. J'ai aussi découvert à l'adolescence le début des relations amoureuses; j'ai eu un certain nombre de conquêtes, tout en restant discret. Père se fichait bien - voire s'amusait - de savoir que je sortais avec de nombreuses filles, mais ma mère le vivait moins bien, et pour l'image de ma famille il était important que je ne passe pas pour un goujat, mais seulement pour un séducteur. Les femmes m'intéressent, mais plus en tant que partenaires sexuelles qu'en tant que partenaires amoureuses; le jour-J je saurai en choisir une suffisamment intelligente et séduisante pour me donner une descendance digne de ce nom, mais pour le moment je n'en ai trouvé aucune suffisamment bien pour moi.
En arrivant à Harvard, au début de l'année scolaire 2011-2012, j'étais rempli de fierté, cette faculté représente énormément pour mon père, et j'espère l'avoir comblé en y étant reçu. La seule ombre au tableau: Lizbeth y a également été reçue... Mais, une fois encore, ne nous attardons pas sur l'erreur qu'est ma sœur ! J'ai tout de suite noué des liens avec les fortes personnalités de ma maison, et je me suis vite senti chez moi à Harvard. Mes études, quoique compliquées et chronophages, me passionnent, et j'espère accéder rapidement à de hauts postes quand je serai sortie d'Harvard. Mais ne pressons pas les choses, je souhaite malgré tout profiter de ma vie étudiante; et, même si certaines maisons comme la Mather House contiennent dans leur rang des personnes indignes d'une telle université, je savoure à sa juste valeur ma place dans ce haut lieu historique.