Les écouteurs sur les oreilles, la musique à fond, ton t-shirt trempé par la sueur, tu courais depuis une bonne demi-heure dans les rues de Cambridge, celles que tu avais l'habitude d'emprunter pour ta routine de course. Tu t'entraînais toujours, presque tous les jours - sauf exception près, et la course faisait partie de ton quotidien. Ça te tenait en forme, au moins. Il faisait chaud, et avec l'énergie que tu y mettais, normal que tu sois en sueur. Tu t'étais équipé de bien des bouteilles d'eau, pour ne pas crever de déshydratation au bout du chemin, et heureusement. Courir, ça te permet d'évacuer le stress accumulé, de te sortir de ton trou profond de déprime, d'oublier tout ce qui t'entoure. Olive, Zoya, Marloes, et tes conquêtes d'une ou quelques nuits. Ces conquêtes sans nom, elles te permettaient d'oublier ton ex-femme, celle qui t'avait blessé plus que tu ne le lui as avoué, plus que tu ne le laisses paraître. Mais c'est éphémère, l'oubli, le bien-être ne demeurent pas bien longtemps, et tout s'estompe. À un moment, trop concentré à regard où tu cours, où tu mets les pieds, et obnubilé par la musique dans tes oreilles, tu ne remarques pas la jeune femme devant toi, qui aveuglée par ses cartons, fonce directement sur toi. Ou est-ce toi qui lui fonce dessus. En tous les cas, vous vous percutez de plein fouet, ce qui te sonne un peu. Elle échappe quelques cartons qu'elle tenait entre les mains. Haaa, noon. Tu n'entends pas sa voix résonner dans tes oreilles, puisque tu prends le temps d'arrêter la musique et ensuite de retirer les écouteurs de tes oreilles. Bon, c’est pas grave, vous inquiétez pas. Et là, maintenant que le son de sa voix te parvient, tu la reconnais. Bien sûr, que tu la reconnais : tu la reconnaîtrais entre mille. Putain, pas elle. Pas Olive. Tu peux pas, tu peux pas supporter son regard, et encore moins depuis cette nuit chez toi. Warren. T’inquiète, j’vais m’occuper d’tout ça. Au pire j’demanderais un coup d’main au mec de la boutique. J’te retiens pas. Oh c'est vrai. Elle avait échappé des trucs. T'étais trop perdu dans tes pensées, que t'en avais oublié pourquoi tu t'étais arrêté.. "Olive..", murmures-tu, les dents serrés, le visage pâle. Et pourtant, avant que tu n'aies pu dire quoi que ce soit, elle attrape ses trucs et se dirige, pressée, vers sa voiture. Merde. Tu te retrouves sur le cul - métaphore, bien sûr. Et tu te trouves presque à lui courir derrière, pour la rattraper, avant qu'elle ne s'enfuie en voiture. "J'aurais pu t'aider.", souffles-tu finalement, croisant les bras sur ton torse, ton chandail trempé par la sueur. "T'as besoin d'aide pour tout foutre dans la voiture?" Et tu la regardes, mais ferme les yeux un instant pour te retrouver une certaine contenance intérieure. Ça va aller, te répètes-tu. "Tu me sembles avoir un peu de mal toute seule..", dis-tu dans un léger rictus, l'analysant avec les bras plein et débordant de trucs en tous genres.